Mawlid
Le mawlid ou maoulid (en arabe : المولد), de son appellation complète al-mawlid al-nabawi (en arabe : المولد النبويّ), littéralement « la naissance du prophète », est la commémoration de la naissance de Mahomet, prophète de l'islam, généralement célébrée le 12 rabi-el-aouel dans les pays musulmans. Elle est aussi appelée maouloud, mouloud, mouled ou mevlid selon les pays.
Mawlid (naissance du prophète) | |
Procession à Bhadohi (en), dans l'État indien de l'Uttar Pradesh, à l'occasion du Mawlid. | |
Nom officiel | (ar) المولد النبويّ, ạlmwld ạlnbwỹ |
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Autre(s) nom(s) | Mohammed |
Observé par | Musulmans |
Type | Commémoration religieuse non canonique |
Signification | Célébration de la naissance de Mahomet |
Date | 12 de Rabia al Awal |
Célébrations |
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Histoire
Traditions à la base de la fête
Selon la croyance musulmane, Mahomet naît entre et , année où Abraha, roi de Himyar, part conquérir La Mecque mais est repoussé. Abraha aurait monté un éléphant, d'où le nom d'« année de l'Éléphant ». S'il y a divergence sur l'année, la plupart des musulmans croient qu'il naît le 12 rabi-el-aouel[1]. D'autres croyances le font naître le 2, le 8, le 10 ou le 17 du même mois. Ibn Kathir dit que, suivant le calendrier grégorien, Mahomet naît un 20 avril[1].
Mise en place par les Fatimides
De son vivant, Mahomet n'a pas fêté son anniversaire, cela n'était pas de coutume chez les Arabes[1]. Cette date donne lieu à des célébrations dans la première moitié des années 970, dans le califat chiite d’Égypte, sous le règne de Al-Muʿizz li-Dīn Allāh, afin d'asseoir sa légitimité. La naissance de Mahomet était célébrée avec celles de son cousin-gendre Ali ibn Abi Talib, sa fille et épouse d'Ali Fatima Zahra, leurs fils Hussein et Hassan, et celle du sultan[1].
Sous le vizirat d'Efdal (1094-1121), vrai dirigeant à la place du calife Al-Musta'li, seules les célébrations des naissances de Hussein et de Hassan son gardées. Après sa mort en , son fils Al-Mamun al-Batahi restaure toutes les célébrations en [1].
Période ayyoubide
Les célébrations furent abolies par les Ayyoubides (XIIe – XIVe siècles) durant la période ayyoubide de l'Égypte, avant que l'émir Kokbori, beau-frère de Saladin, recommence à céléber le mawlid avec de grandes cérémonies pendant plusieurs jours. En Afrique noire, Hussein es-Sebtî al-Azefî (mort en ) fait célébrer le mawlid pour contrer l'influence chrétienne[1].
Organisation des festivités
Sous les Fatimides, du halva était distribué durant toute la matinée, puis une prière était dirigée par le sultan à midi à El-Azhar. S'ensuivaient plusieurs représentations dans Le Caire et des sermons religieux dans les grandes mosquées de la ville[1]. En fonction des époques et de la personnalité des souverains, le mawlid n'avait pas de façons de célébrer et de durée fixes, ce n'était pas toujours une fête officielle[1]. Le jour du mawlid était généralement férié, comme à Médine ou à La Mecque, les gens sortaient leurs plus beaux habits et priaient dans une ambiance festive. Durant la campagne d'Égypte, Napoléon Bonaparte a participé aux célébrations[1].
Légitimité de la célébration
Les théologiens légitimant cette fête appartiennent aux mouvances soufi et chi’ites. On peut citer parmi les anciens Ibnou Hajar Al-`Asqalani, Sakhawi, As-Souyouti (savant soufi), ou encore Ahmad ibnou Zayni Dahlan[2].
À l'inverse la célébration de l'anniversaire de Mahomet est considérée par d'autres théologiens comme une innovation religieuse (bidʻah) étrangère à l'islam. D'après eux l'anniversaire de Mahomet n'a jamais été célébré de son époque, ni par ses compagnons, ni par les musulmans sunnites des premiers siècles. Aucune trace explicite de cette fête n'existe dans le Coran et la sunna. D'après les historiens Ibn Kathîr et Ibn Khallikan, elle fut instaurée bien plus tard, vers 1207, par le roi d'Erbil. Pour certains théologiens[Qui ?], cette pratique peut être considérée comme l'imitation de Noël, où les Chrétiens fêtent la naissance de Jésus.
Parmi les anciens théologiens condamnant cette innovation, on peut citer Abu Ishaq al-Shatibi, Ibn Hadj[3], ou encore le juriste Malékite Tâjuddîn `Omar `Alî Al-Lakhmî d’Alexandrie, connu sous le nom d’Al-Fakahânî, dont l'épitre à ce sujet "Al-Mawrid fil-Kalâm `alâ Al-Mawlid" fut citée intégralement par As-Souyouti dans son ouvrage de défense du Mawlid[4].
Aujourd'hui
La nuit du mawlid est organisée dans toutes les cités religieuses du Sénégal. Cependant, elle a une dimension internationale à Kaolack, plus précisément à Médina Baye, où plusieurs nationalités se retrouvent.
Dans la plupart des États musulmans, le jour du Mawlid est férié[5].
En Arabie saoudite cependant, le ministère des Affaires religieuses considère cette fête comme étrangère à l'Islam et comme une innovation d'origine non religieuse - bien que sa célébration ne soit pas interdite par les autorités[6]. Une semaine, qui n'est pas utilisée pour se rapprocher d'Allâh (pas religieuse), mais dans un but didactique, y est occasionnellement[Quand ?] dédiée à Mohammed ben Abdelwahhab[7].
Au Maroc, cette fête a été officiellement introduite en 1292, par le sultan mérinide Abû Ya`qûb Yûsuf an-Nasr. Aujourd'hui, la fête du Mawlid engendre deux jours fériés.
En Tunisie, ce jour est également férié. Un repas familial est préparé à cette occasion. Une crème pâtissière à base de pignons de pin d'Alep appelée Assidat zgougou est préparée pour cette fête.
Au Sénégal et au Mali, où il est appelé Gamou, du nom du mois de mouharam en wolof, d'importantes célébrations y sont organisés. Les Tijani se rendent notamment dans la ville de Tivaouane, fondée par l'imam Malick Sy, pour y célébrer une importante commémoration rythmée par des poèmes chantés en l'honneur du Prophète et des conférences parlant de sa vie et sa grandeur.
En Libye, le dirigeant Kadhafi organisait depuis 2006 une grande fête du Mouloud dans divers pays en partenariat avec Ligue populaire et sociale des tribus du Grand Sahara.
Au Kenya sur l'île de Lamu (dont la capitale est considérée comme une ville sainte dans la culture swahilie), le Mawlid est chaque année l'occasion d'un festival culturel entourant un important pèlerinage, qui attire des fidèles de toute la région, sous l'égide du Sharif. Organisé pour la 123e fois en , le festival appelé localement « Maulidi » a attiré plus de 30 000 visiteurs venant principalement de la côte est-africaine (Somalie, Tanzanie, Comores...), mais aussi du Moyen-Orient, de toute l'Afrique orientale ainsi que quelques touristes occidentaux.
Notes et références
- Mevlid.
- As-Sira An-Nabawiyyah wa Al-athar Al-Mouhammadiyyah, p. 51.
- Al Madkhal, Ibn Hadj, volume 2, p. 11-12.
- Al mourad fil kalam 3ala 3amal al mawlid, Tâjuddîn `Omar `Alî Al-Lakhmî, http://www.rahmet.org/Arapca/ar3191.doc.
- Afghanistan 1. Algérie 2. E.A.U.3. Indonésie 4. Iran 5. Jordanie 6. Libye 7. Mali 8. Maroc 9. Pakistan 10. Sénégal 11. Soudan . Tunisie 12. Yémen 13
- Fatâwa Al-Lajnah Ad-Dâ-ima lil-Bouhouth Al-’Ilmiyyah wal-Iftâ (Fatwas de la Commission Permanente pour les Recherches Académiques et l’Ifta (consultation religieuse) du royaume d'Arabie Saoudite), vol.3, p. 23
- Voir la Fatwa présente dans Fatawa Al 'Aqida de Ibn Uthaymin, ed. Maktabat As Sunna, p. 624. traduite à ce lien : Interdiction du Mawlid et Autorisation de la semaine de Ibn Abd Al Wahhab
Annexes
Bibliographie
- (tr) Ahmet Özel, Mehmet Şeker, İsmail Durmuş, Hasan Aksoy et Nuri Özcan, « Mevlid », dans TVD İslâm Ansiklopedisi, vol. 29, Ankara, (lire en ligne).
Articles connexes
Liens externes
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