Nebrê
Nebrê est le deuxième roi de la IIe dynastie pendant la période thinite. Il succéda à Hotepsekhemoui et précéda Ninetjer. Manéthon l'appelle Kajechos et lui compte trente-neuf ans de règne mais les égyptologues actuels lui attribuent un règne d'une dizaine ou d'une quinzaine d'années. Selon différents auteurs, Nebra régna sur l'Égypte vers -2850, de -2820 à -2790 (Donald B. Redford), de -2800 à -2785 (Jürgen von Beckerath) ou de -2765 à -2750 (J. Málek). Il est le premier roi à se rattacher au dieu Rê dans son nom.
Nebrê | |
Stèle de Nebrê | |
Période | Période thinite |
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Dynastie | IIe dynastie |
Fonction | Souverain d'Égypte |
Prédécesseur | Hotepsekhemoui |
Dates de fonction | v. 2820 à 2790 avant notre ère[1]. |
Successeur | Ninetjer |
Sépulture | |
Emplacement | Tombeau à Saqqarah |
Attestations
Le nom de Nebrê apparaît sur plusieurs récipients en pierre, la plupart en schiste, albâtre et marbre. La plupart a été trouvée à Saqqarah, Gizeh et Abydos. Les inscriptions contiennent des représentations de bâtiments cultuels tels que la maison du Ka, des représentations de divinités telles que Bastet, Neith et Seth, ainsi que des mentions de fêtes religieuses. Tous les objets trouvés présentent le nom de Nebrê soit avec celui de son prédécesseur Hotepsekhemoui, soit avec celui de son successeur Ninetjer, le nom de Nebrê n'apparaît jamais seul[2].
Des empreintes de sceaux d'argile portant le nom de Nebrê ont été trouvées sous la chaussée de la pyramide d'Ounas à Saqqarah et à l'intérieur d'une tombe composée de grandes galeries, également à Saqqarah. Ce tombeau a également donné plusieurs empreintes de sceaux portant le nom de Hotepsekhemoui et, pour cette raison, on se demande si le tombeau appartient à Nebrê ou à son prédécesseur, Hotepsekhemoui[3].
En 2012, Pierre Tallet et Damien Leisnay ont rapporté trois inscriptions rocheuses avec le nom d'Horus de Nebrê dans le sud de la péninsule du Sinaï. Chaque inscription rocheuse se trouve dans un oued différent : oued Abou Madawi, oued Abou Koua et oued Ameyra. Les endroits où le nom de Nebrê est inscrit se trouvent le long d'une très ancienne route utilisée pour les expéditions de la rive ouest du Sinaï à l'intérieur des terres, où il y avait des mines de cuivre et de turquoise. Le long des oueds, les noms des rois prédynastiques jusqu'aux pharaons de la IVe dynastie se trouvent aux mêmes endroits[4].
Signification du nom d'Horus
Le nom serekh de Nebrê est d'un grand intérêt pour les égyptologues, car il est écrit avec le signe hiéroglyphique du soleil Rê, qui n'était pas encore devenu à l'époque l'objet d'adoration divine qu'il sera pendant l'Ancien Empire. À l'époque du roi Nebrê, les cultes religieux les plus importants se concentraient sur la préservation de l'égalité dualiste des protecteurs de l'État Horus et Seth. Rien n'était plus important que de garder cet équilibre divin. Les rois eux-mêmes étaient considérés comme la représentation vivante de ce couple divin. Le soleil était considéré comme un objet céleste contrôlé soit par Horus soit par Seth, comme dans le cas du roi Seth-Péribsen. Par conséquent, le soleil n'était pas encore une divinité indépendante. La première preuve définitive de l'existence de la divinité solaire Rê se produit au début de la IIIe dynastie sous le règne du roi Djéser avec les noms de hauts dignitaires tels que Hesyrê. Et la première preuve définitive détectable d'un culte royal du soleil pleinement établi se produit sous le roi Djédefrê, le troisième souverain de la IVe dynastie. Il fut le premier roi à associer son nom de naissance au nom de Rê, à l'origine de la grande croyance religieuse selon laquelle les rois égyptiens étaient la représentation vivante du soleil avec Horus et Seth[5],[6].
Par conséquent, le nom d'Horus de Nebrê est problématique en ce qui concerne sa traduction et sa signification. La traduction typique du nom de Nebrê, « Rê est mon seigneur », qui se lirait Râneb, est discutable, car elle suppose que le Soleil était déjà adoré comme une divinité indépendante. Par conséquent, les égyptologues ont proposé la traduction « Seigneur du soleil (d'Horus) » qui se lit Nebrê et implique la domination du pharaon sur le Soleil (en tant que corps céleste), qui était en effet également sous le contrôle d'Horus ou de Seth. Aucune religion solaire ou symbolisme solaire n'était encore établi sous aucune forme et on pense maintenant que le roi Nebrê pourrait avoir été le premier roi à adopter une pensée religieuse étendue sur le soleil et le ciel[5],[6].
Identité
Le roi Nebrê est communément identifié avec le nom de cartouche de l'époque de ramesside, Kakaou, qui peut être traduit comme Le taureau d'Apis. Cela renvoie à l'anecdote écrite par Manéthon, qui disait que sous le roi Kêchoós (la version grecque du nom Kakaou), les divinités Apis, la chèvre de Mendès et Mnévis étaient introduits et adorées comme des dieux. Ce point de vue est remis en question par les égyptologues modernes, car il y avait déjà un culte d'Apis établi sous la Ire dynastie, si ce n'est avant. Le nom Kakaou lui-même est problématique pour ce pharaon, car il n'y avait aucune source de nom du temps de Nebrê qui aurait pu être utilisée pour former le mot[7].
Le nom de naissance de Nebrê n'est pas clair non plus. Une théorie de l'égyptologue Jochem Kahl dit que Nebrê était la même personne que le mystérieux roi Nebty Ouneg. Il montre du doigt un fragment de vase fait de cendres volcaniques, qui a été trouvé dans la tombe du roi Péribsen (un souverain ultérieur de la IIe dynastie) à Abydos. Sur le fragment, il croit qu'il y a des traces de la fleur d'Ouneg sous le nom incisé du roi Ninetjer. À droite du nom de Ninetjer, la représentation de la maison Ka du roi Nebrê est partiellement conservée. Cet arrangement a amené Kahl à conclure que la fleur d'Ouneg et le nom de Nebra étaient liés l'un à l'autre et le roi Ninetjer a remplacé l'inscription. Kahl souligne également que le roi Ninetjer a écrit son nom en miroir, de sorte que son nom va délibérément dans la direction opposée au nom de Nebrê[8]. La théorie de Kahl fait l'objet d'une discussion continue puisque l'inscription du vase est endommagée, ce qui laisse beaucoup de place à diverses interprétations.
Des égyptologues comme Jürgen von Beckerath et Battiscombe George Gunn identifient Nebrê à un autre pharaon mystérieux : Noubnefer. Ce lien est remis en question par d'autres chercheurs, puisque les souverains de la IIe dynastie écrivaient souvent leurs noms de naissance et Horus de la même manière (par exemple : Hor-Nebrê → Nisut-Bity-Nebty-Nebra). Ainsi le nom Noubnefer peut être le nom de naissance d'un autre roi[9],[10].
Famille
Le nom de la femme de Nebrê est inconnu. Un fils du roi et un prêtre de Sopdou nommé Perneb aurait pu être son fils, mais comme les sceaux d'argile portant son nom et ses titres ont été trouvés dans une galerie d'un tombeau attribué à deux rois également (Nebrê et son prédécesseur, Hotepsekhemoui), il est incertain de quel roi Perneb était le fils[11],[12].
Règne
On sait peu de choses sur le règne de Nebrê. La découverte de scellements portant le nom de Nebrê et d'Hotepsekhemoui à Saqqarah suggère que Nebrê a conduit l'enterrement d'Hotepsekhemoui et a été son successeur direct. Une autre confirmation de cette succession est fournie par une statue et une coupe en pierre portant en juxtaposition les serekhs d'Hotepsekhemoui et de Nebrê. D'autres inscriptions de pots et d'empreintes de sceaux qui subsistent de son temps ne mentionnent que des événements liés au culte et à l'administration, tels que l' Érection des piliers d'Horus. Sous Nebrê, la première représentation de la déesse Bastet a lieu.
La durée exacte du règne de Nebrê fait l'objet d'enquêtes. Les reconstitutions de la célèbre pierre de Palerme, une pierre en basalte noir présentant les événements annuels des rois depuis le début de la Ire dynastie jusqu'au roi Néferirkarê sous la forme de cases clairement divisées, permettent de conclure que Nebrê et son prédécesseur, le roi Hotepsekhemoui, ont dirigé l'Égypte pendant trente-neuf ans. Comme Nebrê a moins de cases pour son règne qu'Hotepsekhemoui, on pense que Nebrê a régné pendant un temps plus court. Les calculs diffèrent de vingt-neuf à dix ans[13],[14],[15].
Sépulture
L'emplacement de la tombe de Nebrê n'est pas certaine. Des égyptologues tels que Wolfgang Helck et Peter Munro pensent qu'il pourrait s'agir de la gigantesque galerie souterraine Tombe B sous la chaussée de la pyramide du roi Ounas à Saqqarah. De nombreuses empreintes de sceaux du roi Hotepsekhemoui et de Nebrê ont été trouvées dans ces galeries[16],[17]. Ainsi, des égyptologues tels que Flinders Petrie, Alexandre Barsanti et Toby Wilkinson pensent que la tombe pourrait être celle d'Hotepsekhemoui et non celle de Nebrê.
Titulature
Notes et références
- Selon D. B. Redford ; autres avis de spécialistes : -2800 à -2785 (J. von Beckerath), -2765 à -2750 (J. Málek)
- Toby A. H. Wilkinson: Early Dynastic Egypt. Routledge, London/New York 1999, (ISBN 0-415-18633-1), p. 87.
- Eva-Maria Engel: Die Siegelabrollungen von Hetepsechemui und Raneb aus Saqqara. In: Ernst Czerny, Irmgard Hein: Timelines - Studies in Honour of Manfred Bietak (= Orientalia Lovaniensia Analecta. (OLA), vol. 149). Leuven, Paris/Dudley 2006, p. 28-29, Fig. 6-9.
- Pierre Tallet, Damien Laisnay: Iry-Hor et Narmer au Sud-Sinaï (Ouadi 'Ameyra), un complément à la chronologie des expéditios minière égyptiene. In: Bulletin de l'Institut Français D'Archéologie Orientale (BIFAO), vol. 112, 2012, p. 389-398.
- Jochem Kahl: Ra is my Lord. Searching for the Rise of the Sun God at the Dawn of Egyptian History. Harrassowitz, Wiesbaden 2007, (ISBN 3-447-05540-5). page 4–14.
- Steven Quirke: Ancient Egyptian Religions. Dover Publishing, London 1992, (ISBN 0-7141-0966-5), page 22.
- Walter Bryan Emery: Ägypten. Geschichte und Kultur der Frühzeit. Fourier, München 1964, page 103 & 274.
- Jochem Kahl: Ra is my Lord - Searching for the rise of the Sun God at the dawn of Egyptian history. Harrassowitz, Wiesbaden 2007, (ISBN 3-447-05540-5), page 12–14 & 74.
- Battiscombe Gunn in: Annales du service des antiquités de l'Égypte - Suppléments, Volume 28. Institut Français d'Archéologie Orientale, Kairo 1938, page 152.
- Jürgen von Beckerath: Handbuch der Ägyptischen Königsnamen. Deutscher Kunstverlag, München Berlin 1884, (ISBN 3-422-00832-2), page 48 & 49.
- Toby A. H. Wilkinson: Early dynastic Egypt: Strategy, Society and Security. Routledge, London u. a. 1999, (ISBN 0-415-18633-1), page 296.
- Peter Kaplony: Inschriften der Ägyptischen Frühzeit. Volume 3, (= Ägyptologische Abhandlungen vol. 8). Harrassowitz, Wiesbaden 1963, (ISBN 3-447-00052-X), page 96 as Obj. 367.
- Wolfgang Helck in: Mitteilungen des Deutschen Archäologischen Institut Kairo 30. Deutsches Archäologisches Institut, Orient-Abteilung(Hg.). de Gruyter, Berlin 1974, ISSN 0342-1279, page 31.
- Werner Kaiser in: Zeitschrift für Ägyptische Sprache und Altertum 86. Akademie-Verlag, Berlin 1961, ISSN 0044-216X, page 39.
- Winfried Barta in: Zeitschrift für Ägyptische Sprache und Altertum 108. Akademie-Verlag, Berlin 1981, ISSN 0044-216X, page 11.
- Wolfgang Helck: Wirtschaftsgeschichte des alten Ägypten im 3. und 2. Jahrtausend vor Chr. Brill, Leiden 1975, (ISBN 90-04-04269-5), page 21–32.
- Peter Munro: Der Unas-Friedhof Nordwest I. Von Zabern, Mainz 1993, page 95.
Liens externes
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