Mouvement nazaréen

« Nazaréen » qualifie un mouvement artistique formé au début du XIXe siècle par un groupe d'artistes peintres originaires des pays germaniques : rattachés au romantisme, les nazaréens souhaitaient refonder et revitaliser l'art par la religion chrétienne, en ses valeurs spirituelles et morales.

Peter von Cornelius, Die klugen und die törichten Jungfrauen (Les vierges sages et les vierges folles)
Huile sur toile, 1813 - 1819
Düsseldorf, Kunstmuseum

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Origine du nom

Ces peintres sont appelés « les nazaréens » (de l'italien i Nazareni), en référence à Nazareth et donc à Jésus et aux premiers chrétiens[1], non pas par les tenants du groupe mais par des témoins et dans un sens péjoratif car les peintres en question prennent l'habitude de s'habiller et de se coiffer à la manière des personnages archétypaux bibliques représentés depuis la fin du Moyen Âge, notamment par les primitifs italiens.

Les fondateurs

En 1809, six étudiants de l'Académie des beaux-arts de Vienne décident de fonder une sorte de corporation basée à Vienne et appelée Lukasbund (Confrérie de Saint-Luc), en référence à la fameuse guilde du même nom qui existait depuis le XIVe siècle en Italie. En 1810, quatre d'entre eux, Johann Friedrich Overbeck, Franz Pforr, Ludwig Vogel et Johann Konrad Hottinger partent pour Rome dans le cadre du Grand Tour, et s'installent dans le monastère abandonné de San Isidoro. Ils sont rejoints en 1810 par Philipp Veit, Peter von Cornelius, Julius Schnorr von Carolsfeld, Friedrich Wilhelm Schadow et quelques autres.

Histoire

Ces élèves souhaitent ardemment un renouveau de la peinture allemande, qui vivait sous l'influence notable du romantisme germanique et du mouvement Sturm und Drang, mais surtout du néoclassicisme. L'époque était agitée : outre l'impact des idées révolutionnaires française, la jeunesse subissaient l'influence de l'Aufklärung Les Lumières »), la sécularisation des biens ecclésiastiques, l'absolutisme et la monarchie constitutionnelle, tandis que le Saint-Empire romain agonissait aux alentours de 1806.

Ces six élèves, artistes à Vienne, définirent l'idéal nazaréen : le renouveau de l'art par la religion, en s'inspirant d'Albrecht Dürer et de Raphaël. De Vienne, ils partirent ensuite pour Rome. Le mouvement nazaréen allait ainsi devenir rapidement un mouvement collectif des régions catholiques du sud. Les peintres nazaréens, influencés à la fois par le catholicisme et le romantisme se donnèrent pour objectif de renouveler l'art religieux par l'étude des anciens maîtres italiens et allemands. Ainsi l'un des fondateurs du mouvement, Franz Pforr, déclara :

« Mon inclination m'attire à l'époque du Moyen Âge où la dignité de l'homme se montre encore dans toute sa vigueur. »

Les artistes suivants effectuent un voyage en Italie fondateur d'un mouvement réclamant une évolution par rapport au néoclassicisme qui les lasse : Johann Friedrich Overbeck, Franz Pforr, Ludwig Vogel (Ludwig Vogel), Johann Konrad Hottinger, dans le monastère abandonné de Saint-Isidore, à Rome. Les rejoignent Philipp Veit, Peter von Cornelius, Julius Schnorr von Carolsfeld, Friedrich Wilhelm Schadow (entre autres). Ils rencontrent le paysagiste romantique autrichien Joseph Anton Koch, qui deviendra le chef de file. Carl Joseph Begas s'inspire d'eux. En 1827, Joseph von Führich (de) se joint au mouvement.

L'académie des Beaux-Arts de Vienne

Le mouvement artistique des nazaréens a débuté grâce à des élèves de l'académie des Beaux-Arts de Vienne. Cette académie avait une très bonne réputation dans toute l'Europe. Johann Friedrich Overbeck et Franz Pforr y ont commencé leur formation.

Le programme de l'académie, mis au point par Heinrich Friedrich Füger, était rigoureux, les aspects techniques l'emportant sur l'expression artistique. Des peintres comme Albrecht Dürer, Hans Holbein le Jeune, et Hans Baldung Grien étaient pris comme modèles.

La confrérie de Saint-Luc

Certains des étudiants de l'académie pensaient qu'ils manquaient cruellement de formation dans le domaine de l'esprit, ce qu'ils considéraient comme essentiel :

« sont portés disparus.. le cœur, l'âme et le sentiment. »

 dit à dix-neuf ans par Friedrich Overbeck, le 27 avril 1808, dans une lettre à son père.

Pforr, qui s'inspire déjà des anciens peintres allemands, en qui il voyait l'expression des émotions, ce qui lui manque dans sa formation, se lie d'amitié avec Overbeck. Leur point commun : leur point de vue critique sur la formation de l'académie d'art de Vienne.

Le cercle d'amis s'élargit pendant l'été 1808 grâce à l'arrivée de Joseph Sutter, de Josef Wintergerst, de Johen Kenrad Hotting, et de Ludwig Vogel. Les amis se réunissent pour parler de thèmes artistiques. Un an plus tard, quand les amis fêtent le premier anniversaire de leur rencontre, ils se sont baptisés en « confrérie de Saint-Luc ». Ils ont choisi saint Luc, comme les confréries anciennes de peintres depuis le Moyen Âge (cet évangéliste est le patron des peintres).

La confrérie de Saint-Luc est fort inspirée par le romantisme et les idées piétistes en vogue à l'époque. Ils ont bien sûr puisé dans les théories des romantiques allemands, comme Wilhelm Heinrich Wackenroder, Friedrich Schlegel, Novalis et Ludwig Tieck.

La confrérie à Rome

Franz Pforr, Overbeck, Vogel et Hottinger s'en vont pour Rome en 1810 et étudient là-bas leurs modèles italiens. Ils y ont alors occupé le monastère de San-Isidore vacant. Contrairement aux artistes qui ont précédemment fait le voyage, les Nazaréens ne cherchent pas la Rome de l'Antiquité, mais la Rome du Moyen Âge et la chrétienne.

Liste de peintres nazaréens

Johann Friedrich Overbeck, Italie et Allemagne (Sulamith et Maria) (1811-1828)
Joseph Anton Koch, Detail des Dante-Zyklus in der Casa Massimo

Les Nazaréens français

Notes et références

  1. « Nazaréen », définition du CNRTL.

Annexes

Bibliographie

  • Michel Caffort Les Nazaréens français, Rennes, 2009, Presses Universitaires de Rennes (ISBN 978-2-7535-0891-0).
  • Keith Andrews (de): Die Nazarener. München 1974.
  • Rudolf Bachleitner: Die Nazarener. Heyne, München 1976 (ISBN 3-453-41182-X).
  • Klaus Gallwitz (de): Die Nazarener. Katalog. Städel’sches Kunstinstitut und Städtische Galerie, Frankfurt am Main 1977, (OCLC 164955391).
  • Herbert Schindler (de): Nazarener – Romantischer Geist und christliche Kunst im 19. Jahrhundert. Friedrich Pustet, Regensburg 1982 (ISBN 3-7917-0745-0).

Articles connexes

Liens externes

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