Max von Oppenheim

Max Freiherr (baron) von Oppenheim ( - ) est un archéologue, orientaliste, mécène et espion allemand, qui par ses activités a été décrit comme étant le « Lawrence d'Arabie allemand ».

Max von Oppenheim
Titre de noblesse
Baron
Biographie
Naissance
Décès
Sépulture
Nationalité
Formation
Université de Strasbourg (d)
Université de Göttingen
Activités
Famille
Père
Albert Oppenheim (d)
Fratrie
Emil von Oppenheim (d)
Signature
Vue de la sépulture.

Jeunesse

Max, fils d'Albert von Oppenheim (de) (un descendant du banquier Salomon Oppenheim) naît à Cologne. Il entreprend en 1872 des études de droit à l'université de Strasbourg, alors en Reichsgebiet terre d'Empire »). Après avoir obtenu sa licence en droit, il devient en 1883, docteur en droit à Göttingen.

Diplomate

Max von Oppenheim voyage en Afrique, apprend l'arabe au Caire : il est destiné aux plus hauts postes de la diplomatie. En 1910 (à cinquante ans), il est nommé ministerresident à l'ambassade allemande du Caire, où il a déjà occupé le poste d'attaché pendant quatre ans.

Archéologue

Reconstruction d'une statue d'oiseau trouvée à Tell Halaf (184 x 70 x 70 cm).
Les Sites archéologiques assyriens, document publié en 1900 par Verlag Dietrich Reimer, Berlin et dû à la collaboration de Mrs Jones, Lejean, et von Oppenheim. On note en bas à gauche le fleuve Tigre, Mossoul avec Ninive à proximité immédiate, et Gaugamèles placé à la limite supérieure droite (nord-est) de la carte.

En novembre 1899, von Oppenheim, qui surveille dans la vallée de la Khabur (au nord-est de la Syrie) le chantier du chemin de fer Berlin-Bagdad, commence à prospecter sur le site de Tell Halaf et découvre la ville de Guzana. Grâce à sa fortune familiale, il finance personnellement ses campagnes de fouilles à Tell Halaf en 1911-1913, puis en 1923. Il recrute de nombreux indigènes pour participer aux travaux d'excavation[1]

En 1911, Oppenheim découvre en particulier, sous les ruines du site de Bit-Hilani, le palais de Kapara (en) de Guzana, le roi d'un petit royaume araméen[2]. Les fouilles permettent de mettre au jour des architectures monumentales, des sculptures massives et des orthostates ornés de bas-reliefs frustes et vigoureux.

Première Guerre mondiale

Wilhelm Wassmuss, surnommé « le T. E. Lawrence allemand » : grand, blond, fez en tête et burnous[[]] blanc entr'ouvert laissant voir la crosse et la culasse du pistolet Mauser C96, « le pistolet des aventuriers ».

Max von Oppenheim est directeur du "NfO" (Nachrichtenstelle für den Orient, service de renseignements allemand couvrant l'Orient et dépendant de l'office des Affaires étrangères, "Auswärtiges Amt", ou "AA") et fomente des rébellions dans l'empire britannique et dans les pays faisant partie du domaine d'influence de la Grande-Bretagne[3]. Il soutient notamment qu'il est possible d'utiliser le djihad islamique au profit de l'Allemagne et de son allié turc[4],[5].

Au Moyen-Orient, l'Empire allemand applique les clauses de l'alliance germano-ottomane signée en 1914 et aide l'Empire ottoman dans sa lutte contre la Révolte arabe.

En ce qui concerne l'Inde, l'Allemagne soutient ouvertement (« Das Indische Unabhängigkeitskomitee » , Comité de Berlin) ou par l'intermédiaire du « NfO » des organisations révolutionnaires (Jugantar, parti Ghadar) ou des activistes musulmans comme Maulavi Barkatullah, et d'une façon générale entretient la conspiration indo-allemande. De concert avec les alliés austro-hongrois et turcs, il met en place une mission qui partant de Bagdad avait pour tâche de traverser la Perse, puis de former une coalition de tribus rebelles autour de l'émir de l'Afghanistan pour attaquer l'empire britannique des Indes. Mais, le projet fut finalement abandonné[4].

En Égypte, le « NfO » collabore étroitement avec Abbas II Hilmi, le khédive déposé par les Britanniques.

Les collaborateurs d'Oppenheim au "NfO" sont (entre autres) Franz von Papen (qui sera ultérieurement chancelier de la République de Weimar), et Wilhelm Wassmuss (en) surnommé « le Lawrence allemand »[4].

Entre-deux-guerres

Oppenheim possédait personnellement (comme c'était l'habitude autrefois) une importante collection archéologique, comprenant en particulier quelques-uns des plus intéressants spécimens de bas-reliefs et de statues néo-hittites connus. Il désire vendre sa collection au Staatliche Museen zu Berlin, mais les négociations n'aboutissent pas et Oppenheim ouvre un musée privé dans une ancienne fonderie désaffectée à Berlin dans le quartier de Charlottenburg. Avec l'appui du sculpteur russe Igor von Jakimov, il reproduit alors l'entrée du palais occidental découvert sur le site de Tell Halaf, une cité araméenne du Xe siècle av. J.-C. Le Tell Halaf Museum ouvre le 15 juillet 1930[6].

Entre les deux guerres, Oppenheim reprend ses campagnes de fouilles en Orient, mais il est considérablement gêné par le mandat français en Syrie.

Seconde Guerre mondiale

En 1939, quand survient la Seconde Guerre mondiale, il doit abandonner ses travaux et revenir en Allemagne[7]. À Berlin, les précieux spécimens halafiens d'Oppenheim ne sont pas mis en sûreté, et le son musée est totalement détruit par les bombardements britanniques[6]. Le musée brûle complètement, toutes les pièces en bois et en calcaire sont détruites. Celles en basalte ont été exposées à un choc thermique lors de tentatives de lutte contre l'incendie et sont gravement endommagées. De nombreuses statues et bas-reliefs éclatent en dizaines de pièces. Bien que le musée ait pris soin des restes, des mois se sont écoulés avant que toutes les pièces n'aient été récupérées et elles sont encore endommagées par le gel de l'hiver 1943 et la chaleur de l'été suivant.

Un bombardement en 1943 a également détruit son appartement à Berlin et avec lui une grande partie de sa bibliothèque et de sa collection d'art. Il a ensuite déménagé à Dresde, où il a vécu les bombes incendiaires de février 1945. Ayant perdu pratiquement tous ses biens, il a déménagé au Château d'Ammerland (de), près du lac de Starnberg, en Bavière, où il est resté avec sa sœur.

Max von Oppenheim, « le dernier grand explorateur-archéologue-amateur du Proche-Orient[8] » est mort à Landshut en 1946, à l'âge de 86 ans.

Restes des trouvailles

Les sculptures de Tell Halaf ont été considérées comme détruites ou perdues pendant longtemps après la Seconde Guerre mondiale. Après la réunification de l'Allemagne, on retrouve par hasard en 1990 dans un dépôt du musée de Pergame à Berlin de nombreux fragments (environ 27 000) de la collection d'Oppenheim, qui bénéficie d'un regroupement et d'une restauration au musée (Pergamonmuseum)[9]  : à partir des milliers de fragments qui ont dû être triés et identifiés, une trentaine de statues ont été patiemment reconstituées, la nature du matériau (basalte) permettant de les coller assez facilement[10]. Fin janvier 2011, Les Dieux sauvés du palais de Tell Halaf (de) ont été présentés lors d'une exposition spéciale au musée de Pergame[11].

Œuvres

(Liste incomplète)

  • Vom Mittelmeer zum persischen Golf durch den Haurän, die syrische Wüste und Mesopotamien, 2 vols., 1899
  • Rabeh und Tschadseegebiet, 1902
  • Max von Oppenheim, Der Tell Halaf und die verschleierte Göttin. Leipzig: Hinrichs 1908.
  • Max von Oppenheim, Die Revolutionierung der islamischen Gebiete unserer Feinde. 1914.
  • Max von Oppenheim, Der Tell Halaf: Eine neue Kultur im ältesten Mesopotamien. F.A. Brockhaus, Leipzig 1931 ( & de Gruyter, Berlin 1966.)
  • Tell Halaf I, 1943 (avec Hubert Schmidt)
  • Tell Halaf II, 1950 (avec R. Naumann)

Notes et références

  1. (en) Kim Benzel, Rayyane Tabet / Alien Property, The Metropolitan Museum of Art, , 42 p., p. 6
  2. Estimé selon Albright avoir existé autour de 1000 av. J.-C.
  3. Voir l'article de WP english "Intelligence Bureau for the East" & l'article de WP deutsch "Nachrichtenstelle für den Orient".
  4. Éric Mousson-Lestang, « L'Allemagne et le djihad islamique », La Nouvelle Revue d'histoire, n°85 de juillet-août 2016, p. 24-26
  5. Thomas Andrei, « Quand l'Allemagne tentait de convaincre les musulmans de faire le djihad », slate.fr, (consulté le )
  6. Vincent Blanchard, "Tell Halaf - Histoire tumultueuse d'une collection", in Grande Galerie - Le Journal du Louvre, Printemps 2019, n° 47.
  7. Jean Lauffray, archéologue français connu, a utilisé lors de sa campagne de fouilles à Zénobia-Halabiyé en 1944-45 les luxueuses tentes que l'archéologue allemand avait dû abandonner.
  8. Ainsi appelé par Gary Beckman, commentant dans le Journal of the American Oriental Society 123.1 (janvier 2003), p. 253 l'hommage de Nadja Cholidis, Lutz Martin : Kopf hoch! Mut hoch! und Humor hoch! Der Tell Halaf und sein Ausgräber Max Freiherr von Oppenheim, éd. Philipp von Zabern, 2002. (ISBN 3-8053-2853-2). « Kopf hoch! Mut hoch! und Humor hoch! » pourrait se traduire par « Tête haute ! Moral d'acier ! et humour avant tout ! »
  9. Selon le film documentaire Max von Oppenheim de Saskia Weisheit & Kay Siering, All.-Syrie-Turq., 2010, diffusé sur Arte le .
  10. Voir le § Sammlungsgeschichte (en travaux) de l'article "Tell Halaf" sur WP deutsch, qui donne aussi la date du bombardement : nuit du 23-24 août 1943.
  11. (de) Oliver Heilwagen, « Die geretteten Götter aus dem Palast von Tell Halaf : Les dieux sauvés du palais de Tell Halaf », sur kunstundfilm.de, (consulté le ).

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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