Ministère du Commerce (France)
Le ministère du Commerce est un ministère français qui existe pendant la plus grande partie du XIXe siècle, à partir de la fin de l'Empire et la plus grande partie du XXe siècle. L'intitulé du ministère a changé à plusieurs reprises, et le commerce s'est trouvé rattaché à plusieurs ministères, ne figurant pas toujours en première position, de sorte que l'histoire du ministère du Commerce se confond avec celle d'autres ministères, particulièrement celui de l'Industrie. À plusieurs reprises, notamment au milieu de la Cinquième République, les attributions relatives au commerce ont plutôt été confiées à un secrétariat d'État.
Pour les articles homonymes, voir Ministère du Commerce et Ministère du Tourisme.
Ministère du Commerce | |
Situation | |
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Création | 1812 : ministère des Manufactures et du Commerce 1831 : ministère du Commerce et des Travaux publics 1839 : ministère de l'Agriculture et du Commerce 1881 : ministère du Commerce et des Colonies 1882 : ministère du Commerce 1886 : ministère du Commerce et de l'Industrie 1894 : ministère du Commerce, de l'Industrie, des Postes et Télégraphes 1906 : ministère du Commerce, de l'Industrie et du Travail 1906 : ministère du Commerce et de l'Industrie et ministère du Travail 1931 : ministère de l'Économie nationale 1946 : ministère de l'Économie nationale et des Finances 1947 : ministère des Finances et des Affaires économiques 1966 : ministère de l'Économie et des Finances 1997 : ministère de l'Économie, des Finances et de l'Industrie 2007 : ministère de l'Économie, de l'Industrie et de l'Emploi 2010 : ministère de l'Économie, des Finances et de l'Industrie 2012 : ministère de l'artisanat, du commerce et du tourisme |
Type | Ministère français |
Siège | 139 rue de Bercy, Paris 12e |
Langue | Français |
Organisation | |
Ministre | Martine Pinville |
Personnes clés | Nicolas Fouquet Jean-Baptiste Colbert Anne Robert Jacques Turgot Jacques Necker Raymond Poincaré Antoine Pinay Valéry Giscard d'Estaing Raymond Barre Jacques Delors Pierre Bérégovoy Édouard Balladur Dominique Strauss-Kahn |
Site web | http://www.artisanat-commerce-tourisme.gouv.fr/ |
Du au , la secrétaire d'État chargée du Commerce, de l'Artisanat, de la Consommation et de l'Économie sociale et solidaire est Martine Pinville. Elle siège, avec les trois autres ministères économiques et financiers, au quartier de Bercy, dans le 12e arrondissement de Paris.
Depuis , le commerce n'apparaît plus dans l'intitulé des attributions d'aucun ministre ou secrétaire d'État.
Histoire
Les deux premières créations d'un ministère du Commerce sont assez éphémères. Un premier ministre des Manufactures et du Commerce est nommé par Napoléon Ier le afin d'alléger la charge du ministère de l'Intérieur notamment dans l'application du blocus continental[1] et reste en place jusqu'au . Le ministère est recréé à la fin de la Restauration, le , sous l'intitulé de « ministère du Commerce et des Manufactures ». Il est toutefois supprimé le [2].
Le , il est recréé sous le nom de « ministère du Commerce et des Travaux publics ». L'ordonnance du confie au ministère du Commerce plusieurs attributions précédemment du ressort du ministère de l'Intérieur : commerce, agriculture, industrie, travaux publics (y compris les transports), mais aussi les hôpitaux et les prisons, l'imprimerie et la librairie, les bibliothèques, les théâtres, les sociétés savantes[3]. Une ordonnance du modifie ses attributions : l'administration départementale et municipale, le personnel des préfets et sous-préfets, l'organisation de la Garde nationale, ainsi que « les affaires militaires dans lesquelles intervient l'autorité civile » relèvent désormais de lui. En revanche, les sociétés savantes, les bibliothèques et des établissements d'enseignement spécialisés sont attribués au ministère de l'Instruction publique et les affaires de librairie et d'imprimerie reviennent au ministère de l'Intérieur[3]. Le , le ministère reprend le titre de ministère du Commerce et, le 6 avril, la répartition des affaires avec le ministère de l'Intérieur est clarifiée : le ministère du Commerce conserve les lois de douane, le commerce, l'agriculture et l'industrie ainsi que les statistiques qui s'y rapportent, les chambres de commerce, les professions industrielles, la propriété industrielle, les sociétés anonymes et les foires et marchés. Le reste, personnel des préfectures, administration territoriale, Garde nationale, administration des hospices, travaux publics, ponts et chaussées, beaux-arts, théâtres et archives, reviennent à l'Intérieur. Cette nouvelle répartition est plus durable[3].
Le , le ministère redevient ministère du Commerce et des Travaux publics, puis, le , « ministère des Travaux publics, de l'Agriculture et du Commerce ». Trois ans plus tard, le , les Travaux publics sont disjoints du ministère qui prend alors le nom de « ministère de l'Agriculture et du Commerce ». Ce nouvel intitulé, plus stable, demeure de 1839 à 1852 puis de 1869 jusqu'au . En 1852, les attributions concernant l'agriculture et le commerce sont reprises par le ministère de l'Intérieur, puis, entre 1853 et 1869, des Travaux publics. Le , un ministère de l'Agriculture est instauré, tandis que le Commerce est confié à un ministère du Commerce et des Colonies, qui ne dure que quelques mois, après quoi le ministère devient simplement ministère du Commerce.
Le , le ministère devient « ministère du Commerce et de l'Industrie » ; ce changement d'intitulé traduit l'intérêt porté aux questions industrielles, mais ne constitue pas de changement dans les attributions du ministère, qui en était déjà chargé. Au ministère sont ajoutés successivement, de 1889 à 1893, les Colonies, puis, de 1893 à 1906, les Postes et télégraphes, partie d'administration relevant d'un sous-secrétaire d'État. En 1906, pour satisfaire en partie les revendications ouvrières, le ministère change d'intitulé le , pour devenir le « ministère du Commerce, de l'Industrie et du Travail ». Toutefois, dès le 25 octobre de la même année, un ministère du Travail autonome est créé.
Le ministère du Commerce et de l'Industrie reçoit à nouveau la compétence sur les télégraphes et téléphones de 1913 à 1920, de mars à , et de 1926 à 1928. À deux reprises, le ministère est élargi à d'autres compétences (Commerce, Industrie, Agriculture, Travail, Postes et Télégraphes sous le 6e ministère Briand ; Commerce, Industrie, Postes, Télégraphe, Transport maritime et Marine marchande sous le 2e ministère Clemenceau).
Le , est créé un « ministère de l'Économie nationale, du Commerce et de l'Industrie », mais cette première initiative ne dure que jusqu'au . Le ministère du Commerce et de l'Industrie revient alors, même si certains gouvernements comportent également un ministère de l'Économie nationale. De février à juin 1932, le ministère prend le nom de ministère du Commerce, des Postes, Télégraphes et Téléphones. Hors ces deux exceptions, le ministère reste ministère du Commerce et de l'Industrie jusqu'en 1936, date à laquelle il devient ministère du Commerce.
La Seconde Guerre mondiale modifie l'organisation du ministère. Devenu « secrétariat d’État à la Production industrielle » en 1940, il s'organise avec des services horizontaux chargés de questions communes à toutes les branches de l'économie, et des services techniques contrôlant chaque industrie, répartis entre un secrétariat général à l’Énergie et un secrétariat général à l'Industrie et au Commerce intérieur. Après la Libération, en 1944, cette organisation est conservée[4].
Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, le ministère disparaît sous ce nom, les gouvernements comprenant d'une part un ministère chargé de la Production industrielle, d'autre part un ministère de l'Économie nationale. Un ministère de l'Industrie et du Commerce réapparaît au début de la Quatrième République jusqu'au . De 1952 à 1953, les deux éléments sont dissociés, avec d'un côté le ministère de l'Industrie et de l'Énergie, de l'autre le ministère du Commerce et des Relations économiques extérieures, puis du Commerce seulement. Le ministère de l'Industrie et du Commerce renaît le et jusqu'au , où il devient secrétariat d'État sous l'autorité du ministère des Affaires économiques et financières avant de redevenir un ministère à part entière le . Le , le ministère de l'Industrie et du Commerce devient simplement ministère de l'Industrie. Après plus d'une décennie d'éclipse, le ministère réapparaît sous le nom de « ministère du Commerce et de l'Artisanat » en juillet 1972 sous le 1er gouvernement Messmer. Cette situation se poursuit jusqu'en 1983, sauf sous le gouvernement Messmer 3 qui comprend un ministère de l'Industrie, du Commerce et de l'Artisanat. Il est ensuite remplacé par un ministère du Commerce, de l'Artisanat et du Tourisme de 1984 à 1986.
Le ministère disparaît en tant que ministère autonome en ; le commerce relève alors de ministres délégués placés sous l'autorité d'un autre ministre, de l'Économie, de l'Industrie ou du Commerce extérieur, et ce jusqu'en 1995. Il réapparaît alors sous le nom de ministère des PME, du Commerce et de l'Artisanat jusqu'en , époque à laquelle il disparaît définitivement, ses attributions passant à des secrétaires d'État.
De 2015 à 2017
Missions et attributions
De à , le secrétaire d'État chargé du commerce, de l’artisanat, de la consommation et de l'économie sociale et solidaire a pour mission de préparer et mettre en œuvre la politique du Gouvernement en matière d'artisanat, de commerce, de consommation, d'économie sociale et solidaire et de tourisme. Il veille au développement du secteur de l'artisanat et du commerce. Il exerce la tutelle du réseau des chambres de métiers et de l'artisanat et des chambres de commerce et d'industrie. Il est associé à la définition de la politique en matière de tourisme et de petites et moyennes entreprises. Il est compétent pour le suivi et le soutien des activités de services à la personne. Il est compétent pour le suivi et le soutien à l'économie sociale et solidaire[5].
Organisation
Pour mener à bien ses missions, les agents du ministère sont répartis au sein d'un réseau de directions, de directions générales, de services techniques centraux, de services à compétence nationale et de services déconcentrés.
En 2015, conjointement avec le ministre de l'Économie, de l'Industrie et du Numérique, le ministre de l’artisanat, du commerce et du tourisme a autorité sur la direction générale des Entreprises[6].
Conjointement avec les autres ministères économiques et financiers (ministre de l'économie, de l'industrie et du numérique, ministre des Finances et des Comptes publics), le ministre de l’artisanat, du commerce et du tourisme a autorité sur :
- le secrétariat général des ministères économiques et financiers.
- la direction des affaires juridiques des ministères économiques et financiers ;
- le Haut fonctionnaire de défense et de sécurité ;
- le médiateur des ministères économiques et financiers.
- le Conseil général de l'économie, de l'industrie, de l'énergie et des technologies.
Notes et références
- Association du corps préfectoral et des hauts fonctionnaires du ministère de l'Intérieur, Histoire du ministère de l'Intérieur de 1790 à nos jours, Paris, La Documentation française, 1993 (ISBN 2-11-002922-6), p. 53-54.
- Histoire du ministère de l'Intérieur..., p. 62.
- Histoire du ministère de l'Intérieur..., p. 68-69.
- Les archives du ministère du Commerce sont conservées aux Archives nationales dans la sous-série F/12.
- Décret n° 2015-819 du 6 juillet 2015, article 1.
- Décret n° 2015-819, article 2.
Voir aussi
Bibliographie
- Yvert Benoît (dir.), Premiers ministres et présidents du Conseil. Histoire et dictionnaire raisonné des chefs du gouvernement en France (1815-2007), Perrin, 2007, spécialement p. 55-73, 248-306 et 695-733
- Clotilde Druelle-Korn, « Ministère du Commerce – statistique Générale de la France, le rendez-vous manqué des statistiques économiques », Histoire & Mesure, 2007, XXII-1, p. 45-69.
- Décret no 2015-819 du 6 juillet 2015 relatif aux attributions du ministre de l'artisanat, du commerce et du tourisme
Articles connexes
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