Négawatt

Le négawatt est une unité théorique de puissance (exprimée en watts) mesurant une puissance économisée. Cette économie est le résultat de la sobriété énergétique (changement de comportement) ou d'une efficacité énergétique améliorée (changement de technologie).

Ne doit pas être confondu avec Association négaWatt.

Cette notion est due à Amory Lovins, fondateur du Rocky Mountain Institute, qui imagina un marché secondaire de l'électricité dans lequel les économies des uns sont vendues aux consommations énergétiques des autres, à l'image des procédés d'effacement.

Étymologie

Le terme négawatt est un néologisme composé de néga-, préfixe de négation, du latin nego, « dire non », « nier », « refuser », « ne pas vouloir », et de watt, nom de l'unité de puissance, elle-même nommée en hommage à l'ingénieur écossais James Watt[1].

Amory B. Lovins invente fortuitement le mot en 1989, une faute de frappe sur un rapport ayant transformé le mégawatt, unité de valeur de l'électricité (un million de watts), en négawatt. Cette erreur fait office de révélation pour lui : il en tire un concept repris par les tenants de la sobriété énergétique[2].

Sources de négawatts

Décomposition des émissions de dioxyde de carbone des transports en cinq facteurs. Ceux-ci correspondent à cinq leviers permettant de les réduire[3],[4].

Les négawatts peuvent être produits de deux manières, par la sobriété énergétique et par l'efficacité énergétique.

Sobriété

La sobriété énergétique, ou plus généralement économique, consiste à réduire ses besoins en modifiant ses habitudes et ses pratiques.

Par exemple, en limitant la température des locaux d'habitation à 19 °C, en utilisant le vélo ou le train plutôt que la voiture pour se déplacer, ou en séchant la lessive à l'extérieur plutôt que dans un sèche-linge[5].

Efficacité

L'efficacité énergétique consiste à réduire la consommation unitaire d'énergie des équipements, sans que l'utilisateur ait à modifier ses pratiques.

Par exemple, en améliorant l'isolation thermique des bâtiments, la régulation des systèmes de chauffage ou l'aérodynamisme des véhicules.

À cause de l'effet rebond, l'impact de l'efficacité énergétique peut être plus faible que prévu (par exemple, la moindre consommation électrique des écrans est neutralisée par l'augmentation de leur taille)[5]. Pour valoriser pleinement le potentiel d'économies d'énergie, il convient de combiner efficacité et sobriété[5].

Concept de négawatt en France et en Suisse

Le concept de négawatt est, en France, promu par l'association négaWatt, créée en 2001. Elle a proposé en 2003 un premier scénario de transition énergétique[6] pour la période 2000-2050, reposant sur trois piliers jugés essentiels pour un avenir énergétique sobre, efficace et renouvelable : 1) sobriété énergétique ; 2) efficacité énergétique ; 3) recours volontariste aux énergies renouvelables. Ce scénario contient des propositions, déclinées en fiches-mesures. Il a été produit par 23 professionnels et praticiens de l'énergie, qui s'y sont impliqués en leur nom propre, et est périodiquement actualisé au vu des données nouvelles disponibles sur :

  • la demande en énergie (usages, prospective, législation, potentiel d'efficacité énergétique et gisements d'économie d'énergie, tendances en termes de sobriété énergétique) ;
  • l'offre en énergies renouvelables, en moyens de stockage, et l'évolution des moyens de complémentarité entre ces énergies ou avec les énergies conventionnelles.

L'association négaWatt évalue aussi les effets de scénarios sur l'économie, l'emploi, le développement local et l'environnement. L'objectif est d'atteindre le facteur 4. En 2009, l'association a fondé l'Institut négaWatt, sa filiale opérationnelle.

En Suisse, l'association négaWatt-Suisse fait un travail similaire[7].

Concepts apparentés

Par son volet efficacité, la démarche « négawatt » s'apparente à la démarche « zéro déchet ».

Références

  1. Coralie Schaub, « Thierry Salomon : chaud effroi » , sur Libération, (consulté le ).
  2. Laure Noualhat, « Amory Lovins. Monsieur négawatt », sur Libération, (consulté le ).
  3. Aurélien Bigo, Les transports face au défi de la transition énergétique. Explorations entre passé et avenir, technologie et sobriété, accélération et ralentissement (thèse de doctorat en sciences économiques), Institut polytechnique de Paris, , 340 p., PDF (lire en ligne), p. 33, 98.
  4. « Stratégie nationale bas carbone » [PDF], sur Ministère de l'Écologie (France), , p. 81.
    Il s'agit ici de la stratégie nationale bas carbone (SNBC).
  5. Kris de Decker, « L'insoutenable légèreté du concept d'efficience énergétique », La revue durable, numéro 61 (« Sobriété et liberté : à la recherche d'un équilibre »), été-automne 2018, pages 33-35.
  6. « Scénario négaWatt 2017-2050 », sur association négaWatt (consulté le ).
  7. (fr) (de)Association négaWatt Suisse, sur ch.negawatt.org.

Voir aussi

Bibliographie

Cette bibliographie recense trop d'ouvrages (mars 2019).
Les ouvrages doivent être « de référence » dans le domaine du sujet de l'article dans lequel ils apparaissent. Il est souhaitable — si cela présente un intérêt — de les citer comme source et de les enlever de la section « bibliographie ».

Articles connexes

Liens externes

  • Portail de l’énergie
  • Portail de l’environnement
  • Portail de l’électricité et de l’électronique
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.