Myers Briggs Type Indicator

Le Myers Briggs Type Indicator (MBTI) est un outil d'évaluation psychologique déterminant le type psychologique d'un sujet parmi seize types différents, suivant une méthode proposée en 1962 par Isabel Briggs Myers et Katherine Cook Briggs.

Il sert comme outil dans les identifications des dominantes psychologiques des personnes dans des cadres liés au management ou aux problèmes dans le cadre des relations interpersonnelles.

Bien que le MBTI s'apparente à certaines théories psychologiques, il a été critiqué de pseudoscience[1] et n'est pas largement approuvé par les chercheurs universitaires dans le domaine de la psychologie[2]. L'indicateur présente d'importantes lacunes scientifiques (psychométriques), notamment :

  • une faible validité (c'est-à-dire ne pas mesurer ce qu'il est censé mesurer, ne pas avoir de pouvoir prédictif ou ne pas avoir d'items qui peuvent être généralisés) ;
  • une mauvaise fiabilité (donnant des résultats différents pour la même personne à différentes occasions) ;
  • une mesure de catégories qui ne sont pas indépendantes (il a été noté que certains traits dichotomiques sont en corrélation les uns avec les autres) ;
  • la non-exhaustivité (en raison de l'absence du neuroticisme)[3],[4],[5],[6].

Les quatre échelles utilisées dans le MBTI ont une certaine corrélation avec quatre des traits de personnalité du modèle des Big Five, qui est un cadre plus communément accepté.

Tableau synoptique qui recense les types de personnalités du MBTI.
Les fonctions psychologiques.

Origine historique

Dans le cadre de la psychologie analytique, Carl Gustav Jung (1875-1961), psychiatre suisse, a amené des éléments théoriques dont l'existence des « types psychologiques ». Cette invention, la typologie jungienne, a été publiée en 1921 en allemand, dans l'ouvrage du même nom[7].

À partir de son invention des types psychologiques, des chercheurs ont développé des approches théoriques, dont la socionique en Union soviétique et le MBTI aux États-Unis, développé par Isabel Briggs Myers (1897-1980) et sa mère, Katherine Cook Briggs (1875-1968). Pendant 40 ans, elles ont travaillé sur ces aspects de la théorie pour aboutir à la création du MBTI[8]. Le test MBTI est très populaire aujourd'hui et est utilisé chaque année par près de deux millions de personnes aux États-Unis[9]. Actuellement, il est mis à jour et distribué exclusivement par The Myers Briggs Company[10].

Les préférences du MBTI

Tableau illustré expliquant les 4 dimensions du MBTI[11]

Le questionnaire proprement dit a pour finalité d'accompagner la validation de la fonction[12] dominante et la fonction auxiliaire du sujet, suivant le type psychologique proposé par Jung. Dans ce but, le questionnaire détermine les préférences du sujet suivant quatre axes.

Voici un tableau récapitulatif de ces 4 axes[11] :

  • l'orientation de l'énergie entre E Extraversion et I Introversion permet de déterminer si la fonction principale est introvertie ou extravertie ;
  • la manière privilégiée pour recueillir de l'information, entre S Sensation et N Intuition, permet de déterminer lequel de ces aspects est le mieux maîtrisé par le sujet (sous forme de fonction dominante ou auxiliaire) ;
  • de même, le traitement privilégié pour la prise de décision, entre T Pensée et F Sentiment, détermine laquelle des deux est la fonction privilégiée (sous forme de fonction dominante ou auxiliaire).

Cependant, ces trois préférences ne permettent pas de distinguer entre la fonction dominante et l'auxiliaire.

Afin de connaître quel genre de fonction (perceptuelle ou de jugement) est la plus forte, Isabel B. Myers a conçu, en 1980, la polarité Jugement-Perception en se fondant sur la distinction faite par Jung entre les types irrationnels (perception) et les types rationnels (jugement). Pour les types irrationnels, d'après Jung, c'est la perception (sensation ou intuition) qui est extravertie ; tandis que pour les types rationnels c'est le jugement (pensée ou sentiment) qui l'est. Le questionnaire sur cette quatrième préférence permet ainsi de déterminer laquelle des deux fonctions est la fonction principale du sujet.

C’est ainsi que les seize types psychologiques de base se sont développés[13].

Les préférences sont donc finalement les suivantes :

  • Orientation de l'énergie : E Extraversion / I Introversion
  • Recueil d'information : S Sensation / N Intuition
  • Prise de décision : T Pensée / F Sentiment
  • Mode d'action (axe qui est extraverti) : J Jugement / P Perception

L'indicateur MBTI identifie alors 16 grands types de personnalité à partir des deux préférences possibles sur chacune des 4 dimensions précédentes. La connaissance des 4 préférences d'un sujet indiquerait son type MBTI. Ils sont donc au nombre de 16[14].

ISFJ 13 %
ISTJ 12,50 %
ESFJ 11 %
ESTJ 9 %
ENFP 7 %
ISTP 7 %
ESFP 6,50 %
ISFP 6 %
ESTP 6 %
ENTP 5,50 %
INFP 5 %
INTP 4,50 %
ENFJ 2,50 %
ENTJ 2 %
INTJ 1,50 %
INFJ 1 %
total 100,00 %

Le questionnaire indique le pourcentage de clarté dans le choix des réponses : il s'agit de la constance du choix d'une réponse plutôt qu'une autre, lorsque la personne a répondu au questionnaire. On peut comparer cette information à la clarté d'une photographie : parfois la photo est claire, parfois elle est plus ou moins floue, même avec un appareil photo de grande qualité. Le questionnaire MBTI est psychométriquement fidèle et valide, mais il existe toujours des biais : c'est un peu comme si l'individu était en train de bouger ou était de profil alors qu'on attendait une photo de face.

Dans la mesure où on parle de préférence, comme main gauche ou main droite, il n'y a pas d'intensité - un individu n'est pas très droitier ou très gaucher[15]. La préférence est innée et ne change pas : si un individu est droitier, il ne va pas se réveiller gaucher le lendemain matin, et inversement. En revanche, chacun peut sortir de sa zone de confort et entraîner le côté non-préféré, en développant plus de dextérité.

Correspondance entre MBTI et fonctions psychologiques de Jung

Dans le type MBTI, les fonctions dominantes et auxiliaires sont codées de la manière suivante :

  • La première lettre indique si la fonction dominante est introvertie (I) ou extravertie (E) ;
  • La quatrième lettre donne la préférence qui est extravertie, l'axe de la Perception (P) ou celui du Jugement (J). Combinée à la première lettre, on peut en déduire sur quel axe est la fonction dominante : pour les ExxP et IxxJ, la fonction dominante est donnée par la deuxième lettre, et par la troisième pour les IxxP et ExxJ.

Outre les fonctions dominante et auxiliaire, on définit également les fonctions tertiaire et inférieure, respectivement complémentaires des fonctions auxiliaire et dominante[16].

Par exemple, un sujet dont le type MBTI est INTP, c'est l'axe de la Perception (P) qui est extraverti, la fonction principale (qui est introvertie, i) est donc celle de l'axe de l'intuition, la troisième lettre, ici orientée sur la pensée (T). Il aura donc :

  • pour fonction dominante la pensée (T) Introvertie (Ti, la première et la troisième lettre) ;
  • comme fonction auxiliaire l'intuition Extravertie (Ne, la deuxième lettre, et l'opposée de la première) ;
  • il pourra développer une fonction tertiaire de Sensation Introvertie (Si, complément de la fonction auxiliaire) ;
  • sa fonction inférieure est le Sentiment (F) Extraverti (Fe, complément de la fonction dominante).

Applications dans le domaine professionnel

Domaines d'utilisation professionnelle

Selon le Center for Applications of Psychological Type, environ 2 millions de personnes par an effectuent le questionnaire MBTI. L’indicateur peut être utilisé en éducation, en counseling, ainsi que dans toute situation qui demande de la coopération ou du travail d’équipe auprès des adolescents de 16 ans et plus et des adultes.

OPP, qui détient les droits d'utilisation du questionnaire en Europe, précise qu'il « aide à améliorer les relations personnelles et professionnelles, augmente la productivité et permet d'identifier les préférences en matière de leadership et de communication ». Des écoles l'utilisent pour leurs conseils d'orientation. OPP a rejoint The Myers-Briggs Company en 2018[17].

Forme officielle du questionnaire

Il existe quatre formes du MBTI américain[18]. Elles diffèrent par le nombre de questions posées (de 93 à 222), par le mode d'emploi (auto-analyse ou analyse par un tiers) et par le contexte d'emploi (forme simple, analyse de facettes au sein des différents types, etc.).

Protection légale

Le MBTI est une marque déposée par la fondation Myers Briggs[19]. De ce fait, seuls les praticiens licenciés à cette fin peuvent faire passer officiellement un « questionnaire MBTI® », faute de quoi la pratique affichée d'un tel questionnaire constitue une contrefaçon.

Le questionnaire officiel est payant et il est nécessaire d'être certifié pour le faire passer. Cette certification inclut le respect d'un code de déontologie (par exemple, il n'est pas éthique de faire passer le MBTI dans le cadre d'un entretien d'embauche[20]).

Détermination gratuite du type MBTI

Le type MBTI (par exemple : ISTJ, ENFP…) peut se déduire des deux premières fonctions (dominante et auxiliaire).

Dès lors, n'importe quelle méthode permettant d'identifier correctement la fonction dominante et la fonction auxiliaire du sujet conduirait à un résultat équivalent.

Même si le questionnaire particulier édité par la fondation Myers Briggs ne peut pas être employé sans son autorisation (il est protégé dans sa forme particulière par le droit d'auteur), un questionnaire équivalent, s'il employait la même manière de nommer le résultat, c'est-à-dire la nomenclature introduite par Myers et Briggs, tomberait sous le régime du droit de courte citation par rapport à cette œuvre.

Fiabilité du questionnaire officiel et des « tests »

Le questionnaire MBTI officiel est psychométriquement fidèle (fidélité « test-retest » et consistance interne - split half et coefficient alpha) et valide (validité apparente, de contenu, de construction et critérielle)[Quoi ?] : l'essentiel des études est consolidé dans le manuel officiel du MBTI[21], des extraits[22] et suppléments de données[23] sont disponibles sur internet[24] et sur le site de l'éditeur[25] en particulier sur le site anglais[26].

Selon l'éditeur, le MBTI n'est pas un « test » mais un indicateur, dont la découverte passe par un « questionnaire » et un entretien de découverte avec un praticien, au moins des lectures approfondies. Toujours selon l'éditeur, on parle de « questionnaire » et non de « test » pour limiter certains biais lors de la passation, notamment en termes de désidérabilité sociale. Tous les types MBTI se valent : le MBTI est utilisé en développement, il est inadapté à la sélection et au recrutement[27]. Il n'y a pas de bonnes ou de mauvaises réponses dans le modèle MBTI, contrairement à d'autres outils (TOEIC, TOEFL ou Test du QI par exemple).

Il est difficile d'affirmer la moindre fiabilité des « tests » trouvés sur internet, car les consignes sont données de façon approximative, et la méthode scientifique formelle intègre les types validés grâce à un entretien de découverte. Ces outils ne respectent pas les droits d'auteur et donnent une vision biaisée de la typologie jungienne, qui ouvre sur la dynamique du type et son développement dans le temps.

Le MBTI est un indicateur auto-diagnostique : c'est l'individu qui valide son type, le questionnaire et l'entretien sont deux éléments essentiels du processus de validation, avec parfois besoin de temps.

De nombreuses critiques existent sur le MBTI[28], souvent déclenchées par l'engouement provoqué par cet outil et la méconnaissance de la différence entre le type apparent (qui apparait sur la « photo » donnée par le questionnaire) et le type validé par l'individu, qui par définition ne change pas, car il est basé sur le concept jungien[29] de « préférence »[30]. L'expression des préférences en termes de comportement peut évoluer avec le temps, selon ce que Jung appelle le « processus d'individuation » : le MBTI Niveau II permet d'identifier cette expression, via un questionnaire plus complet, qui intègre les stratégies d'adaptation de l'individu, conscientes ou inconscientes[31]. Il existe aussi parfois une confusion entre les outils basés sur les préférences psychologiques (MBTI par exemple) et ceux basés sur les traits de personnalité (modèle OCEAN ou Big Five, comme le 16PF par exemple, qui comparent l'individu à une population de référence)[32].

Certaines critiques portent aussi sur le fait que Isabel Briggs Myers et Katherine Cook Briggs, les deux cocréatrices du questionnaire officiel, n'ont pas eu de formation en psychologie.

En outre, il existe de multiples critiques quant à l'efficacité même du modèle[33], qui passerait à côté d'aspects essentiels de la personnalité[34]. De plus, selon une étude, une personne sur deux arrive à un résultat différent la deuxième fois qu'elle passe le questionnaire, même si ce n'est que cinq semaines plus tard[35][source insuffisante].

Notes et références

  1. (en) Thyer et Monica Pignotti, Science and Pseudoscience in Social Work Practice, Springer Publishing Company, (ISBN 978-0-8261-7768-1, lire en ligne).
  2. Richard P. Bailey, Daniel J. Madigan, Ed Cope et Adam R. Nicholls, « The Prevalence of Pseudoscientific Ideas and Neuromyths Among Sports Coaches », Frontiers in Psychology, vol. 9, , p. 641 (ISSN 1664-1078, PMID 29770115, PMCID 5941987, DOI 10.3389/fpsyg.2018.00641 ).
  3. (en) Adam Grant, « Goodbye to MBTI, the Fad That Won't Die », sur Psychology Today, (consulté le ).
  4. David J. Pittenger, « Measuring the MBTI... And Coming Up Short », Journal of Career Planning and Employment, vol. 54, no 1, , p. 48–52 (lire en ligne [archive du ]).
  5. William L Gardner et Mark J Martinko, « Using the Myers-Briggs Type Indicator to Study Managers: A Literature Review and Research Agenda », Journal of Management, vol. 22, no 1, , p. 45–83 (DOI 10.1177/014920639602200103, S2CID 145703464).
  6. (en) Gregory J. Boyle, Lazar Stankov et Raymond B. Cattell, Measurement and Statistical Models in the Study of Personality and Intelligence, Boston, MA, Springer US, , 417–446 p. (ISBN 978-1-4419-3239-6, DOI 10.1007/978-1-4757-5571-8_20, lire en ligne).
  7. « Types psychologiques (Carl Gustav Jung). », sur cgjung.net (consulté le ).
  8. Isabel Briggs Myers, Introduction aux types psychologiques : [MBTI], The Myers-Briggs Company, , 41 p. (ISBN 978 1 856 39 107 8, OCLC 496974904)
  9. (fa) esanj, « mbti test », sur esanj.ir,
  10. « L’histoire du questionnaire de personnalité MBTI (Myers-Briggs Type Indicator®) », sur eu.themyersbriggs.com (consulté le )
  11. Stéphanie Assante, Les 16 grands types de personnalité, éditions Dangles, 2012.
  12. Sainte Maresville, Philippe de., Approche typologique et fonctions jungiennes (ISBN 978-2-9546403-1-0 et 2-9546403-1-6, OCLC 958058331, lire en ligne)
  13. d'après Le MBTI – Indicateur de types psychologiques Myers-Briggs, Wilfrid Larochelle, c.o.
  14. « Types de personnalité MBTI® », sur eu.themyersbriggs.com (consulté le )
  15. « Préférences... vous avez dit préférences ? », sur Préférences & dynamique : votre type MBTI® (consulté le )
  16. (en) « TypeLogic » (consulté le ).
  17. (en-US) « Personality Assessment Inventory and Professional Development | The Myers-Briggs Company », sur www.themyersbriggs.com (consulté le )
  18. Versions of the MBTI® Questionnaire, The Myers & Briggs foundation.
  19. The Myers & Briggs foundation.
  20. (en) « The Myers and Briggs Foundation - Ethical Guidelines »
  21. (en) Isabel Briggs-Myers, Mary H McCaulley, Naomi L. Quenk, Allen L. Hammer, MBTI Manual, a guide to the development and use of the Myers-Briggs Type Indicator Instrument, Consulting Psychologists Press, , 413 p. (ISBN 978-1-60203-000-8)
  22. (en) John Hackston, OPP Ltd, « FRENCH MBTI® STEP I DATA SUPPLEMENT », sur https://ap.themyersbriggs.com,
  23. (en) Nancy A. Schaubhut Nicole A. Herk Richard C.Thompson, « MBTI® FormM MANUAL SUPPLEMENT », sur https://shop.themyersbriggs.com,
  24. (en) OPP Ltd, « MBTI® Step ITM instrument European Data Supplement », sur https://eu.themyersbriggs.com,
  25. The Myers-Briggs Company, « Dynamique du type, recherches et autres ressources », sur https://eu.themyersbriggs.com,
  26. (en) « MBTI Validity », sur www.themyersbriggs.com/MBTIvalidity
  27. « MBTI® », sur eu.themyersbriggs.com (consulté le )
  28. OPP, « MBTI - La fin d'un mythe », sur https://eu.themyersbriggs.com,
  29. « Les types psychologiques de C.G. Jung », sur https://www.cgjung.net
  30. « Préférence psychologique », sur http://www.preferences-et-dynamique.com
  31. The Myers-Briggs Company, « MBTI® Niveau II », sur https://eu.themyersbriggs.com/fr-FR/tools/MBTI/MBTI-Step-II
  32. « Préférences ou traits, question de "choix"... ou pas ! », sur http://www.preferences-et-dynamique.com,
  33. « MBTI : Pourquoi tant d’amour et tant de haine ? », sur eu.themyersbriggs.com (consulté le )
  34. « Goodbye to MBTI, the Fad That Won’t Die », sur Psychology Today (consulté le ).
  35. http://www.indiana.edu/~jobtalk/HRMWebsite/hrm/articles/develop/mbti.pdf

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie


Lien externe

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