Nobusuke Kishi
Nobusuke Kishi (岸 信介, Kishi Nobusuke), né Nobosuke Satō le à Tabuse et mort le à Fukuoka, est un homme d'État japonais. Il est Premier ministre du Japon du au puis du au .
Premier ministre du Japon Second Kishi Cabinet (d) | |
---|---|
- | |
Nobusuke Kishi | |
Premier ministre du Japon First Kishi Cabinet (d) | |
- | |
Nobusuke Kishi | |
Premier ministre du Japon | |
- | |
Ministre des Affaires étrangères | |
Représentant du Japon | |
Ministre de la Défense du Japon | |
Ministre d'État sans portefeuille (d) |
Naissance | |
---|---|
Décès | |
Sépulture | |
Nom dans la langue maternelle |
岸信介 |
Nationalité | |
Domicile |
御殿場東山ミュージアムパーク (d) |
Formation |
Tokyo Imperial University (d) Yamaguchi Prefectural Yamaguchi High School (d) Premier Lycée Université de Tokyo |
Activités | |
Père |
Hidesuke Satō (d) |
Mère |
Shigeyo Satō (d) |
Fratrie |
Eisaku Satō Ichirō Satō (d) |
Conjoint |
Yoshiko Kishi (d) |
Enfants | |
Parentèle |
Shinzō Abe (petit-fils) |
A travaillé pour | |
---|---|
Parti politique | |
Personne liée | |
Influencé par | |
Lieu de détention | |
Distinctions | Liste détaillée Grand cordon de l'ordre des fleurs de Paulownia Ordre des fleurs de Paulownia Médailles militaires Ordre suprême du Chrysanthème Ordre de l'Aigle aztèque Ordre du Mérite de la République fédérale d'Allemagne Ordre du Trésor sacré Grand commandeur de l'ordre du Mérite de la République fédérale d'Allemagne Grand-croix de l'ordre du Mérite de la République fédérale d'Allemagne Grand cordon de l'ordre suprême du Chrysanthème Ordre des Nuages Propices (en) Médaille de la paix des Nations unies () |
Biographie
Ascension au service de l'Empire du Japon
Il naît sous le nom de Nobosuke Satō mais quitte sa famille durant sa jeunesse pour s'installer dans la famille plus influente des Kishi, adoptant par l'occasion leur nom de famille. Son jeune frère biologique, Eisaku Satō, deviendra aussi Premier ministre, de 1964 à 1972.
Il suit des cours à l'université impériale de Tokyo (renommée université de Tokyo après-guerre) et intègre le ministère du Commerce et de l'Industrie en 1920. En 1935, il devient l'un des plus influents officiels impliqués dans le développement industriel du Mandchoukouo. Le Premier ministre Hideki Tōjō, lui-même vétéran de la campagne de Mandchourie, le nomme ministre du Commerce et de l'Industrie en 1941. À ce titre, il est chargé de l'organisation du travail forcé. Il conserve cette position jusqu'à la reddition du Japon, le .
Soustrait à la justice, l'ex-criminel de guerre devient Premier ministre
Jusqu'à 1948, Kishi est détenu à la prison de Sugamo en tant que suspect de crime de guerre de Classe A. Il y côtoie Yoshio Kodama et Ryōichi Sasakawa, deux figures importantes du monde des affaires et du crime organisé de l'après-guerre, qui l'aideront continument par la suite ainsi que sa parentèle[1]. Contrairement à Tōjō et divers autres membres du cabinet, Kishi n'est pas jugé par le Tribunal de Tokyo. Il est libéré sans procès en 1948 par les autorités d’occupation américaines afin de faciliter la reconstruction de la droite japonaise[2].
Pour l'historien John W. Dower, « même les pacifistes japonais qui ont endossé les idéaux de Nuremberg et de Tokyo, et qui ont travaillé à documenter et à publiciser les atrocités du régime Shōwa, ne peuvent justifier la décision américaine d'exonérer l'empereur (Hirohito) de sa responsabilité pour la guerre et ensuite, au sommet de la guerre froide, de libérer et peu après de se lier à des criminels de guerre d'extrême droite accusés comme le futur Premier ministre Nobusuke Kishi »[3].
Bien que libéré, Kishi reste légalement interdit de participation dans les affaires publiques du fait de la purge des membres de l'ancien régime par les forces alliées d'occupation. Lorsque l'interdiction est levée en 1952, il décide de se relancer dans la politique. Après quelques déboires, il devient en 1954 le secrétaire du Parti démocrate du Japon (PDJ), dirigé par Ichirō Hatoyama. Il joue un rôle déterminant dans la fusion des partis conservateurs[1]. L'année suivante, Hatoyama devient Premier ministre et le PDJ fusionne avec le Parti libéral. Le Parti libéral-démocrate est créé, présidé par Hatoyama. Celui-ci est remplacé en 1956 par Tanzan Ishibashi qui devient à son tour Premier ministre. En 1957, Kishi est choisi pour lui succéder. Il est réélu l'année suivante et reste Premier ministre jusqu'en 1960.
Un héritage controversé
Kishi vise à réinsérer son pays dans le concert des nations : le Japon rejoint le Conseil de sécurité des Nations unies (1958-1959), accorde des dédommagements à l'Indonésie, met en place un nouveau traité commercial avec l'Australie et signe des traités de paix avec la Tchécoslovaquie et la Pologne.
Au mois de , il annonce ses propositions pour la renégociation de l'ANPO, le traité mutuel de sécurité signé avec les États-Unis en 1951. Perçues comme militaristes, elles entraînent des manifestations qui font 500 blessés en un mois. Des manifestants affrontent notamment la police dans le quartier de Nagata, sur les marches du bâtiment de la Diète. Un éditorial commun est signé par les sept plus grands quotidiens du pays qui écrivent : « Nous n'avons jamais eu aussi peur pour le Japon » ()[1]. Kishi n'en tient pas compte et se rend à Washington en janvier 1960 pour signer le nouveau traité de coopération mutuelle et de sécurité entre les États-Unis et le Japon. Les manifestations se poursuivent, des grèves et des affrontements éclatent tandis que le gouvernement est obligé de demander un vote de confiance pour la ratification du traité. Le jour du vote, le , la Diète est protégée par des centaines de policiers. En juin, le porte-parole de la Maison-Blanche James Hagerty, venu préparer la visite du président Dwight Eisenhower, est assiégé dans sa voiture par des manifestants de la ligue étudiante Zengakuren et doit être évacué par hélicoptère. Bien embarrassé, Kishi demande au président américain de reporter sa visite. Celle-ci est finalement annulée, ce qui déplaît à l'empereur Hirohito.
Par ailleurs, Kishi s'assure de faire libérer tous les criminels condamnés lors du Tribunal de Tōkyō qui étaient encore en prison. Plus discrètement, à la fin de son second mandat, il dédie au cimetière du Mont Sangane une stèle à Tojo et aux six autres criminels de guerre exécutés, les qualifiant de « sept patriotes morts pour leur pays »[4].
Le , du fait du ressentiment d'une partie de la population vis-à-vis du traité avec les États-Unis, de mécontentements au sein de son parti, et de son projet contesté d'abrogation de l'article 9 de la constitution, Kishi démissionne et Hayato Ikeda devient Premier ministre.
Son parcours illustre les conséquences de la décision américaine d'épargner certaines élites de l'Empire : d'un côté le Japon d'après-guerre a réussi son ouverture au monde, sa croissance économique, et son ancrage à l'Occident face au bloc soviétique, mais de l'autre le pays n'a non seulement pas fait son devoir de mémoire vis-à-vis des atrocités du régime impérial, mais aussi laissé le révisionnisme s'institutionnaliser et s'ancrer dans une politique nationale contrôlée par des familles à l'héritage souvent controversé[réf. nécessaire].
En 1979, Kishi et l'homme d'affaires controversé Ryōichi Sasakawa, avec qui il a tissé des liens depuis leur emprisonnement à la prison de Sugamo, se voient décerner la Médaille de la paix des Nations unies.
Famille
Son demi-frère Eisaku Sato est devenu Premier ministre en 1964 et conservera pendant huit ans le pouvoir[2].
Sa fille Yoko a épousé Shintarō Abe, qui a travaillé à ses côtés avant de devenir ministre des Affaires étrangères dans les années 1980. Yoko et Shintarō sont les parents de Shinzō Abe, Premier ministre de 2006 à 2007 puis de 2012 à 2020.
Références
- Jean-Marie Bouissou, « Entre valeurs traditionnelles et com´ moderne », Conflits, no 20, janvier-mars 2019, p. 13-15
- « Au Japon, la politique est une affaire de famille », Le Monde.fr, (lire en ligne)
- (en) John W. Dower, Embracing Defeat: Japan in the Wake of World War II, 1999, p. 562.
- (en) Kim Hyun-ki, « Far from Yasukuni, cemetery honors criminals », sur JoongAng Daily, (consulté le ).
Liens externes
- Notices d'autorité :
- Fichier d’autorité international virtuel
- International Standard Name Identifier
- CiNii
- Système universitaire de documentation
- Bibliothèque du Congrès
- Gemeinsame Normdatei
- Bibliothèque nationale de la Diète
- Bibliothèque royale des Pays-Bas
- Bibliothèque nationale d’Israël
- Bibliothèque universitaire de Pologne
- Réseau des bibliothèques de Suisse occidentale
- Bibliothèque apostolique vaticane
- Bibliothèque nationale de Corée
- WorldCat
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :
- Portail de l’Empire du Japon
- Portail du Japon
- Portail de la politique
- Portail de la Seconde Guerre mondiale