Nouvelle Action royaliste
La Nouvelle Action royaliste (NAR) — initialement appelée Nouvelle Action française — est un mouvement politique français, fondé en 1971. Elle défend l’orléanisme et la monarchie constitutionnelle.
Nouvelle Action royaliste | |
Logotype officiel. | |
Présentation | |
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Directeur politique | Bertrand Renouvin |
Fondation | 1971 (NAF) 1978 (NAR) |
Scission de | Action française |
Siège | 38, rue Sibuet 75012 Paris |
Fondateurs | Bertrand Renouvin, Yvan Aumont, Gérard Leclerc, Jean Toublanc, Georges-Paul Wagner, Yves Lemaignen |
Journal | Royaliste |
Positionnement | Gauche[1] |
Idéologie | Royalisme[1] Orléanisme Gaullisme de gauche Souverainisme |
Affiliation internationale | Conférence monarchiste internationale |
Site web | nouvelle-action-royaliste.fr |
Histoire
Fondation
Après la Seconde Guerre mondiale, le courant monarchiste français est sclérosé par l'interdiction de l’Action française de Charles Maurras et un passé pétainiste. L'indépendance de l'Algérie représente une défaite pour l'Action française et marque la nouvelle génération militante[2]. La récupération de Mai 68 accentue les les tensions intra-organisationnelles. La Restauration nationale dirigée par Pierre Pujo et Pierre Juhel est vivement critiquée par Bertrand Renouvin qu'il qualifie de « stalinienne »[3]. Les jeunes d'Action française créaient les Dossiers d'Action française et lancent une campagne de réabonnement pour tenter de redynamiser et « donner à la vieille maison une plus grande flexibilité »[2]. Un numéro de L'AF Université est censuré et certains rédacteurs sont expulsés.
En avril 1971, de jeunes contestataires, dont Yvan Aumont, responsable d'une section parisienne, Gérard Leclerc, Yves Lemaignen, Bertrand Renouvin, responsable des étudiants de la rive gauche, Jean Toublanc et Georges-Paul Wagner, quittent la Restauration nationale (RN) — qui a succédé au mouvement de Maurras — pour fonder la Nouvelle Action française (NAF), qui deviendra en 1978 la Nouvelle Action royaliste (NAR)[2]. Lors de la première réunion publique de la NAF le 18 avril 1971, Patrice Bertin dénoncent la démocratie et le conservatisme comme ennemis de l'Action française. Quelques jours plus tard, il écrit :
« L'Action française ne sera jamais un musée Charles Maurras, fermé le dimanche et les jours fériés, ni un mouvement d’anciens combattants, de guerres plus ou moins lointaines et plus ou moins perdues. Nous sommes des « révolutionnaires » : notre but est de détruire la République par tous les moyens. »[4]
Revendiquant le passé de résistant de Jacques Renouvin, ces scissionnistes emportent avec eux deux publications dont ils avaient la propriété : L'AF Université (AFU) et les Dossiers d'Action française (DAF)[5]. La création de la NAF revêt une « aura révolutionnaire exaltée »[2].
D'après les témoignages récoltés par l'historien Humberto Cucchetti, la NAF serait le résultat d'une quête de réforme organisationnelle de la Restauration nationale souhaitée par Georges-Paul Wagner et d'une interprétation romantico-utopiste de Maurras portée par Gérard Leclerc, Patrice Bertin et Bertrand Renouvin[2].
En réaction de cette dissidence, les médias, les publications militantes et la grande presse commentent l'événement comme une rupture « gauchisante » voire l'émergence d'un mao-maurrassisme[2][3]. Ces accusations sont surtout dues au « refus de la NAF de condamner le gauchisme, en bloc, sans nuances »[2]. La NAF préfère développer un maurrassisme radical débarrassé du conservatisme contemporain et d'insister sur une interprétation socialiste de Charles Maurras[6]. Les jeunes membres s'efforcent de contacter des personnalités politiques et intellectuelles hors du champ de la droite radicale et parviennent à entrer en contact avec Maurice Clavel par l'intermédiaire de Pierre Boutang[2][7].
Débuts et dissensions
Le 22 décembre 1971, Arnaud Fabre, rédacteur en chef du journal Nouvelle Action française, publie une lettre ouverte à Maurice Clavel en guise de soutien. La NAF ajoute quatre de ses ouvrages à la librairie et publie des extraits de Combats de la Résistance à la Révolution. En parallèle, la NAF soutient différents mouvements de grève dont celui de l'usine Lip mais n'en condamne pas moins le gauchisme et l'idéal libertaire[7].
En 1972, le « complot des barboteuses » est une première scission des éléments les plus jeunes, déçus par l'essoufflement de la prise de pouvoir irréalisée[2]. Parmi les défections, celle tout de même de Patrice Bertin qui condamne « l’orientation droitiste et militariste que prend l’organisation » après la promotion de Nicolas Kayanakis comme cadre de la NAF[2].
En 1973, plusieurs des dirigeants de la Nouvelle Action française (Kayanakis, Toublanc, Wagner) démissionnent, reprochant aux autres le « gaullisme » du mouvement[2].
Pierre Boutang écrit pour le journal de la NAF sous le pseudonyme d'Arthez[7].
Dans la décennie, des luttes idéologiques opposent la Nouvelle Action française au GRECE, ou Nouvelle Droite, et à son expression partielle, le Front national, qui compte également des monarchistes.
Élection présidentielle de 1974
La Nouvelle Action française présente la candidature de Bertrand Renouvin à l'élection présidentielle de 1974. Benjamin des candidats à 31 ans, celui-ci se démarque des milieux monarchistes traditionnels et insiste principalement sur l'indépendance de l'État vis-à-vis des partis et des puissances financières, ainsi que sur les libertés publiques. Au premier tour, il finit en dixième position (sur douze), avec 43 722 voix, soit 0,17 % des suffrages exprimés[8].
L'échec de Renouvin à la présidentielle accroit les tensions au sein du parti du fait de ses attaques répétées contre les droites dont Giscard d'Estaing et son refus de pas appeler au barrage contre Mitterrand.
« [...] Nous refusons de mettre au ban de la nation un Parti communiste dont les électeurs sont infiniment plus patriotes que MM. Lecanuet et Brigneau. »[9]
— Bertrand Renouvin
En 1974, le psycho-sociologue grenoblois Michel Michel prend ses distances de la NAF tout en tendant à réactualiser Si le coup de force est possible de Charles Maurras. Il est finalement exclu et fonde le Comité provisoire de coordination des opérations royalistes avec plusieurs autres militants exclus de Paris, Grenoble et Tours[7].
Activités postérieures et déclin du militantisme
Le mouvement présente des listes aux élections municipales de 1977 à Paris et huit candidats aux élections législatives de 1978.
Désireux d'ancrer durablement la NAF à gauche, Bertrand Renouvin décide renommer le parti en « Nouvelle Action royaliste » en 1978. La nouvelle formation soutient François Mitterrand à l’élection présidentielle de 1981. La nomination de Bertrand Renouvin au Conseil économique et social par le président Mitterrand permet à la NAR d'accroître son audience. Du point de vue intellectuel, le lien avec le maurrassisme s'étiole puis disparait[7].
En 2002, la Nouvelle Action royaliste a deux représentants au bureau du Pôle républicain, appui de la candidature de Jean-Pierre Chevènement à l’élection présidentielle ; mais le mouvement rompt tout lien avec celui-ci lorsqu’il se rallie à la gauche pour les élections législatives qui suivent. Le parti défend le « non » au référendum sur le traité établissant une Constitution pour l'Europe[10]. Pour l’élection présidentielle de 2007, la NAR appelle au vote blanc aux deux tours[11]. En 2012, elle soutient Nicolas Dupont-Aignan au premier tour et François Hollande au second[12]. Cinq ans plus tard, elle se prononce à nouveau pour Nicolas Dupont-Aignan au premier tour, puis pour le vote blanc au second tour[13],[14].
Ligne politique
Orléaniste, la Nouvelle Action royaliste souhaite l'instauration d'une monarchie constitutionnelle en France sur le modèle des monarchies européennes contemporaines, au motif que les rois incarneraient la continuité, l’arbitrage et l'unité. Ils considèrent qu'un monarque est le mieux placé pour défendre l'intérêt général dans la mesure où son pouvoir n'est pas soumis aux vicissitudes de l'élection et des oppositions partisanes. Les membres de la NAR disent réfuter la distinction traditionnelle entre monarchie et république, voulant être à la fois les héritiers de Jean Bodin et des « monarchiens » de la Révolution française (soutiens de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen et de la Constitution du ).
Les adhérents de la NAR sont souvent qualifiés de royalistes de gauche. Le mouvement est keynésien en économie et s’oppose à l’atlantisme en politique étrangère, se rapprochant ainsi des gaullistes de gauche. Par ailleurs, la formation s’engage dans des collectifs de lutte contre la xénophobie et milite dès les années 1980 pour le droit de vote des étrangers au niveau local[15].
Affiliation et structures associées
Sur le plan international, la NAR est membre de la Conférence monarchiste internationale (CMI).
Lancé en 1971, l'organe officiel du mouvement s'appelle successivement Nouvelle Action française (1971-1975), NAF hebdo (1975-1977) et Royaliste (depuis 1977), cette évolution montrant la volonté de s'affranchir de l'héritage maurrassien. Ses autres publications étaient Arsenal[16] et le Lys rouge (revue trimestrielle lancée en ).
Notes et références
- Laurent de Boissieu, « Nouvelle Action Royaliste (NAR) », sur france-politique.fr (consulté le ).
- Cucchetti 2015.
- Bertrand Renouvin, La République au roi dormant, Hachette (réédition numérique FeniXX), (ISBN 978-2-01-461458-9, lire en ligne)
- Nouvelle Action française, n°2 bis, 3 mai 1971
- Notice complète sur les Dossiers d'Action française sur sylmpedia.fr.
- Bertrand Renouvin, « Maurras et le socialisme », AFU, n° 166, juin 1971 ; id., « Vers un mai royaliste », AFU, n° 165, mai 1971 ; id., « Un « socialiste » antidémocrate » Arsenal, n° 1, décembre 1972.
- Dard 2012.
- « Décision no 74-30 PDR du 7 mai 1974 », sur conseil-constitutionnel.fr (consulté le ).
- Nouvelle Action française, n° 159, 15 mai 1974, p. 1.
- http://www.bertrand-renouvin.fr/?p=918
- http://www.archivesroyalistes.org/IMG/pdf/Royaliste903.pdf "Ni l'un, ni l'autre"
- http://nouvelle-action-royaliste.fr/idees/presentation/positions/election-presidentielle-de-2012
- http://nouvelle-action-royaliste.fr/idees/presentation/politiques/36eme-congres-1-et-2-avril-2017-declaration-de-politique-generale
- http://nouvelle-action-royaliste.fr/idees/presentation/editoriaux/nous-voterons-blanc
- “Le droit de vote soit reconnu à tous résidents (après un certain délai), ayant travaillé (un certain temps), afin qu'ils participent à part entière aux instances représentatives des communes et cantons dont ils sont, de fait, membres actifs. Cette citoyenneté locale n'implique pas la naturalisation française, obtensible ultérieurement au terme d'une démarche volontaire, mais ménage vers celle-ci un moyen d'accès graduel.” Motion Immigration et convivialité (5e congrès, 1985) Textes des Congrès (p. 9)
- La collection complète est en libre accès sur le site Archives royalistes
Bibliographie
- Olivier Dard, Les territoires du politique : Hommages à Sylvie Guillaume, historienne du politique, Rennes, Presses universitaires de Rennes, (lire en ligne), « Des maorassiens aux maosoccidents : réflexions sur un label et sa pertinence en lisant un essai récent »
- Olivier Lespès, Une révolution dans le royalisme, la Nouvelle action royaliste, ses origines, son histoire, Royaliste, coll. « Lys rouge », Paris, 1984, 145 p. (ISBN 2-904802-00-2).
- François Backman, La conception de la citoyenneté de la Nouvelle Action française puis Nouvelle Action royaliste. Naissance d'un mouvement, gestion et évacuation des paradigmes maurrassiens (1971-1991), Université de Paris I Panthéon-Sorbonne (Diplôme d'Études approfondies de Sociologie Politique), Paris, 1991, 427 p.
- Humberto Cucchetti, « De la nouvelle action française à la nouvelle action royaliste. Analyse du processus de mutation militante à partir d’une trajectoire organisationnelle nationaliste », Pôle Sud, no 42, , p. 87-104 (lire en ligne)
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
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