Odysséas Androútsos

Odysséas Androútsos (en grec moderne : Οδυσσέας Ανδρούτσος), dit parfois Dysséas ou Ulysse (1788-1825) est un héros de la guerre d'indépendance grecque.

Odysséas Androútsos
Fonction
Membre de la Filikí Etería (d)
Biographie
Naissance
Décès
Sépulture
Nom dans la langue maternelle
Οδυσσέας Ανδρούτσος
Nationalités
Activités
Père
Andréas Androútsos (d)
Mère
Akribé Tsarlampá (d)
Fratrie
Tarsitsa Kammenou (d)
Conjoint
Eleni Kareli (d)
Enfant
Leonidas Androutsos (d)
Autres informations
Religion
Membre de
Conflits
Portrait, par K.Desyllas (1870)

Fils d'un klephte, il entra d'abord au service d'Ali Pacha de Janina avant de rallier l'insurrection grecque. Il fut principalement actif dans l'est de la Grèce continentale, et s'illustra par sa bravoure et son génie militaire. Il remporta ainsi la bataille du khan de Gravia en mai 1821. Accusé par la suite d'avoir pactisé avec les Turcs, il fut emprisonné en 1825 à l'Acropole d'Athènes où il fut assassiné.

Il fut l'un des plus importants capétans, ces chefs de troupes irrégulières qui jouèrent un grand rôle au cours de la révolution grecque. Comme pour plusieurs des autres chefs militaires de la période, son image est ambivalente : il est une figure héroïque dont les exploits sont exaltés, mais ses détracteurs et parfois ses anciens amis soulignent sa rapacité, sa brutalité, sa duplicité.

Famille

Il était le fils du klephte Andréas Androútsos. Il naquit sur l'île d’Ithaque.

Jeunesse

Il entra d'abord au service d'Ali Pacha de Janina, comme armatole de la région de Livadiá ; lors de la révolte de ce dernier contre l'Empire ottoman en 1820, il fut chargé de défendre la Phocide et la Béotie, mais fut rapidement chassé par les habitants de Livadia et se réfugia à Ioannina avec d'autres armatoles. Le siège ayant été mis à la ville par les Ottomans en septembre, Ali pacha les fit rapidement rejoindre le camp des assiégeants sous prétexte de se rallier à eux. Androutsos s'enfuit alors à Ithaque tandis que ses hommes désertèrent l'armée ottomane et se mirent à la harceler en coupant ses lignes de communication.

Guerre d'indépendance grecque

Khan de Gravia.

La révolution grecque éclata en mars-. Il gagna d'abord secrètement Patras vers le 1er avril, juste avant le déclenchement de l'insurrection dans la ville, mais se sachant recherché par les Turcs il gagna son ancien fief en Grèce continentale. Il s'y dissimula jusqu'à ce qu'il se fût assuré des dispositions à son égard de son ancien lieutenant Athanásios Diákos, qui avait pris la tête des insurgés dans la région, et avec lequel il était brouillé, et propagea alors la révolte en Phocide et dans la chaîne du Mont Œta[1].

Après la mort de Diakos à la bataille d'Alamana le , il s'illustra quelques jours après à la bataille du khan de Gravia, puis participa à divers combats dans la région, réoccupant les passes montagneuses après le passage des troupes d'Omer Vryonis vers la Béotie et l'Attique[2]. Il devint alors le principal chef militaire de l'est de la Grèce continentale (Roumélie orientale). Il était craint des « politiques » et s'opposa notamment au gouvernement local, l’Aréopage de Grèce orientale à partir de 1822.

Au début de 1822, il prit part à des opérations indécises en Grèce centrale, en collaboration avec Niketaras et Ypsilantis. En , il fut déchu de son commandement par le gouvernement et excommunié, à la suite du meurtre de deux envoyés du gouvernement qu'il soupçonnait de vouloir l'assassiner à l'instigation du ministre Ioannis Kolettis ; il conserva cependant le pouvoir dans la région. Il fut accusé par certains de trahison pour ne pas s'être opposé à l'avancée de Dramali Pacha vers le Péloponnèse en juillet. Après le passage de l'armée de Dramali, il réoccupa les passes et coupa les communications entre celles-ci et ses bases de Thessalie, interceptant son ravitaillement et participant ainsi à sa défaite finale en août.

Vue de l'Acropole avant la destruction des constructions post-antiques, avec le bastion d'Odyssée en bas à gauche.

Appelé par les autorités municipales pour mettre fin aux troubles qui agitaient Athènes, disputée entre plusieurs factions, il en prit le contrôle le , et fut élu chef militaire de la région le , les pouvoirs de l’Aréopage étant abolis. Il fit faire des travaux de fortifications à l'Acropole, notamment un bastion qui fut nommé en son honneur, destiné à protéger la source Clepsydre qui venait d'être redécouverte. Il confia le commandement de la forteresse à son second, Yannis Gouras[3].

En novembre, une armée ottomane envahit la région à partir de la Thessalie, reprenant le contrôle de Salona. Androutsos subit une sévère défaite à Dadi[4] le et s'enfuit de justesse. Il réussit cependant à négocier une trêve avec les généraux ottomans, sous le prétexte de se soumettre ; l'hiver arrivant, manquant de ravitaillement et désorganisés par la mort de Hursid Pacha, les Ottomans finirent par se retirer au-delà du Mont Œta, prolongeant la trêve jusqu'au printemps. Androutsos se dirigea alors vers Missolonghi ; la nouvelle de son arrivée fut l'une des raisons de la levée du siège de la ville en . De Missolonghi, il se rendit ensuite dans le Péloponnèse, pour participer à l'assemblée nationale qui devait se réunir[5].

L'Assemblée nationale d'Astros, en , le confirma dans son commandement en Roumélie orientale. L'anarchie commença à atteindre le gouvernement grec, opposant en particulier les « militaires » autour de Theódoros Kolokotrónis et du corps exécutif, et les « politiques » autour d’Aléxandros Mavrokordátos et du corps législatif. Il se réconcilia avec son ancien ennemi Théodore Négris, un des politiciens écartés du pouvoir, rival de Mavrokordátos. Il assiégea vainement Carystos en Eubée au cours de l'hiver. En avril, avec Négris, il essaya de réunir une assemblée nationale à Salona, mais celle-ci ne fut qu'une assemblée provinciale sans portée, qui se tint du au . Ils ne réussirent pas non plus à faire venir Lord Byron, qui leur envoya son compagnon Edward John Trelawny ; ce dernier devint un des fidèles d'Androutsos, qui lui fit épouser sa très jeune sœur et qui lui confia la garde de son repaire, une grotte fortifiée du Parnasse. Ses forces furent chassées d'Eubée en mai par une contre-attaque ottomane.

Il se brouilla progressivement avec Gouras, qui finit par passer dans le camp « gouvernemental » de Kolettis au cours de la seconde guerre civile de 1824.

Après la victoire de son ennemi Kolettis lors des guerres civiles, perdant son influence et acculé, Androútsos passa dans le camp ottoman en 1825, par l'intermédiaire d'Omer Vryonis (qui avait été comme lui au service d'Ali Pacha). Il fut finalement arrêté en par son ancien lieutenant Gouras et emprisonné sur l'Acropole d'Athènes, fief de ce dernier. Il y fut assassiné sur son ordre le , sa mort étant maquillée en accident lors d'une tentative d'évasion.

Notes et références

  1. Gordon, History of the Greek Revolution, T1 p. 172.
  2. Gordon, op. cit., p. 272-274.
  3. Gordon, History of the Greek Revolution, T1 p. 448-451.
  4. Actuellement Amphiclée, sur les flancs du Parnasse.
  5. Gordon, History of the Greek Revolution, T1 p. 451-453.

Annexes

Bibliographie

  • (en) An Index of events in the military history of the greek nation., Hellenic Army General Staff, Army History Directorate, Athènes, 1998. (ISBN 960-7897-27-7)
  • (el) Collectif, Ὶστορία τοῦ Ὲλληνικοῦ Ἔθνους., tome 1, volume 2, Η Ὲλληνικὴ Ἐπανάσταση., Έκδοτικὴ Άθηνῶν A.E, 1975. (ISBN 960213108X)
  • (en) David Brewer, The Greek War of Independence. The Struggle for Freedom from Ottoman Oppression and the Birth of the Modern Greek Nation., The Overlook Press, New York, 2001. (ISBN 1585673951)
  • (en) Richard Clogg, A Concise History of Greece., Cambridge U.P., 1992. (ISBN 0-521-37830-3)
  • (fr) Georges Contogeorgis, Histoire de la Grèce, Coll. Nations d’Europe, Hatier, 1992. (ISBN 2-218-03-841-2)
  • (fr) Édouard Driault et Michel Lhéritier, Histoire diplomatique de la Grèce de 1821 à nos jours., PUF, 1925-1926. Tomes 1 et 2.
  • (fr) Camille Leynadier, Histoire des Peuples et des Révolutions de l'Europe depuis 1789 jusqu'à nos jours., tome sixième Grèce, Paris, Librairie historique, 1847.
  • (en) W. A. Phillips, The War of Greek Independence. 1821 to 1833., New York, Scribner's, 1897
  • (fr) Louis-Maxime Raybaud, Mémoires sur la Grèce pour servir à l'histoire de la guerre de l'Indépendance, accompagnés de plans topographiques., Tournachon-Moulin Libraire, Paris, 1824-1825.
  • (fr) Nicolas Svoronos, Histoire de la Grèce moderne., Que Sais-Je ?, PUF, 1964.
  • (fr) Apostolos Vacalopoulos, Histoire de la Grèce moderne., Horvath, 1975. (ISBN 2-7171-0057-1)
  • (en) C. M. Woodhouse, Modern Greece. A Short History., Faber et Faber, Londres, 1999. (ISBN 0571197949)

Liens externes

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