Guêpier d'Europe

Merops apiaster

Le Guêpier d'Europe (Merops apiaster) est une espèce d'oiseaux appartenant à la famille des Meropidae. En raison de l'effet qu'il a sur l'environnement aride, certains auteurs le considèrent comme aménageur d'écosystèmes[1].

Morphologie

Cet oiseau présente la taille d'une grive draine (de 28 cm pour une masse moyenne de 60 g et une envergure de 45 à 50 cm). Alors qu'il excelle dans les airs, il paraît plutôt maladroit au sol. Ses couleurs aux reflets métalliques sont composées de bleu-vert turquoise au ventre, au poitrail et au bas des ailes, de brun-roux sur le dos, la calotte et le haut des ailes, vert sombre de la queue, noir du bec légèrement incurvé et comme prolongé d'un trait de plumes également noires, iris rouge dans un œil noir, jaune bordé de noir pour la bavette. C'est un oiseau européen et nord africain à la parure caractéristique même si cette palette est encore dépassée en couleurs par celle du Guêpier écarlate africain Merops nubicus.

Comportement

Alimentaire

Guêpiers d'Europe en train de manger des libellules.

Comme son nom l'indique, guêpes, abeilles, frelons et autres hyménoptères constituent le gros de sa nourriture, mais cet oiseau consomme aussi d'autres insectes – mouches, libellules, papillons, criquets, sauterelles, phalènes, termites... – qu'il chasse en général au vol, à la manière des hirondelles.

Social

Guêpiers d'Europe au parc national de l'Ichkeul, Tunisie.

Le guêpier d'Europe a des cris roulés caractéristiques, permettant de le reconnaître même quand on le discerne à peine dans le ciel.

Reproduction

En période d'accouplement, le mâle claque des ailes à côté de la femelle, puis exécute les mouvements saccadés de l'accouplement, les plumes arrière de la tête dressées et la pointe des ailes sous la queue avec de temps à autre un simulacre de mise à mort. Une fois le « mariage » accepté, le couple creuse une galerie d'habitation où après fécondation, la femelle pond cinq œufs en moyenne. Les deux partenaires se partagent la couvaison, qui dure trois semaines environ, et l'élevage qui dure de trois à quatre semaines au nid. Les jeunes sont alors plus lourds -jusqu'à 70 g- que leurs parents et doivent jeûner quelques jours avant le premier envol, ils sont encore nourris environ trois semaines tandis qu'ils apprennent l'autonomie.

Répartition et habitat

Répartition

Il semble de plus en plus fréquent dans le sud de la France, en Espagne et en Italie. Ainsi, à l'échelle des Pyrénées-Orientales, le guêpier d'Europe est présent dans la plaine du Roussillon le long des cours d'eau et jusqu'au contreforts des Corbières, des Aspres et des Albères[2].

Il s'observe aussi dans les vallées de la Saône, du Doubs, de la Loire, de l'Allier, de la Creuse, en Touraine, en Corse, en Bretagne (Baie d'Audierne) et même occasionnellement en région parisienne et en Picardie, voire en Allemagne où il a niché avec succès, en Grande-Bretagne, en Scandinavie. On le retrouve aussi au sud de la Suisse, notamment dans le canton du Valais où il passe ses jours d'été[3]. En , un nid a été découvert pour la première fois depuis 10 ans en Belgique, sur un chantier de Harelbeke, en Flandre occidentale[4].

Habitat

Dans les berges sablonneuses des cours d'eau, les falaises d'éboulis où il creuse des terriers. Il vit souvent en colonies et aime se percher avec ses congénères sur les branches saillantes, les fils électriques et les poteaux.

Migration

Répartition du guêpier d'Europe

Les abeilles d'Europe passent l'hiver blotties dans leur ruche, privant le guêpier de sa nourriture principale. La fin de l'été clôt donc la période faste pour les guêpiers qui entament un long et périlleux voyage. Venus d'Europe occidentale, de grands vols de guêpiers franchissent le détroit de Gibraltar et survolent le Sahara pour prendre leurs quartiers d'hiver en Afrique de l'Ouest. Les guêpiers d'Europe centrale et orientale traversent la Méditerranée et le désert d'Arabie pour hiverner en Afrique du Sud.

« C'est un stratagème extrêmement risqué que cette migration », souligne l'ornithologue britannique Hilary Fry. Lorsqu'ils convergent vers la Méditerranée, les guêpiers doivent souvent échapper aux faucons d'Éléonore qui, pour nourrir leurs petits, s'attaquent aux oiseaux en migration. « Au moins 30 % des oiseaux seront tués par des prédateurs ou par d'autres facteurs avant de pouvoir retourner en Europe au printemps suivant. »

Les guêpiers arrivés en Afrique, la saison des amours bat son plein. Les mâles demeurent avec leur propre clan ; les femelles partent ajouter leurs gènes à un groupe éloigné. Des mâles nés en Espagne rencontrent des femelles d'Italie, des oiseaux hongrois et kazakhs se lient ; des couples se forment pour la vie. Avril marque le retour vers l'Europe. Les mâles d'un an regagnent leur terre natale avec leur compagne.

Réchauffement climatique

Sa présence de plus en plus marquée au nord de l'Europe durant l'été semble être en lien avec le réchauffement climatique. En effet, l'augmentation de ses effectifs en Suisse semble être liée à la hausse des températures estivales moyennes[5].

Systématique

L'espèce a été décrite par le naturaliste suédois Carl von Linné en 1758[6].

Notes et références

  1. Casas-Crivillé A & Valera F (2005) The European bee-eater Merops apiaster as an ecosystem engineer in arid environments. Journal of Arid Environments, 60(2), 227-238 (résumé).
  2. Groupe ornithologique du Roussillon, « Le coin du naturaliste : Le guêpier d'Europe », L'Indépendant, , p. 8
  3. « Valais: la fausse bonne nouvelle volante. Le commentaire de Pascal Fauchère », sur www.lenouvelliste.ch (consulté le )
  4. « Le nid d'un très rare oiseau aux couleurs magnifiques découvert en Belgique », sur RTL Info (consulté le ).
  5. « Le réchauffement climatique fait venir le magnifique guêpier d’Europe en Valais », sur www.lenouvelliste.ch (consulté le )
  6. Linnaeus, C. 1758: Systema Naturae per regna tria naturæ, secundum classes, ordines, genera, species, cum characteribus, differentiis, synonymis, locis, Tomus I. Editio decima, reformata. Holmiæ: impensis direct. Laurentii Salvii. i–ii, 1–824 page 117

Bibliographie

  • del Hoyo J., Elliott A. & Sargatal J. (2001) Handbook of the Birds of the World, Volume 6, Mousebirds to Hornbills. BirdLife International, Lynx Edicions, Barcelona, 589 p.
  • Joyon Gérard. (1989) 1991 L'appel de la Garrigue'faune et flore Garrigue nîmoise. (ISBN 2-9504214-0-7).
  • Casas-Crivillé A & Valera F (2005) The European bee-eater Merops apiaster as an ecosystem engineer in arid environments. Journal of Arid Environments, 60(2), 227-238 (résumé).

Liens externes


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