Morgoth
Morgoth, anciennement Melkor est un personnage de fiction appartenant au légendaire (legendarium) de l'écrivain J. R. R. Tolkien. Principal antagoniste du roman Le Silmarillion, il apparaît également dans l'histoire Les Enfants de Húrin et est mentionné brièvement dans la trilogie Le Seigneur des anneaux.
Pour les articles homonymes, voir Morgoth (homonymie).
Morgoth | |
Personnage de fiction apparaissant dans le légendaire de Tolkien. |
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Représentation de Morgoth coiffé de sa couronne de fer, sertie des trois Silmarils dérobés à Fëanor (fan art de SpentaMainyu). | |
Alias | Melkor (véritable identité ; ancien nom) Morgoth Bauglir, Belegurth |
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Naissance | Eä |
Origine | Valinor, à l'ouest de la Terre du milieu, en Arda |
Décès | à l'issue de la guerre de la Grande Colère au Premier Âge de la Terre du Milieu |
Sexe | Masculin |
Espèce | Ainur (Valar) |
Activité | Despote, conquérant |
Arme favorite | Masse d’arme, lance |
Adresse | À Valinor, puis à Utumno et Angband (Beleriand) en Terre du milieu |
Famille | Eru Ilúvatar (créateur), les Valar (« frères » et « sœurs ») |
Affiliation | les Valar (anciennement) |
Entourage | Sauron, les orques, les balrogs, les dragons (serviteurs), Ungoliant (ancien partenaire) |
Ennemi de | les Valar (notamment Manwë), les Elfes et les Edain du Premier Âge |
Créé par | J. R. R. Tolkien |
Romans | Le Silmarillion Le Seigneur des anneaux Histoire de la Terre du Milieu Les Enfants de Húrin Beren et Lúthien |
Première apparition | Le Silmarillion |
À l'origine, Melkor faisait partie des Ainur, les Puissances d'Arda. Frère de Manwë, il était le plus puissant des quinze Valar mais, prenant son indépendance, il se tourne vers le mal. Après avoir dérobé les joyaux fabuleux nommés les Silmarils, il est surnommé ultérieurement Morgoth Bauglir, le « Noir ennemi du monde » par l'Elfe Fëanor.
Morgoth est le principal agent du mal à l'époque du Silmarillion et son influence demeurera sur la Terre du Milieu bien après son expulsion d'Arda, notamment par les actions de son serviteur Sauron. Morgoth représente l'archétype de l'orgueil, la colère, l'envie, la soif de pouvoir, l'avidité et l'image de la destruction de soi et d'autrui.
Étymologie et autres noms
Dans le premier chapitre du Silmarillion, l’Ainulindalë, le personnage s'appelle Melkor, ce qui signifie en quenya[alpha 1] « le puissant qui se dresse ». En sindarin, le nom devait être Belegûr, mais fut employé sous une forme volontairement détournée, Belegurth, signifiant « grande mort »[1].
Morgoth Bauglir provient du sindarin et signifie le « Noir ennemi ». Il est composé de mor, qui se traduit par « noir », et koth, « querelle, inimitié ». Bauglir, aussi en sindarin, signifie « tyran » ou « oppresseur »[2]. Il est aussi nommé Moringotto (en quenya), le « Noir ennemi du monde ».
Pendant le Premier Âge, Melkor est surnommé Morgoth après avoir détruit les Arbres du Valinor, assassiné le roi elfe Finwë et volé les Silmarils. Ce nom lui est attribué par Fëanor, le fils de Finwë, et est par la suite utilisé par tous les elfes, qui ne le nomment plus que sous ce terme.
Comme Sauron, il avait une foule d'autres titres : le Seigneur des ténèbres, la Puissance sombre du Nord, le Grand ennemi et le Tout-puissant[réf. souhaitée]. Les Edain l'appelaient le Roi des ténèbres et la Puissance des ténèbres. Les númenóréens, corrompus par Sauron, l'appelaient le « Seigneur de tout » et le « Dispensateur de liberté »[3].
Biographie du personnage
Origines
Melkor est conçu, comme tous les autres Ainur, par la pensée d'Eru Ilúvatar quand ce dernier créa Eä, le monde matériel. Membre des Valar, Melkor est le plus puissant des Ainur et le frère de Manwë dans la pensée d'Ilúvatar.
Mais, contrairement à ses semblables, Melkor était trop fier pour avouer que ses créations n'ont été rendues possibles que grâce à Eru, et il pensait qu'elles lui appartenaient. Avant l’Ainulindalë et en méconnaissant le dessein final d’Ilúvatar, Melkor sort fréquemment dans le Vide (au-delà d'Arda) à la recherche de la Flamme impérissable, puisqu'il désirait donner naissance à ses propres créations[4].
Pendant l’Ainulindalë
Lors de la création d'univers matériel, Eä, racontée dans le chapitre de l’Ainulindalë du Silmarillion, Melkor était le plus puissant des Ainur. Comme tous les autres de son espèce, il participa à la Grande Musique (la création d'Eä) mais, à mesure que la chanson avançait, Melkor commença à y inclure des modifications personnelles, ce qui altéra la Grande Musique telle qu'Eru l'avait définie et amena des discordances dans le thème principal. Cependant, ces modifications ne bouleversèrent pas véritablement la Grande Musique, mais modifièrent seulement les intentions initiales d'Eru, la Grande Musique prenant alors de la profondeur et de la beauté, précisément à cause des discordances apportées par Melkor et ensuite grâce aux rectifications mises en place par Eru. Dans le cadre de ces efforts, Melkor attira à lui beaucoup d'autres Ainur moins puissants que lui (certains esprits membres des Maiar).
La Grande Musique était en fait un modèle pour la création matérielle du monde de la Terre du Milieu, la planète Arda. D'abord chantée, l'univers puis Arda furent créés grâce à la Grande musique, mais la corruption de Melkor fut visible dans tout ce qui fut créé par les Ainur.
Après la création de l'univers, de nombreux Ainur entrèrent dans Eä. Les plus puissants d'entre eux étaient les Valar, et les autres, qui agissaient comme leurs partisans et leurs adjoints, étaient les Maiar. Arrivant sur Arda, Melkor et ses alliés se mirent à défaire ou à ruiner tout ce que les autres Ainur faisaient. Voulant régner seul sur Arda tout entière, Melkor souhaitait détruire tout ce qui dans Arda n'était pas de sa propre création. Il refusa de prêter allégeance à Manwë, le premier des Rois, maître d'Arda.
Chacun des Valar était attiré par un aspect particulier du monde, qui devint le centre de leurs pouvoirs. Melkor élabora toutes les choses extrêmes et violentes comme les grands froids, la canicule, les tremblements de terre, les ténèbres et le feu brûlant. Il corrompit certains Maiar, comme Sauron qui à l'origine était un suivant du Vala Aulë le forgeron, ou encore les Balrogs, des esprits du feu. Son pouvoir était si grand que les Valar étaient incapables de le retenir.
Durant le Quenta Silmarillion
Lors du Quenta Silmarillion, Arda ne semblait pouvoir jamais se réaliser sous une forme stable, jusqu'au jour où le Vala Tulkas entre en Eä et fait pencher la balance. Pourchassé par Tulkas, Melkor se retire dans l'obscurité, aux confins d'Arda et attend le moment opportun pour revenir. Un jour, alors que Tulkas est distrait par une fête des Valar, Melkor retourne en Arda. Lors du Premier Âge, il construit deux puissantes forteresses dans le nord de la Terre du Milieu, à l'insu des autres Valar : Utumno et Angband. Il attaque et détruit les Lampes des Valar, qui à l'époque étaient les seules sources de lumière. L'île d'Almaren, la première maison des Valar sur Terre, est détruite dans la violence de la chute des lampes, et Arda est plongée dans l'obscurité.
Après la chute des lampes, les Valar quittent la Terre du Milieu pour se réfugier en Aman, à l'extrême ouest d'Arda. Le pays où ils s'installent et qu'ils fortifient est appelé Valinor. Melkor se réfugie dans sa forteresse d'Utumno dans le Nord d'Arda et domine la Terre du Milieu avec ses créatures maléfiques.
Le premier règne de Melkor sur la Terre du Milieu prend fin après l'arrivée des Premiers Nés, les Elfes, les aînés des Enfants d'Ilúvatar qui s'éveillent au bord du lac Cuiviénen, et que les Valar découvrent et éduquent. À la fin du Premier Âge, les Valar partent en guerre contre Melkor, qui domine la Terre du Milieu et les Elfes, et détruisent sa forteresse d'Utumno. Melkor est capturé et attaché à une chaîne spécialement forgée pour lui, Angainor. Il est ramené à Valinor où il est emprisonné dans les cavernes du Vala Mandos pendant trois siècles.
Dans le compte rendu publié dans Le Silmarillion, Melkor avait capturé un certain nombre d'elfes avant que les Valar ne l'attaquent. Il les tortura et les corrompit afin de créer les premiers Orques[5]. Une autre version de l'histoire, écrite avant la publication du texte, évoquait les orques comme le résultat de la corruption des Hommes, ou encore comme des êtres sans âme, uniquement animés par la volonté du mal de leur seigneur[6]. Il créa aussi des Dragons, le premier et le plus puissant d'entre eux étant Glaurung.
Après trois siècles de captivité à Valinor, les Valar libèrent Melkor, croyant qu'il s'est amendé, ce dernier leur donnant faussement des gages de sa sincérité[7]. Il affiche en effet une humilité et une vertu retrouvée, mais sa fourberie et son désir de régner sur Arda, ainsi que sa volonté de détruire tout ce qu'il ne peut posséder, n'ont été qu'accrus par cette captivité. Il séjourne dans un premier temps auprès des Valar, diffusant ses idées perfides par de sournoises insinuations auprès des elfes du pays d'Aman. Prenant une apparence avenante et respectable, il enseigne beaucoup de son ancien savoir aux elfes, en particulier aux Ñoldor, ces derniers devenant grâce à ses conseils les plus grands forgerons d'Arda, notamment l'elfe Fëanor.
Par la suite, Fëanor crée les Silmarils, des joyaux merveilleux, en s'inspirant de la lumière des Arbres de Valinor[7]. Melkor, les convoitant, conçoit un plan avec l'araignée maléfique Ungoliant. Attaquant la forteresse de Fëanor, Formenos, alors que ce dernier était absent, Melkor dérobe les Silmarils et les trésors de Fëanor, après avoir tué Finwë, le père de Fëanor. Ensuite, il invite Ungoliant à se nourrir de la sève des deux Arbres de Valinor, les tuant avec son venin. Tous deux s’enfuient ensuite hors d'Aman, en direction de la Terre du Milieu, avec leur butin. Ungoliant, créature arachnéenne à l'appétit insatiable, dévore toutes les gemmes dérobées à Valinor puis veut avaler les Silmarils, qu'elle réclame comme « gage » de ses services, ce que Melkor refuse. Une dispute s'ensuit, qui dégénère en combat à mort. Très vite, Melkor, qui a revêtu l'apparence d'un chevalier noir, a le dessous mais, poussant un terrible cri qui est entendu jusqu'aux confins d'Arda, les Balrogs, cachés dans les profondeurs d'Angband (que les Valar avaient omis de fouiller) accoururent pour le sauver.
À la suite du vol des Simarils, Melkor est définitivement nommé Morgoth par Fëanor et, par la suite, les Eldar le nomment uniquement sous ce nom.
Morgoth reprend sa domination du Nord de la Terre du Milieu, cette fois à partir d'Angband, sa deuxième forteresse, qu'il reconstruit et sur laquelle il élève les trois pics volcaniques du Thangorodrim. Il sertit les Silmarils sur sa couronne de fer qu'il porte en tout temps, symbole de son titre de Roi de la Terre du Milieu qu'il revendique, malgré le fait que ces joyaux bénis par les Valar le brûlent cruellement. Fëanor et la plupart des Ñoldor le poursuivent en Terre du Milieu, provoquant le massacre d'Alqualondë (le Massacre Fratricide des Teleri par les Ñoldor) lors de leur départ d'Aman, ce qui leur vaut la malédiction de Mandos.
Au Premier Âge
Lorsque les Ñoldor arrivent en Terre du Milieu en Beleriand, une région proche d'Angband, ils établissent des royaumes et font la guerre à Morgoth, assiégeant de loin sa forteresse. Peu de temps après, le Soleil et la Lune apparaissent pour la première fois sur Arda et l'éveil des hommes survient. De grandes batailles ont lieu, dont Dagor Aglareb (la Bataille Glorieuse) et Dagor Bragollach (la Bataille de la Flamme Subite), au cours de laquelle le long Siège d'Angband par les Elfes est brisé. Fou de rage, le Seigneur-elfe Fingolfin, voyant que tout est perdu, défie Morgoth en combat singulier, allant jusqu’au portes mêmes d'Angband pour le forcer à sortir. Bien que Morgoth sorte vainqueur du combat en tuant Fingolfin, ce dernier parvient à le blesser sept fois. Les plaies de Morgoth ne se refermeront pas, le faisant souffrir perpétuellement.
Des siècles plus tard, Beren Erchamion, un homme de la Maison de Bëor, accompagné de l'elfe Lúthien Tinúviel, fille du roi Thingol de Doriath, entrent dans Angband et récupèrent un Silmaril de la couronne de Morgoth. Le Silmaril est serti sur le Nauglamír, le collier des Nains. Il est hérité ensuite par leur petite-fille, Elwing. Son mari, Eärendil, portant le Silmaril sur son front, traverse la mer pour Valinor, où il demande l'aide aux Valar pour libérer la Terre du Milieu de l'emprise de Morgoth.
La bataille de Nírnaeth Arnoediad (la bataille des Larmes Innombrables) se termine quand les armées des Ñoldor et des Edains, des hommes alliés avec les elfes, sont mises en déroute par les armées des Orientaux, alliés à Morgoth, celui-ci ayant réussi à corrompre une partie des Hommes. Morgoth effectue la destruction de Nargothrond et entraîne la chute de Gondolin. Le domaine des elfes est réduit à une île de la baie de Balar, où de nombreux réfugiés arrivent, et à une petite colonie dans l'Arvernien sous la protection d'Ulmo.
Défaite et bannissement hors d'Arda
Enfin, le salut vient du semi-elfe Eärendil, fils de Tuor (fils de Huor) et d'Idril (fille de Turgon, le roi de Gondolin).
Eärendil construit un bateau, le Vingilot et, le Silmaril au front, parcourt les mers en cherchant à atteindre le Royaume caché de Valinor (via la « voie droite », normalement interdite aux mortels). Après une longue quête, il arrive au Pays béni et supplie, au nom des Enfants d'Ilúvatar, les Valar de les aider contre Morgoth. Manwë s'en émeut et, acceptant sa supplique, décide d'envoyer l'armée de Valinor combattre Morgoth.
C'est la guerre de la Grande Colère, qui dure près de quarante-deux ans et qui se conclut par la chute de Morgoth et de ses armées. Durant la guerre, le Beleriand et une grande partie du nord de la Terre du Milieu sont détruits et remodelés, les terres basculant sous les eaux. Mais à la fin Morgoth est vaincu, ses armées sont anéanties et ses dragons sont presque tous détruits. Le Thangorodrim tombe lorsque le plus grand des dragons de Morgoth, Ancalagon le Noir, s'écrase au sommet de la montagne, tué par Eärendil. Les quelques dragons survivants se dispersent, ainsi que la poignée de Balrogs de Morgoth qui courent se cacher dans les profondeurs de la Terre.
Morgoth se terre au fond de sa forteresse d'Angband jusqu'à ce que ses vainqueurs parviennent à le retrouver. Il leur demande derechef grâce mais, cette fois-ci, les Valar se montrent sans pitié. Après lui avoir coupé les mains et les pieds, ils le bannissent « hors des Cercles du monde », l'expulsant d'Arda. Toutefois, les germes de ses maléfices perdureront longtemps sur Arda, notamment par l'entremise de son serviteur Sauron, des dragons et des Balrogs survivants.
La légende raconte que Morgoth reviendra à la fin du monde. Alors Manwë descendra de son trône, au sommet du Taniquetil, pour l'affronter mais ce sera Tùrin Turambar qui lui plongera son épée dans le cœur[réf. nécessaire], le vainquant une dernière fois avant la sentence d'Eru qui, après le combat, révélera la dernière Musique des Ainur.
Dans Les Enfants de Húrin
Ce livre est une version plus complète que l'histoire résumée du Quenta Silmarillion. Húrin, avec son frère cadet Huor, sont les dirigeants de la Maison de Hador, une famille d'hommes qui règne sur la troisième et dernière Maison des Edain.
Lors de Nírnaeth Arnoediad, ils couvrent la fuite de Turgon à Gondolin par le sacrifice de leur armée. Huor est tué, mais Húrin est capturé vivant par Morgoth. Pour se venger de son aide apportée à Turgon, Morgoth maudit Húrin et ses enfants, enchaînant Húrin sur un siège placé sur le haut du Thangorodrim, le forçant à être témoin de la malédiction sur sa descendance lors des années à venir en lui octroyant sa vision.
Il y a peu d'informations sur Morgoth dans ce livre, sauf lors de la rencontre avec Húrin. Ce récit est plus détaillé que dans le Silmarillion et possède une meilleure narration que dans les Contes et Légendes inachevés. Il donne la première allusion à la corruption des hommes par Morgoth peu après leur réveil et l'affirmation de son pouvoir sur la terre entière.
Apparence et caractéristiques
Initialement, les Ainur pouvant prendre n'importe quelle forme. Tolkien décrit la première forme de Melkor en ces termes :
« […] telle une montagne qui s'élève sur l'océan pour dresser sa tête au-dessus des nuages, couverte de glace et couronnée de flammes et de nuées, et dans les yeux de Melkor il y avait comme une flamme dont la chaleur foudroie, dont le froid est mortel[8]. »
Au moment où il détruisit les Deux Arbres et vola les Silmarils, Morgoth prit la forme d'un chevalier noir, gigantesque et terrifiant[9]. La diminution de son pouvoir détruisit sa capacité à changer de forme librement, et il devint lié à cette forme terrible.
Ses mains étaient brûlées par le vol des Silmarils et jamais elles ne purent guérir. Dans sa lutte contre Fingolfin, il souffrit de plusieurs blessures et son pied fut entaillé par l'épée de Fingolfin, Ringil. Depuis ce jour, Morgoth ne marcha que sur un seul pied. À la fin de cette bataille, Thorondor, le plus grand des aigles de la Terre du Milieu, s'abattit sur lui et le marqua au visage avec ses serres d'une plaie qui ne guérit jamais.
Dans la bataille, Morgoth portait une armure noire et maniait une masse d'armes imposante, dénommée Grond, le « Marteau des Enfers ». C'est cette apparence que reprendra plus tard Sauron durant ses propres guerres du Second Âge, dont le fameux siège de Barad-dûr où il perdit sa forme physique. Morgoth a également utilisé une lance noire et, dans les premiers textes, une épée empoisonnée.
Serviteurs
Parce que Morgoth était la créature la plus puissante d'Arda, nombreux furent ceux à se rallier à sa bannière. Les premiers serviteurs de Morgoth furent notamment :
- Sauron, un Maia qu'il a corrompu et qui devint plus tard le « Seigneur des Ténèbres » du Mordor ;
- Gothmog, le Seigneur des Balrog et Capitaine d'Angband ;
- Glaurung, le père des dragons ;
- Ancalagon « le Noir », le plus grand des dragons ailés ;
- Carcharoth, le plus grand loup-garou qui ait jamais existé ;
- Draugluin, le Seigneur des loups-garous d'Angband ;
- Thuringwethil, un vampire messager de Sauron.
Ungoliant, une araignée géante maléfique, aida Melkor à détruire les Deux Arbres puis attaqua son complice quand celui-ci refusa de lui céder les Silmarils. Affaibli en raison de l'octroi d'une partie de ses pouvoirs à Ungoliant, Melkor fut incapable de riposter mais parvint à s'échapper grâce à l'arrivée des Balrogs, alertés par le terrible cri poussé par leur maître[10].
Lorsque les hommes se réveillèrent, Morgoth ou ses serviteurs, indépendamment du texte consulté, quittèrent temporairement Angband pour vivre parmi eux. Certains hommes se prosternèrent devant lui et Ilúvatar fut banni de leurs cœurs.
Morgoth fut reconnu pour trahir ses propres serviteurs. Après que les Ñoldor furent vaincus, il confina tous les hommes à son service sur la terre de Hithlum, leur seule récompense provint du pillage des vieillards, femmes et enfants de ce pays, bien qu'ils se fussent battus pour gagner les terres plus riches du Beleriand[11]. Depuis, il ne put jamais dominer totalement les Hommes, il ne put jamais totalement leur faire confiance et se mit même à les craindre.
Conception et évolution
Dans les premières versions, Melkor n'était pas vu comme le plus puissant des Ainur. Il est décrit comme ayant un pouvoir égal à celui de Manwë, le chef des Valar en Arda[12]. Son pouvoir fut augmenté dans les révisions ultérieures de l'histoire jusqu'à ce qu'il devienne le plus puissant des Ainur[13]. Puis, dans un essai tardif, il fut décrit comme étant plus puissant que tous les Valar combinés. Lors d'un texte hors concours, il écrivit qu'il était si puissant, qu'aucune créature ne pouvait le vaincre[14].
Au fil du temps, Tolkien modifia à la fois la conception de sa déchéance et son nom. Le nom donné par Fëanor, Morgoth, était présent dès les premières versions de l'histoire. Il fut pendant longtemps appelé Melko. Tolkien vacilla sur l'équivalent sindarin de ce nom, qui apparut en tant que Belcha, Melegor, et Moeleg. La signification de ce nom varie, à différents moments ce fut Milka, « vorace » ou velka « flamme »[15],[16]. De même, selon les traductions effectuées imaginées par Tolkien à partir du vieil anglais, son nom prend un sens différent. Melko fut Orgel « orgueil » et Morgoth fut Sweart-ós « dieu noir »[17]. Un nom lui donnant un intérêt particulier lui est donné, au début du Conte de Turambar, par Tinwelint, premier nom de Thingol. Il le nomme le « Vala du Fer »[18].
Une grande partie du texte publié dans Le Silmarillion fut écrit plus tôt, dans l’esquisse de la mythologie, reflétant ainsi l'ancienne conception du pouvoir de Morgoth. Dans d'autres sections, dont le projet de 1950 utilisé pour Ainulindalë, l'implication de son pouvoir envahissant est très clair. Bien que n'étant pas inclus dans la version publiée du Silmarillion, d'autres versions indiquent que Melkor échappera à la tutelle d'Eärendil et qu'il reviendra à la fin des temps. Dans la bataille finale, Melkor sera tué par Túrin avec sa célèbre épée noire, Gurthang.
Ses créations
Dans les derniers écrits, une distinction est faite entre l'Ainu Melkor, le plus puissant des êtres créés par Eru, et Morgoth, diminutif de style signifiant le « Seigneur Noir d'Arda ». Cette distinction n'est pas seulement limitée au changement de son nom, « Le Puissant qui se Dresse », vers « Le Noir Ennemi ».
Comme décrit dans l’Ainulindalë et la Grande Musique des Ainur, Melkor entache la Grande Musique. Ses variations thématiques dans cette musique se limitaient à sa propre auto-élaboration. Chaque Ainur est né d'un thème divin, n'existant à l'avance que dans l'esprit d'Eru. Eä, ou « le monde qui est », fut formé d'après cette musique. Ainsi, le mal que Melkor tisse dans la musique fut reflété en mal dans la création de la réalité. Par conséquent, le monde d'Arda fut « entaché » et les conceptions originales des Valar ne virent jamais le jour. L'essence même de Melkor fut présente dans toute la création[19].
L'incapacité de Melkor à accomplir la vraie création est liée à l'idée qu'une partie de son être doit passer dans les choses qu'il a créées, afin de leur donner une substance et une conformité avec la réalité. Melkor ne peut rien créer, car il ne possède pas la Flamme Impérissable, donc il peut seulement créer une parodie des créations d'Eru sur Arda. Le pouvoir de Melkor et son essence sont versés dans la création d'Arda. Son pouvoir fut ainsi diminué en conséquence. Il fut réduit à Morgoth, « le Noir Ennemi », poétiquement élaboré comme « l'ennemi du monde »[6].
Morgoth, l'être le plus puissant d'Eä, passa sa volonté à ses vastes armées et des partisans, de sorte que même après la guerre de la Grande Colère, alors que ses armées furent détruites, qu'il fut capturé par Eönwë et fut jeté au-delà des murs de la nuit, sa présence demeura dans la corruption omniprésente du monde[6].
Adaptations
Morgoth n'apparaît pas dans les adaptations cinématographiques du Seigneur des Anneaux (2001-2003) et du Hobbit (2012-2014) de Peter Jackson, mais son nom est cité à plusieurs reprises :
- Dans La Communauté de l'anneau, Legolas appelle le Fléau de Durin un « Balrog de Morgoth » lorsqu'il raconte à Galadriel et Celeborn ce qui est arrivé à Gandalf dans la Moria. Dans Les Deux Tours, Gandalf lui-même parle du « Balrog de Morgoth » lorsqu'il décrit son combat contre la créature.
- Dans La Bataille des Cinq Armées, Galadriel affronte Sauron à Dol Guldur et l'appelle « serviteur de Morgoth ».
Dans la culture populaire
Dans un DLC du jeu vidéo La Terre du Milieu : L'Ombre de la guerre, apparaît un capitaine Orc dénommé Ogg, alias « l'Arc de Morgoth ».
Notes et références
Notes
- Une langue fictive créée par J. R. R. Tolkien pour les elfes.
Références
- Le Silmarillion, index des noms, p. 444.
- La Route perdue et autres textes, Étymologies, p. 365, 372, et 373.
- J.R.R. Tolkien, Le Silmarillion, Akallabêth
- J. R. R. Tolkien, Le Silmarillion, Ainulindalë
- Le Silmarillion, chap. 3 : « La venue des elfes et la captivité de Melkor ».
- (en) Morgoth’s Ring.
- Le Silmarillion, chap. 6 : « Fëanor et la libération de Melkor ».
- Le Silmarillion, Ainulindale, p. 23.
- Le Silmarillion, chap. 8 : « Le crépuscule de Valinor », p. 91.
- Le Silmarillion, chap. 9 : « La fuite de Ñoldor », p. 100.
- Le Silmarillion, chap. 20 : « La cinquième bataille : Nírnaeth Arnoediad », p. 258.
- La Route perdue et autres textes, Quenta Silmarillion, p. 206.
- La Route perdue et autres textes, Ainulindalë, p. 157, 164.
- (en) Morgoth’s Ring, p. 390–393.
- La Route perdue et autres textes, Étymologie, p. 373, racine « MIL-IK ».
- Le Livre des contes perdus, Appendice, p. 346, « Melko ».
- La Formation de la Terre du Milieu, p. 281–283.
- Le Second Livre des contes perdus, Turambar et le Foalókë, p. 103.
- Le Silmarillion, Ainulindalë, p. 15–22.
Bibliographie
- J. R. R. Tolkien (trad. Pierre Alien), Le Silmarillion [« The Silmarillion »] [détail des éditions].
- J. R. R. Tolkien et Christopher Tolkien (trad. Adam Tolkien), Le Livre des contes perdus [« The Book of Lost Tales »] [détail des éditions].
- J. R. R. Tolkien et Christopher Tolkien (trad. Adam Tolkien), Le Second Livre des contes perdus [« The Book of Lost Tales: Part 2 »] [détail des éditions].
- J. R. R. Tolkien et Christopher Tolkien (trad. Daniel Lauzon), La Formation de la Terre du Milieu [« The Shaping of Middle-earth »] [détail des éditions].
- J. R. R. Tolkien et Christopher Tolkien (trad. Daniel Lauzon), La Route perdue et autres textes [« The Lost Road and Other Writings »] [détail des éditions].
- (en) J. R. R. Tolkien et Christopher Tolkien, Morgoth’s Ring, HarperCollins, , 471 p. (ISBN 0-261-10300-8).
- (en) J. R. R. Tolkien et Christopher Tolkien, The Peoples of Middle-earth, HarperCollins, , 482 p. (ISBN 0-261-10348-2).
- (en) Joseph Pearce, « Morgoth and Melkor », dans Michael D. C. Drout (dir.), J. R. R. Tolkien Encyclopedia : Scholarship and Critical Assesment, New York, Routledge, , 774 p. (ISBN 978-0-415-96942-0 et 0-415-96942-5), p. 435-436.
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