Motet

Un motet (diminutif de « mot ») est une composition musicale apparue au XIIIe siècle, à une ou plusieurs voix, avec ou sans accompagnement instrumental, de longueur variable et écrite à partir d'un texte religieux ou plus rarement profane.

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Moyen Âge

XIIe – XIIIe siècle (École de Notre-Dame de Paris + années suivantes jusqu'à 1310-1320) : Ars antiqua

L'école de Notre-Dame atteint son apogée au tournant du XIIIe siècle. Les compositeurs les plus illustres de cette période sont Léonin et Pérotin. Durant cette époque qui ne connaît pas encore le motet, la voix supérieure de l’organum s'ornemente de plus en plus et l'organum connaît des ajouts de voix, pour atteindre jusqu'à quatre voix chez Pérotin (organum quadruplum).

Le motet naît pendant les années suivant la période de l'école de Notre-Dame. Il est dérivé de la clausule, qui est une section de l'organum où le tenor s'anime, découpé en valeurs beaucoup plus brèves, généralement selon le cinquième mode rythmique. Pendant la deuxième moitié du XIIIe siècle, le motet devient la forme polyphonique principale en Europe. Au Moyen Âge, les motets sont profanes ou sacrés, composés en prose ou en vers, en latin ou en français et font partie de pièces de fantaisie jouées dans les églises, à côté du plain-chant traditionnel. Pierre de la Croix est le compositeur le plus illustre de ces quelques années qui suivirent l'école de Notre-Dame.

XIVe siècle (de 1310-1320 jusqu'en 1377) : Ars nova

Au XIVe siècle, grâce à Philippe de Vitry, l’Ars nova  vers 1325  a permis de codifier les hauteurs et les durées des notes. Les motets polyphoniques favorisent alors la voix la plus élevée  le cantus , et non plus la voix la plus grave  ténor. Avec ses motets isorythmiques, Guillaume de Machaut, son plus illustre représentant, introduit une quatrième voix  dite contreteneur (contreténor ou haute-contre)  à une composition qui n’en comportait généralement que trois (sauf exception dans le Viderunt Omnes de Pérotin à quatre voix), ce qui permet une plus grande expressivité. John Dunstable a également écrit des motets isorythmiques, bien que cette technique tombe en déshérence à la fin du XIVe siècle.

Renaissance

Josquin Desprez porte à un point de perfection le motet fin XVe siècle début XVIe siècle. Un autre sommet est atteint avec Palestrina milieu-fin XVIe siècle. Le nombre des voix est le plus souvent de quatre, mais peut atteindre six, huit, et même douze. À l'extrême, le motet Spem in alium de Thomas Tallis ne compte pas moins de quarante voix indépendantes. Les duos virtuoses du Magnificat du 3e ton de Roland de Lassus annoncent Giovanni Gabrieli et Claudio Monteverdi. Enrichis d’ornements vocaux, le motet se rapproche de la cantate profane et de la musique dramatique. Le motet profane s’apparente au lai, au madrigal et au rondeau, puis, devient une pièce de musique religieuse, composée sur des textes latins ne concernant pas l’office  antienne, hymne, offertoire, psaume, répons.

Autres compositeurs de cette période :

Période baroque

En Italie, le motet engendrera l'oratorio.

En France, le motet est illustré, notamment, par Henry Du Mont et Pierre Robert, sous-maîtres de la Chapelle de Louis XIV[1].

Grand motet

Michel-Richard Delalande, un des inaugurateurs du « grand motet ».

Sous l’égide de Louis XIV, Henry Du Mont, Pierre Robert, Jean-Baptiste Lully, Marc-Antoine Charpentier (206 motets), Henry Desmarest, Jean Gilles, André campra puis Michel-Richard Delalande, inaugurent le « grand motet » ou « motet à grand chœur », équivalent de l’anthem des Anglais et de la cantate des Allemands. Marc-Antoine Charpentier compose en 1683 un grand motet, In obitum augustissimae piisimae Gallorum reginae lamentum, H.409 pour les funérailles de Marie Thérèse, l'épouse de Louis XIV. Lully compose le motet Plaude Laetare Gallia pour le baptême du Dauphin 1668. Le grand motet regroupe des morceaux variés sur un texte liturgique latin, pouvant être construits avec huit voix, instruments concertants, orchestre et basse continue. Exécuté chaque jour dans la Chapelle royale, le grand motet devient la pierre angulaire du répertoire du Concert Spirituel (1725), notamment avec les dix-sept grands motets de Mondonville. Le genre est maintenu sous l’Empire par Jean-François Le Sueur, à la chapelle des Tuileries. Parallèlement, les petits motets, à voix seule et basse continue, sont joués dans les petites églises.

En Allemagne, Johann Sebastian Bach compose six grands motets vers 1730 : Singet dem Herrn ein neues Lied, Der Geist hilft unser Schwachheit auf, Jesu, meine Freude, Fürchte dich nicht, Komm, Jesu, komm, Lobet den Herrn alle Heiden  BWV 225-230.

Marc-Antoine Charpentier

Le genre culmine au milieu du XVIIIe siècle avec les grands motets de Mondonville (1711-1772).

Outre les noms cités auparavant, citons :

Périodes classique et romantique

Wolfgang Amadeus Mozart écrivit quelques motets très atypiques dont le plus connu reste son Exsultate, jubilate.

À la fin du XIXe siècle, le renouveau de la musique religieuse engendre des motets modernes tels ceux de la Schola Cantorum, ceux de Théodore Dubois ou d'Anton Bruckner.

Périodes moderne et contemporaine

Notes et références

  1. James Raymond Anthony, La musique en France à l'époque baroque, p. 233
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