Vespa (insecte)

Vespa est un genre d'insectes sociaux, de la famille des Vespidae, sous-famille des Vespinae, communément appelés frelons. La majorité des espèces est originaire d'Asie mais certaines se sont répandues sur plusieurs continents, naturellement ou à la suite d'introductions.

Frelon

Pour les articles homonymes, voir Vespa (homonymie) et Frelon (homonymie).

Description

Pouvant atteindre 45 mm de longueur, les frelons sont les plus grands insectes eusociaux. Les frelons se distinguent des autres vespidés par la largeur plus importante de leur vertex (partie de la tête derrière les yeux) et par leur gastre arrondi (la section de l'abdomen juste derrière la « taille de guêpe »). Le frelon serait, parmi les hyménoptères, celui dont la piqûre est la plus douloureuse, mais (contrairement à une idée reçue) pas plus dangereuse qu'une piqûre de guêpe ou d'abeille[1],[2]. De plus, le frelon est assez pacifique et n'attaque qu'en dernier recours, aux environs de son nid (moins de trois mètres) ou lorsqu'il est directement agressé. Néanmoins la piqûre est particulièrement douloureuse à cause d'un taux plus important d'acétylcholine[3] et certaines espèces non-européennes comme Vespa mandarinia japonica font toutefois bel et bien partie des insectes au venin le plus virulent et mortel[4].

Répartition et habitat

Carte de l'Asie du Sud-Est.

Toutes les espèces de frelons sont présentes en Asie. L'Asie du Sud-Est regroupe même l'ensemble des espèces à l'exception de Vespa crabro. En revanche, l'étendue des aires de répartition peut être très variable. Certaines espèces sont endémiques de régions assez restreintes, comme Vespa luctuosa et Vespa philippinensis aux Philippines ou Vespa fervida sur les îles de la Sonde (Indonésie). D'autres se sont répandues sur plusieurs continents, comme Vespa orientalis présent aussi en Afrique, en Europe et au Moyen-Orient. L'aire la plus importante revient à Vespa crabro, présent sur quatre continents : Europe, Asie, Afrique et Amérique.

Plusieurs introductions d'espèces non indigènes sur de nouveaux territoires ont été constatées : Vespa crabro et Vespa simillima au Canada, Vespa orientalis à Madagascar, Vespa velutina au Yémen et en 2005 en France.

Phéromone de reconnaissance et de défense groupée

Les cuticules de ces insectes sécrètent des hydrocarbures cuticulaires qui sont des phéromones de reconnaissance intra coloniale. Chaque colonie a ainsi sa propre signature chimique et il a été montré que des colonies différentes peuvent chasser devant les mêmes ruchers[5].

Comme beaucoup de guêpes et abeilles sociales, les membres disponibles d’une colonie entière peuvent être mobilisés pour piquer en défense du nid, ce qui est extrêmement dangereux pour les humains et les autres animaux. La phéromone permettant l’alerte et une attaque groupée est libérée en cas de menace pour le nid.

Dans le cas du frelon géant asiatique (Vespa mandarinia), la même hormone sert à regrouper les frelons qui attaquent des colonies de leurs proies (abeilles mellifères et d'autres espèces de Vespa)[6]. Trois produits chimiques biologiquement actifs ont été identifiés : le 2-pentanol, le 3-méthyl-1-butanol et le 3-méthylbutanoate de 1-méthylbutyle pour cette espèce. Lors d'essais sur le terrain, le 2-pentanol seul a déclenché une réaction d'alarme et un comportement défensif légers, mais en ajoutant les deux autres composés, l'agressivité a été plus marquée et synergiquement pour le groupe exposé[6]. Chez le frelon européen (Vespa crabro), le principal composé de la phéromone d'alarme est le 2-méthyl-3-butène-2-ol[7].

Un frelon tué assez près d'un nid peut libérer des phéromones susceptibles de déclencher une attaque de la part d’autres frelons. Des matériaux imbibés ou porteurs de cette phéromone (vêtements, peau et proies ou frelons mort) peuvent aussi déclencher une attaque, ainsi que quelques arômes alimentaires (arômes de banane, de pomme et alcools C5 et C10)[6].

Alimentation

Les frelons adultes, comme certaines espèces proches (guêpes jaunes (en) par exemple) se nourrissent de nectar et d'aliments végétaux riches en sucre, mais ne sont pas considérés comme des pollinisateurs importants. Ils se nourrissent notamment de sève (de chênes par exemple), de fruits sucrés abimés (dans les vergers où ils recherchent les fruits tombés, trop mûrs ou en décomposition), de miel et de divers autres aliments sucrés. Pour consommer le fruit, ils y forent souvent un trou dans la peau puis y entrent pour presque s’immerger dans leur pulpe sucrée. Arracher ou secouer ou écraser accidentellement un fruit contenant un ou des frelons peut éventuellement provoquer une attaque.

Pour nourrir leur progéniture, les adultes attaquent divers insectes ou arachnides, qu'ils tuent par des piqûres et avec leurs puissantes mâchoires - y compris des insectes plus gros qu’eux (sauterelles, criquets , mantes et catydidés)… La victime est ensuite mastiquée et régurgitée ou donnée sous forme de boulette aux larves se développant dans le nid ; elle n'est pas consommée par les frelons adultes. Les larves de frelons produisent une sécrétion sucrée et riche en acides aminés, collectée et consommée par les ouvrières et donnée aux reines. Le frelon asiatique peut s'avérer nocif pour l'écosystème compte tenu de leur propriétés invasives : ils attaquent notamment les abeilles à miel, car la configuration des ruches facilite leur accès (comme un distributeur de nourriture) et contribuent au syndrome d'effondrement des colonies d'abeilles. Ce frelon est de ce fait considéré comme un nuisible de premier ordre auprès de la profession apicole[8]. A contrario, le frelon européen se nourrit d’espèces nuisibles sans avoir un impact important sur les ruches apicoles.

Systématique

  • Le Genre Vespa a été décrit par le naturaliste suédois Carl von Linné en 1758.
  • L'espèce type pour le genre est Vespa crabro Linné, 1758[9].

Synonymie

  • Nyctovespa van der Vecht, 1959, dont l'espèce type est Vespa binghami du Buysson, 1905[10].

Noms vernaculaires

Le genre Vespa contient de nombreuses espèces, souvent appelées frelons : frelon sans précision, parfois avec un nom plus précis (frelon européen, frelon asiatique, frelon géant…). Toutefois certaines de ces espèces ne semblent pas avoir de nom attribué en français.

Par ailleurs selon les pays et les régions d'autres termes peuvent être utilisés pour désigner ces insectes :

Taxinomie

Liste des espèces

Le genre regroupe 22 espèces[19] :

Galerie

Notes et références

  1. Dr Antoine Galland, Toutes les questions au pédiatre: La Santé et l'équilibre de votre enfant, Albin Michel, (ISBN 978-2-226-37948-1, lire en ligne)
  2. Eric Darrouzet, Les Insectes bâtisseurs: Nids de termites, de guêpes et de frelons, Connaissances et Savoirs, (ISBN 978-2-7539-0212-1, lire en ligne)
  3. (en) K. D. Bhoola, J. D. Calle, and M. Schachter, « Identification of acetylcholine, 5-hydroxytryptamine, histamine, and a new kinin in hornet venom (V. crabro) », J Physiol., vol. 159, no 1, , p. 167–182[lire en ligne]
  4. (en) J.O. Schmidt, S. Yamane, M. Matsuura, C.K. Starr, « Hornet venoms: lethalities and lethal capacities. », Toxicon, vol. 24, no 9, , p. 950–4 (PMID 3810666, DOI 10.1016/0041-0101(86)90096-6)
  5. Villemant, C., Muller, F., Haubois, S., Perrard, A., Darrouzet, E., & Rome, Q. (2011). Bilan des travaux (MNHN et IRBI) sur l’invasion en France de Vespa velutina, le frelon asiatique prédateur d’abeilles. Proceedings of the Journée Scientifique Apicole–11 February, 3-12.
  6. (en) Melody Voith, « Gee, Your Hair Smells Dangerous : Volatile fragrance chemicals may attract unwanted attention from hornets and bees », Volume 81, n°37, Chemical & Engineering News, (consulté le )
  7. « Vespa », pherobase.com
  8. Jean-Michel Normand, « « On ne pourra très probablement pas l’éradiquer » : l’inexorable invasion du frelon asiatique en France », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
  9. Carpenter, J.M., Kojima, J. 1997: Checklist of the species in the subfamily of Vespinae (Insecta, Hymenoptera, Vespidae). Nat. Hist. Bull. Ibaraki Univ., 1: 51-92.
  10. Vecht, J. van der 1959: Notes on oriental Vespinae, including some species from China and Japan (Hymenoptera, Vespidae). Zoologische Mededelingen, 36(13): 205-232.
  11. Callet et Pierre Moïse Callet, Glossaire vaudois, G. Bridel, (lire en ligne)
  12. Louis Adolphe Terracher, Revue de linguistique romane, Société de linguistique romane., (lire en ligne)
  13. J.-J. Castor, L'interprète provençal, contenant un choix de 15.000 termes provençaux les plus utiles, expliqués en français: divisé en trois parties, comprenant: 4ʻ des notions grammaticales; 2ʻ une nomenclature d'arts et métiers; 3ʻ un vocabulaire de termes supplémentaires et une table alphabétique, Imprimerie de Louis Clauzel ainé, (lire en ligne)
  14. Robert Mineau, Les vieux parlers poitevins: histoire, phonétique, grammaire, Brissaud, (ISBN 978-2-902170-37-1, lire en ligne)
  15. Henry Arbois de Jubainville, Études grammaticales sur les langues celtiques: Glossaire moyen-breton, par E. Ernault. 2. éd., cor. et augm., avec une préface et les index du t. I: 1. ptie. (A-G) 1895. 2. ptie. (H-V et Errata) 1896, F. Vieweg, (lire en ligne)
  16. « Dictionnaire de patois nivernais », sur cahiersduvaldebargis.free.fr (consulté le )
  17. Mario Rossi, Dictionnaire étymologique et ethnologique des parlers brionnais: Bourgogne du sud, Editions Publibook, (ISBN 978-2-7483-0533-3, lire en ligne)
  18. Travaux de linguistique et de folklore de Bourgogne, ABSS, (lire en ligne)
  19. (en) « Liste des espèces du genre Vespa », sur le site du laboratoire d'histoire naturelle de l'université d'Ibaraki (consulté le )

Voir aussi

Références taxonomiques

Liens externes

Bibliographie

  • (en) M.E. Archer, A Key to the world species of the vespinae (Hymenoptera), College of Ripon & York St.John, 1989, p. 27-37
  • (en) Nguyen L.T.P., Saito F., Kojima J.I., Carpenter J.M. 2006. Vespidae of Viêt Nam (Insecta: Hymenoptera) 2. Taxonomic notes on Vespinae. Zoological Science 23: 95-104
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