Nationalisme européen
Le nationalisme européen, nationalisme pan-européen ou pan-européanisme est une mouvance politique favorable à la création d'une nation européenne (Europe-Nation unitaire) ou d'une confédération européenne (Europe fédérale). Le nombre de sympathisants est incalculable du fait qu'il n'existe aucun mouvement à l'heure actuelle capable de se présenter à des élections. Le terme a été apparemment inventé par Hannah Arendt en 1954 pour une idéologie (hypothétique ou postulée) du nationalisme fondée sur une identité paneuropéenne. Arendt a averti qu'un « nationalisme paneuropéen » pourrait découler de la culture du sentiment anti-américain en Europe[1].
Histoire du nationalisme européen
Le thème de la « Nation Europe » a été utilisé par les fascistes italiens puis par les services de propagande du III Reich. Ils détournèrent pour cela certains référents historiques, tel le Jeune Europe, fondé par Giuseppe Mazzini en 1834.
À la fin de la Seconde Guerre mondiale, certains fascistes organisèrent deux structures ouvertement pro-européennes. Il y eut la SS-Hauptamt qui envisageait une Europe unifiée sans la Russie et divisée en grandes régions. Les fascistes de la République sociale italienne prônèrent la création d'une fédération européenne dans leur programme de Vérone de 1944.
Après guerre, le Suédois Per Engdahl créa le Mouvement social européen avec notamment le Français Maurice Bardèche.
Peu de temps après Francis Parker Yockey créera le Front européen de libération qui aura une existence assez brève. Il en sera de même pour le Mouvement populaire européen créé à la fin des années 1950 par Otto Strasser.
En 1960, parallèlement à la fondation de Jeune Europe par Jean Thiriart, ce dernier et Oswald Mosley, créèrent brièvement le Parti national-européen (National European Party). Mosley prônait le nationalisme européen dans son ouvrage, Europe a Nation, et au sein de son mouvement britannique Union Movement. Jeune Europe disparaîtra en 1969. Lui succéderont quelques organisation pan-européennes de moindre importance telles le Comité de liaison des européens révolutionnaires et le Front européen de libération (la deuxième organisation à porter ce nom).
Dans leur « Déclaration européenne » du , le National Party of Europe a appelé à la création d'un État-nation européen par l'intermédiaire d'un gouvernement européen commun et d'un parlement européen élu, au retrait des forces américaines et soviétiques d'Europe et à la dissolution du pouvoir. Les Nations unies, qui seront remplacées par un organisme international dirigé par les États-Unis, l'URSS et l'Europe, sur un pied d'égalité. Le territoire de l'État européen devait être celui de toutes les nations européennes hors de l'Union soviétique, y compris des îles Britanniques, et de leurs possessions d'outre-mer[2]. Le mouvement est resté actif dans les années 1960, mais a été dissout pendant les années 1970.
Les partis nationalistes européens
En France, le nationalisme européen peut être représenté au sein d'au moins quatre organisations :
- Le Réseau radical, structure désormais remplacée par Les Nôtres, a pu relever d'une forme de nationalisme européen, mais dans un sens davantage eurasiatique (Eurasie) et était explicitement anti-sioniste et anti-américain.
- Les Identitaires, eux, sont surtout animés par des motivations fédéraliste (région-nation-civilisation), personnaliste (ni individualiste, ni collectiviste), archéo-futuriste, anti-consumériste et anti-hédoniste, etc.
- L'association culturelle Terre et Peuple, animée par l'universitaire Pierre Vial.
- Le groupuscule Parti des forces nationalistes, nouvelle dénomination du courant contre-révolutionnaire du PFN après 1986, prône quant à lui une union confédérale des nations européennes « de Lisbonne à Moscou et de Rome à Oslo » sur la base de valeurs communes issues d'un triple héritage grec, romain et chrétien en définissant des principes fondamentaux de vie en société largement inspirés de la doctrine sociale de l'Église ainsi que du corporatisme.
En Belgique,
- La principale structure nationaliste européenne est le groupe Synergies européennes animée par Robert Steuckers. Elle est considérée comme proche de la Nouvelle Droite.
- Le Parti communautaire national-européen, se réclamant de la pensée de Jean Thiriart, animé par Luc Michel, mouvement actuellement en sommeil.
- Le mouvement Nation contiendrait des partisans du nationalisme européen en son sein.
Les tendances du nationalisme européen
Il existerait deux tendances dans la mouvance nationaliste européenne qui divergent :
- Les partisans d'une confédération européenne reconnaissent les nations européennes existantes, vision défendue par l'Eurodroite aujourd'hui dissoute.
- Les partisans d'une Europe unitaire qui, au contraire, défendent l'idée d'une seule nation européenne, prônant la suppression des nations européennes existantes pour remplacer celles-ci par une nation européenne unitaire comme le défendait Jean Thiriart, Jeune Europe et l'Union Movement.
Notes et références
- (en) Hannah Arendt, Essays in understanding 1930-1954, éd. J. Kohn, 1994, p. 412-417.
- The National Party of Europe and The Conference of Venice, 1962
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
- Nicolas Lebourg, « La Libération nationale et sociale des régions d’Europe : histoire d’une utopie fasciste (1941-2001) », Utopia and Utopianism, The University Book, Madrid, 2007, no 2, p. 95–108.
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