Monastère de la Sainte-Trinité de Tioumen

Le monastère de la Sainte-Trinité de Tioumen (en russe : Свято-Троицкий монастырь), jusqu'en 1715 appelé monastère de la Transfiguration du Sauveur, est un des ensembles les plus anciens de Sibérie encore actuellement en activité au sein de l'orthodoxie dans la ville de Tioumen (10, rue Communiste). Il est situé sur un promontoire de la rive droite de la rivière Toura, à côté de l'université d'architecture et de construction de Tioumen. Fondé en 1616, il a été restauré en 1995.

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Monastère de la Sainte-Trinité de Tioumen

Vue du monastère de la Sainte-Trinité.
Présentation
Nom local Свято-Троицкий монастырь
Culte Orthodoxie
Type Cathédrale
Début de la construction 1708
Fin des travaux 1715
Style dominant Baroque sibérien
Protection héritage culturel de la Russie N° 7210004000
Site web troica-tyumen.cerkov.ru
Géographie
Pays Russie
District fédéral Sibérie de l'Ouest
Oblast de Tioumen Tioumen
Ville Tioumen
Coordonnées 57° 06′ 00″ nord, 65° 18′ 16″ est
Géolocalisation sur la carte : Russie

Histoire

Période du monastère de la Transfiguration

En 1621, le monastère est fondé par un moine de Kazan du monastère de la Mère-de-Dieu de Raïfa, après autorisation du voïvode de Kazan[1]. Mais ce premier monastère ne possédait même pas d'église à ses débuts[2].

En juillet 1621, Abraham de Rostov Veliki est nommé higoumène du monastère; Johan Likhariov, moine du Monastère de Kirillo-Belozersky, est chargé des constructions nécessaires; le starets Onoufi du Monastère Saint-Antoine (Novgorod) est chargé de la gestion journalière et des approvisionnements. Ils prennent en main la construction de l'église du monastère, de cellules pour les moines et d'autres bâtiments. En 1622, l'église est sous toit et elle est consacrée au nom de la Transfiguration. Une charte du tsar Michel Ier du accorde au monastère les droits et autorisations nécessaires pour couvrir ses besoins matériels (droits de pêche)[1].

En 1622, sous le voïvode Procope Khrisanfovitche Ismaïlov, se succèdent de grands travaux au monastère et dans la ville de Tioumen aux édifices suivants [3]:

Période du monastère de la Trinité

Le promontoire de Tioumen au début du XX s.
L'église des apôtres Pierre et Paul. Photo de Sergueï Prokoudine-Gorski, 1912

En juillet 1705 à la suite d'un gigantesque incendie, toute la ville a brûlé à l'exception de la prison et de l'église en pierre de l'Annonciation. L'église de la Transfiguration du Sauveur brûle elle aussi[2]. Tioumen n'était pas dans la liste des villes dans lesquelles les constructions en pierre étaient autorisées[2], mais en 1706 le métropolite Filofei Lechtchinski sollicite de Pierre Ier le Grand l'autorisation de construire à Tioumen dans l'enceinte du monastère de la Transfiguration, et il obtient cette autorisation[4].

La cathédrale est construite en pierre entre 1708 et 1715, dont les quatre dernières années sous la supervision de F. Lechtchinski. Le , elle est consacrée comme cathédrale de la Trinité du monastère que l'on commença alors à appeler également de la Trinité et plus de la Transfiguration. L'église devient le troisième édifice en pierre de Tioumen, après le bâtiment du trésor public, construit en 1702, et l'église de l'Annonciation de Tioumen, construite en 1704[2].

Période post-révolutionnaire

En janvier 1923, à la suite de l'installation qui datait d', du Commissariat populaire à la justice (Narkomioust), le monastère est fermé[5]. La rue dans laquelle il se situe est rebaptisée rue Communiste. En 1922, les archives de la province sont entreposées dans le monastère, puis elles sont déplacées à l'église Saint-Sauveur de Tioumen[6]. En décembre 1929, le monastère est remis aux autorités pour y abriter des institutions culturelles et communautaires[5]. Sur décision du Parti communiste, au début de l'année 1930, la tombe de Filofei Lechtchinski[7]est détruite et ses restes sont transférés au musée antireligieux de Tioumen, installé dans la cathédrale de l'Annonciation de Tioumen (elle-même détruite par le pouvoir soviétique le 13 et )[8]. En le monastère est transféré à la garnison militaire de Tioumen[5].

Église des Quarante martyrs (anciennement de Zosime et Savva) fin du XIX s

En 1946, est prise la décision de construire sur le site du monastère des installations de nettoyage. L'église des Quarante martyrs est démolie ainsi que la maison-église du métropolite Filofei en l'honneur de l'icône de Bogolioubovo de la Mère de Dieu [9]. La destruction complète du monastère a été empêchée en mai 1947 par la publication de la décision du Conseil des ministres de l'Union soviétique № 389 « sur la préservation du patrimoine architectural », qui est applicable au monastère de la Trinité[5]. L'état de conservation du monastère a fait l'objet d'une décision du Conseil des ministres d'URSS du № 503[10]. En 1949, et durant les années 1950, l'Oblast de Tioumen a décidé de procéder à des restaurations très importantes au monastère[5]. Par décision du Conseil des ministres du № 1327, le monastère a été déclaré monument d'importance nationale et en avril de la même année il a été transféré à la compétence du ministère de la culture de l'oblast de Tioumen [5].

En 1995, pour la première fois depuis la fermeture du monastère est nommé un archimandrite (Tikhon). Le , débute le transfert officiel de la propriété de la cathédrale de la Trinité et des écoles de celle-ci à l'éparchie de Tobolsk et de Tioumen. Le jour de la Pentecôte, le , se déroule le premier office religieux dans la cathédrale rénovée[9]. En décembre 1997 est consacré le séminaire orthodoxe de Tioumen pour lequel un nouveau bâtiment a été par la suite construit en 2006 devant le monastère[11]. La même année 2006, lors de la restauration de l'église de l'Ascension et Saint-Georges à Tioumen sont ramenés à la cathédrale de la Trinité les reliques de saint Filofei Lechtchinski[12].

Architecture

Cathédrale de la Trinité à Tioumen

Le monastère de la Trinité comprend les principaux types d'églises de son époque, savoir : le cube traditionnel du baroque sibérien comme celui de la cathédrale de la Trinité, le style rectangulaire en forme de réfectoire (l'église des Quarante Martyrs) et le style en forme de croix inscrite (église Saint Pierre et Paul)[5].

La cathédrale de la Trinité

Cathédrale de la Trinité

En même temps que son attrait pour les formes monumentales cubiques la cathédrale de la Trinité révèle une égale attirance pour le « baroque ukrainien » : à l'ascétisme et au laconisme de ses volumes cubiques elle confronte une décoration de façade d'origine baroque. À ces sujet, B. A. Joutchenko, émet l'hypothèse que ce serait un architecte de Tobolsk, Matveï Maksimov, qui aurait commencé les travaux et qu'un maître ukrainien les aurait terminés[2]. Le slaviste américain William Craft Brumfield voit dans la cathédrale des réminiscences de la forme des Stūpas de l'architecture bouddhiste de l'Asie du Sud-Est[13].

En 2005 durant la restauration sont apparus des changements les plus importants de son histoire dans l'apparence extérieure du monastère : Les coupoles ont été recouvertes de substituts de dorure en Nitrure de titane, ce qui a influencé négativement l'apparence austère de l'édifice[14].

Église Pierre et Paul

Église des apôtres Pierre et Paul

Le plan en forme de croix de cette église provient de l'architecture ukrainienne de la fin du XVIIe siècle. Victor Kotchedamov estime que le modèle de ce type d'église est La cathédrale Saint Georges (1701 ) à Kiev au Monastère Saint-Michel-de-Vydoubitch [2]. B. A. Khoutechenko estime quant à lui que c'est une variante de l'église de tous les saints de la Laure des Grottes de Kiev[4]. L'église possède un clocher en forme de tente typique des constructions en Russie jusqu'à l'époque de Pierre Ier le Grand[14].

Personnalités

  • Le métropolite de Sibérie et de Tobolsk, saint Filofei Lechtchinski a prononcé ses vœux monastiques en 1711 au monastère de la Trinité et pris le nom de Théodore. Après son départ à la retraite en 1720 le moine Théodore vécut encore dans le monastère et y mourut le . Il est enterré en face de la porte ouest de la cathédrale , « pour que <…> les passants piétinent la poussière en passant sur lui ».
  • En 1746 le botaniste et explorateur allemand Georg Wilhelm Steller est enterré au-delà de la clôture du monastère. Selon la tradition luthérienne il ne pouvait être enterré dans le cimetière orthodoxe même[15].

Références

  1. Archimandrite Tikhon (Bobov) Архимандрит Тихон (Бобов) et Н. А. Завитневич (éditeur), Tioumen Тюмень 425. Моё достояние : историко-краеведческий альманах, t. I. XI тысячелетие до н. э. — 1861 год, Tioumen, ОЛМАРПРЕСС, , 1re éd., 424 p. (ISBN 978-5-904271-03-9), Основатель монастыря, p. 52-53
  2. Zabarikhine S. P./Заварихин С. П., Жученко Б. А., Architecture de Tioumen /Архитектура Тюмени, Тюмень, Радуга-Т, , 1-е изд éd., 295 p. (ISBN 5-93544-001-6), p. 21-22, 32-50
  3. Piotr Golovatchiov/Головачёв, Пётр Михайлович, Tioumen au XVII s : Тюмень в XVII столетии, Moscou, Типо-литогр. т-ва И. Н. Кушнерев и К, , 1re éd., 166 p. (lire en ligne), p. 18-19, 144-145
  4. Joutchenko B. A. /Жученко Б. А. et Н. А. Завитневич (éditeur), Tioumen 425 almanach historique/Тюмень 425. Моё достояние : историко-краеведческий альманах, t. I. XI тысячелетие до н. э. — 1861 год, Tioumen, ОЛМАРПРЕСС, , 1re éd., 424 p. (ISBN 978-5-904271-03-9), Начало каменного строительства, p. 61-65
  5. (en) « Свято-Троицкий Тюменский мужской монастырь » [archive du ], Тобольская и Тюменская епархия (consulté le )
  6. (en) « История архивов Тюменской области » [archive du ], Управление по делам архивов Тюменской области (consulté le )
  7. Le métropolite de Sibérie et de Tobolsk, saint Filofei Lechtchinski a prononcé ses vœux monastiques en 1711 au monastère de la Trinité et prit le nom de Théodore. Après son départ à la retraite en 1720 le moine Théodore vécut encore dans le monastère et y mourut le . Il est enterré en face de la porte ouest de la cathédrale , « pour que <…> les passants piétinent la poussière en passant sur lui ».
  8. Tchernychiov A. V. /Чернышёв А. В., « Sur l'histoire de la cathédrale de l'Annonciation de Tioumen / К истории Благовещенского собора города Тюмени (1700-1932 гг.) », Journal orthodoxe sibérien, Tioumen, (lire en ligne)
  9. « 10e anniversaire du rétablissement du monastère de Tioumen de la Sainte-Trinité/ К 10-летию восстановления Тюменского Свято-Троицкого мужского монастыря », Journal orthodoxe sibérien, Tioumen, (lire en ligne)
  10. V. A. Kopurmatchiov /Курмачёв В. А., « Cathédrale de la Trinité de Tioumen /Собор Знамения Пресвятой Богородицы в Тюмени (часть 2) », Journal orthodoxe sibérien, Tioumen, (lire en ligne)
  11. (en) « История Свято-Троицкого мужского монастыря г. Тюмени » [archive du ], МПРО Свято-Троицкий монастырь (consulté le )
  12. (en) Прохоров С. О., « Цветные фотографии С.М. Прокудина-Горского (1902 - 1916) » [archive du ] (consulté le )
  13. (ru) Brumfield William /Брумфилд, Уильям Крафт, « les motifs orientaux de l'architecture de Sibérie/ Восточные мотивы в церковной архитектуре Сибири », cultinfo.ru, (lire en ligne).
  14. Kozlova-Afanasieva /Козлова-Афанасьева Е. М., Héritage architectural de l'oblast de Tioumen/Архитектурное наследие Тюменской области, Тюмень, Издательство Искусство, , 1re éd., 488 p. (ISBN 978-5-9901237-2-4), 231. Монастырь Троицкий (ул. Коммунистическая, 10), p. 232-238.
  15. A.P. Iarkov /Ярков А. П., « Protestants en Sibérie occidentale/ Протестанты в Западной Сибири: из опыта разрешения межконфессиональных проблем в XVIII в. » (collection), 1, Иркутск, Материалы III Международной научной конференции «Русская Америка», (lire en ligne)

Bibliographie

  • Archimandrite Tikhon /Архимандрит Тихон (Бобов) et N.A. Zavitnevich (éditeur), Tioumen , almanach historique/ Тюмень 425. Моё достояние : историко-краеведческий альманах, t. I. XI тысячелетие до н. э. — 1861 год, Tioumen, ОЛМАРПРЕСС, , 1re éd., 424 p. (ISBN 978-5-904271-03-9), Основатель монастыря, p. 52-53
  • B. A. Joutchenko / Жученко Б. А. et N.A. Zavitnevich (éditeur), Tioumen 425 almanach historique : Тюмень 425. Моё достояние : историко-краеведческий альманах, t. I. XI тысячелетие до н. э. — 1861 год, Tioumen, ОЛМАРПРЕСС, , 1re éd., 424 p. (ISBN 978-5-904271-03-9), Начало каменного строительства, p. 61-65
  • Zavarikhine S .P. /Заварихин С. П., Жученко Б. А., Architecture de Tioumen/ Архитектура Тюмени, Tioumen, Радуга-Т, , 1re éd., 295 p. (ISBN 5-93544-001-6), p. 21-22, 32-50, 112, 131
  • Kozlova Afanasieva/ Козлова-Афанасьева Е. М., Architecture populaire de l'oblast de Tioumen/ Архитектурное наследие Тюменской области, Tioumen, Издательство Искусство, , 1re éd., 488 p. (ISBN 978-5-9901237-2-4), 231. Монастырь Троицкий (ул. Коммунистическая, 10), p. 232-238

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