Niccolò Manucci

Niccolò Manucci (Venise, - Chennai, 1717) est un médecin et voyageur vénitien. Parti pour l'Est en 1660 aux côtés d'un noble anglais, Lord Bellomont, sur une mission diplomatique, il occupe différents postes en Inde tel qu’aventurier à la cour du Grand Mogol, en passant par canonnier et médecin. On lui a également conféré des missions diplomatiques pour le compte des Portugais à Goa. Dans la dernière partie de sa vie, il se retire à Pondichéry où il dicte à ses scribes la Storia do Mogor, composée de récits de ses voyages et une description détaillée de l'empire moghol de la fin du XVIIe siècle[1].

Niccolò Manucci
Portrait de Niccolò Manucci. Bibliothèque Nationale de France, Cabinet des Estampes, Paris.
Biographie
Naissance
Décès
Activités

Il est fait Chevalier de l'Ordre de Santiago pour avoir sauvé la ville de Goa en 1684.

Biographie

Niccolò Manucci est né à Venise le , fils du broyeur d’épices Pasqualino Manucci et de Rosa Bellini dont il est le premier d’une fratrie de cinq enfants. Il n’a pas encore quatorze ans quand lui et son oncle partent pour Corfou en vue de s'embarquer pour Smyrne. Pendant le voyage, il rencontre Henry Bard, vicomte Bellomont, et décide de le suivre à travers l'Anatolie, la mer Caspienne, pour enfin se rendre en Perse. Il s'arrête alors à Ispahan, capitale de la Perse, jusqu'en 1655. En , toujours en compagnie de Lord Bellomont, ils débarquent à Surate, port principal de l'Inde. C’est de là que commence le voyage à travers l'empire Mogol.

Manucci et la compagnie de Lord Bellomont arrivent à Agra, et deviennent les hôtes du gouverneur britannique, jusqu'à ce que la chaleur suffocante les force à quitter la ville. Ils partent alors pour Delhi. Avant d'arriver à leur destination, le , Lord Bellomont décède subitement. Devenu dépourvu de protecteur, Manucci obtient une entrevue avec le prince Dara Shikoh, fils aîné de Mughal Giahan Shah, qui lui propose de rejoindre l'armée : Manucci s'engage alors comme canonnier.

Vers la fin de l’année 1656, la guerre de succession éclate entre les deux fils du Grand Mogol, Dara et Awrangzeb. Le , Dara est blessé lors de la bataille de Samugarh et s'enfuit à Lahore, mais il est rapidement capturé et condamné à mort. Manucci se retrouve une nouvelle fois sans protection : Awrangzeb rejette l'amnistie à tous les Européens qui ont servi dans l'armée, à moins qu'ils s'enrôlent à ses côtés. Manucci partit alors pour le Cachemire, avec la caravane impériale.

La caravane s'arrête à Agra, où Manucci trouve de vieux amis d’Europe, puis décide de partir au Bengale. Arrivé à Ougli, il intercède auprès du gouverneur en faveur de la construction d'une église pour les jésuites du lieu. Ravis par les compétences diplomatiques de Manucci, les Jésuites lui offrent un emploi comme porte-parole du Mogol, en plus d'un mariage avantageux. Manucci refuse l'offre et décide de s’engager vers les régions centrales de l'empire et se met à pratiquer la médecine.

Partie par Ougli, il s'arrête à Patna où il rencontre des amis anglais et néerlandais, puis se rend à Allahabad et finit par s'installer à Agra. En 1663, il fait sa première intervention chirurgicale, en travaillant avec l'aide d'un chirurgien hollandais, le gouverneur de la ville. Pendant ce temps là une nouvelle guerre éclate : Awrangzeb maintient le projet d'unifier l'ensemble de l'Inde, mais son plan s'est heurté à la résistance de Maratha Sivaji, chef des hindous. Manucci est ensuite enrôlé comme artilleur dans l'armée impériale, où il donne des preuves de ses compétences en tant que diplomate en convainquant les alliés de Sivaji de coopérer avec l'empereur. Après quelques aventures, Manucci s'arrête à Delhi, sous la protection du jeune fils de Jai Singh, Kirat Singh. À sa mort, il s'installe à Lahore, où il se consacre à la profession médicale. Il amasse une fortune considérable et décide de se consacrer à la pratique du commerce, mais sa nouvelle lubie s'avère être un échec. Malade et sans le sou, il retourne à la cour moghole.

En 1667 il retourne à Delhi, avec la tâche de guérir l'une des épouses du prince Alam Shah, le second fils d'Alamgir, et est nommé médecin en titre de la cour. La vie auprès du prince le fatigue beaucoup et en 1683 il part pour Surat. Il passe alors par l'enclave portugaise de Goa, et devient l’hôte de son ami François Martin, directeur de la Compagnie anglaise des Indes orientales. Goa est alors menacée par l'armée de Sambhaji, fils de Sivaji. Manucci va à nouveau prouver son habileté diplomatique en sauvant Goa le . Il reçoit alors l'honneur d’être décoré chevalier de l’Ordre de Santiago.

Manucci décida de ne jamais retourner en Europe. En 1686 il se marie à Elizabeth Hartley, veuve Clarke, fille du militaire anglais Christopher Hartley, gouverneur du Machilipatnam et d'Aguida Pereira, une dame portugaise, puis il se consacre à la médecine et à la rédaction de ses mémoires, la Storia do Mogor. À la mort de sa femme en 1706, il s'installe à Pondichéry sur la côte est du Deccan. Il mourut en 1717 à Monte Grande, près de la ville actuelle de Chennai.

Sur les conseils de François Martin, il compose en 1698 la Storia do Mogor, ses mémoires, source documentaire de première importance sur l'Inde de son temps, bien que peuplée de fables et influencés par certains sentiments personnels de l'auteur[1].

Son carnet de voyage était considéré par Blaise Cendrars comme le plus grand livre d’aventures jamais vécues.

Œuvre

  • Storia do Mogor
    • éd. Piero Falchetta, Franco Maria Ricci, 1986
    • trad. française Un vénitien chez les Moghols, Phébus, coll. « Libretto », 2002

Notes et références

  1. Françoise de Valence, Médecins de fortune et d'infortune, Maisonneuve & Larose, 2000

Liens externes

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