Numératie

La numératie est la capacité à utiliser, à appliquer, à interpréter, à communiquer, à créer et à critiquer des informations et des idées mathématiques de la vie réelle. C’est également la tendance d’un individu à réfléchir mathématiquement dans différentes situations professionnelles, personnelles, sociales et culturelles.

Explications

Sa visée pragmatique favorise l’indépendance et l’autonomie. La numératie prend forme dans les dimensions cognitive, affective et motivationnelle d’un individu[1],[2],[3],[4].

Dimension cognitive

Ginsburg, Manly et Schmitt (2006)[1],[2],[3],[4] soulignent l’importance de la dimension cognitive de la numératie. La synthèse de la littérature nous permet de définir celle-ci comme étant la capacité à mobiliser des connaissances mathématiques, à développer des compétences en résolution de problèmes, à avoir des connaissances d’ordre stratégique, à valider sa démarche en utilisant un raisonnement logique et à employer des raisonnements hypothético-déductifs.

On trouve également dans la dimension cognitive des connaissances et des processus liés aux différents domaines mathématiques, tels le sens des nombres et des opérations, les régularités et l’algèbre, la géométrie, la mesure et la gestion des données et des probabilités, les opérations, qui consistent en la conduite efficace des calculs (calcul mental, additions et soustractions, multiplications et divisions), et, enfin, la résolution de problèmes, qui se divise elle-même en la compréhension (qui exige un niveau minimal de littératie) et l’application des concepts[5].

Finalement, les habiletés méta-cognitives liées au concept de contrôle (Saboya, 2010)[6], qui exigent de réfléchir à ses propres connaissances et à l’efficience des stratégies employées, sont aussi une partie intégrante de la dimension cognitive. C’est sur ce plan qu’il peut y avoir une autorégulation de l’utilisation efficace des stratégies. Bref, c’est une gestion active et consciente de ces processus cognitifs.

Dimension affective

La dimension affective est la perception que la personne entretient vis-à-vis les mathématiques et la confiance en soi et en ses capacités. C’est une dimension nettement subjective propre à l’individu. Cette dimension de la numératie est d’ailleurs évaluée par la Subjective Numeracy Scale de Fagerlin et al. (2007), qui a été validée par Zikmund-Fisher et al. (2007)[7].

Dimension motivationnelle

La dimension motivationnelle comprend deux formes de motivation : la motivation intrinsèque, où l’individu s’engage dans une activité pour le plaisir et la satisfaction qu’il en retire (l’envie de la personne de se surpasser dans sa compréhension du monde qui l’entoure à l’aide de données mathématiques), et la motivation extrinsèque, où l’individu s’engage pour retirer quelque chose de plaisant ou pour éviter quelque chose de déplaisant (par exemple pour jouir d’une meilleure retraite) (Deci et Ryan, 1985)[8]. Pour développer la compétence en numératie, il est essentiel de comprendre l’origine de la motivation de l’individu.

Exemples

La numératie s’exprime dans la vie de tous les jours. En voici quelques exemples : gérer un budget, vérifier les factures, gérer le temps, calculer un pourboire, cuisiner (mesurer, convertir des mesures, ajuster une recette), comparer des prix, évaluer l’impact d’une décision gouvernementale sur son budget, comprendre l’impact d’un processus de vote, choisir un prêt hypothécaire, planifier sa retraite, estimer le montant d’une facture à l’épicerie, remplir sa déclaration fiscale, rénover sa maison (budget, plans, mesures), évaluer les risques et les bénéfices dans une prise de décision liée à la santé, développer une pensée critique envers les jeux de hasard, etc. Cette liste, incomplète, ne permet pas de rendre compte de toutes les tâches qui exigent de la numératie. Toutefois, elle nous permet d’imaginer à quel point on trouve la numératie dans différentes sphères de la vie, et ce, sans penser à tous les métiers qui nécessitent des compétences qui se rapportent à la numératie.

Une démarche pour encadrer la conceptualisation de la numératie

L’analyse de textes traitant de la numératie[9],[10],[11] a permis de la définir de plusieurs façons différentes et d'établir des points de convergence, de divergence et diverses potentialités du discours en numératie.

Une synthèse de ces définitions et de ces textes, guidée par le repérage d’éléments communs, a mené à la proposition de la définition qui est présentée ci-dessus.  

Notes et références

  1. L’évaluation des compétences des adultes : Manuel à l’usage des lecteurs, Relation entre l’évaluation des compétences des adultes (PIAAC) et le programme international pour le suivi des acquis des élèves (PISA), Éditions OCDE, Paris, 2014
  2. A. Fagerlin, B. J. Zikmund-Fisher, P. A. Ubel, A. Jankovic, H. A. Derry, D. M. Smith, Measuring numeracy without a math test: Development of the subjective numeracy scale (SNS), Medical Decision Making, 27, 2007, 672-680.
  3. P. Jonnaert, J. Koudgobo, Une numéracie pour la construction de connaissances opératoires en mathématiques par les personnes moins performantes : perspectives pour le développement d’un continuum, Observatoires des réformes en éducation, UQAM, Montréal, 2004.
  4. L. Ginsburg, M. Manly, J. Schmitt, The components of numeracy, National Center for the Study of Adult Learning and Literacy, 2006 pdf
  5. « Test de numératie », sur Les tests de numératie expliqués (consulté le )
  6. M. Saboya, Réflexions autour de la formation initiale des futurs enseignants du secondaire : la place du « contrôle », Communication présentée au Colloque du GDM, Moncton, Nouveau-Brunswick, 2010.
  7. B. J. Zikmund-Fisher, D. M. Smith, P. A. Ubel, A. Fagerlin, Validation of the subjective numeracy scale (SNS): Effects of low numeracy on comprehension of risk communications and utility elicitations, Medical Decision Making, 27, 2007, 663-671.
  8. E. L. Deci, R. M. Ryan, Intrinsic motivation and self-determination in human behavior, New-York: Plenum, 1985.
  9. B. Johnston, K. Yasukawa, Numeracy: Negotiating the world through mathematics. In B. Atweh, H. Forgaszm, & B. Nebres (Eds.), Sociocultural research on mathematics education: An international perspective, New Jersey: Lawrence Erlbaum Associates, 2001, p. 279–294.
  10. L. A. Steen, Literacy in America, American Academy of Arts & Sciences, 1990, p. 211-231.
  11. D. Coben, Introduction to section 1: Perspectives on research on adults learning. In D. Coben, J. O’Donoghue, & G. E. Fitzsimons (Eds.), Perspectives on adults learning mathematics: Research and practice, Dordrecht, the Netherlands: Kluwer Academic Publishers, 2000, p. 47-51.

Voir aussi

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