Mbaqanga
Le mbaqanga est un style de musique zouloue né au début des années 1960 qui s'est répandu dans l'Afrique, et dont les racines bantoues continuent d'influencer les musiciens du monde entier aujourd'hui.
Origines stylistiques | |
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Instruments typiques |
Contexte historique
Historiquement, les lois dites « Land Act » de 1913 et « Group Areas Act » (1950) interdisaient tout mélange entre les communautés tribales, d'où une forme d' ostracisme à l'encontre de la plupart des musiciens noirs. Loin d'être reconnus au-delà de leurs territoires géographiques, très peu d'artistes noirs ont pu se produire, d'autant plus que la plupart des grandes maisons de disques appartenaient à des Blancs [1].
Origine
Mbaqanga s'est développé dans les shebeens sud-africains au cours des années 1960. C'est dans ces établissements tenus par des cabaretières (Shebeen Queens) que des boissons illicites comme le skokiaan étaient vendues illégalement. C'est dans cette ambiance de prohibition que s'est développé le renouveau de la tradition musicale africaine [2].
En zoulou, le terme mbaqanga signifie "La bouillie quotidienne de farine de maïs". La musique Mbaqanga a créé une opportunité pour les amateurs de jazz africain, dont beaucoup d'entre eux trouvèrent une forme basique de subsistance musicale et spirituelle, en intégrant les chants religieux à quatre voix apportés par les colonisateurs européens. Siyahamba, un chant traditionnel zoulou, s'inscrit dans le courant des chants de dévotion a cappella. Ses paroles signifient « Nous marchons dans la lumière de Dieu ». Ce fut leur « pain quotidien musical »[3].
L'utilisation des instruments venus d'Occident a permis au mbaqanga une osmose entre l'instrumentation occidentale et le style vocal sud-africain. De nombreux spécialistes considèrent que le mbaqanga est un mélange entre marabi et kwela. Le ministère du Tourisme d'Afrique du Sud le décrit comme « la structure cyclique du marabi [...] avec une grosse cuillerée de swing de big band américain jetée dessus »[4].
Les principaux musiciens
L'un des premiers groupes innovateurs du mbaqanga fut le « Makgona Tsohle Band » de la ville de Pretoria. Il se composait de Marks Mankwane (guitare solo), Joseph Makwela (guitare basse), Vivian Ngubane (guitare rythmique), Lucky Monama (batterie) et West Nkosi (saxophone).
Le genre a gagné en popularité avec les stations de la South African Broadcasting Corporation. Les premiers artistes furent Miriam Makeba, Dolly Rathebe et Letta Mbulu. Mbaqanga a maintenu sa popularité jusqu'aux années 1980, date à laquelle il a été remplacé par la musique pop sud-africaine connue sous le nom de Bubblegum pop. Bubblegum est un genre de musique pop conçu et commercialisé dans le but d'attirer un public adolescent influencé par le mbaqanga.
D'autres artistes au fil du temps ont acquis une notoriété et ont conquis un solide public de fans:
- Ladysmith Black Mambazo, un groupe vocal sud-africain, fondé en 1960 par Joseph Shabalala. Célèbre pour ses performances a cappella, il est représentatif des styles mbube et isicathamiya. Sa composition a évolué au fil des années. Il a été rendu mondialement célèbre grâce à sa participation à l’album de Paul Simon, Graceland.
- « Makgona Tsohle Band » formé en 1964 à Mavuthela (la division « musique noire » de Gallo Record Company )
- Mahlathini, connu sous le nom de « Lion de Soweto »,
- « Mahotella Queens », un groupe féminin sud-africain formé en 1964 par le producteur de musique Rupert Bopape
- « Dark City Sisters and the Soul », également formé en 1958 par le producteur de musique Rupert Bopape.
- Simon Baba Mokoena,
L'un des rares groupes de mbaqanga à persister est « The Cool Crooners » qui résulte d'une fusion entre deux groupes rivaux, « The Cool Four » et « The Golden Delicious Rhythm Crooners »[1],[5].
La musique et la danse zouloues ont été mondialement diffusées, notamment grâce aux reprises de chansons traditionnelles (comme The Lion Sleeps Tonight) et l'artiste international Johnny Clegg.
Influences
Le groupe Mahotella Queens, en 2017, a obtenu un succès international avec son approche des sonorités traditionnelles mbaqanga. La popularité de Mbaqanga s'est estompée au cours des années 1970 en raison de l'influence de la pop, de la soul et de la discothèque occidentales en Afrique du Sud. Les concerts publics ont diminué du fait que le public recherchait des styles vocaux et instrumentaux plus urbanisés. Mbaqanga a été relancé entre 1983 et 1986, avec l'intégration de la musique sud-africaine dans l'album de Graceland (1986) de Paul Simon. Mahlathini et les apparitions des Mahotella Queens dans des festivals en France et au 70e anniversaire du concert de Nelson Mandela au stade de Wembley (Londres) en 1988 (avec le « White Zulu » Johnny Clegg) a signalé son retour. Les musiciens sud-africains blancs influencés par ce style incluent l'auteur-compositeur-interprète Robin Auld. Nico Carstens, vétéran de l'accordéon afrikaans, a produit un coup de boereqanga avec Viva Madiba.
Mbaqanga a perdu sa notoriété dans les années 1980 avec un nouveau genre urbain appelé Bubblegum pop. Pop afro-dance, Bubblegum a été principalement influencée par le mbaqanga et d'autres styles africains populaires. Avec l'introduction de la télévision en 1976, ce genre musical a été promu comme musique dans tous les groupes ethniques. [1] Caractérisé comme la représentation d'une évolution vers une musique plus urbaine que traditionnelle, le genre Bubblegum comptait de nombreux musiciens à succès, dont Chico Twala [2], Yvonne Chaka Chaka et Brenda Fassie. La dérivation du mbaqanga en bubblegum a énormément contribué au développement du kwaito.
La bubblegum pop (également connue sous les noms de bubblegum pop, musique bubblegum ou simplement bubblegum) est un genre de musique pop conçu et commercialisé dans le but d'attirer un public adolescent et préadolescent, souvent dirigé par des producteurs et utilisant des interprètes inconnus. La prolifération de la musique bubblegum prend place entre 1967 et 1972[6]. Une seconde vague du style s'entame deux années plus tard et se poursuit jusqu'en 1977, année où le disco gagne en notoriété et où le punk rock émerge. Le groupe Bantu Continua Uhuru Consciousness (BCUC) de Soweto, formé en 2003 et qui chante dans les 11 langues officielles de l'Afrique du Sud, est le plus représentatif. Le groupe est composé de Nkosi « Jovi » Zithulele, Kgomotso Mokone, Thabo « Cheex » Mangle, Mritho Luja, Lehlohonolo « Hloni » Maphunye et Skhumbuzo Mahlangu, avec Mosebetsi Ntsimande du groupe Uju comme bassiste vedette[7]. Leur musique a été décrite comme « la future pop afro-psychédélique »[8].
Britney Spears exploitera également le genre mbaqanga vers la fin des années 1990. En 2020, le genre se poursuit notamment avec les Mahotella Queens et les Soul Brothers. L'influence du mbaqanga reste grande dans le monde, en atteste le groupe norvégien « Real Ones », qui a inclus un morceau hommage, « All the Way Back (Shades of Mbaqanga) », dans leur album sorti en 2003 « This is Camping ».
Notes et références
- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Mbaqanga » (voir la liste des auteurs).
- Mhlambi, Thokozani, « 'Kwaitofabulous': The Study of a South African urban genre » [archive du ], Journal of the Musical Arts in Africa, (consulté le ), p. 116–127
- Athol Fugard, The Township Plays: No-Good Friday; Nongogo; The Coat; Sizwe Bansi is Dead; The Island, Oxford University Press, , 229– (ISBN 978-0-19-282925-2, lire en ligne)
- Coplan, David B. "Sounds of the 'Third Way:' Identity and the African Renaissance in Contemporary South African Popular Traditional Music" Black Music Research Journal. Vol. 21, No. 1 (Spring 2001). pp. 107–124
- « South Africa's official gateway - investment, travel, country information » [archive du ], Southafrica.info (consulté le )
- Martin, Lydia. "1950's Township Jazz or Mbaqanga." 12 April 2007.
- (en) Kim Cooper, Smay, David, eds., Bubblegum Music is the Naked Truth : The Dark History of Prepubescent Pop, From the Banana Splits to Britney Spears, Feral House, , 1 p. (ISBN 0-922915-69-5), Defining bubblegum is a tricky proposition as the term variously describes: 1. the classic bubblegum era from 1967-1972; 2. disposable pop music; 3. pop music contrived and marketed to appeal to pre-teens; 4. pop music produced in an assembly-line process, driven by producers and using faceless singers; 5. pop music with that intangible, upbeat 'bubblegum' sound.
- (en) « World Music Matters - Soweto's BCUC: psychosomatic flows grow on you », sur RFI, (consulté le )
- Robin Denselow, « BCUC: Emakhosini review – Soweto seven-piece shake up South African music », sur www.theguardian.com,
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