Aurélien (empereur romain)

Aurélien (Imperator Cæsar Lucius Domitius Aurelianus Pius Felix Augustus, Germanicus Maximus, Gothicus Maximus, Carpicus Maximus, Dacicus Maximus, Arabicus Maximus, Palmyrenus Maximus), né le /215 et mort en septembre 275, est empereur romain de l'été 270 à septembre 275. Il réunifie l’Empire romain, perpétue l’œuvre de consolidation de l'Empire face aux barbares et entame des réformes religieuses et monétaires, préludes à celles de la Tétrarchie, dix ans plus tard.

Pour les articles homonymes, voir Aurélien.

Aurélien
Empereur romain

Aureus d’Aurélien.
Règne
septembre 270 - septembre 275 (~ 5 ans)
Période Empereurs illyriens
Précédé par Quintillus
Usurpé par Fin des Trente Tyrans
Fin des empereurs des Gaules
Fin des empereurs de Palmyre
Suivi de Marcus Claudius Tacite
Biographie
Nom de naissance Lucius Domitius Aurelianus
Naissance /215
Sirmium (Pannonie)
Décès septembre 275 (60/61 ans)
Caenophrurium (Thrace)
Épouse Ulpia Severina

La défense des frontières et le rétablissement de l'unité de l'Empire

La lutte contre les barbares

À la mort de Claude le Gothique, son frère Quintillus fut proclamé empereur avec le soutien du Sénat. Certaines fractions de l'armée refusèrent de le reconnaître, en particulier les légions sous le commandement d'Aurélien qui le proclamèrent empereur à Sirmium en septembre 270. Aurélien battit les troupes de Quintillus qui fut tué, et Aurélien fut légitimé et reconnu empereur par le Sénat. L'affirmation qu'Aurélien aurait été choisi comme successeur par Claude sur son lit de mort est certainement fausse et relève d'une propagande développée vers 272. Cependant Aurélien a toujours fait commencer ses « dies imperii » du jour de la mort de Claude, confirmant ainsi qu'il considérait Quintillus comme illégitime.

Quand Aurélien prend le pouvoir, l’Empire romain est encore divisé en trois, la Gaule et la Bretagne obéissent à l’empire des Gaules, et l’empire de Palmyre contrôle la partie orientale de l’Empire. Et si les Goths viennent d’être sévèrement battus par Claude II le Gothique, d’autres Germains menacent encore.

Aurélien commence la construction autour de Rome d'une nouvelle enceinte solide (le mur d'Aurélien), les attaques de 268-270 ayant révélé que Rome et l'Italie pouvaient être menacées. Elle sera achevée durant le règne de Probus (276-282) et de nombreux vestiges en sont encore visibles aujourd'hui. Maxence et Honorius, ainsi que quelques autres empereurs, renforcent la muraille, notamment en la dotant d'un étage supplémentaire.

Il parvient à repousser tous les envahisseurs et bat à Pavie en 271 les Vandales et les Juthunges qui ravageaient l’Italie du Nord (bataille de Pavie). Une petite partie de Goths est autorisée à s'installer dans l'Empire romain. La Dacie, difficile à protéger, est abandonnée en 275 : les réfugiés sont autorisés à s'installer en Mésie, dans des secteurs qui reçurent le nom de Dacie ripuaire et Dacie méditerranéenne[1].

À Rome même il exerce en 271 une dure répression contre l'atelier monétaire, coupable de fraude sur l'émission des monnaies, fraude dont le détail est mal connu, soit rognage des flans, soit dégradation des types monétaires[2].

Le rétablissement de l'unité de l'Empire

La Reine Zénobie devant l'empereur Aurélien
Giambattista Tiepolo vers 1717
Musée du Prado, Madrid[3]

Aurélien réussit enfin à réintégrer dans l'Empire les régions qui ont fait sécession.

En 271, la reine de Palmyre Zénobie prend le titre d’Augusta, ainsi que son fils Wahballat, faisant ainsi sécession. Aurélien mène campagne contre eux de 271 à 273 en Syrie et en Égypte, les bat à Antioche et à Émèse. Palmyre est mise à sac, Zénobie et son fils capturés.

Ayant rétabli la domination impériale sur l’Orient, Aurélien se tourne vers la Gaule en 274. L’empire des Gaules spontanément créé pour défendre la frontière du Rhin n’a plus de raison d’être. Son empereur Tetricus capitule sans résistance près de Châlons-en-Champagne.

En 274, Aurélien peut célébrer un triomphe à Rome, où figurent les captifs vaincus, dont Zénobie et son fils, ainsi que Tetricus. Après cette démonstration, ces derniers seront traités avec clémence : Zénobie et son fils auraient vécu à Tibur, l'ancienne reine aurait épousé un sénateur romain. Tandis que Tetricus devient lui-même sénateur et administrateur en Italie.

Une œuvre administrative non négligeable

Aurélien montre de grandes qualités d'homme d'État. Ses réformes prennent place après les grandes campagnes militaires.

Il cherche à remédier à la crise monétaire. Grâce aux métaux précieux rapportés de Palmyre, à la reprise de contrôle des mines d’Hispanie et de Bretagne et à de meilleures rentrées fiscales, il fait battre une monnaie de bronze argenté de meilleure allure, nommée l’Aurelianus, en rappel de son nom[4]. Cette monnaie dure une vingtaine d’années jusqu’à la réforme monétaire de Dioclétien (voir monnaie romaine). Cette monnaie pouvait se retrouver sous la forme d'une pièce de monnaie coupée en deux, ce qui faisait un demi-Aurelianus et rappelait les demi-sesterces des règnes d'Auguste et de Tibère.

Il s'efforce en outre de satisfaire aux exigences de la plèbe en améliorant le ravitaillement alimentaire de la Ville (il remplace les distributions de blé par des distributions de pain). Dans le même but, il organise les corporations de bateliers du Tibre, de boulangers et de bouchers en liant définitivement leurs membres à leur métier.

L'idéologie impériale et le culte du Dieu Soleil

Revers : Aurélien et son épouse Séverine, placée sous la protection d'un buste du Soleil radié.

Aurélien aurait eu diverses influences religieuses : sa mère aurait été une prêtresse du Soleil en Pannonie[5]. L'Histoire Auguste en fait le témoin d'une apparition miraculeuse d'Apollonius de Tyane qui lui aurait promis la victoire sur Zénobie s'il épargnait la cité de Tyane et ses habitants. Selon André Chastagnol, l'Histoire Auguste parodie la vision de Constantin Ier racontée par Eusèbe de Césarée, opposant le miracle païen d'Apollonius de Tyane au miracle chrétien[6].

L'idéologie impériale poursuit son évolution vers un pouvoir étroitement lié à un divin de tendance syncrétiste et monothéiste. Aurélien institutionnalise le culte solaire de Sol Invictus, divinité très populaire dans les armées du Danube, et à laquelle peuvent adhérer aussi bien les Orientaux adorateurs de Baal d'Émèse que les élites cultivant le néo-platonisme. Un grand temple lui est dédié sur le Champ de Mars à Rome[7], orné des dépouilles de Palmyre et desservi par un nouveau collège de prêtres, les Pontifices Solis, le 25 décembre est inscrit au calendrier comme fête de la naissance de Sol Invictus (Dies Natalis Invicti Solis). En même temps, Aurélien crée une identification personnelle avec cette divinité suprême par les qualifications comme « deus » (Dieu) qui figurent sur ses inscriptions et « deus et dominus natus » (Né Dieu et Seigneur) sur de rares monnaies[8],[5],[9]. Cette glorification s'accompagne selon l'Épitomé de Cæsaribus du port du diadème par Aurélien, une première pour un empereur romain[10], ce qui ne se retrouve toutefois pas sur ses profils monétaires, sur lesquels il porte la couronne de laurier ou la couronne radiée.

L'assassinat d'Aurélien

En 275, Aurélien marche vers l'Asie Mineure, se préparant à une nouvelle campagne contre les Perses dans le but de reprendre la Mésopotamie. Les décès des rois Shapur Ier (272) et Hormizd Ier (273) ouvrent la voie vers une nouvelle expédition. Aurélien est assassiné près de Byzance, à Cænophrurium[11],[12],[13] (actuel Çorlu, en Thrace orientale), en septembre 275. Il aurait été victime de la peur que sa sévérité inspire à son entourage : tout manquement au devoir est suivi d’une exécution. Eros Mnesteus, un de ses secrétaires, craignant d’être ainsi puni, rédige en imitant l’écriture d’Aurélien un ordre d’exécution de plusieurs officiers, et le fait circuler parmi ceux-ci. Abusés, les officiers assassinent Aurélien pour protéger leur vie. Le successeur d’Aurélien, Marcus Claudius Tacite, le fait diviniser et fait exécuter les meurtriers du défunt empereur.

Noms successifs

  • Vers 215, naît Lucius Domitius Aurelianus ;
  • 270, accède à l'Empire : Imperator Cæsar Lucius Domitius Aurelianus Pius Felix Invictus Augustus ;
  • 275, gagne les surnoms Germanicus Maximus Gothicus Maximus Carpicus Maximus Persicus Maximus ;
  • 275, titulature à sa mort : Imperator Cæsar Lucius Domitius Aurelianus Pius Felix Invictus Augustus Germanicus Maximus Gothicus Maximus Carpicus Maximus Persicus Maximus, Pontifex Maximus, Tribuniciæ Potestatis VI, Consul III, Imperator VI, Pater Patriæ.

Notes et références

  1. Petit 1974, p. 482.
  2. Depeyrot 2006, p. 152.
  3. Zénobie, Prado
  4. Carson 1965, p. 225-235.
  5. Petit 1974, p. 488.
  6. Histoire Auguste, Vie d'Aurélien, XXIV ; Commentaire de Chastagnol, p. CXLII.
  7. Près de l'actuelle Piazza San Silvestro, Filippo Coarelli, Guide archéologique de Rome, 1974, p. 233.
  8. C200, bronze DEO ET DOMINO NATO AVRELIANO AVG, Henry Cohen, Description historique des monnaies frappées sous l'Empire romain, Paris, 1892, tome VI, p. 197 [lire en ligne].
  9. Christol et Nony 2003, p. 224-225.
  10. Épitomé de Cæsaribus, XXXV.
  11. « Caenophrurium », sur le site Pleiades
  12. « Caenophrurium », sur le site Digital Atlas of the Roman Empire
  13. « Caenophrurium », sur le site Vici.org

Bibliographie

 : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

Sources antiques

Historiographie

Ouvrages en anglais

Ouvrages en français

  • Jean-Michel Carrié et Aline Rousselle, L'Empire romain en mutation : des Sévères à Constantin, 192-337, Paris, Éditions du Seuil, , 839 p. (ISBN 978-2-02-025819-7).
  • Eugen Cizek, L'empereur Aurélien et son temps, Paris, Les Belles Lettres, , 310 p. (ISBN 978-2-251-38026-1).
  • Michel Christol et Daniel Nony, Rome et son empire, des origines aux invasions barbares, Paris, Hachette, (1re éd. 1974), 300 p. (ISBN 978-2-01-145542-0).
  • Georges Depeyrot, La monnaie romaine, 211 av. J.-C. - 476 apr. J.-C., Paris, Edition Errance, , 316 p. (ISBN 978-2-87772-330-5)
  • Léon Homo, Essai sur le règne de l'Empereur Aurélien : (270-275), Paris, A. Fontemoing, coll. « Bibliothèque des Écoles françaises d'Athènes et de Rome ; 89 », , 390 p.
  • Xavier Loriot et Daniel Nony, La Crise de l'Empire romain : 235-285, Paris, Armand Colin, , 303 p. (ISBN 978-2-200-21677-1).
  • Paul Petit, Histoire générale de l’Empire romain : La crise de l'Empire (des derniers Antonins à Dioclétien), Paris, Éditions du Seuil, coll. « Points-Histoire », , 800 p. (ISBN 978-2-02-004970-2).
  • Marie-Henriette Quet (dir.), La « Crise » de l'Empire romain de Marc Aurèle à Constantin : mutations, continuités, ruptures, Paris, PUPS, coll. « Passé Présent », , 715 p. (ISBN 978-2-84050-465-8, présentation en ligne).

Articles

  • Valérie Allard, « La Vita Aureliani. Approche critique d’une source biographique de la fin du IVe siècle », Hypothèses, sur Cairn.info, (ISBN 2-85944-414-9).
  • Michel Christol et Marie Jannière, « Aurélien, magnus et perpetuus imperator sur les milliaires de l'Occident romain (CIL, XIII, 8997 = CIL, XVII, 3, 404 ; AE, 1983, 696) », Cahiers du Centre Gustave Glotz, no 12, , p. 269-274 (lire en ligne).
  • Sylviane Estiot, « Aureliana », Revue numismatique, 6e série, t. 150, , p. 50-94 (lire en ligne)
  • Jean Lafaurie, « Réformes monétaires d'Aurélien et de Dioclétien », Revue numismatique, , p. 73-138 (lire en ligne).
  • Michel Molin, « Haud dissimilis Magno Alexandro seu Cæsari dictatori : l'empereur Aurélien », Cahiers du Centre Gustave Glotz,, no 10, , p. 347-354 (lire en ligne).
  • Ernest Will, « Une figure du culte solaire d'Aurélien : Jupiter Consul vel Consulens », Syria, , p. 193-201 (lire en ligne).
  • (en) R. A. G. Carson, « The reform of Aurelian », Revue numismatique, 6e série, t. 7, , p. 225-235 (lire en ligne).

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

  • Portail de la Rome antiquesection Empire romain
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.