Moulay Messaoud Agouzzal

Moulay Messaoud Agouzzal[1] (1930 – 2019), natif de la région de Souss, est commerçant et industriel marocain. Jeune, il s’est engagé dans le mouvement national et dans les rangs de la résistance. Après l’indépendance de son pays, il a contribué en tant qu’industriel dans la construction économique du Maroc en installant l’un des plus grands groupes économiques[2] du Maroc durant les années 1980 et 1990.

Moulay Messaoud Agouzzal
Fonctions
Homme d'affaires.

Industriel.

Résistant au temps de la colonisation.
Biographie
Naissance

Idaougnidif, région de Souss (Maroc)
Décès
Nom de naissance
Moulay Messaoud Ben Brahim Agouzzal
Nationalité
Marocain
Activité
Homme d'affaires
Père
Moulay Brahim
Mère
Hajja Lalla Khadija
Conjoint
Hajja Belkadi Fatima
Enfant
six garçons et six filles.
Autres informations
Religion
Musulmane
Blason

Biographie

Moulay Messaoud Agouzzal est né en 1930 à Idaougnidif, dans la région de Souss, à l’est d'Agadir, de son père Moulay Brahim ben Moulay Ali et de sa mère Hajja Lalla Khadija.

Ascendance

Ses origines remontent aux Chorfas idrissides des Ouled Sidi Messaoud Ben Ali, sa lignée descend du Imam Ali Bnou Abi Taleb Gendre de Mahomet. Plusieurs rois de la famille Alaouite ont distingué les fils de Ouled Sidi Messaoud ben Ali par des Dahirs Cherifiens, affirmant leur affiliation et imposant leur respect et révérence.

La famille de Moulay Messaoud conserve à ce jour trois de ces Dahirs. Il s’agit d’un Dahir Charif du Sultan Moulay Hassan Premier issu en 1890 (1308 hégire), et un deuxième émis par le Sultan Moulay Abdelaziz daté en 1901 (1319 hégire) et le troisième Dahir par le Sultan Sidi Mohamed V en 1939 (1357 hégire).

Son enfance

Moulay Messaoud vécut une enfance ordinaire à son lieu de naissance, fréquenta l’école coranique et puis l’école traditionnelle. En 1942, il emménagea à Meknès pour rejoindre son frère aîné Moulay Ahmed qui gérait les divers magasins commerciaux qu’a légués leur père Moulay Brahim, décédé en 1936.

Au début, Moulay Messaoud travailla comme aide à son frère, avant qu’il ne se lance dans le commerce en 1947 pour son propre compte. Il s’est marié en 1948 avec Hajja El kadi Fatima; et ont eu six garçons et six filles.

Son activité commerciale

En 1947, il créa son propre commerce dans l’achat et la vente des huiles alimentaires en vrac. À partir de 1952, il installa des machines de mise en bouteille et de conditionnement des huiles tout en agrandissant son réseau de distribution.

Puis il a étendu son activité commerciale aux légumineuses ainsi qu’à l’exportation de l’huile d'olive à l’étranger, essentiellement, l’Italie, avant d'entamer sa propre fabrication, pour entrer dans le monde de l’industrie juste après l'Indépendance du Maroc.

Son parcours industriel

Il s’est frayé son parcours dans le domaine industriel en implantant les usines de son groupe à Meknès, Mohammedia, Casablanca, Essaouira, Marrakech, Guelmim, Tan-Tan et Laâyoune avec une synergie entre les unités et les secteurs d’activité.

Ainsi, il a donné une valeur ajoutée à l’industrie marocaine, basée sur la modernisation des installations à travers des grands investissements, la rationalisation des coûts, surtout, des énergies, la valorisation des sous-produits et le recyclage des déchets.

Il a décelé dès la fin des années 1960 l’importance de l'énergie propre, en investissant dans des unités d’extraction du grignon et l’utilisation du grignon déshuilé comme combustible dans ses usines, ou en le cédant aux cimenteries et briqueteries en tant que combustible, avec des productions annuelles atteignant plus de deux cent mille tonnes en début des années 2000.

C’est dans le secteur des corps gras qu’il commença son parcours industriel et créa les Huileries de Meknès[3] pour la trituration de l’huile d’olive et le raffinage des huiles végétales puis commença la production de l’huile du grignon d’olive aux usines de Meknès, Essaouira et Marrakech pour atteindre 12.000 T annuellement de cette huile. Il ajouta la conserve d’olives et la création d’une savonnerie en continu moderne de marque Mazzoni qui permet de produire en plus du savon de Marseille le savon naturel à base végétale aux huiles naturelles, cette unité lui permet de récupérer les matières grasses qui sont issues du raffinage des huiles.

Au début des années 1990, il a acquis les dernières technologies dans le domaine des huiles et des corps gras en installant une unité pour le raffinage physique des huiles acides, et une autre unité pour la distillation des acides gras qui permet de les fractionner en plusieurs qualités, ces deux unités ont permis au groupe de créer une industrie oléo-chimique qui était la première (dans son genre) en Afrique du nord.

Grâce au respect des critères de la qualité, les huileries de Meknès ont obtenu l’adhésion de l’Association Américaine de l’Industrie Alimentaire (AFI) et l’adhésion de l’Association de l’huile d’olive en Amérique du Nord (NAOOA).

Dans le pôle des minoteries et céréales, il créa les Moulins de Zerhoun à Meknès et les Grands Moulins de Guelmim porte du Sahara. Ces deux unités industrielles sont équipées par du matériel Buhler Suisse, et considérées, à l’époque au Maroc, parmi les plus modernes et les plus importantes en écrasement d'une capacité de 1 000 tonnes par jour.

En ce qui concerne le pôle de la chimie et la parachimie, il y est entré en créant la Société maghrébine des polymères et en acquérant les sociétés Chimicolor pour la peinture, Chimilabo pour les produits chimiques et le matériel médical, ainsi que Caplam pour l’industrie du caoutchouc[4].

Dans le pôle des industries du cuir et à l’occasion de la marocanisation en 1973, il acheta quatre grandes tanneries appartenant à des familles françaises, à Essaouira, Meknès, Mohammedia et Casablanca. Il les modernisa et augmenta leurs capacités de production pour atteindre 20 millions de pieds carrés annuellement[4].

Dans le pôle de l’industrie des produits halieutiques, il a installé pendant les années soixante une unité de production de la farine du poisson et huile de poisson à Essaouira, et acheta et modernisa au début des années soixante-dix deux usines de conserves de poisson dans la même ville. Par la suite, il a continué à investir dans ce secteur dans les provinces du Sahara après la Marche verte, en installant deux unités de production de la farine et de l’huile de poisson à Tan-Tan et Laâyoune.

Dans le pôle agricole, il a investi dans des cultures diverses, essentiellement l’oliveraie avec une politique d’intégration en amont pour le pôle agroalimentaire, les deux domaines agricoles concernés totalisent plus de mille hectares, situés dans la région de Meknès et un troisième domaine équipé entièrement en Serres pour des cultures de maraîchage situé dans la région de Bouigra Chtouka Ait Baha.

Dans le pôle immobilier, il a réalisé d’importants lotissements et des programmes de logement.

En parallèle avec la modernisation et la réhabilitation de ses unités industrielles dans tous les secteurs à partir du début des années quatre-vingt-dix, il a créé un holding[5] regroupant toutes les sociétés sous la dénomination HMMA-group (Holding Moulay Messaoud Agouzzal) avec un chiffre d’affaires consolidé qui atteignit deux milliards de Dirhams au début des années 1990 et employant un effectif de 4 000 personnes.

Sa contribution dans le domaine politique et aux rangs de la Résistance

Les grands événements que le monde a connu durant les années 1940, et notamment la période de la seconde Guerre mondiale, ainsi que le déclenchement au Maroc du mouvement national pour l’indépendance en 1944 ont eu un impact sur la personnalité de Moulay Messaoud. Son adhésion très jeune (17 ans), en 1947 au Parti de l'Istiqlal, l’a marqué davantage et l’a conduit à rejoindre le mouvement nationaliste contre la colonisation française.

Quand la révolution du Roi et du peuple s’est déclenchée le 20 août 1953, Moulay Messaoud renforça son engagement auprès des rangs de la Résistance, par quelques participations sur le terrain et surtout par le soutien matériel et financier aux cellules de la Résistance et de l’Armée de Libération ; au Nord, comme au centre et au sud du Maroc.

Son action de soutien des causes justes s’est élargie jusqu’au-delà des frontières, où il a soutenu le parti FLN Algérien et s’est lié d’une amitié avec Ahmed Benbella et Mohamed Boudiaf. Comme il a soutenu la cause palestinienne au point que les produits alimentaires de ses usines (huile, olives, sardines, confitures, etc.) étaient célèbres dans les camps palestiniens au Liban.

Sa présence dans le domaine social

Moulay Messaoud était un homme d’un humanisme inégalé et d’une grande philanthropie.

Intéressé par le développement humain et l’emploi des jeunes pendant tout son parcours industriel, les portes de ses usines sont restées grandes ouvertes aux étudiants stagiaires. Il a pris en charge des stages de formation appropriés pour beaucoup d'ingénieurs et techniciens, en Italie, en France, en Allemagne et en Suisse.

Dans le domaine du sport, il suffit de rappeler que l’équipe de football du Raja de Casablanca a joué en portant l’emblème de Chimicolor et que le club de Meknès (CODM) joua avec le logo de l'Huile l’Épervier comme l’équipe du Hassania d’Agadir a enfilé la tenue avec l’emblème de l'Huile Bab Mansour.

Sans oublier que Moulay Messaoud a contribué considérablement à la campagne de candidature du Maroc pour accueillir la Coupe du monde de football 1994 et, à cette occasion, il a aussi organisé une grande réception à son domicile de Mohammedia en l’honneur du président de la FIFA de l’époque Joao Havelange et son secrétaire général Joseph Blatter.

Il a constamment soutenu diverses organisations caritatives, (caravanes médicales, activités artistiques et culturelles ainsi que les associations de la société civile…). Son domicile a été toujours ouvert pour accueillir les érudits (Oulémas) de toutes les régions du Maroc.

Parmi ses initiatives nationales

En tant que nationaliste de première heure et quelques mois avant la Marche verte, il s’est préoccupé de l’évolution qu’a connue la cause du Sahara marocain, et ayant conscience de l’utilité de montrer de visu aux acteurs locaux, notamment les notables et les hommes d’affaires sahraouis, les réalisations en matière de développement du Royaume, il a eu l’idée, après l’approbation Royale, d’organiser une tournée, entre juillet et août 1975, pendant laquelle les invités sahraouis ont pu visiter plusieurs villes et institutions du pays.

Quelques semaines après, en novembre 1975, Feu Hassan II a ordonné le lancement de la Marche verte, Moulay Messaoud Agouzzal s’est chargé d’assurer l’approvisionnement des participants de la région de Meknès à ladite Marche verte (10 000 personnes) durant leur rassemblement à la ville de Meknès et il a également, lors de leur retour, assuré leur accueil au palais de la foire. Au niveau national, il a participé à la logistique de la Marche verte en mettant des dizaines de camions et plusieurs techniciens et cadres de son Groupe à la disposition de l’État; comme il s’est chargé d’approvisionner les marcheurs de certaines denrées alimentaires dont 352 tonnes de dattes (kg par participant).

À travers ses relations économiques internationales, il a contribué à donner plus d’opportunités aux produits marocains pour l’accès au marché international et notamment le marché américain.

Il a été invité aux États-Unis pour assister à la réunion annuelle de l’Association Américaine de l’Industrie Alimentaire (AFI) en 1991, et quand la parole lui a été donnée, exceptionnellement, pour éclairer l’assemblée sur le niveau du développement du Maroc et l’évolution de son industrie alimentaire, et à la grande surprise de tous les membres présents, Moulay Messaoud Agouzzal prit l’initiative de les inviter à tenir leur prochaine assemblée (1992) au Maroc en prenant en charge tous les frais de leur voyage en compagnie de leurs épouses (250 personnes)[6]. Après les consultations et communications diplomatiques nécessaires, l’assemblée générale de l’association AFI a eu lieu en effet au Palais des congrès à Marrakech et en marge des travaux, il a organisé un salon où plusieurs producteurs marocains dans le domaine alimentaire ont exposé leurs produits. Avec cette initiative, il a été parmi les premiers à activer la diplomatie des hommes d’affaires.

En reconnaissance à ses efforts pour l’indépendance de son pays en tant que résistant et sa contribution pour la construction de son économie en tant qu’industriel, il a été décoré par FEU Sa Majesté Hassan II, d’un Wissam de satisfaction de deuxième degré en 1968, et du Wissam du Trône de l’ordre de chevalier en 1989, puis Sa Majesté Le Roi Mohammed VI l’a décoré du Wissam du Trône de l’ordre d’officier en 2008.

Son décès

Moulay Messaoud Agouzzal s’est éteint à Casablanca le samedi 5 octobre 2019 (6 Safar 1441 hégire)[7]. Sa dépouille fut transportée à Meknès pour être inhumée au caveau familial au mausolée de Sidi Bouzekri, suivi par un impressionnant cortège funéraire. Le même jour, la famille du défunt reçut une lettre de condoléances de Sa Majesté Le Roi Mohammed VI.

Notes et références

  1. « Le legs du défunt homme d'affaires Agouzzal à Bayt Mal Al Qods », sur Le360.ma (consulté le )
  2. « Le groupe Agouzzal se restructure et investit l'immobilier », sur https://www.lavieeco.com/ (consulté le )
  3. « Grandeurs et décadences des fortunes au Maroc », sur Economie Entreprises (consulté le )
  4. Mohamed Saïd Saâdi, « Le grand capital privé marocain », dans Le Maroc actuel une modernisation au miroir de la tradition ? (OCLC 949104447, lire en ligne)
  5. « Agouzzal Archives », sur Le Desk (consulté le )
  6. (en) Phyllis C. Richman, « A SIMPLE LUNCH IN MOROCCO: FIRST, ROAST 25 SHEEP » [html], sur https://www.washingtonpost.com/, (consulté le )
  7. « Décès de l'homme d'affaires et résistant Moulay Messaoud Agouzzal », sur www.maroc-hebdo.press.ma (consulté le )
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