Maurice Weber (résistant)
Maurice Weber, né le à Paris (18e) et mort le à Montmorency (Val-d'Oise)[1] (Val-d'Oise), est un gymnaste et masseur-kinésithérapeute français. Il est résistant pendant la Seconde Guerre mondiale.
Pour les articles homonymes, voir Maurice Weber et Weber.
Naissance |
Paris (18e) |
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Décès |
Montmorency (Val-d'Oise) |
Nationalité | Française |
Diplôme |
CAEP, kinésithérapeuthe |
Profession | |
Autres activités | |
Formation |
Professorat d’EPS. |
Distinctions |
chevalier de la Légion d’honneur (1948), Croix de guerre 1939-1945 avec palme (1948), Médaille de la Résistance. |
Biographie
Débuts sportifs et professionnels
En 1915, Maurice Weber découvre la gymnastique et le clairon dans une association d’Argenteuil, la Saint-Georges, un patronage paroissial du diocèse de Versailles[2].
En 1923, sans quitter son association d'origine, il prend en charge les destinées d’un autre patronage, dans un quartier réputé difficile de la même ville, l’Étoile sportive des Champioux[A 1]. De 1925 à 1927, sans renoncer à ses engagements associatifs, il fait son service militaire dans les pompiers de Paris.
En 1929, il obtient le diplôme du professorat d’éducation physique et sportive (CAEP) et, en 1933, celui de masseur-kinésithérapeute[A 2].
La même année il est rejoint aux Champioux par un ancien camarade d'entraînement récemment ordonné prêtre, Paul Louis, qui, plus tard, s’engage aussi de son côté dans la Résistance.
La Résistance
Le renseignement
Mobilisé en 1939 dans son corps d’origine, les pompiers de Paris, il est détaché, dès la défaite, à Troyes pour assister les aumôniers français chargés du courrier des prisonniers des camps de Champagne. Maurice Weber est alors recruté, avec Jean Fabre et un nommé « Hartman »[N 1], par l’abbé Duval, qui a déjà organisé un réseau d’évasion pour ceux qui parviennent à franchir les barbelés des camps qui ne sont pas encore hermétiques. Il reste en contact avec Jean Fabre, jusqu’à son arrestation, lors de la destruction, en , du réseau du musée de l’Homme, commandé par « Wilde »[N 1]. Resté dans l’ombre pendant près d’un an, il accepte, en , de collaborer avec Mme Bauchais et le pasteur André Neel[A 3], pour créer le secteur Argenteuil-Bezons-Houilles de l’Organisation civile et militaire. M. Pinaud centralise alors, dans un bureau du boulevard Haussmann les renseignements utiles à Londres.
Son statut de pompier en fait un rouage de la défense passive et sa compétence hébertiste (méthode d'entraînement du corps développée par Georges Hébert) lui vaut d’être contacté dès par Lucien Barnier afin de superviser avec deux autres collègues, « Hel »[N 1] et « Bettendorf »[N 1], la mise en œuvre de la Méthode nationale dans l’académie de Versailles. Il organise chaque week-end des rencontres de jeunes sur les stades et circule librement la semaine dans le département, rencontrant tous les chefs d’établissements et enseignants qui résistent. En , il peut faire passer en Angleterre les plans de l’usine souterraine de V1 de la Kriegsmarine de Mériel relevés par l’un d’entre eux dont il ignore toujours le nom puisque le cloisonnement est un principe du réseau[A 4].
C’est ce fonctionnement qui permet d’assurer la recherche et l’acheminement de renseignements, les soins aux blessés, la fabrication et la délivrance de faux papiers aux évadés, l’assistance aux réfractaires, aux aviateurs abattus, aux malgré-nous déserteurs de la Wehrmacht fournis par l’abbé François Spahnagel, aux Juifs en fuite ainsi que l’hébergement des agents et des radios de Londres.
La lutte armée
Selon l'ordre de bataille déposé en à l’État-Major de la région de Paris et au bureau national de l’Organisation civile et militaire (OCM), le réseau qu’il commande s’illustre :
- au second trimestre 1942, par le sabotage des bancs d’essais de la Lorraine[N 2], des citernes de l’usine Jumo, des lignes téléphoniques de la D.N. 192 ;
- en mai/, par un second sabotage des bancs d’essais de la Lorraine puis des ateliers SNCF de la Folie à Nanterre ;
- en , par un troisième sabotage des bancs d’essai de la Lorraine et incendie des ateliers d’Art et Bois, à Houilles ;
- en , par le sabotage de locomotives à Noisy-le-Sec, sur indication de Clément Prudhon ;
- en , par une tentative de sabotage du pont d’Argenteuil et la destruction des lignes téléphoniques du poste de commandement allemand d’Orgemont ;
- en , par le sabotage de la signalisation routière et mainmise sur le dépôt de carburant des Cerisiers à Argenteuil[3].
En , diverses actions permettent de se munir en armement. C’est alors que, sur insistance de l’état-major, l’OCM se résout à accorder des grades. Le pasteur Neel, capitaine de réserve, est fait commandant et le pompier Maurice Weber se retrouve capitaine. À la même époque, quelques anciens de l’Étoile qui supputent les activités de leur ex-moniteur-chef veulent rejoindre son secteur mais Maurice les refuse, estimant qu’il n’est plus temps de faire des martyrs avec des gosses de 16 ans. En moins de 3 semaines, Argenteuil est libérée :
- Le , l’attaque de deux wagons d’armes, en gare d’Argenteuil, fournit un équipement acceptable ; ainsi, la lutte devient ouverte ;
- Le , sous la pression, les troupes allemandes commencent à évacuer la ville ;
- Le , le Comité local de libération prend possession de la mairie, organisant ravitaillement et vie civile. Le même jour un second coup de main sur un wagon d’armes renforce la puissance de tir et le harcèlement des troupes allemandes devient constant[A 3] ;
- Le , les blindés américains entrent à Argenteuil ;
- Le , à 11 heures, quand les blindés américains pénètrent dans Villiers-Adam, au nord du département, c’est l’OCM qui assure leur couverture d’infanterie[3].
L’effectif de l’OCM, arrêté le , est de 316 hommes et femmes ayant combattu et 515 inscrits en réserve. Pour poursuivre les combats, 149 volontaires sont rattachés alors au bataillon 104/22 de Rueil et au 22/22 de la 10e division d’infanterie[3]. Celles et ceux qui restent prennent en charge l’aide matérielle et morale aux blessés et aux familles des victimes et engagés volontaires.
L'après-guerre
Après la Libération, Maurice Weber reprend ses activités professionnelles. En 1948, recruté sur concours, il lui revient de créer et de mettre en œuvre le service de kinésithérapie de l’hôpital d’Argenteuil[A 3].
Distinctions
Maurice Weber est titulaire de :
- la Légion d’honneur (1948)[A 5] ;
- la médaille de la Résistance[N 3],[A 5] ;
- la croix de guerre 1939-1945 avec palme (1948)[A 5].
médaille de chevalier de la Légion d’honneur. médaille de la croix de guerre 1939-1945.
Notes et références
Notes
- De nouvelles recherches[Lesquelles ?] tendent à laisser penser que les appellations « Hartman », « Wilde », « Hel » et « Bettendorf » constituent plus probablement des noms de guerre — dénués de prénoms — et non pas les noms de famille réels des protagonistes ainsi désignés.
- La Lorraine : importante usine aéronautique qui a laissé place depuis au site argenteuillais de l’entreprise Dassault.
- Lucie Weber, épouse de Maurice Weber, décédée en 1997, est déjà mère de deux enfants de 5 et 8 ans quand, le , le troisième enfant naît sous les bombes. Elle a constitué un rouage important du réseau, ce qui l’a induite à être récompensée par la médaille de la Résistance[Quand ?], et ce, avant même que son époux ne la reçoive ultérieurement à son tour.
Références
- Claude Piard 2002, p. 168.
- Claude Piard 2002, p. 169.
- Claude Piard 2002, p. 173.
- Claude Piard 2002, p. 172.
- Claude Piard 2002, p. 174.
- Autres références :
- Cf. fiche d'extrait d'état civil, consultée le 14 février 2011.
- Claude Piard 2009, p. 34.
- Ordre de bataille déposé en à l’État Major de la région de Paris, au Bureau National de l’OCM puis aux archives du musée de la Résistance d’Argenteuil¸ consulté le 13 septembre 2020.
Bibliographie
- Claude Piard, « Les patronages catholiques pendant la résistance : L'exemple de l’Étoile Sportive de Champioux », dans Pierre Arnaud, Thierry Terret, Jean-Philippe Saint-Martin et Pierre Gros, Le sport et les français pendant l’occupation, t. 2, Paris, L'Harmattan, coll. « Espaces et temps du sport », , 280 p. (ISBN 2-7475-2078-1, BNF 38849993), p. 167-179.
- Claude Piard, 125 ans avec un patro de banlieue : La Saint-Georges d'Argenteuil, 1884-2009, Paris, L'Harmattan, , 93 p. (ISBN 978-2-296-07636-5, BNF 41429440).
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
Voir aussi
- Portail de la Résistance française
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