John Fru Ndi
John Fru Ndi, né le à Baba II (Cameroun britannique)[1], est un homme politique camerounais.
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Front social démocrate (SDF) |
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Fondateur et dirigeant du parti d'opposition Front social démocrate (SDF), il est candidat face à Paul Biya aux élections présidentielles de 1992, 2004 et 2011.
Biographie
John Fru Ndi est né à Baba II, près de Bamenda, dans la région du Nord-Ouest du Cameroun, une zone placée sous contôle britannique[2],[3]. Le titre de Ni (marque de respect), lui a été donné à sa naissance[2]. Il a fréquenté l'école au Cameroun, à la mission Baforchu Basel et à l'autorité Santa Native, avant de partir au Nigeria pour étudier (au Lagos City College) et travailler en 1957[2],[3]. En 1966, il est rentré au Cameroun et a commencé à vendre des légumes[3]. Il a tenu une librairie à Bamenda, le Ebibi Book Centre[2],[3], a dirigé un club de football de 1979 à 1988, et a dirigé la branche du Lions Clubs à Bamenda de 1987 à 1988. Il a été candidat du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC), parti au pouvoir, dans la circonscription de Mezam Central lors des élections parlementaires de 1988, où il a été battu par une autre liste du RDPC[4].
Ndi est le fondateur du SDF, un parti d'opposition, en 1990[2]. Il a été élu président national du SDF lors de sa première convention nationale ordinaire, tenue à Bamenda en mai 1992[2].
Parcours politique
En 1992, lors de la toute première élection présidentielle pluraliste du Cameroun, John Fru Ndi en deuxième position avec 36 %, derrière Paul Biya (40 %), au pouvoir depuis 1982. Invoquant de nombreuses fraudes en sa défaveur, il se déclare élu, mais Paul Biya, avec l'aval de la Cour suprême et le soutien de la France, se déclare vainqueur et le fait mettre en résidence surveillée à domicile pendant plusieurs mois, au Ntarikon Palace, à Bamenda. Après cet épisode, il prétend avoir été reçu à la Maison-Blanche lors de l'investiture du nouveau président américain Bill Clinton (il fournit une photo, qui plus tard s’avère avoir été truquée).
John Fru Ndi est mis en examen pour « complicité d’assassinat, blessures simples et blessures légères » avec une vingtaine d'autres dirigeants du parti en , à la suite du décès de Grégoire Diboulé, lors des affrontements suivant un conflit la direction du SDF entre John Fru Ndi et Bernard Muna.
Candidat aux élections sénatoriales de 2013 dans le Nord-Ouest, John Fru Ndi est battu[5].
Accusations de corruption
Le rapport du Comité catholique contre la faim et pour le développement sur les biens mal acquis de 2009 fait état d'une accusation de corruption, aux détours d'un passage du rapport consacré aux « largesses de Paul Biya » qui, selon cette source, « serviraient aussi à amadouer l’opposition ». Le rapport rapporte l'accusation relayée par le journal camerounais The Post du , qui elle-même se réfère à la lettre d’information londonienne Africa Confidential et indique que « le leader de l’opposition John Fru Ndi aurait accumulé une fortune de plus de 125 millions de dollars, dont « plus de 70 % de l’argent provient de ses deals politiques avec le chef de l’État camerounais en fonction » », entre et 2005 ». John Fru Ndi a nié et Africa Confidential a démenti avoir mené une telle enquête[6].
Il est en outre accusé d’avoir perçu 500 millions de francs CFA lors de l'élection présidentielle de 2004 pour casser la dynamique de l’opposition[7].
Enlèvement lors de la crise anglophone
Le 19 avril 2019, son frère a été enlevé par des hommes armés, qui ont exigé une rançon[8]. Huit jours plus tard, il a lui-même été enlevé, alors qu'il se rendait à Kumbo, dans la région du Nord-Ouest, pour assister aux funérailles de Joseph Banadzem, chef du groupe parlementaire du SDF. Il a été libéré peu après, le SDF décrivant toute l'affaire comme un « malentendu » rapidement résolu[9]. Il a été révélé le lendemain que les séparatistes ambazoniens avaient enlevé Fru Ndi afin d'avoir une chance de lui parler. Dans une vidéo diffusés en ligne, les hommes armés ont demandé au leader du SDF de retirer tous les législateurs SDF de l'Assemblée nationale et du Sénat. Fru Ndi a répondu qu'il ne le ferait pas, affirmant que cela serait contre-productif[10].
En juin 2019, Fru Ndi a déclaré que, bien qu'il ne soit pas un séparatiste, le gouvernement « le poussait » dans cette direction. Fru Ndi a mis un point d'honneur à toujours voyager sans escorte de sécurité lorsqu'il se rend dans les régions anglophones, déclarant qu'il n'a pas peur de son propre peuple - y compris des séparatistes.
Notes et références
- (en) Mark Dike DeLancey, Rebecca Mbuh, Mark W. Delancey, « Fru Ndi, John (1941-) », in Historical Dictionary of the Republic of Cameroon, Scarecrow Press, 2010 (4e éd.), p. 184-185 (ISBN 9780810873995)
- (de) « Party mit Bitcoins und co », sur sdfparty.org (consulté le ).
- (en) Nantang Jua, « Ndi, Ni John Fru », dans Thomas M. Leonard, Encyclopedia of the Developing World, Routledge, , p.1116.
- Encyclopedia of the Developing World, Routledge, (ISBN 978-1-135-20508-9, lire en ligne)
- Clarisse Juompan-Yakam, « John Fru Ndi, la gifle ! », in Jeune Afrique, 29 avril 2013
- Rapport du CCFD (Ccfd-Terre solidaire), page numéroté 104, [PDF] .
- Quotidien Mutations, enquête du 22 février 2007.
- « Cameroon: John Fru Ndi's brother kidnapped », sur Journal du Cameroun, (consulté le )
- « Cameroon: SDF Chairman Ni John Fru Ndi released after brief kidnap », sur Journal du Cameroun, (consulté le )
- (en-GB) Maxcel Fokwen, « I Will Not Recall Senators, MPs From Biya’s Parliament, Fru Ndi Tells Ambazonia Fighters », sur National Times (consulté le )
Bibliographie
- « Les 50 personnalités qui font le Cameroun : John Fru Ndi », Jeune Afrique, n° 2520-2521, du au , p. 35
- (en) Mark Dike DeLancey, Rebecca Mbuh, Mark W. Delancey, « Fru Ndi, John (1941-) », in Historical Dictionary of the Republic of Cameroon, Scarecrow Press, 2010 (4e éd.), p. 184-185 (ISBN 9780810873995)
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