Maxime de Turin

Saint Maxime de Turin prêchant au peuple, fresque d'abside de Francesco Gonin (1846), église Saint-Maximin, Turin.

Son nom apparaît dans le martyrologe romain le 25 juin et la ville de Turin le considère comme son saint patron[3].

Une remarquable production littéraire d'homélies et de sermons lui est attribuée (la première édition critique a été écrite à Rome en 1784) : certaines de ces homélies sont d'attribution douteuse, mais plus d'une centaine d'homélies et de sermons sont certainement considérés comme les siens.

Ses efforts apostoliques témoignent de la qualité de ses sermons écrits dans un style clair et persuasif. Dans l'un d'eux, il exhorte fermement ses fidèles, effrayés par l'approche des armées barbares à manier les armes du « jeûne, de la prière et de la miséricorde », et aux personnes effrayées qui se sont empressées de fuir la ville, il dit : « Il est injuste et impie le fils qui laisse sa mère en danger. La patrie est toujours une douce mère ». Parmi ses écrits, 22 homélies sur le Carême et beaucoup d'autres sur les dogmes, les institutions, la pratique.

Son engagement se concentre principalement dans la lutte contre la pratique de la simonie, du paganisme et de toute forme de syncrétisme ainsi que sur la diffusion du message évangélique dans les campagnes. Même si les fidèles négligeaient les fêtes et les préceptes, il était très attaché à la communauté et conscient de l'importance de son rôle dans l'affirmation de la nouvelle foi.

À cette époque, il existait déjà un calendrier liturgique accompli et la ville comptait plusieurs lieux de culte, dont un dédié aux martyrs Octave, Soluteur et Adventeur, les premiers protecteurs de la cité. De même, à l'extérieur, il y avait au moins un cimetière chrétien. En 397, il fut témoin du martyre des saints Sisinnio, Martirio e Alessandro (it), envoyé en mission dans le diocèse de Trente. Ses textes donnent l'occasion de découvrir les coutumes et les conditions de vie de la population lombarde au temps des invasions gothiques ; l'une de ses homélies contient la description de la destruction de Milan par Attila.

Durant l'épiscopat de saint Maxime, en 398, s'est tenu le concile de Turin, auquel participèrent de nombreux évêques du nord de l'Italie et du sud de la Gaule afin de résoudre des problèmes frontaliers et le schisme félicien ou itacien (exécution de l'évêque d'Ávila Priscillien décidée par Magnus Maximus et nomination de Felix à Trèves comme évêque)[4].

Le savant marseillais Gennadius dit que vers la fin du V^e siècle (De viris illustribus, 41: PL 58.1100 et suivants) Maximus episcopus Taurinensis (l'évêque Maxime de Turin) est signataire au concile de Milan (451) ainsi qu'à celui de Rome (465), ce qui ferait de lui l'un des participants les plus âgés[5]. Cela étant, il a peut-être été confondu avec le successeur de Maxime portant lui aussi le même nom et désigné Maxime II.

Le culte de saint Maxime est toujours resté vivant à Turin avec une plus ou moins grande intensité selon les époques, et sa mémoire est liée aux plus anciennes églises et lieux de culte de la ville. Selon la tradition locale, ses reliques étaient cachées, pour les sauver des invasions barbares (ou peut-être pour les protéger des iconoclastes, actifs à Turin au début du IX^e siècle) ; quelques petits fragments de reliques qui lui sont attribués ont été découverts au XVII^e siècle, ils se trouvent à l'église Saint-Maxime de Collegno.

Nativité, vers 1503/1508, Grandes Heures d'Anne de Bretagne, Jean Bourdichon, BnF.

Évêque de Turin au début du V^e siècle[6]'[7], ses écrits comprennent 118 homélies Homiliae, 116 sermons Sermones et 6 traités Tractatus (dont les trois derniers sont fragmentaires et apocryphes)[8]. Ils ont été publiés pour la première fois par Bruno Bruni à Rome en 1784 sous l'autorité du pape Pie VI et au bénéfice de la Congrégation pour l'évangélisation des peuples.

Commentaire selon saint Luc (Lc 1, 57-66) :

le nouveau soleil

« À juste titre, Jean le Baptiste peut dire du Seigneur notre Sauveur : « Lui, il faut qu'il grandisse ; et moi, que je diminue » (Jn 3, 30). Cette assertion se réalise en ce moment même. À la naissance du Christ, les jours augmentent, à celle de Jean, il diminuent. À la Nativité, la lumière s'allonge, à la naissance du Précurseur, elle se raccourcit. L'écoulement du temps au service de Dieu est lui-même touché quand naît le serviteur, le Seigneur au contraire en tire bénéfice. Quand paraît le Sauveur, le jour, de toute évidence, grandi ; il recule au moment où naît le dernier prophète. Car il est écrit : La Loi et les Prophètes vont jusqu'à Jean le Baptiste (cf. Lc 16, 16). Il était inévitable que l'observance de la Loi sombrât dans les ténèbres au moment où la grâce de l'Évangile se mit à resplendir. À la prophétie de l'Ancien Testament succède la gloire du Nouveau. Le jour de la Nativité, en effet, les jours s'allongent. Rien d'étonnant que grandisse le jour quand brille le nouveau soleil, celui de la justice (cf. Mt 3, 20).

Le Seigneur dit que Jean est une lampe : Jean était la lampe qui brûle et qui brille (Jn 5, 35). La lumière de la lampe pâlit lorsque brillent les rayons du soleil. La flamme baisse, vaincue par l'éclat d'une lumière plus flamboyante. Quel homme raisonnable se sert d'une lampe en plein soleil ? »

— St Maxime de Turin. Sermon 35, 1-4, trad. N. Plazanet-Siarri, Paris, Migne, Les Pères dans la foi 65, 1996, p. 159-161.

• Maxime de Turin l'année liturgique : les Pères dans la foi, Migne, 1996, 213 p. (ISBN 978-2-9085-8726-5)
• Alfredo Sáenz, Maxime de Turin (saint), évêque, † 408/423 (Dictionnaire de spiritualité), Beauchesne, coll. « Format Kindle », 2017, 11 p. (ASIN B07TNRSP7L)
• (it) Giuseppe Cerasa (trad. Torino maxima. Histoires, lieux et secrets. Guide de la capitale de l'innovation), Torino maxima : Storie, luoghi e segreti. Guida alla capitale dell'innovazione, Gedi (Gruppo Editoriale), 2021, 552 p. (ISBN 978-8-8361-5051-9)