Momčilo Krajišnik
Momčilo Krajišnik, né le à Sarajevo (État indépendant de Croatie) et mort le à Banja Luka (République serbe de Bosnie, Bosnie-Herzégovine[1]) est un dirigeant politique serbe de Bosnie-Herzégovine qui, avec Radovan Karadžić, cofonde le Parti démocratique serbe (SDS)[réf. nécessaire], parti nationaliste serbe de Bosnie.
Pour les articles homonymes, voir Krajišnik.
Member of the Senate of Republika Srpska (d) | |
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à partir de | |
Présidents de l'assemblée nationale de la république serbe de Bosnie | |
- | |
- Dragan Kalinić (d) |
Naissance | |
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Décès |
(à 75 ans) University Clinical Centre of the Republic of Srpska (en) |
Nom dans la langue maternelle |
Момчило Крајишник |
Nationalité |
Yougoslave (- |
Domicile | |
Formation | |
Activité |
Religion | |
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Parti politique | |
Condamné pour | |
Condamnation |
Emprisonnement (en) () |
Il est définitivement condamné par le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie pour crimes contre l'humanité en .
Biographie
Famille, carrière professionnelle et engagement politique
Economiste de formation, il rencontre Radovan Karadžić chez Energoinvest — une entreprise publique du secteur énergétique — où les deux hommes sont collègues[2]. Dans les années , alors que Momčilo Krajišnik est devenu directeur financier de ce complexe industriel[3], les deux amis sont emprisonnés pour des accusations de détournement de fonds visant la construction d'une maison pour chacun d'entre eux. S'ils sont relâchés faute de preuve, ceci leur permet de se présenter comme des « dissidents »[4].
Il épouse[Quand ?] Milenka Micevic avec qui il a trois enfants[2].
Entre 1990 et 1992, Momčilo Krajišnik est président de l'Assemblée populaire de la République serbe de Bosnie et membre de la présidence élargie de la République serbe de Bosnie.[réf. souhaitée]
Guerre de Bosnie-Herzégovine
Au cours de la guerre de Bosnie-Herzégovine, Momčilo Krajišnik est l'un des architectes du nettoyage ethnique afin de constituer un Etat serbe « pur »[3]. « Eminence grise » de Radovan Karadžić[4], il permet par exemple de maintenir le dialogue avec Slobodan Milošević lorsque les relations entre les deux hommes se dégradent[3].
Pratiquant le pillage systématique des entrepôts passés sous contrôle serbe et contrôlant le trafic d'essence entre Belgrade et Pale, il en aurait partagé les bénéfices financiers avec Karadžić[3].
En , il participe aux négociations des accords de Dayton et se fait remarquer pour ses positions intransigeantes qui lui valent le surnom de « Mister no »[5],[6]. Richard Holbrooke rapporte dans ses mémoires une réunion du qu'il qualifie de l'une des scènes les plus mémorables portant sur le sujet le plus épineux : celui du partage du territoire. Les américains invitent chacune des parties à faire une proposition sur carte. Alija Izetbegović exige alors — comme il l'a déjà fait à plusieurs reprises mais jamais directement devant la délégation des serbes de Bosnie — que Sarajevo soit unifié. Momčilo Krajišnik ne pouvant supporter une telle idée se lève de la table, enragé, et frappe la carte avec son point, probablement à l'endroit où se situe la ferme de cinq hectares dont il est propriétaire, en criant : « J'ai vécu dans ce lieu toute ma vie et je ne l'abandonnerai jamais. Cette terre est à nous. Nous ne pouvons pas la perdre ». Richard Holbrooke conclut que les américains comprennent à ce moment-là qu'il est impossible d'avancer dans une telle rencontre et qu'il convient de ne plus réunir dans la même pièces tant de protagonistes. Il ajoute qu'à partir de cette date, les voix de Momčilo Krajišnik et de ses collègues ne sont plus écoutées à la table des négociations[7]. Réputé pour ses techniques d'obstruction, il persiste jusqu'au dernier moment en refusant de signer le plan de paix le matin du retardant ainsi la cérémonie officielle d'échange de paraphes[8].
Responsabilités politiques après la guerre
Après la guerre, il continue de contrôler les rouages du SDS en gardant notamment la main sur les nominations. Elu membre de la présidence tripartite de Bosnie-Herzégovine en , il est battu aux élections de [4]. Durant ces deux années, représentant la mouvance « dure » de Pale, il s'affronte avec Biljana Plavšić sur les relations à entretenir avec Slobodan Milošević ; il reproche également à la Présidente de la République de Bosnie la politique de coopération mise en œuvre à la suite des accords de paix tandis que cette dernière l'accuse de malversations[9].
Poursuites par le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie
Inculpé secrètement par le TPIY en , il est arrêté au mois d'avril par des troupes françaises — Commando Hubert et 13e RDP — agissant sous commandement de la SFOR alors qu'il se terre à Pale chez ses parents[10],[11],[12].
En , le tribunal le déclare coupable de crimes contre l'humanité consistant notamment en des persécutions, expulsions, actes inhumains (déplacements forcés de civils musulmans et croates dont femmes, enfants et personnes âgées). Les faits concernent de nombreuses localités de Bosnie-Herzégovine et sont relatifs, pour certains, au massacre de Bijeljina[13]. Il est en revanche acquitté du crime de génocide en raison du manque de preuves[5] et des chefs de crimes de guerre[14]. Initialement condamné à vingt-sept ans d'emprisonnement, le quantum est réduit à vingt ans en appel trois ans plus tard[15]. Il purge sa peine dans la prison de haute sécurité de Belmarsh[16].
Libération et fin de vie à Pale
La juridiction internationale lui accorde une libération anticipée en après avoir purgé les deux tiers de la peine et il retourne vivre à Pale où il est accueilli en héros[15]. Cet événement démontre une fois de plus que les conclusions du TPIY sont rejetées sur l'ancien théâtre de commission des crimes où beaucoup voient une « conspiration internationale anti-serbe » dans les jugements rendus[17]. Momčilo Krajišnik continue, jusqu'à la fin de sa vie, à défendre la théorie d'une « Grande Serbie » et préside l’« Association des créateurs de la République serbe » qui promeut la politique de « nettoyage ethnique » menée pendant la guerre[3]. Il décède en à Banja Luka des suites de la Covid-19[2].
Notes et références
- (en-US) « Bosnian Serb War Criminal Momcilo Krajisnik Dies of COVID-19 », sur Balkan Insight, (consulté le ).
- (en-US) Elian Peltier, « Momcilo Krajisnik, Bosnian Serb Convicted of War Crimes, Dies at 75 », The New York Times, (lire en ligne, consulté le ).
- Rémy Ourdan, « L’extrémiste serbe Momcilo Krajisnik est mort », Le Monde, (lire en ligne, consulté le ).
- Hélène Despic-Popovic, « Le bras droit de Karadzic à l'ombre. Des soldats français ont arrêté Momcilo Krajisnik, hier en Bosnie. », sur Libération, (consulté le ).
- (en-GB) « Bosnia Serb jailed for war crimes », BBC News, (lire en ligne, consulté le ).
- Aline Cateux, « Bosnie-Herzégovine : le criminel de guerre serbe Momčilo Krajišnik est décédé de la covid-19 », sur Le Courrier des Balkans, (consulté le ).
- (en) Richard Holbrooke, To end a war, New York, Modern Library, , 410 p. (ISBN 0-375-75360-5), p. 255-256.
- Jacques Massé, Nos chers criminels de guerre : Paris, Zagreb, Belgrade en classe affaires, Paris, Flammarion, , 320 p. (ISBN 2-08-068729-8), p. 96-97.
- AFP, « Les Serbes de Bosnie règlent leurs comptes. La présidente de la Republika Srpska exclue de son parti par les partisans de Karadzic. », sur Libération, (consulté le ).
- Stéphanie Wenger, « Le coup de filet des Français », sur Le Parisien, (consulté le ).
- AFP, « Pour la première fois, des Forces spéciales françaises racontent l’arrestation d’une cible », sur Le Parisien, (consulté le ).
- Jean-Dominique Merchet, « Bosnie, avril 2000 : une opération spéciale française vue de l’intérieur », sur L'Opinion, (consulté le ).
- TPIY, « Fiche informative - Momčilo Krajišnik (IT-00-39) », sur icty.org (consulté le ).
- AFP, « Le bras droit de Karadzic condamné à vingt-sept ans de prison pour crimes contre l'humanité », Le Monde, (lire en ligne, consulté le ).
- AFP, « Ancien dirigeant des Serbes de Bosnie, Krajisnik, accueilli en héros », sur L'Express, (consulté le ).
- (sr) « Krajišnik traži prevremeno puštanje iz zatvora? », sur Mondo Portal, (consulté le ).
- (en) Associated Press, « Bosnian Serbs welcome freed war criminal », sur Al Jazeera, (consulté le ).
Liens externes
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