Norbert Bonhommet

Norbert Bonhommet, né le à Paris et mort le à Rennes, est un géophysicien français. Il est surtout connu pour sa découverte de l'excursion géomagnétique de Laschamps.

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Norbert Bonhommet
Norbert Bonhommet au début des années 1970.
Naissance
Paris (France)
Décès (à 71 ans)
Rennes (France)
Actif vers 1962-1996
Nationalité Français
Domaines Géophysique
Institutions Université de Strasbourg, université de Stanford, université de Rennes, université Pierre-et-Marie-Curie (Paris)
Diplôme Thèse d'État
Directeur de thèse Alexandre Roche
Renommé pour Découverte de l'excursion géomagnétique de Laschamps

Biographie

Norbert Bonhommet suit un cursus MPC (mathématiques-physique-chimie) à la Sorbonne de 1956 à 1959. Appelé en Algérie, il y passe 27 mois. Il est démobilisé le . A son retour en France, il contacte Alexandre Roche, directeur de l'Institut de physique du globe de Strasbourg (IPGS), qui lui propose un sujet de thèse d'État sur l'évolution du champ magnétique terrestre au cours du temps (déclinaison, inclinaison et intensité), telle qu'elle peut être restituée par les caractéristiques magnétiques des laves de la chaîne des Puys.

Nommé assistant en à l'université de Strasbourg, Norbert Bonhommet devient maître-assistant dans cette même université, avant de soutenir sa thèse[1] le . En 1974, il effectue un stage post-doctoral à l'université de Stanford, dans le laboratoire dirigé par Alan Cox, pape du paléomagnétisme. Nommé professeur à Rennes au , il y fonde un laboratoire de géomagnétisme. En , il est nommé à Paris, à l'université Pierre-et-Marie-Curie.

Atteint d'une maladie dégénérative, Norbert Bonhommet abandonne toute activité d'enseignement et de recherche à la fin de 1996. Il meurt à Rennes le [2].

L'excursion de Laschamps

Découverte

Données paléomagnétiques obtenues par Bonhommet et Babkine sur les formations volcaniques de la chaîne des Puys présentées (après démagnétisation) sur une projection stéréographique. Les valeurs de l'inclinaison I sont cotées du centre (verticale) vers la périphérie de la figure ; elles sont positives (dirigées vers le bas) dans le demi-cercle supérieur, négatives (dirigées vers le haut) dans le demi-cercle inférieur. Les valeurs de la déclinaison D (est ou ouest) figurent à l'intersection des rayons et des cercles concentriques de la figure. Ronds verts : coulée inférieure de la Tiretaine ; ronds bleus : coulée supérieure ; ronds rouges : cône de scories et coulées de Laschamps et d'Olby. Croix noire : valeurs de la déclinaison et de l'inclinaison du champ magnétique à Royat en 1966. Ronds jaunes : valeurs publiées par Brunhes et David pour la coulée inférieure et la coulée supérieure de la Tiretaine.

A l'IPGS, Norbert Bonhommet trouve une puissante infrastructure technique qui lui permet de faire réaliser un appareillage performant pour les études qu'il entreprend, mais il n'a pas de formation géologique. Il bénéficie alors de la collaboration de Jean Babkine, maître-assistant au laboratoire de minéralogie de l'université de Nancy, qui travaille sur les minéraux opaques (oxydes et sulfures, principalement) des laves de la chaîne des Puys. Dans un premier temps, Bonhommet et Babkine[3] confirment les résultats présentés par Brunhes et David[4],[5] sur les orientations magnétiques des basaltes dans la vallée de la Tiretaine (figure ci-contre). Puis ils mettent en évidence[6] des « aimantations inversées » dans les échantillons du cône de scories du puy de Laschamps, dans ceux de la coulée nord-est de cet appareil, ainsi que dans ceux de la coulée d'Olby-Monteribeyre issue du puy de Barme. Cette éventuelle inversion du champ magnétique terrestre a été considérée comme très récente (située au cours de la période directe de Brunhes), datée à moins de 20 000 ans par la méthode K-Ar[7] (cet âge a été corrigé ultérieurement et l'on s'accorde actuellement à le considérer comme voisin de 40 000 ans[8]). Cette découverte, la première du genre, est suivie par la mise en évidence de plusieurs inversions rapides du même type (ou de variations importantes de la direction du champ magnétique), aussi bien au cours de la période de Brunhes que de celle de Matuyama et qualifiées d'« excursions magnétiques » ou de « microchrones »[9].

Controverse et confirmation

La découverte de Bonhommet et Babkine est d'abord rejetée, en raison notamment de l'absence de tout indice d'inversion magnétique au sein des séries de lœss d'âge quaternaire observées dans le monde entier et notamment en Asie[10],[11]. La réalité de cette excursion est toutefois confirmée par l'équipe rennaise[12],[13] qui, sous la direction de Norbert Bonhommet, montre d'une part le considérable amoindrissement de l'intensité du champ magnétique au cours de l'inversion, et d'autre part des aimantations inversées dans les formations argileuses métamorphisées situées sous la coulée d'Olby[12] ; ce phénomène, qui sera appelé plus tard « test du contact »[14], est la démonstration absolue d'un processus d'inversion du champ magnétique terrestre, par opposition à toute évolution complexe ou mystérieuse[15] au sein des roches étudiées. Cette découverte de l'excursion de Laschamps place Norbert Bonhommet parmi les chercheurs qui ont apporté une pierre importante à la connaissance du champ magnétique terrestre.

Notes et références

 : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  1. Norbert Bonhommet, Sur la direction d’aimantation des laves de la Chaîne des Puys, et le comportement du champ terrestre en France au cours de l’événement du Laschamp (thèse d'État), Strasbourg, , 233 p..
  2. Jacques Kornprobst, « Les inversions du champ magnétique terrestre : Auvergne, terre d'élection ! Hommage à Bernard Brunhes, Norbert Bonhommet et Jean Babkine », dans Histoire de la découverte géologique du Massif central français, Société d'histoire naturelle d'Auvergne, coll. « Mémoires » (no 8), , 267 p. (ISSN 0373-2851), p. 214-229.
  3. Norbert Bonhommet et Jean Babkine, « Sur une direction anormale du champ magnétique terrestre au cours du Quaternaire récent », CRAS, vol. 262, no 13, , p. 919-921.
  4. Bernard Brunhes et Pierre David, « Sur la direction d'aimantation dans des couches d'argile transformées en brique par les coulées de lave », CRAS, vol. 133, , p. 155-157.
  5. Bernard Brunhes et Pierre David, « Sur la direction de l’aimantation permanente dans diverses roches volcaniques », CRAS, vol. 137, , p. 975-977.
  6. Norbert Bonhommet et Jean Babkine, « Sur la présence d’aimantations inversées dans la Chaîne des Puys », CRAS, vol. 264 B, , p. 92-94.
  7. (en) N. Bonhommet et J. Zähringer, « Paleomagnetism and Potassium Argon age determinations of the Laschamp geomagnetic polarity event », EPSL, vol. 6, no 1, , p. 43-46 (DOI 10.1016/0012-821X(69)90159-9).
  8. (en) Hervé Guillou, Brad S. Singer, Carlo Laj, Catherine Kissel, Stéphane Scaillet et Brian R. Jicha, « On the age of the Laschamp geomagnetic event », EPSL, vol. 227, nos 3-4, , p. 331-343 (DOI 10.1016/j.epsl.2004.09.018).
  9. (en) C. Laj et J. E. T. Channel, « Geomagnetic excursions », dans Gerald Schubert, Treatise on Geophysics, vol. 5, Elsevier, , p. 373-416.
  10. (en) Friedrich Heller, « Self-reversal of natural remanent magnetization in the Olby-Laschamp lavas », Nature, vol. 284, , p. 334-335 (DOI 10.1038/284334a0).
  11. (en) Friedrich Heller et Nikolai Petersen, « Self-reversal explanation for the Laschamp/Olby geomagnetic field excursion », PEPI, vol. 30, no 4, , p. 358-372 (DOI 10.1016/0031-9201(82)90045-0).
  12. (en) P. Roperch, N. Bonhommet et S. Levi, « Paleointensity of the earth’s magnetic field during the Laschamp excursion and its geomagnetic implications », EPSL, vol. 88, nos 1-2, , p. 209-219 (DOI 10.1016/0012-821X(88)90058-1).
  13. (en) Annick Chauvin, Robert A. Duncan, Norbert Bonhommet et Saul Levi, « Paleointensity of the Earth'smagnetic field and K-Ar dating of the Louchadière volcanic flow (Central France): new evidence for the Laschamp excursion », GRL, vol. 16, no 10, , p. 1189-1192 (DOI 10.1029/GL016i010p01189).
  14. (en) Carlo Laj, Catherine Kissel et Hervé Guillou, « Brunhes’s research revisited : magnetization of volcanic flows and baked clays », EOS, vol. 83, no 35, , p. 381 et 386-387 (DOI 10.1029/2002EO000277).
  15. Louis Néel, « L’inversion de l’aimantation permanente des roches », Annales de géophysique, vol. 7, , p. 90-102.

Voir aussi

Articles connexes

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