Mosaïque de cônes

Les mosaïques de cônes sont des décors ornementaux muraux à caractère ostentatoire caractéristiques de l'époque d'Uruk (IVe millénaire av. J.-C.).

Mosaïques de cônes
Présentation
Type

Un décor mural

Les décors ornementaux muraux en mosaïque constituées de cônes sont caractéristiques de l'époque d'Uruk (IVe millénaire av. J.-C.)[1]. Dans un assemblage de mortier, des cônes en terre cuite ou en pierre sont insérés contre le parement d'un mur ou d'une colonne à l'aide de crampons en terre cuite. Les cônes sont colorés en rouge, noir ou blanc et forment parfois des motifs géométriques[2],[3]. Ces mosaïques de cônes avaient des couleurs vives qui devaient être particulièrement chatoyantes au soleil[4]. Les constructeurs mésopotamiens utilisent aussi des cônes creux qui permettent des jeux d'ombre et de lumière[5].

La succession de cônes de couleurs différentes semble trouver une analogie dans le fonctionnement de la rétine humaine, notamment en ce qui concerne la mémorisation et la reproduction de ces motifs qui ont été assimilés aux pixels modernes[6]. Ces cônes ont également une fonction de protection du matériau du mur, friable puisqu'en terre crue[7].

Un décor caractéristique d'Uruk

Ce décor est particulièrement présent dans la ville d'Uruk, au niveau IV (3300-3100 avant J.-C.)[7],[8], sur les murs de complexes assimilés à des temples[4], bien que cette dernière interprétation soit contestée parce qu'on y trouve pas de lieu susceptible d'accueillir une affluence nombreuse[9].

L'apparition de ce style architectural est mise en relation avec le développement architectural lié à l'apparition de l'État en Mésopotamie[10]. En effet, ces décors sont parfois créés avec des cônes en pierre, matériau particulièrement rare à Uruk, qui nécessite donc des moyens de collecte importants. De plus, les très grands bâtiments ainsi décorés sont des entreprises collectives de grande ampleur, qui sont la manifestation d'une autorité politique[11].

Du matériel archéologique assimilé aux cônes d'Uruk a été découvert dans le delta du Nil, à Bouto, ce qui implique des relations entre l'Égypte ancienne et Uruk. Toutefois, cette interprétation des vestiges de Bouto est contestée[12].

Notes et références

  1. Paul Garelli, Jean-Marie Durand, Hatice Gonnet et Catherine Breniquet, « La naissance de la civilisation urbaine », dans Paul Garelli (dir.), Le Proche-Orient Asiatique, t. 1 : Des origines aux invasions des peuples de la mer, Paris, Presses Universitaires de France, coll. « Nouvelle Clio », , 3e éd. (1re éd. 1969) (ISBN 2-13-047527-2), p. 19.
  2. Gérard Monnier, Histoire de l'architecture, Paris, Presses Universitaires de France, coll. « Que sais-je ? / Histoire » (no 18), , 7e éd. (1re éd. 1994) (ISBN 978-2-7154-0629-2), p. 7.
  3. Béatrice Muller, « Les antécédents orientaux des stucs architecturaux », Syria. Archéologie, art et histoire, no supplément V, , p. 15-22 (ISBN 978-2-35159-754-5, lire en ligne, consulté le ).
  4. Georges Roux, La Mésopotamie, Paris, Seuil, coll. « Points histoire » (no 192), (1re éd. 1985), 327 p. (ISBN 9782020236362, lire en ligne), p. 92-93.
  5. Jean-Daniel Forest, « La Mésopotamie aux 5e et 4e millénaires », Archéo-Nil, vol. 14, no 1, , p. 59–80 (DOI 10.3406/arnil.2004.1249, lire en ligne, consulté le ).
  6. Philippe Roi et Tristan Girard, « Analogie entre l'image de cônes et le système visuel », dans Philippe Roi et Tristan Girard (dir.), La Théorie Sensorielle I - Les Analogies Sensorielles, Sarasota, First Edition Design, (lire en ligne [PDF]), p. 17-128.
  7. Trokay 1981.
  8. Aurenche 1982, p. 60, 199.
  9. Pascal Butterlin, « Les villes suméro-akkadiennes et leur arrière-pays : la cité État introuvable. Études proto-urbaines 2 », Topoi. Orient-Occident, vol. 12, no 1, , p. 341–358 (lire en ligne, consulté le ).
  10. Jean-Louis Huot, « Vers l'apparition de l'État en Mésopotamie. Bilan des recherches récentes », Annales. Histoire, Sciences Sociales, vol. 60, no 5, , p. 953-973.
  11. Jean-Louis Huot, « La naissance de l'État : l'exemple mésopotamien », dans Archéologie au Levant. Recueil à la mémoire de R. Saidah, Lyon, Maison de l'Orient et de la Méditerranée Jean Pouilloux, coll. « Maison de l'Orient méditerranéen / Série archéologique » (no 12), (lire en ligne), p. 95-106.
  12. Laurent Bavay, « Matière première et commerce à longue distance : le lapis-lazuli et l’Égypte prédynastique », Archéo-Nil, vol. 7, no 1, , p. 79–100 (DOI 10.3406/arnil.1997.1205, lire en ligne, consulté le )

Voir aussi

Bibliographie

  • Olivier Aurenche (dir.), Dictionnaire illustré multilingue de l'architecture du Proche-Orient ancien, Lyon-Paris, Maison de l'Orient - De Boccard, coll. « Maison de l'Orient ancien / Série archéologique » (no 2), , 392 p. (ISBN 2-903264-05-8, lire en ligne), p. 60, 119.
  • Madeleine Trokay, « Les cônes d'argile du Tell Kannâs », Syria. Archéologie, Art et histoire, vol. 58, no 1, , p. 149–171 (lire en ligne).

Articles connexes

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