Numérisation de l'enseignement

L’avènement du numérique à l’école

La numérisation de l’éducation, au-delà d’être une thématique et un terrain d’action majeurs des relations internationales, demeure un sujet de société prépondérant qui touche un nombre croissant d’individus, sur tous les continents. Le 5 juillet 2019, lors de la ministérielle de l’Éducation et du Développement, réunion préparatoire du G7 - dont le sommet s’est déroulé à Biarritz, fin août, sous le patronage d’Emmanuel Macron - qui s’est tenu au siège de l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) à Paris, Audrey Azoulay, directrice générale de cet organe onusien, a déclaré qu’il est nécessaire d’« innover pour émanciper les filles et les femmes par l’éducation » en s’appuyant sur « la durée et la qualité » de l’enseignement. Ces innovations, ce renouvellement des méthodes d’apprentissage et d’enseignement peuvent passer, entre autres, par la numérisation de ceux-ci. En témoignent, d’ailleurs, les actions menées par l’UNESCO sur le continent africain : les concours Miss Science et Miss Mathématique organisés au Sénégal et au Mali invitent « les filles à poursuivre leurs études dans les matières STEM [Sciences, Technologie, Ingénierie & Mathématiques] » pour remédier à la « faible participation des filles et leurs faibles résultats d’apprentissage » dans ces disciplines scientifiques, selon le rapport « Son éducation, notre avenir - Aperçus du travail de l’UNESCO » de 2019. Ces concours ont connu un succès majeur et sont organisés, chaque année, dans ces pays. Ces actions s’inscrivent donc dans la révolution numérique de grande ampleur à laquelle notre monde assiste au profit du combat contre les inégalités et d’un accès plus aisé au savoir.

Cette révolution technologique transforme également les pays développés. De nos jours[Quand ?], ajoutons qu’aussi bien dans le primaire que dans le secondaire, en France, l’éducation devient progressivement numérisée et les manuels scolaires, utilisés auparavant par les précédentes générations, sont délaissés au profit de tablettes, de vidéo-projecteurs et plus étonnant encore, d’ordinateurs portables. Tous ces outils informatiques, censés améliorer l’attention ainsi que la captivité des élèves, s’inscrivent dans cette transformation pédagogique et numérique de l’éducation. Cette dernière a été entreprise à partir de 2015 par le gouvernement du quinquennat précédent, à travers « Le Plan numérique pour l’éducation » ou autrement appelée « La transition numérique de l’enseignement ». Ainsi, il s’agit pour l’État de renforcer les liens entre l’éducation et la société du numérique en donnant aux élèves les outils leur permettant de faire face aux défis et transformations du XXIème siècle et du futur.

Apprentissage 2.0 : L'introduction du numérique dans le système scolaire

L’efficacité du numérique dans l’éducation

Tout d’abord, il convient d’aborder l’efficacité du numérique dans l’éducation. L’un des avantages concerne le poids des cartables scolaire. Désormais, le cartable numérique (tablettes, ordinateurs…), plus léger, a été la solution pour l’éducation nationale pour remédier au long débat sur le poids de cartable des enfants. Ce cartable numérique dispose de possibilité de partage et d’accès à des documents, des contenus variés. Aussi, le numérique sert à cibler les cas spécifiques pour mieux y répondre. D’une part, le numérique permet aussi de rattraper plus aisément les cours manqués par des élèves malades ou souffrant de handicap physique ou mentale grâce à des sites de partage des cours dédiés pour l’occasion. D’autre part, elle permet l’individualisation de l’apprentissage. D’après l’experte en nouvelles technologies Vawn Himmelsbach, les outils numériques ont la capacité de personnaliser les programmes puisque chaque personne peut apprendre à son rythme suivant ses compétences propres[1] . L’utilisation de quizz et sondages serait l’occasion de faire participer les élèves habituellement timides.

En outre, les outils numériques ont un impact sur la bonne mémorisation et motivation des élèves. D’après l’étude Learning in One-to-One Laptop Environments[2], cela augmente « la créativité, l’autonomie et le plus important le plaisir d’apprendre c’est-à-dire cette envie d’être présent ». L’école numérique est davantage stimulante pour les élèves car les outils sont plus dynamiques par des interactions enseignant-cours et élèves-cours plus originales qu’auparavant. L’élève n’est pas qu’un simple récepteur du cours mais il en devient aussi acteur, ce qui lui permettra de plus s’impliquer et maîtriser les leçons plus facilement. En effet, les supports visuels (écrans) stimulent plus la mémoire visuelle des étudiants. Cela explique pourquoi la tâche est plus captivante et agréable à réaliser. Aussi, ces outils permettent de faire varier les travaux et les tâches car il est possible de planifier des activités plurielles. En effet, ces supports donnent accès à des vidéos, permettent de préparer des travaux de groupes ainsi que des présentations d’exposés des élèves.

Enfin, les outils numériques[3] constituent un gain de temps précieux. C’est le cas de diverses applications rendant la tâche facile aux enseignants grâce à une gestion de temps optimisée. Certaines évaluations, par exemple, se corrigent plus facilement car l’application se charge de la corriger automatiquement, et ce, plusieurs fois. L’application est devenue le collègue du professeur[4]. Par ailleurs, en plus de la correction, les professeurs peuvent déléguer le rôle de la réalisation des évaluations grâce à des applications offrant une multitude d’exercices déjà préparée mais aussi remplir, en ligne, des formulaires administratifs.

Les impacts négatifs sur tous les élèves, quel que soit leur classe sociale ou handicap

D’abord, l’utilisation excessive des outils pourra pénaliser à l’avenir les élèves dans des compétences où il n’en faut pas. En effet, les informations manuscrites sont mieux assimilées que celles qui sont « tapuscrites » car l’apprentissage sera plus facile grâce à la rédaction à la main que par un ordinateur. Il est primordial que les enfants entretiennent l’écriture à la main car les outils informatiques ne seront pas toujours présents comme lors des examens qui se réalisent à l’écrit. De ce fait, la prise de note doit continuer à être une habitude. A cela s’ajoute, l’OCDE affirmant 3 dans un rapport que « les pays qui ont entamé une informatisation rapide de l’éducation obtiennent des résultats décevants » : Les résultats des jeunes sont moins bons.

De plus, les outils numériques sont sans aucun doute des sources de distraction pour les élèves impactant leur attention et concentration[5] . Les enfants parviennent moins à agréger les informations lorsqu’ils sont devant un ordinateur. Aujourd’hui les appareils connectés multitâches ont un effet sur notre capacité de concentration et d’étude. Il faudrait restreindre l’accès aux élèves afin de les circonscrire au domaine étudié mais les résultats sont limités. Dans la même veine, une étude parue dans le Le Point expliquait que les outils technologiques ont un impact sur la charge de travail des élèves (de la maternelle à l’enseignement supérieur). En effet, l’étude révèle un écart entre le temps investi réellement et le temps perçu : 59% des élèves pensent gagner du temps et 33% pensent l’inverse[6]. En réalité, cela leur demande plus de temps mais ils n’y sont pas conscients.

En termes d’investissement, les outils technologiques sont moins rentables que les manuels. Les investissements ne font qu’augmenter, l’État dépense des millions pour les équipements pédagogiques, la formation des enseignants et pour l’accès au débit. En se penchant sur ses chiffres exorbitants, il est préférable de continuer avec des manuels scolaires dont l’investissement se réalise en une fois[7]. Pour finir, le professeur seront plus mis à contribution contrairement à ce qui disent que sa présence est indispensable. Leur rôle deviendra plus chargé désormais car il faut intervenir pour aider les élèves face à des outils dont le fonctionnement est complexe. Ainsi, l’augmentation des outils technologiques et le manque de soutien technique provoquent une multiplication des tâches : préparation des contenus de cours, des présentations, vidéos, recherche et préparation d’informations pour les contenus de cours, des vidéos, présentations… Ces tâches se compliquent lorsqu’ils sont confrontés lors de problèmes techniques (pannes informatiques obligeant les professeurs à prévoir un plan B, des applications incompatibles) ou encore la gestion à la fois des plateformes (Moodle, Pluriportail...). Autant de choses qui obligent les professeurs à allonger le travail en dehors des heures car le temps d’appropriation des ressources pédagogiques est très fastidieux. Cela s’explique par un manque de formation des professeurs. En effet, d’après une étude du Sud-Ouest, les livraisons d’outils informatiques n’ont pas été accompagnées d’un suivi des professeurs.

Enjeux et défis de la numérisation de l’école

Le premier est l’enjeu démocratique par des compétences originales à développer. En effet, France Stratégie a révélé que de nombreux jeunes font l’objet d’un manque de maîtrise de compétences basiques leur permettant de continuer dans les études supérieures, ou encore « des compétences « génériques, servant à soutenir leur capacité de mobilité des individus face aux évolutions incertaines de l’emploi ». De fait, l’objectif serait de développer leur capacité à gérer et traiter le flux d’informations abondant, l’esprit critique, l’esprit d’entraide, la créativité ainsi qu’une autonomie de l’apprentissage… Autant de compétences transversales à promouvoir pour leur permettre de s’émanciper plus dans ce monde numérique offrant de nombreuses opportunités (l’interaction, coopération, créativité). Cela étant, on ne peut pas simplement leur donner des tablettes, il faut que l’ensemble des élèves (toutes origines sociales confondues) en bénéficie. Ainsi, il faudrait alors les accompagner, dès l’école primaire à s’approprier et comprendre ces environnements et leurs enjeux. C’est pourquoi l’apprentissage des médias et de l’information au lycée est obligatoire depuis la loi d’orientation et de programmation (2013). Cette éducation est désormais inscrite dans tous les programmes de la scolarité obligatoire et du lycée. Le second défi est celui de l’égalité. La question serait de savoir si le numérique pourra apporter des solutions à de nombreux défis : lutter contre le décrochage scolaire et les inégalités scolaire liées aux origines sociales, apprendre aux jeunes à se protéger face à l’exploitation[4] des données personnelles. Pour ses détracteurs, le numérique peut être vu comme un danger d’aggraver les écarts sociaux. En effet, ils dénoncent le risque de « la surcharge cognitive », ou encore l’accentuation des stéréotypes liée au fait que certaines familles n’ont ni le recul critique ni le bagage culturel nécessaires. A l’inverse, les partisans du numérique à l’école pense que cet argument constitue une raison pour que l’école puisse s’occuper de « la formation des esprits », en transformant ses programmes, les méthodes de travail, les contenus des cours à faire acquérir aux jeunes.

Pour répondre à l’enjeu démocratique et égalité, l’enjeu de la formation des professeurs est très important. Même si les élèves ont désormais des cours au lycée, c’est plus ou moins le cas chez les professeurs alors même qu’ils sont principaux acteurs scolaires. Pour cela, des réseaux d’enseignement numérique voient le jour et se développent. De nombreux enseignants innovent dans leur manière d’enseigner ; s’approprient les supports pédagogiques et les agrègent à d’autres ressources pédagogiques.[8] D’autres enseignants ont décidé de s’auto-former au fur et à mesure à travers des plateformes comme MOOC, Viaéduc (réseaux d’enseignement fondés par CANOPE) donnant accès à des tutoriels, mais aussi Apple Distinguished Educators (ADE) constitué de qui diffusent leur savoir-faire pour la promotion de l’innovation dans les pratiques pédagogiques. Hélas, malgré le foisonnement de plateformes d’enseignement, celle-ci sont très demandé par les enseignants et les inscriptions arrivent vite à saturation pour les milliers de professeurs qui postulent. Le défi serait, dès lors, pour l’éducation Nationale de rendre un peu plus accès aux formations pour tous les professeurs.

La transformation de l’école républicaine face aux inégalités du numérique

La problématique de la fracture numérique

Le sujet de la numérisation de l’école ne peut pas certainement être traité sans aborder le sujet de la Fracture numérique au sein de la société française. Internet, se présentait lors de son émergence dans les foyers, durant les années 90 et au début des années 2000, comme étant un puits de savoirs et de connaissances illimités et pouvant être accessibles à l’ensemble de la population. Aujourd’hui, les résultats semblent contredire cette idée qui était généralement défendu par les grands acteurs dans le marché et monde des technologies de l’information et de la communication (TIC). La « fracture numérique », qui affecte une grande partie de la population, semble être un frein dans l’accès et l’acquisition des informations et des savoirs via les outils informatiques.

Malgré l’augmentation exponentielle des outils numériques et technologiques au sein de foyers français, cela ne veut pas forcément dire que l’ensemble de la population utilise de la même manière et trouve une même utilité à internet. La fracture numérique se définit selon Wikipédia comme une description des inégalités dans les technologies d’information et de la communication leur utilisation et leur impact. Les experts dans le sujet ont identifié en général deux niveaux de fracture numérique : l’accès (fracture de premier degré) et l’usage (facture de second degré). Aujourd’hui, les plus grands enjeux de la fracture numérique sont liés à une méconnaissance de l’utilité et l’utilisation des appareils informatiques (l’illectronisme). L’illectronisme est un nouveau mot, dérivé de la contraction de l'analphabétisme et du concept d'électronique. Environ 11 millions de personnes, soit près d’un quart de la population totale, souffre de l’illectronisme.

Le concept de « digital native » — enfant du numérique — du concepteur des vidéos jeux américain Marc Prensky, laisse entendre que l’ensemble des jeunes générations sont doués à l’utilisation des outils informatiques et que cela serait des compétences innées. Même si 98% des jeunes sont équipés d’un ordinateur et sont ceux sont les plus exposés aux écrans, les sociologues et les conclusions des nombreuses études insistent sur la nécessité de faire le discernement entre l’accès et l’usage.

Le capital culturel et l’origine sociale, sont les principaux facteurs des disparités et des inégalités dans la maîtrise correcte des outils numériques par les jeunes dans le cadre scolaire. Des travaux effectués par plusieurs sociologues arrivent à la conclusion selon laquelle le milieu social définit la capacité et l’utilisation des outils numériques. Éric George, chercheur en sociologie de la communication expose que « 72% des utilisateurs d’internet en milieu ouvrier ont un objectif de divertissement, contre 36% seulement chez les cadres supérieurs »[9]. Ces résultats font comprendre que les jeunes issus de milieux populaires savent jouer sur internet, télécharger des applications et utiliser les réseaux sociaux. Sans doute, les difficultés se présentent lorsqu’il est demandé à ces mêmes jeunes de faire un usage scolaire des outils numériques, leurs impuissance et incapacité est similaire voire plus importante que lorsqu’ils se trouvent devant un cahier ou un manuel. Pourtant, les classes populaires, sont celles qui disposent le plus, d’au moins un appareil de communication—environ 87% des élèves en réseau d’éducation prioritaire affirment avoir un ordinateur, 98% affirment avoir le wifi chez eux, 80% une tablette et 86% affirment disposer d’un téléphone dont 94% d’un smartphone[10]. Le gouvernement et les collectivités territoriales, ont continué à équiper ces élèves, environ 92% des élèves affirmait avoir en classe un ordinateur avec un projecteur et 80% des tableaux blancs interactifs. On constate que les élèves originaires de milieux modestes sont suréquipés, des appareils et gadgets numériques. Selon la directrice déléguée de l’Afev, Eunice Mangado, aujourd’hui la fracture ne serai plus lié à l’équipement, mais à l’utilisation. Elle évoque notamment l’exemple de la recherche d’un stage au collège, les élèves vont se limiter à taper sur Google quelques mots, qui donneront une multitude de résultats qui ne répondent finalement à leurs recherches et qui pourrait même leur mettre en difficulté[11].

Une importante dotation des écoles des instruments numériques, sans pour autant un accompagnement et suivi qui permet leurs bonnes utilisations dans le cadre scolaire, peut conduire à creuser davantage les inégalités entre les élèves. Notamment “en termes d'usages, entre ceux qui ont les codes, une utilisation pour des recherches documentaires, un outil de plus dans leur bagage culturel, et ceux qui n'ont pas les codes’’ malheureusement “celui qui le maîtrise pleinement en fait un outil efficace pour son insertion, mais celui qui ne le maîtrise pas est encore plus éloigné qu'il y cinq ou dix ans’’ comme le souligne Christophe Paris, directeur général de l’Afev[11].

Le numérique, une culture à part entière

Le numérique ne se limite pas uniquement à être un outil, c’est devenu une culture à part entière. Le milieu familial et le rôle de parents influe beaucoup sur la perception de cette culture numérique. En premier lieu, la perception que les parents vont avoir sur les technologies d’information et de communication, affecte aussi dans la perception que les enfants auront de ces outils. Dans les familles à un capital culturel élevé, on va privilégier les outils numériques pour une utilisation pédagogique, encadrée et limitée alors que dans les familles avec un faible capital culturel, il est difficile pour eux de repérer ou utiliser les possibles contenus pédagogiques. Certains chercheurs tel que Nicolas Roland ont démontré que ceux qui tirent le plus profit de pédagogies provenant dans la culture numérique (Classes, inversés, Mooc…) sont ceux qui sont déjà les plus riches et fournis au sein du cadre familiale en « compétences de littératie médiatique, capacités d’autorégulation et d’esprit critique ». L’enseignement numérique à besoin aussi d’un suivi permanent de la part des parents au même titre que l’enseignement traditionnel. Philipe Bilhouix, ancien professeur et auteur de l’essai, Le désastre de l’école numérique, explique que par exemple, dans le cadre de la « classe inversée », où il s’agit de visionner une vidéo à la maison, puis de consacrer le cours lui-même à des approfondissements ou des exercices. Tous les élèves ne regarderont pas la vidéo de la même façon : certains seront concentrés, accompagnés par leurs parents ; d’autres la regarderont d’un œil, en surfant en parallèle sur les réseaux sociaux »[12].

À ce problème s’ajoute celui de la communication entre les établissements et les parents d’élèves. Nombreux sont les établissements scolaires qui optent désormais pour la dématérialisation des informations liés à la scolarité (bulletins, absences, notes…). Bien qu’elle permette un suivi plus détaillé et en temps réel de la scolarité des élèves, pour les parents souffrant de la fracture numérique et plus particulièrement de l’illectronisme, ce changement représente un nouvel obstacle entre eux et le corps éducatif. « Pour eux, le mail est un instrument de torture et ce, d’autant plus qu’il est l’outil de l’injonction administrative », explique la sociologue Dominique Pasquier. La dématérialisation des démarches et suivis scolaires peut aussi contribuer à l’accentuation des inégalités sociales, puisque ces parents se verront en grande difficulté pour effectuer la demande d’une aide sociale, suivre les frais de demi-pension, etc. Le recours aux logiciels d’environnements numériques de travail (ENT), peut contribuer à renforcer l’exclusion de certains parents dans la vie scolaire de leurs enfants et risque d’augmenter les inégalités déjà très remarquables dans ce contexte de dématérialisation administrative.

Les enseignants face aux inégalités de la numérisation de l’école

Les enseignants se trouvent aussi confrontés aux inégalités dans cette numérisation de l’école. Ils sont nombreux à critiquer le manque d’accompagnement de la part de l’État quant à l’utilisation et à la création des outils et instruments pédagogiques. La transformation pédagogique, semble être pour certains professeurs un moyen de creuser les inégalités entre les élèves. Notamment, car les professeurs qui se voient attribuer des nouveaux outils informatiques manquent aussi de formation et d’accompagnement. Les références numériques, censés accompagner les professeurs dans la dématérialisation de l’enseignement, manquent énormément.

Certains professeurs estiment que le suréquipement des élèves en outils numériques peut aller à l’encontre d’un bon exercice de leur métier. L’abondance des instruments et outils informatiques et technologique ne veut pas forcément dire pour eux qu’elle soit adaptée aux véritables problèmes des élèves. Stéphanie de Vanssay, conseillère nationale sur le numérique au syndicat UNSA-Education affirme qu’il n’est pas pertinent d’équiper chaque étudiant. Pour elle, il faudrait plutôt “ adapter le matériel en fonction des projets des enseignants. Tous n’ont pas besoin d’un tableau interactif, appareil très onéreux’[13]’. De plus, les syndicats de professeurs dénoncent aussi que les équipements varient beaucoup d’une collectivité à une autre. « Les communes n’ont pas toutes les mêmes moyens, et on se retrouve avec de grandes inégalités entre les écoles »[13], alerte Stéphanie de Vanssay. Sans ajouter les problèmes de connexion qui rencontrent les zones isolées et les territoires outre-mer qui disposent des infrastructures numériques moins développés.

Ces nombreuses problématiques mettent en avant la complexité du monde numérique et la nécessité donc de se pencher davantage sur la question des inégalités afin de déconstruire le mythe de « digital natives ». Les inégalités scolaires en matière d’accès et utilisation des outils numériques, n’affectent pas seulement l’éducation et l’apprentissage des élèves mais aussi leur future vie civique du fait de la dématérialisation des services publics.

Les conséquences sanitaires et humaines de l’utilisation des outils numériques

En 2015, François Hollande, présente le grand plan numérique. Ce dernier fait partie d’un des 34 plans qui permettrait à la France de se moderniser. Le grand plan numérique en particulier se donne pour objectif, de lutter contre les maux que connaît l’École française, notamment, le décrochage scolaire, et les inégalités sociales. Pour reprendre les termes de François Hollande, les outils numériques que sont les tablettes, les ordinateurs, rendraient l’école plus attrayante. Leur introduction au sein des écoles repose sur plusieurs postulats, qui, dans leur ensemble les présentent comme sans danger pour l’apprentissage, la santé et, la sociabilité des apprenants. Il s’agit de montrer comment ils peuvent être déconstruits.

Déconstruire le postulat de l’utilisation des outils numériques comme élément de motivation et de performances éducatives

Déconstruire le postulat selon lequel l’utilisation des outils numériques motivent les élèves et leur permet de réaliser de meilleures performances d’apprentissage. L’introduction du numérique au sein des écoles, repose sur le postulat qu’il y aurait une corrélation positive claire entre l’utilisation d’outils numériques et de meilleures performances d’apprentissage. Une première étude menée par Moran et Gaya (2015)[14] montre que deux facteurs peuvent motiver l’utilisation de l’outil numérique, l’utilisabilité de l’outil numérique est-elle aisée ou non, et l’utilité, l’outil numérique permet-il d’atteindre les objectifs d’apprentissage que s’est fixé l’élève, les a-t-il atteints plus rapidement ? La façon dont est perçue l’outil numérique détermine l’utilisation qui en est faite et elle varie. Cela signifie que l’outil numérique ne permet pas systématiquement à l’élève de mieux apprendre. L’Étude Pécoste (2014)[15] montre que la motivation des élèves dépend des tâches qu’il leur est demandé d’effectuer, si elle est complexe et que l’élève est novice en nouvelle technologie l’outil numérique est perçu comme inutile et ne lui permet pas de mieux apprendre. Deux études, l'étude Campigotto, Mc Ewens et Demmans EPP (2013)[16] et celle de Ferrer (2011)[17] , se sont intéressées aux effets des tablettes sur les performances d’apprentissage. Elles concluent respectivement que le caractère intuitif et tactile de la tablette, intéresse particulièrement les élèves et qu’elles améliorent les performances d’apprentissages des élèves. Néanmoins, il est reproché à ses études de surévaluer le rôle de la tablette dans l’obtention de meilleurs résultats. Cette surévaluation trouve son explication dans le paradoxe performance, soulevé par Sung et Mayer[18] dans le cadre de leur étude. Les élèves pourraient avoir une préférence pour les outils numériques, sans qu’ils n’améliorent pas leurs performances d’apprentissage. L’ensemble des études réalisées par des chercheurs montrent qu’il n’y a pas de corrélation positive avérée entre l’usage d’outils numérique et de meilleures performances en apprentissage.

Déconstruire le postulat selon lequel les outils numériques n’auraient pas d’effets néfastes sur la santé.

À première vue, introduire le numérique au sein des écoles ne nuirait pas à pas la santé des apprenants. Selon le rapport de l’académie des Sciences (2013)[19], le numérique n’est pas dangereux pour la santé. En réalité, ce rapport fait partie des rares rapports qui concluent que le numérique n’est pas dangereux pour la santé et qu’il permet de développer des capacités cognitives. En effet, la majorité des études menées sur le sujet, au total 1459[20], révèlent que les outils numériques ont un effet néfaste sur les capacités cognitives, sont addictifs et altèrent la vue des utilisateurs.

En 2018, l’enquête Médiamétrie[21] révèle que les foyers comptent 5,6 écrans en moyenne, les enfants de 8 à 12 ans y sont exposés 4,36 heures par jour en moyenne. Ces derniers sont donc relativement exposés aux écrans au sein des foyers et ils le seraient d’avantage s’ils utilisaient des outils numériques durant leurs journées d’école. Cette surexposition est problématique, car la multiplication des écrans est d’affecter négativement les capacités cognitives. L’enquête réalisée par un groupe de chercheurs sur un groupe de 11 000 enfants au sein des instituts nationaux américains de la santé, appelés NIH (2018)[22], révèle que l’exposition des enfants aux écrans affecte le développement de leurs cerveaux.

Ceux qui y sont les plus exposés présentent un amincissement des zones préfrontales du cerveau, ce sont les zones où sont situées les différentes fonctions cognitives, le langage, le raisonnement, la mémoire notamment. Les études Jama pediatric (2019)[23] et Lancet Child and Adolescent Health (2018)[24], présentent des résultats similaires. Par ailleurs, les données obtenues lors de la réalisation de notre enquête de terrain, tendent à montrer que les outils numériques sont des facteurs de déconcentration, 84 % des élèves déclarent que les outils numériques ne leur ont pas permis d’être plus attentifs en cours. Les différentes études publiées, concluent que les outils numériques nuisent aux capacités cognitives des élèves. Cela ne serait pas leur seul effet néfaste, ils provoqueraient également, des addictions, c’est-à-dire selon l’OMS, des “troubles d’usage d’Internet des dispositifs similaires ». Aussi, des études révèlent que les enfants exposés aux outils numériques, notamment aux tablettes et aux ordinateurs, présentent des symptômes identiques à ceux observés chez les personnes en situation de dépendance. C’est à dire que l’exposition aux écrans provoque d’abord une modification du système de récompense, de la dopamine est sécrétée, et cela provoque un apaisement suivi d’un manque, et d’une recherche de solution pour s'apaiser, ici, se servir de nouveau de l’outil numérique. Enfin, les outils numériques présentent un risque ophtalmologique. Depuis 2011, les études portant sur d’éventuels effets négatifs des écrans, se sont multipliées. Elles s’intéressent particulièrement, aux effets que peuvent produire les diodes électroluminescentes appelées également led, sur la vue des enfants. En 2019, le rapport de l’agence nationale de sécurité alimentaire confirme les risques soulevés lors de son précédent rapport en 2010. Les led, émettent des bleus toxiques qui d’abord retardent l’endormissement, Ils maintiennent le cerveau en éveille. Le deuxième risque soulevé par le rapport de l’ANSES est lié à la dégénérescence de la rétine, semblable à celle que produit l’âge. Elle est endommagée par la lumière bleu, et l’exposition permanente aux écrans l’empêche de se régénérer.

Déconstruire le postulat d’une discontinuité entre le monde virtuel et le monde réel

Les outils numériques permettent l’accès au monde virtuel et en cela, sont perçus comme des outils permettant de tisser des liens, de se sociabiliser. L’étude réalisée par Dagnaud en 2013[25] les qualifie d’éléments précieux en ce qu’ils permettent aux enfants et aux jeunes adultes, de se détacher des adultes et de continuer à faire partie d’un groupe. En ce sens, il est difficile d’imaginer le virtuel, dont l’accès est permis par les outils numériques, puisse être un lieu où s’exerce une violence qui affecte les élèves sur le plan mental et scolaire. Les violences ne sont pas apparues avec le développement des outils numériques et d’Internet, elles existaient déjà, néanmoins, elles prennent une nouvelle ampleur, et se caractérisent de manière différente. Aujourd’hui elle concernerait 50 % des élèves d’après l’étude réalisée par Olweus et Limber (2018)[26]. Néanmoins, elle est difficile à mesurer. D'abord, parce que les chercheurs ne s’accordent pas sur ce qui l’a, caractérise. L’étude Van Cleemput publiée en 2008[27], propose le critère d’intentionnalité pour la définir. Celle réalisée en 2013 par Catherine Blaya[28], en propose un autre ; le déséquilibre de pouvoir, mais selon l’étude Hutson, ce critère n’est pas pertinent. Enfin, certains chercheurs se posent la question de savoir si la répétition des violences est un critère pertinent. Catherine Blaya dans son étude intitulée les ados dans le cyberespace, propose une autre définition, qui permettrait de mesurer ses violences, elle les qualifie de cyber-violences et les définit comme des “agressions au moyen d’outils de communication électroniques, n’ayant pas nécessairement un caractère répétitif et ne s’inscrivant pas forcément dans la durée”. Cette définition permet de saisir la spécificité de la violence en ligne, elle se propage, c’est à dire que, premièrement, lorsqu’un élève insulte, menace, un autre élève à l’écrit, ses propos peuvent être lues par un large public, et peuvent être partagés. Deuxièmement, ses mêmes propos violents, humiliants, peuvent être lue par l’entourage de la victime et dégrader son image. Ainsi y a-t-il une continuité entre la violence à l’école et la cyber-violence, comme le révèle l’étude menée par Georgia Macilotti (2019)[29]. L’enquête de Livingstone (2011)[30] montre également que les violences dans la réalité et dans le monde virtuel sont exercées par les mêmes élèves. Les outils numériques permettent ainsi l’exercice d’une double violence, réelle et virtuelle, celle-ci n’est pas sans conséquence. En effet, elle affecte négativement la santé mentale des victimes et leur scolarité. L’Étude Wolak (2006)[31] révèle que 30 % des victimes éprouvent de la tristesse, et 24 % d’entre elles éprouvent de la peur, ils s’isolent et sont sujets à des dépressions. Enfin, nous l’avons vu précédemment, les agresseurs sur les réseaux sociaux sont souvent les mêmes que ceux qui agissent au sein de l’école. La violence quasi-permanente subie par les victimes provoque dans 30 % des cas une baisse des résultats scolaires, qui par la suite et sur le long terme, peut aboutir à un décrochage scolaire, d’après l’étude de Holfeld et Grabe (2012)[32]

Notes et références

  1. Cynthia FLEURY, Les irremplaçables, Paris, Gallimard, , p. 217
  2. Binbin Zheng, Mark Warschauer, Chin-Hsi Lin et Chi Chang, « Learning in One-to-One Laptop Environments », Review of Educational Research, vol. 86, no 4, , p. 1052–1084 (ISSN 0034-6543 et 1935-1046, DOI 10.3102/0034654316628645, lire en ligne, consulté le )
  3. François DURPAIRE, Béatrice MABILON-BONFILS, La fin de l'école : l'ère du savoir-relation, Paris, Presses universitaires de France, (lire en ligne)
  4. Sophie PÈNE, Serge ABITEBOUL, Christine BALAGUÉ, et al., Jules Ferry 3.0. Bâtir une école créative et juste dans un monde numérique, (lire en ligne)
  5. (en) Michel LECENDREUX, Eric KONOFAL et Stephen V. FARAONE., « Prevalence of Attention Deficit Hyperactivity Disorder and Associated Features Among Children in France », Journal of Attention Disorders, (lire en ligne)
  6. Alice Pairo-Vasseur, « Le numérique à l'école : trois mythes passés au crible », sur Le Point, (consulté le )
  7. « Bruno Devauchelle : Inégalités et numérique à l'école », sur www.cafepedagogique.net (consulté le )
  8. (en) Fay SMITH, Frank HARDMAN et Steve HIGGINS, « The Impact of Interactive Whiteboards on Teacher-Pupil Interaction in the National Literacy and Numeracy Strategies », British Educational Research Journal, , vol.32 no 3. p. 443‐457 (lire en ligne)
  9. Éric George, « De la complexité des relations entre démocratie et TIC », Nouvelles pratiques sociales, vol. 21, no 1, , p. 38–51 (ISSN 0843-4468 et 1703-9312, DOI 10.7202/019357ar, lire en ligne, consulté le )
  10. La Croix, « Numérique : les collégiens des ZEP très équipés mais peu accompagnés par l’école », (consulté le )
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  12. Philippe BIHOUIX, Karine MAUVILLY, Le désastre de l’école numérique, Paris, Éditions du Seuil,
  13. « "On ne fera pas entrer les élèves dans l'ère du numérique avec une heure en salle informatique par semaine" », sur LExpress.fr, (consulté le )
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