Muraille Servienne
La muraille Servienne ou mur Servien (en latin Murus Servii Tullii, « mur de Servius Tullius ») est une enceinte défensive construite autour de la ville de Rome au VIe siècle av. J.-C. et renforcée au IVe siècle av. J.-C. Le mur faisait 3,6 m de large, 11 km de périmètre et avait seize portes.
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Mur Servien | |
La muraille Servienne | |
Lieu de construction | Autour du pomœrium |
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Date de construction | IVe siècle av. J.-C. |
Ordonné par | République romaine |
Type de bâtiment | Enceinte fortifiée |
Longueur | 11 km |
Le plan ci-dessous est intemporel. Tracé du mur Servien et localisation des portes dans la Rome antique (en rouge) |
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Coordonnées | 41° 54′ 06″ nord, 12° 30′ 06″ est |
Liste des monuments de la Rome antique | |
Historique
La muraille Servienne commencée sous Tarquin l'Ancien porte le nom du sixième roi de Rome, Servius Tullius, qui fit entourer Rome au la fin du VIe siècle av. J.-C.. Le périmètre protégé coïncidait avec la limite du pomœrium englobant le plateau du Quirinal, du Viminal et de l'Esquilin. Des parties renforcées de muraille en grosses dalles de cappellaccio sont encore visibles en divers points comme le Capitole et l'Aventin[1],[2].
La fortification fut relevée durant la République, après le sac de Rome de 390 av. J.-C. fait par les Gaulois[3]. Le mur fut construit avec de larges blocs de tuf volcanique extraits de la Grotta Oscura, une carrière proche de Véies. Il mesurait 7 mètres de haut pour 3,7 mètres d'épaisseur. Selon Tite-Live[4], un tributum fut imposé en 378 av. J.-C.pour financer la construction, qui fut mise en adjudication par les censeurs[3]. Le périmètre protégé de 426 hectares faisait de Rome la plus grande ville d'Italie[5]. Outre le mur, certaines sections de la structure comportaient une fosse profonde, afin d'augmenter la hauteur de l'enceinte. Le long de son périmètre nord, le plus faible du point de vue topographique, se situait un agger, une rampe de terre défensive amassée à l'intérieur de l'enceinte. Cela élargissait le mur, et donnait en plus aux défenseurs une base pour se tenir et repousser les attaques.
Lors de la deuxième guerre punique, en 211 av. J.-C., Hannibal s'approcha de Rome, mais se retira, vu l'impossibilité de tenter un assaut, la muraille Servienne et les troupes qui la garnissaient étant suffisamment dissuasives pour protéger la ville[6].
Le mur était encore en place à la fin de la république et au début de l'empire. À cette époque, Rome avait déjà commencé à s'étendre hors des limites de la muraille Servienne. L'organisation de Rome par régions sous Auguste plaça les régions II, III, IV, VI, VIII, X et XI à l'intérieur du mur, et les autres à l'extérieur.
Le mur perdit sa raison d'être au moment où Rome devint bien protégée par l'expansion constante de sa puissance militaire, à la fin de la république et durant l'empire. Comme la ville continuait de grandir et prospérer, elle fut pour l'essentiel ouverte et sans remparts durant les trois premiers siècles de notre ère. Cependant, lorsqu'elle fut menacée par les attaques des tribus barbares au IIIe siècle, l'empereur Aurélien se vit obligé de construire le mur qui porte son nom, d'un périmètre beaucoup plus important que la muraille Servienne.
Des sections du mur Servien sont encore visibles de nos jours dans plusieurs endroits de Rome. La plus grande partie conservée est située juste à côté de Termini, la principale gare ferroviaire de Rome. Une autre section notable sur le mont Aventin inclut une arche pour une catapulte défensive de la fin de la république.
- Vestiges du mur à proximité de la gare Termini.
- Mur dit « servien », côté intérieur, recouvert par un terre-plein.
Portes fortifiées
Les 16 portes de la muraille Servienne, depuis le Vélabre dans le sens des aiguilles d'une montre, c'est-à-dire, du Capitole au Quirinal vers le nord-est, puis du Viminal jusqu'au Caelius vers le sud, jusqu'à l'Aventin au sud-ouest et enfin vers le Forum Boarium vers le nord, dans le Vélabre, sont :
- la porte Flumentana (Porta Flumentana) – là où la Via Aurelia traverse le Tibre et entre dans la Rome républicaine par le pont Aemilius ;
- la porte Carmentale ou porte de Carmenta (Porta Carmentalis) – au sud-ouest du Capitole, entre cette colline et le Tibre et entre le Champ de Mars et le Forum Boarium ;
- la porte Fontinale (Porta Fontinalis) – au nord du Capitole, là où la Via Lata entre dans la Rome républicaine entre le Champ de Mars et les forums impériaux ;
- la porte Sanqualis (Porta Sanqualis) – entre le Quirinal et les forums impériaux ;
- la porte Salutaris ou porte de Salus (Porta Salutaris) – sur le Quirinal ;
- la porte Quirinale ou porte du Quirinal (Porta Quirinalis) – sur le Quirinal ;
- la porte Colline (Porta Collina) – la porte la plus au nord, sur le Quirinal, là où la Via Salaria et la Via Nomentana entre dans la Rome républicaine ;
- la porte Viminale ou porte du Viminal (Porta Viminalis) – sur le Viminal ;
- la porte Esquiline (Porta Esquilina) – la porte la plus à l'est, sur l'Esquilin, là où les viae Labicana, Tiburtina et Praenestina entrent dans la Rome républicaine, devenue l'arc de Gallien ;
- la porte Querquétulane (Porta Querquetulana) – entre l'Esquilin et le Caelius, là où la Via Tuscolana entre dans la Rome républicaine ;
- la porte Caelimontane (Porta Caelimontana) – sur le Caelius, devenue l'arc de Dolabella et Silanus ;
- la porte Capène (Porta Capena) – entre le Caelius et l'Aventin, près du Circus Maximus, là où la Via Appia et la Via Latina entrent dans la Rome républicaine ;
- la porte Naevia (Porta Naevia) – la porte la plus au sud, sur l'Aventin, là où la Via Ardeatina entre dans la Rome républicaine ;
- la porte Raudusculane (Porta Raudusculana) – sur l'Aventin, là où une déviation de la Via Ostiensis entre dans la Rome républicaine ;
- la porte Lavernale (Porta Lavernalis) – sur l'Aventin, là où une autre déviation de la Via Ostiensis entre dans la Rome républicaine ;
- la porte Trigémine (Porta Trigemina) – au pied de l'Aventin, sur le Tibre, près du Forum Boarium.
- La Porte Caelimontane, près du Colisée.
- L'arc de Gallien, où se situait la Porte Esquiline.
Notes et références
- Heurgon 1993, p. 258
- Cébeillac-Gervasoni, Chauvot et Martin 2003, p. 22
- Cébeillac-Gervasoni, Chauvot et Martin 2003, p. 66
- Tite-Live, Histoire romaine, VI, 32
- Heurgon 1993, p. 301
- Polybe, Histoires, 6 ; Tite-Live, Histoire, XXVI, 9
Bibliographie
- Mireille Cébeillac-Gervasoni, Alain Chauvot et Jean-Pierre Martin, Histoire romaine, Paris, Armand Colin, (ISBN 2-200-26587-5)
- Jacques Heurgon, Rome et la Méditerranée occidentale jusqu'aux guerres puniques, Paris, Presses universitaires de France, coll. « Nouvelle Clio : l'histoire et ses problèmes » (no 7), (réimpr. 1980), 3e éd. (1re éd. 1969), 477 p. (ISBN 2-13-045701-0)
- Gösta Säflund, Le mura di Roma repubblicana : saggio di archeologia romana, Rome, Lund : C.W.K. Gleerup,
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