Messageries maritimes

La Compagnie des messageries maritimes (MM) est une compagnie maritime française prestigieuse, indépendante de 1851 au 23 février 1977, puis fusionnée avec la Compagnie générale transatlantique (CGT) pour former la Compagnie générale maritime (CGM).

Compagnie des messageries maritimes

Affiche pour les Messageries maritimes par Alexandre Brun

Création 1851
Disparition 1977 (fusion avec la Compagnie générale transatlantique)
Fondateurs Albert Rostand, Ernest Simons
Slogan Les Messageries font le tour du monde
Siège social Boulevard de la Madeleine
Activité Transports par eau (d)[1]

Société suivante Compagnie générale maritime

Histoire

Quai de la Joliette et Messageries Maritimes dans le port de Marseille (entre 1890 et 1905).

En 1851, Albert Rostand, armateur marseillais, proposa à Ernest Simons, directeur des Messageries nationales, de s'associer. Il voulait créer une compagnie maritime de messageries.

Cette compagnie fut créée sous le nom de Messageries nationales. Par la suite, elle acquit le nom de Messageries impériales. Enfin, en 1871, avec les changements de régime politiques en France, elle devint la Compagnie des messageries maritimes.

Comme d'autres compagnies de navigation, puis d'aviation et d'agences de voyages, les bureaux parisiens des Messageries Maritimes étaient implantés dans le quartier de la Madeleine à Paris, occupant un grand immeuble, entre le boulevard de la Madeleine et la rue de Sèze, les rues Vignon (22 fenêtres en façade) et Godot de Mauroy. Quartier prestigieux, mais arpenté par des prostituées de luxe, ce qui inspira à un humoriste le dicton suivant : « Les Messageries font le tour du Monde… mais le demi-monde fait le tour des Messageries »[réf. nécessaire].

La messagerie maritime impose de posséder des navires, de les entretenir ou d'en construire. Ainsi, l'ingénieur Henri Dupuy de Lôme et Armand Béhic, s'associant au projet, ont encouragé le rachat du chantier naval de La Ciotat.

La majorité des navires de la compagnie furent construits dans ce chantier naval.

La compagnie assurait deux types de lignes :

  • lignes commerciales : transport de passagers (paquebots et paquebots mixtes) et de marchandises (navires de charge et paquebots mixtes).
  • lignes subventionnées par l'État : lignes postales, incluant le transport obligatoire gratuit ou a des prix réduits des "passagers de l'État" (fonctionnaires, etc.) et du matériel de l'État.

À partir de 1881, les primes à la navigation commerciale pour les lignes véritablement commerciales s'ajoutent aux subventions postales. Dans la mesure où la compagnie dessert à la fois des lignes libres, dites commerciales, et des lignes subventionnées, dites postales, elle bénéficie de deux systèmes d'aides publiques. Dès les années 1880, elle se lance même dans la construction de cargos destinés à un usage uniquement commercial lui permettant de récolter les primes[2].

L'analyse des sources comptables de la compagnie révèle la relative inefficacité des aides de l'État. Cette analyse démontre que jamais la compagnie n'afficherait de bénéfices si elle ne percevait pas des subventions. Ce déficit s'accroît à partir de 1882 en raison des particularités techniques de la navigation à vapeur[3].

La société était 8e au palmarès des capitalisations de 1891, à la Bourse de Paris, où les sociétés de services (banque, transport, distribution de gaz ou d'électricité restaient dominantes).

Elle disposait de filiales dont les Affréteurs maritimes indochinois fondés en 1920 et dissous en 1948[4].

Pendant la Seconde Guerre mondiale certains des navires des Messageries maritimes furent saisis, dont en particulier les paquebots Maréchal Joffre et Aramis qui participèrent tous deux à la Guerre du Pacifique. Le Maréchal Joffre fut confié aux Etats Unis fin 1941 par les Forces Françaises Libres aux Philippines. Les Etats Unis, via la War Shipping Administration ('WSA') exploitèrent le navire comme transport de troupes dans le Pacifique sous le nom de USS Rochambeau jusqu'en 1945, où il fut rendu aux Messageries maritimes. L'Aramis, quant à lui, fut saisi par le Japon à Saïgon en 1942 et fut également exploité comme transport de troupes sous le nom de Teia Maru. Le 18 août 1944 il fut coulé avec 2665 personnes à bord par trois torpilles du sous-marin américain USS Rasher au sud de Taiwan, alors qu'il naviguait au sein du grand convoi Hi-71 qui amenait des renforts aux Philippines et à Singapour.

Le dernier paquebot commandé par les Messageries Maritimes fut le MS Pasteur, lancé à Dunkerque en 1966. Le Pasteur, construit par les chantiers navals de France-Dunkerque, était un paquebot mixte, doté de cales frigorifiques, exploité sur la ligne Europe-Amérique du Sud. Il fut vendu en 1972, du fait de la concurrence croissante de l'aviation. Mais le dernier paquebot a être exploité par les Messageries Maritimes fut le petit paquebot mixte ms Polynésie, livré en 1955 par les Chantiers Dubigeon de Nantes, qui assura de 1955 à 1975 un service entre la Nouvelle Calédonie, les Nouvelles Hébrides et l'Australie.

A partir des années soixante, la majorité, puis la totalité de la flotte des Messageries Maritimes était composée de navires de charge, cargos classiques, porte-conteneurs, navires rouliers ou porte-conteneurs et rouliers ('ConRo'), navires frigorifiques, grands pétroliers et méthaniers et un navire de support scientifique, le Marion Dufresne (1972), pour les Terres australes et antarctiques françaises. Les lignes des Messageries Maritimes desservaient essentiellement l'Asie, le Pacifique sud, le Moyen orient, l'océan indien,l'Afrique et la côte est de l'Amerique du sud.

En 1977 l'Etat fit fusionner les Messageries Maritimes avec la Compagnie générale transatlantique sous le nom de Compagnie Générale Maritime ('CGM'), qui devint en 1999 la CMA CGM après privatisation avec la CMA.

Présidents

Notes

  1. Pressearchiv 20. Jahrhundert, (organisation), consulté le
  2. Marie-Françoise Berneron-Couvenhes, "La Compagnie des Messageries Maritimes: Initiatives privées et subventions publiques à l'origine d'un grand armement commercial français au XIXe siècle", Revue d'histoire maritime, no 5, 2006, p. 55.
  3. Marie-Françoise Berneron-Couvenhes, op. cit., p. 55.
  4. (en) Ivan Sache, « Société des Affréteurs Indochinois (Shipping company, France », sur Flags Of The World, (consulté le ).

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

  • Les messageries maritimes à Hong Kong : 1918-1941, par François Dremeaux, édition Gope, 2014
  • Marie-Françoise Berneron-Couvenhes, Les messageries maritimes : l'essor d'une grande compagnie de navigation française, 1851-1894, PUPS, Paris, 2007, 839 p. (ISBN 978-2-84050-479-5) (texte remanié d'une thèse à l'université de Paris 4, 2002)
  • Marie-Françoise Berneron-Couvenhes, La Compagnie de navigation française des messageries maritimes de 1851 à 1914 : entreprise de transport et service public, 2002
  • Philippe Ramona, Paquebots vers l'Orient, Nouvelles Editions Sutton, 2001
  • Commandant Jean Lanfant, Historique de la flotte des messageries maritimes: 1851-1975, édition Hérault, 2000
  • Pierre Patarin, Messageries maritimes: Paquebots et voyageurs du passé, 1997
  • Paul Bois, Le grand siècle des Messageries maritimes, 1992
  • Roger Carour, Sur les routes de la mer avec les Messageries maritimes, éditeur André Bonne 1968
  • André Siegfried et Jérôme et Jean Tharaud, Cent ans de Services Maritimes Français. Le Centenaire des Services des Messageries Maritimes ( 1851 - 1951 ), édité par par Imprimeries Ettighoffer et Raynaud, 1952
  • Colette Cordebas, La Compagnie des messageries maritimes, mémoire, Institut d'études politiques, 1951
  • Georges Philippar, Pierre de Saboulin Bollena, Messageries maritimes: 75e anniversaire. [1852-1927], 1928
  • La Compagnie des Messageries Maritimes et la guerre, CMM Imprimerie Haymann, 1921

Liens externes

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