Musée historique de Villèle
Le musée historique de Villèle est l'un des principaux musées de l'île de La Réunion, département d'outre-mer français dans l'océan Indien. Situé dans les hauteurs de Saint-Paul en un lieu-dit appelé Villèle, il est établi dans une vaste habitation agricole coloniale[1] où vécut Madame Desbassayns (1755-1856), grande propriétaire terrienne et esclavagiste de l'histoire de l'île à l'époque où elle s'appelait encore Bourbon et était une colonie française.
Pour les articles homonymes, voir Villèle.
Type |
Musée d'histoire locale (en) |
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Ouverture | |
Visiteurs par an |
41 843 () |
Site web |
Collections |
Mobilier et objets du quotidien |
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Protection |
Classé MH () Inscrit MH () |
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Pays | |
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Commune | |
Adresse | |
Coordonnées |
21° 03′ 21,5″ S, 55° 15′ 49,5″ E |
Les collections de cet établissement géré par le département de La Réunion comprennent le mobilier ainsi que de nombreux objets du quotidien d'autrefois. La visite inclut les bâtiments annexes, répartis dans un domaine de plus de dix hectares, le domaine de Villèle, classé aux Monuments historiques depuis décembre 2019[2]. Ceci comprend une chapelle domestique dite chapelle Pointue, l'ancien hôpital d'esclaves, l'ancienne cuisine et les vestiges de l'usine sucrière.
Historique
Le musée de Villèle est inauguré en 1976 et est le premier musée créé après la départementalisation de l'île[3]. Le musée entre dans une longue période de travaux à compter de la fin de l'année 2007 afin d'assurer la conservation, la sécurité du bâtiment et de réduire les actes de vandalisme. Une signalétique améliorant l'itinéraire des visiteurs est mise en place par la même occasion, et cette dernière concerne aussi l'ancienne usine sucrière que l'on trouve sur le site[4].
Depuis , Jean Barbier est le conservateur du musée[4].
En 2020, un important projet de rénovation est prévu par le conseil départemental de La Réunion : le musée deviendra le « musée de Villèle, histoire de l'habitation et de l'esclavage », centré sur l'esclavage à Bourbon[5],[6].
L'habitation
L'habitation agricole comprend plusieurs bâtiments et espaces.
La demeure des Panon-Desbassayns
Henri Paulin Panon Desbassayns, mari de Madame Desbassayns, voulait une maison « convenable » qui protège sa nombreuse famille des risques d'incendies ainsi que des vents cycloniques auxquels les édifices en bois offraient souvent peu de résistance. C'est ce qui explique la présence d'un étage, le grand nombre de pièces et les 82 cm d'épaisseur de certains murs.
La demeure est dite de type « malabar » par son style (terme qui trouve son origine en Inde), mais également par sa technique constructive (varangues superposées soutenues par 4 colonnes et toit-terrasse (en argamasse)[7]. Elle est la copie conforme de la maison construite dix ans plus tôt sur la Chaussée Royale à Saint-Paul, actuellement connue comme l'école franco-chinoise, laquelle s'inspirait de celle du gouverneur de Pondichéry. Elle a été construite avec l'aide de trois ouvriers indiens venus de la côte malabar[7]. Diverses annexes, construites en bois, se distribuent pêle-mêle à l'arrière de la grande case (dont la cuisine des maîtres). Seule la maison de maître et l'usine sont en maçonnerie.
L'hôpital des esclaves
Dans le domaine, il y avait un hôpital aménagé pour les esclaves selon l'obligation en vigueur de construction d'une telle structure en fonction du nombre d'esclaves. Il s'agit d'un bâtiment en pierre de taille modeste, qui comporte trois petites salles aveugles au rez-de-chaussée dont deux qui communiquent entre elles et deux espaces à l’étage sous le toit à deux pans.
Cet abri, au 19e siècle, permettait de lutter contre le développement des maladies. Même s'ils étaient malades, les esclaves devaient réaliser des travaux, notamment la fabrication des sacs en toile de jute pour le transport du sucre.
Dans le testament de Madame Desbassayns, la valeur de Véronique, l'esclave infirmière de l'hôpital âgée de 71 ans, est estimée à 500 francs (quasiment à la même valeur que celle d'un bœuf de Madagascar) [8].
Actuellement dans l'une des pièces a été créé un mémorial pour les esclaves de la propriété, qui se visite lors du circuit proposé.
L'usine sucrière
Près du parc, les ruines de l'usine à sucre qui a fonctionné de 1825 à 1920, rappellent la fonction du domaine.
À son époque, le domaine de Villèle possédait l'usine la plus moderne de l'ouest qui lui permettait de produire du sucre et de l'exporter à l'étranger. Le domaine fut choisi par le conseil municipal de la Réunion en mars 1831 comme usine modèle sucrière, pour des critères économiques et une situation géographique favorable : au milieu de la zone sucrière de l'ouest avec une accessibilité directe par la route. L'usine est transformée en 1832 par l'ingénieur Joseph Martial Wetzell[9].
Un siècle plus tard, le cyclone de 1932[10] l'a partiellement détruite.
La Chapelle Pointue
La Chapelle Pointue fait également partie du domaine, elle domine à l'est. Elle a été construite avant la mort de Madame Desbassayns, entre 1841 et 1843. Celle-ci crée, par donation testamentaire, une fondation en faveur de la chapelle de Saint-Gilles « pour les esclaves et les pauvres habitants des habitants environs ». Offrant une architecture très originale, en forme de rotonde, elle est classée au titre des monuments historiques en 1970. Madame Desbassayns y est enterrée.
Collections
Collections permanentes
La visite guidée de la maison de maître montre le mode de vie de grands propriétaires fonciers emblématiques de l'histoire de La Réunion aux XVIIIe et XIXe siècles : objets décoratifs et mobilier d'époque précieux sont disposés dans sept pièces du rez-de-chaussée[11].
- L'ancienne cuisine
- Le salon dans lequel madame Desbassayns recevait ses invités
- La salle à manger
- Le parquet en bois rares
Les visiteurs peuvent également découvrir des objets évoquant l'esclavage.
- menottes d'esclave
Expositions temporaires
Les collections, en réalité bien plus riches, permettent de proposer des expositions temporaires à l'étage.
Les dernières expositions proposées :
- Galerie de portraits, (20 décembre 2018 - 18 août 2019), exposition des travaux des collégiens de La Réunion scénographiée par Lionel Lauret
- L'étrange histoire de Furcy Madeleine (10 décembre 2019-décembre 2020), label « exposition d’intérêt national »[2],[12]
- L'esclavage à Bourbon (20 décembre 2020 - 28 mars 2021), Archives départementales de La Réunion[13].
Accès en ligne
Les collections du musée sont en cours de numérisation pour les rendre facilement accessibles au plus grand nombre, avec une consultation en ligne sur le site du musée[14].
Une partie des collections est également accessible en ligne sur le projet de l'Iconothèque historique de l'océan Indien[15].
Le musée développe également un portail multimédia intitulé Société de plantation, histoire & mémoire de l'esclavage à La Réunion, dont la vocation est celle d'être un outil de référence des connaissances historiques sur ces sujets[16].
Accueil des publics
La fréquentation annuelle du musée tourne autour de 40 000 visiteurs. En 2019, 47 843 visiteurs se sont présentés. Toutefois, la fréquentation du musée pour l'année 2020 s'élève à seulement 21 964 visiteurs en raison de la COVID-19[17].
Le premier dimanche du mois la visite du musée est gratuite et durant l'année ont lieu les musicales de Villèle[18], des concerts dans la chapelle Pointue organisés par l'association Le Cercle des Muséophiles de Villèle[19]. En outre, le musée participe à différentes actions culturelles à l'échelle locale et nationale : la nuit européenne des musées, la fèt kaf du 20 décembre.
Il est également possible de privatiser le site, ainsi que les jardins.
Références
- « Histoire de « l’habitation Desbassayns » (1770- 1846) », sur Société de plantation, histoire et mémoires de l’esclavage à La Réunion (consulté le )
- Les services de l’Etat à La Réunion, « Classement au titre des monuments historiques du domaine de Villèle à Saint-Paul », sur www.reunion.gouv.fr, (consulté le )
- Jean Barbier, « Le musée de Villèle à La Réunion entre histoire et mémoire de l’esclavage. Un haut lieu de l’histoire sociale réunionnaise », In Situ. Revue des patrimoines, no 20, (ISSN 1630-7305, DOI 10.4000/insitu.10027, lire en ligne, consulté le )
- « “Ce domaine est à nous” », Valérie Goulan, Le Quotidien de La Réunion, .
- « Les plans de rénovation du Musée Villèle dévoilés », sur Linfo.re (consulté le )
- « Gran 20 desanm numérikau musée de Villèle », sur Société de plantation, histoire et mémoires de l’esclavage à La Réunion, (consulté le )
- Leveneur, Bernard., Petites histoires de l'architecture réunionnaise : de la Compagnie des Indes aux années 1960, 4 épices éditions, [2007] (ISBN 978-2-9527204-1-0 et 2-9527204-1-X, OCLC 276407881, lire en ligne)
- « Visitez le musée historique de Villèle - Musée historique de Villèle », sur www.musee-villele.re (consulté le )
- « L’usine sucrière », sur Société de plantation, histoire et mémoires de l’esclavage à La Réunion (consulté le )
- « Ces cyclones qui ont marqué le temps lontan », sur Clicanoo.re (consulté le )
- « Le musée historique de Villèle et ses collections - Musée historique de Villèle », sur www.musee-villele.re (consulté le )
- « L'étrange histoire de Furcy Madeleine - Musée historique de Villèle », sur www.musee-villele.re (consulté le )
- « Exposition "L'esclavage à Bourbon " musée de Villèle20 décembre 2020 - 28 mars 2021 », sur Société de plantation, histoire et mémoires de l’esclavage à La Réunion, (consulté le )
- « Catalogue des collections en ligne, musée historique de Villèle - Musée historique de Villèle », sur www.musee-villele.re (consulté le )
- « Iconothèque Historique de l'Océan Indien - », sur www.ihoi.org (consulté le )
- « Outils numériques - Musée historique de Villèle », sur www.musee-villele.re (consulté le )
- Service éducatif du musée historique de Villèle, 2021
- « Les musicales de Villèle - Musée historique de Villèle », sur www.musee-villele.re (consulté le )
- « Accueil - C.M.V », sur www.cerclemuseevillele.fr (consulté le )
Annexes
Articles connexes
Liens externes
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