Nicolas de Flüe
Saint Nicolas de Flüe, en allemand : Niklaus von Flüe, né en 1417[N 1] à Sachseln et mort le dans cette même localité est un ascète suisse qui est le saint patron de la Suisse. Il est parfois invoqué comme « Frère Nicolas». Les principales caractéristiques attribuées à la pensée de Nicolas de Flüe – esprit de paix, non-intervention dans les affaires étrangères, modération - ont aujourd'hui encore des répercussions sur la manière dont certains Suisses perçoivent leur pays et envisagent sa politique.
Pour les articles homonymes, voir Nicolas de Flue (homonymie), Nicolas et Saint Nicolas.
Nicolas de Flüe | |
Nicolas de Flüe, extrait du retable de l'église paroissiale de Sachseln (1492). | |
Saint, ermite | |
---|---|
Naissance | Sachseln, Canton d'Obwald |
Décès | (70 ans) Sachseln |
Nationalité | Suisse |
Vénéré à | la tombe de Frère Nicolas à Sachseln l'église Saint-Théodule à Sachseln Flüeli-Ranft |
Béatification | 1648 par Innocent X[1] |
Canonisation | 1947 Rome par Pie XII[1] |
Vénéré par | Église catholique |
Fête | 25 septembre (Suisse et Allemagne) 21 mars (Reste du monde) |
Saint patron | Suisse Garde suisse pontificale Paix |
Il est fêté le 25 septembre en Suisse et le 21 mars par l’Église catholique.
Biographie
Nicolas de Flue est né à Sachseln, dans la municipalité de Flueli dans le canton d'Obwald. Il est le fils de Heinrich von Flue et Hemma von Ruobert, paysans aisés. Il mène initialement une vie modeste, pieusement identique à celle des paysans de sa région[3]. Il se distingue ensuite en tant que soldat dans la lutte contre le canton de Zurich, qui s'était rebellé contre la confédération. Vers l'âge de 30 ans, il épouse Dorothée Wyss, la fille d'un fermier[4], avec laquelle il a cinq fils et cinq filles, qu’il entretient avec aisance, grâce à son travail acharné[3]. Il continue à servir dans l'armée confédérée où, à l'âge de 37 ans, il atteint le grade de capitaine. Il aurait été connu pour se battre avec une épée dans une main et un chapelet dans l'autre. Après sa carrière militaire, il devient conseiller et juge de son canton en 1459 et assume la charge de juge pendant neuf ans. Il refuse la proposition de servir comme Landamman (gouverneur) de son canton.
Un mystique politique
Après avoir reçu une vision mystique d'un lis mangé par un cheval[5], qu'il reconnut comme indiquant que les soucis de sa vie mondaine (le cheval de trait tirant une charrue) avalaient sa vie spirituelle (le lys, symbole de pureté) il décide de se consacrer entièrement à la vie contemplative. En 1467, il quitte sa famille avec le consentement de sa femme, et s'installe comme ermite au Ranft en Suisse, tout en établissant une chapelle et un prêtre sur ses fonds propres, afin de pouvoir assister à la messe quotidienne. Selon la légende, il a survécu pendant dix-neuf ans, sans autre nourriture que l'eucharistie. La rumeur de son prodigieux jeûne se répercute jusqu'aux oreilles de l'État qui décide de vérifier si l'écho est bien juste, mais en vain car les autorités cèdent après un mois d'observation. Les témoignages se rapportant à son absence d'alimentation matérielle ou inédie, sont peu fiables et s'expriment en ces termes : « Dieu seul le sait »[3].
« Mon Seigneur et mon Dieu Prends-moi à moi Et donne-moi tout entier à Toi
Mon Seigneur et mon Dieu Prends-moi tout Ce qui me sépare de Toi
Mon Seigneur et mon Dieu Donne moi tout Ce qui m'attire à toi[3],[6] »
— Un bref résumé des pensées de Nicolas par le biais d'une prière préservée dans un manuscrit de la fin XVe siècle[3]
Sa réputation de sagesse et de piété était telle que les grands de toute l'Europe sont venus chercher ses conseils. Il était alors connu de tous comme « Frère Nicolas ». En 1470, le pape Paul II accorde une indulgence au sanctuaire du Ranft et il devient un lieu de pèlerinage, car il était sur le chemin de Compostelle.
Nicolas intervient au cours de la diète de Stans en 1481 qui résulte des guerres de Bourgogne et où des conflits apparaissent, notamment concernant l'admission des cantons de Fribourg et de Soleure dans la Confédération, entrées redoutées par les cantons ruraux. Un des témoins du Convenant, Heini am Grund, va chercher auprès de Nicolas de Flue un message dont le contenu exact demeure inconnu mais qui établit les bases d'un compromis juridique qui règle la situation.
Des lettres de remerciement qui lui furent adressées par Berne et Soleure ont été conservées.
En dépit de son analphabétisme et de son peu d'expérience du monde, son art de la médiation et son sincère amour de la paix ont fait de lui un conciliateur entre cantons ruraux et citadins et un des principaux unificateurs de la Suisse.
Son culte prend un nouvel essor lors des deux conflits mondiaux qui, au XXe siècle, épargnent la Suisse. La ferveur populaire, qui ne se limite pas aux seuls catholiques, trouve un écho lors de la canonisation de l'ermite en 1947, quand bien même la gauche suisse reproche à Nicolas de Flue d'avoir favorisé la classe dominante.
Canonisation
Il a été béatifié en 1669. Après sa béatification, la commune de Sachseln construisit une église en son honneur où son corps a été enterré. Nicolas de Flue a été canonisé le par le pape Pie XII. Il est Saint-patron mondial de la paix depuis cette date. Il est également, de même que Saint Martin et Saint Sébastien, le saint-patron de la Garde Suisse Pontificale au Vatican. Il est aussi le patron des familles nombreuses, des médiateurs et le protecteur des épouses qui vivent séparées de leur mari.
Il est fêté le 25 septembre en Suisse et le 21 mars selon le Martyrologe romain[7],[8].
Le nouveau Catéchisme de l'Église catholique cite une brève prière personnelle de saint Nicolas de Flue[9]. Cette prière quotidienne de Saint Nicolas de Flue, Mein Herr und Mein Gott[6],[10], est encore activement utilisée aujourd'hui.
En sa mémoire, un musée a été fondé dans le village de la commune de Sachseln (OW)[11], où se trouve également l'église de pèlerinage de ce saint.
Plusieurs églises de Suisse sont placées sous son patronat :
- à Lausanne (canton de Vaud) dans le quartier de Chailly-sur-Lausanne[12].
- à Bienne (canton de Berne).
- à Arbignon (canton du Valais).
- à Dorénaz (canton du Valais).
Sur le chemin de Compostelle, à Ponferrada, une auberge de pèlerins est placée sous son patronat[13].
Musique
- Nicolas de Flue, H. 135 : oratorio en trois actes pour chœurs, récitant et orchestre d'harmonie composé par Arthur Honegger sur un livret de Denis de Rougemont. Créé à Neuchâtel le 31 mai 1941.
- Yves-Marie Pasquet : Trois prières de ce jour d'hui, 1. Action de grâce, 2. Supplication, 3. Hymne à Saint Nicolas de Flue, mélodies pour ténor et piano, sur des poèmes de Jean Rose, 2014.
Peinture
Nicolas de Flue figure dans l'ensemble peint consacré aux "Origines de la Confédération", par Charles L'Eplattenier au château de Colombier, une œuvre réalisée de 1934 à 1946[14].
Notes
- Le jour exact de sa naissance est inconnu. Selon Louis Veuillot, il s'agirait du 21 mars[2] et cet auteur souligne que Nicolas de Flüe serait mort le jour même de son 70e anniversaire. Cependant, on ignore d'où Veuillot tirait ce renseignement qu'aucune source récente n'est venue confirmer par la suite[réf. nécessaire]
Sources et références
- « Flue, Nicolas de » dans le Dictionnaire historique de la Suisse en ligne.
- (de) Wer ist Bruder Klaus? (Kurzbiografie) consulté le
- Site du pèlerinage de Sachseln
- « Qui est Frère Nicolas? », sur bruderklaus.com (consulté le )
- Louis Veuillot, Les Pèlerinages de Suisse, Tours, A. Mame et Cie, coll. « Bibliothèque de la jeunesse chrétienne », , 408 p. (lire en ligne), p. 225
- R. Pernoud, Les Saints au Moyen Âge, Plon, ch. XI « Mystique et Politique » p.231-236
- Michel Jungo (trad. Eric E. Thilo), La Couronne invisible : Histoire de Dorothée Wyss, femme de Nicolas de Flue [« Verborgene Krone »], Stein am Rhein, Christiana, , 2e éd., 118 p. (ISBN 3-7171-0995-2)
- (de) « Die weisse Lilie und das Pferd » (consulté le )
- Gebet von Bruder Klaus - Mein Herr und mein Gott
- Nominis : Saint Nicolas de Flüe
- Wer ist Bruder Klaus (Biografie)
- au paragraphe n ° 226 [4] du chapitre 1 de la partie 1, section 2 «La profession de la foi chrétienne» sous-position IV «Les implications de la foi en un seul Dieu "un aspect de ce qui fait un bon usage des choses créées
- pour des versions antérieures de cette prière en allemand et en français : Prière quotidienne
- Lieux saints
- « Accueil », sur Eglise catholique dans le canton de Vaud (consulté le ).
- http://www.gronze.com/guia-del-camino-frances/albergues/albergue-parroquial-san-nicolas-de-flue
- Sylvie Pipoz-Perroset, « Les décorations de Charles L’Eplattenier au Château de Colombier », Art + Architecture, no 1, , p. 14-21
Voir aussi
Bibliographie
- (en) Collins, David J. "Turning Swiss." In Reforming Saints: Saints' Lives and Their Authors in Germany, 1470-1530, p. 99-122. Oxford Studies in Historical Theology. Oxford: Oxford University Press, 2008.
- Philippe Baud, Nicolas de Flue (1417-1487) : Un silence qui fonde la Suisse, Cerf, coll. « Epiphanie biographies », , 266 p. (ISBN 978-2204048460)
- Philippe Baud, Prier 15 jours avec Nicolas de Flue, Nouvelle Cité, , 126 p. (ISBN 978-2853134132)
- Marie-Louise von Franz
- Françoise Matthey, Le Transparent : En chemin avec Nicolas de Flue, Editions de l'Aire, , ... (ISBN 978-2940478699)
- J.T. De Belloc, Le Bienheureux Nicolas de Flüe, Book on Demand Ltd, , 306 p. (ISBN 978-5518958012)
- Kathrin Benz et Jean-Marc Salamolard (traduction), Nicolas de Flüe, un déserteur : Connaître et comprendre le saint patron suisse, Editions Saint-Augustin, coll. « Spiritualité », , 464 p. (ISBN 978-2889261598)
- Charles Journet et Alexis Helg (postface), Saint Nicolas de Flue, Ad Solem, coll. « Art.Christianis », , 128 p. (ISBN 978-2372980661)
Liens externes
- Ressource relative à la vie publique :
- Ressource relative aux beaux-arts :
- (en) British Museum
- Ressource relative à la religion :
- (en) GCatholic.org
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :
- Notices d'autorité :
- Fichier d’autorité international virtuel
- International Standard Name Identifier
- Bibliothèque nationale de France (données)
- Système universitaire de documentation
- Bibliothèque du Congrès
- Gemeinsame Normdatei
- Bibliothèque royale des Pays-Bas
- Bibliothèque nationale de Pologne
- Bibliothèque nationale de Pologne
- Bibliothèque nationale d’Israël
- Bibliothèque universitaire de Pologne
- Bibliothèque nationale de Catalogne
- Bibliothèque apostolique vaticane
- Bibliothèque nationale tchèque
- WorldCat
- Portail sur saint Nicolas de Flue
- Méditation avec Nicolas de Flue par l'abbé Bernard Schubiger
- Nicolas de Flue : maître spirituel
- Vidéo : saint Nicolas de Flüe - Dominicains de la Province de Suisse
- Nicolas de Flüe, tous les chemins mènent au Ranft - rts.ch
- Nicolas de Flüe, le saint patron des Suisses, a 600 ans - journal La Vie
- Portail du catholicisme
- Portail du christianisme
- Portail de la Suisse