Monument de la Victoire

La Monument de la Victoire est un monument rouennais situé place Carnot devant l'administration du département de la Seine-Maritime construit en 1925 par le sculpteur royaliste Maxime Real del Sarte commémorant le triomphe de la France à la fin de la Première Guerre mondiale.

Monument de la Victoire
Le monument de la Victoire en 2014.
Présentation
Type
Architecte
Matériau
Bronze
Construction
1925
Ouverture
Patrimonialité
Recensé à l'inventaire général
Localisation
Pays
Région
Département
Commune
Coordonnées
49° 26′ 01″ N, 1° 05′ 29,4″ E
Localisation sur la carte de France
Localisation sur la carte de la Seine-Maritime

Description

Il ne faut pas confondre ce monument de la Victoire avec un monument aux morts car aucun nom de soldats ne figure dessus[1]. La colonne de 9,50 mètres en granit et bronze est édifiée en forme de faisceaux de licteurs romaines et surmontée d'une Victoire ailée exaltant le triomphe français de 1918. Au pied de la colonne, deux poilus montent la garde, celui de gauche porte les traits de Charles Maurras, directeur de L'Action française, celui de droite ceux de Maxime Real del Sarte d'après son assistante Anne Glandy[2],[3],[4]. Il s'agit d'un hommage fictionnel à Maurras car l'individu n'a jamais porté les armes du fait de sa surdité. La statue rend donc hommage à « celui qui mena le combat à sa manière et contribua indéniablement, selon Real del Sarte, à la victoire »[4]. En effet, l'Action française bénéficie d'un « succès sans précédent, bien au-delà des cercles royalistes »[4] à la fin de la Grande Guerre. Au-dessus des soldats, Jeanne d'Arc en armure protège une veuve, un orphelin et un mutilé de guerre[5]. La phrase « Ils ont des droits sur nous » est inscrite dans le granit sous Jeanne d'Arc. Elle est extraite du discours d’investiture de Georges Clemenceau en 1917 :

« Ces Français que nous fûmes contraints de jeter dans la bataille, ils ont des droits sur nous. Ils veulent qu’aucune de nos pensées ne se détourne d’eux, qu’aucun de nos actes ne leur soit étranger. Nous leur devons tout, sans aucune réserve. Tout pour la France saignante dans sa gloire, tout pour l’apothéose du droit triomphant. »[6]

 Georges Clémenceau

Deux bas reliefs rappellent les séjours rouennais des troupes britanniques et des réfugiés belges pendant la Première Guerre mondiale[7]. Le critique Henri Farrenc mentionne le monument dans Le Figaro artistique :

« Sur une plate-forme élevée de quelques marches et entourée de groupes de monstres enchaînés et de chimères qui alimentent de leurs jets d’eau deux bassins latéraux, deux poilus [à droite Maxime ; à gauche, Maurras] montent la garde devant le piédestal aux côtés d’une pierre tombale surmontée des Armes de la ville ; sur les faces latérales du piédestal, deux bas-reliefs représentent, l’un la Ville de Rouen recevant les premières troupes anglaises envoyées au secours de la France, l’autre, l’accueil fait par la Ville aux réfugiés belges fuyant l’invasion germanique ; au-dessus, levant fièrement la tête vers l’emplacement de l’ancien bûcher, les yeux fixés vers le ciel qui l’inspire, la France, sous les traits de Jeanne d’Arc, l’héroïne chère à l’artiste qui lui a toujours voué un culte particulier depuis le début de sa carrière […] »[8]

 Henri Farrenc

Historique

Le projet suscite une controverse parmi les conseillers municipaux dont certains voient d'un mauvais œil l'introduction de Jeanne d'Arc par le sculpteur[3]. Malgré tout, le premier adjoint de la ville, le docteur Alfred Cerné, futur maire, et Abel Lesergeant, archiprêtre de la cathédrale, obtiennent la commande de l'œuvre[4]. Les relais locaux des Camelots du Roi se chargèrent aussi de défendre les intérêts de Maxime Real del Sarte[4].

Le monument est d'abord inauguré le 15 novembre 1925 sur la rive droite, place Foch près du Palais de Justice de Rouen puis déplacé rive gauche à la place Carnot en 1995[1],[9].

En 1944, le monument est endommagé par des bombardements puis restauré sous la direction du sculpteur[4].

En 2010, la statue représentant Charles Maurras est décapitée à cause du gel puis reconstituée[10].

Galerie

Voir aussi

Références

  1. Serge Philippe LECOURT, « Rouen : « Ils ont des droits sur nous. » », sur Monuments aux morts de Normandie et d'ailleurs, (consulté le )
  2. Agnès Callu et Patricia Gillet, « Les hommes de terrain : Lucien Lacour, Marius Plateau et Maxime Réal Del Sarte », dans Lettres à Charles Maurras : Amitiés politiques, lettres autographes, 1898-1952, Presses universitaires du Septentrion, coll. « Histoire et civilisations », (ISBN 978-2-7574-2124-6, lire en ligne), p. 179–227
  3. Alain Erlande-Brandenburg, Jean-Michel Leniaud et Xavier Dectot, Etudes d'histoire de l'art offertes à Jacques Thirion des premiers temps chrétiens au XXe siècle, École nationale des chartes, (ISBN 978-2-900791-44-8, lire en ligne)
  4. Jarrassé 2013.
  5. « Monument de la Victoire – Rouen | E-monumen », sur e-monumen.net, (consulté le )
  6. Georges Clémenceau, "Discours d'investiture", 20 novembre 1917
  7. « Galerie photo. La Victoire de Rouen, un patrimoine qui se balade », sur actu.fr (consulté le )
  8. Henri Farrenc, L’Œuvre du statuaire Maxime Réal del Sarte, dans Le Figaro artistique, 14 janvier 1926, p. 211-213
  9. Journal de Rouen, 16 novembre 1925, p. 2-3.
  10. « Rouen. La tête de Maurras victime du gel et non d'un acte de vandalisme », sur Le Telegramme, (consulté le )

Bibliographie

  • Dominique Jarrassé, « En quête de Jeanne d'Arc : Réal del Sarte à Rouen », Études Normandes, no 2 « L'art d'être original - Singularités, reprises et innovations dans l'art et la culture en Normandie du XIX° siècle à nos jours », , p. 35-42 (lire en ligne)

Liens externes

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