Œnochoé

Dans la Grèce antique, une œnochoé[1] (prononciation traditionnelle : /enɔkɔe/ ; prononciation courante : /ø-/ ; du grec ancien οἰνοχόη / oinokhóē, d'οἶνος / oînos, le « vin », et χέω / khéō, « verser ») est un pichet à vin qui sert à puiser le vin dans le cratère  où il a été coupé à l'eau  avant de le servir.

Œnochoé
Œnochoé à bec tréflé du style des chèvres sauvages, Camiros (Rhodes), v. , musée du Louvre.

Évolution

Tétrobole représentant une œnochoé.

Ce type de vase se caractérise par une anse unique et une taille allant de 20 à 40 cm. On distingue classiquement plusieurs types suivant la forme de l'embouchure et de la panse. Le plus courant (type 1) possède un bec tréflé. Le type 8 ressemble aux chopes modernes, avec un corps cylindrique et une embouchure à lèvre. L'apogée de l'œnochoé se situe à la période géométrique. Elle se fait plus rare pendant la figure noire. C'est cependant sur l'œnochoé à figures rouges archaïque que se fonde cette classification, élaborée par John Beazley. L'autre type de vase à verser est l'olpè.

Œnochoé de type Schnabelkanne

Œnochoé de type Schnabelkanne[N 1][2].

Les œnochoés, également dénommée par les archéologues français « œnochoé à bec tréflé », dont les caractéristiques de type Schnabelkanne, appartiennent à la culture hallstatto-orientale. Leur production, essentiellement issue de deux ateliers artisanaux de forge celtes nord-alpins, en Bavière, l'autre dans le land autrichien de Salzbourg, s'est effectuée entre le milieu VIe siècle av. J.-C. et la fin du Ve siècle av. J.-C.[3]. Cette typologie, dont le style est emprunté à des vases de confection étrusque[4], et possédant un déterminant artisanal celtique, fait référence à un unicum (ou ensemble homogène) d’œnochoés confectionnées en bronze et dont le bec verseur est affecté d'une forme relevée. D'autre part, ces pichets sont pourvus d'une anse, d'une panse de large circonférence. En outre, lesdites œnochés affichent une physionomie à caractère anthropomorphe[5].

L'identification et la répertoriation de ces cruches métalliques a pu être établie lors d'une campagne de fouilles préventives entreprises à la fin du XIXe siècle, au sein de la commune allemande éponyme de Schnabelkanne[réf. nécessaire]. À cet effet, d'autres investigations archéologiques ont ultérieurement mis en évidence, d'autres œnochoés affichant les mêmes caractéristiques morphologiques. Dans ce cadre, les prospections scientifiques ont pu révéler un catalogue archéologique concret et abondant d'occurrences découvertes et réparties à travers l'ensemble de l'Europe continentale (occidentale, méditerranéenne et ce trale). De facto, la plupart des pichets de ce type ont été retrouvés dans une zone comprenant la Suisse et le Sud de l'Allemagne. D'autre ustensiles de ce genre ont été mis en évidence en Gaule, en Étrurie padane, et au sein des territoires celto-italiotes à culture golaseccante.

Par ailleurs, ces œnochoés ont fait l'objet d'un tout premier champ d'étude et de répertoriation, abondamment circonstancié et détaillé, paru en et réalisé par l'archéologue français Joseph Déchelette ()[6],[7],[8],[9],[10].

Images

Notes et références

Notes

  1. Le pichet ouvragé de bronze est actuellement conservé au Kelten Museum Hallein de Salzbourg, en Autriche.

Références

  1. Définitions lexicographiques et étymologiques d'« œnochoé » dans le Trésor de la langue française informatisé, sur le site du Centre national de ressources textuelles et lexicales
  2. (de) « EIN MEISERWERK KELTISCHER TOREUTIK DIE BRONZESCHNABELKANNE AUS GRAB 112 », sur site officiel du musée historique de Salzbourg, (consulté le ).
  3. (en) D. W. Harding, « The Latène earlies styles », dans D. W. Harding, The Archaeology of Celtic Art, Routledge, , 336 pages (lire en ligne), pages 38 et 39.
  4. Venceslas Kruta et Paul-Marie Duval, L'Art celtique de la période d'expansion, IVe et IIIe siècles avant notre ère : actes du colloque, Librairie Droz, (lire en ligne), pages 38 et 39.
  5. (it) Ingrid Krauskopff, « La Schnabelkanne », sur Archives Universitaires de Heidelberg, (consulté le ).
  6. Bernard Bouloumié, Les œnochoés en bronze du type "Schnabelkanne" en Italie, vol. 15, Palais Farnèse, Rome, École française de Rome, coll. « Publications de l'École française de Rome », , 362 p. (ISSN 0223-5099, lire en ligne)
  7. Jean Gran-Aymerich, « Le bucchero et les vases métalliques », dans Jean-René Jannot, Vaisselle métallique, vaisselle céramique : Productions, usages et valeurs en Étrurie, sous la direction de Jean-René Jannot., vol. Tome 97, Revue des Études Anciennes, (DOI 10.3406/rea.1995.4607, lire en ligne), chap. 1-2, pages 54 à 58
  8. (de) Veit Stürmer, « Schnabelkannen : eine Studie zur darstellenden Kunst in der minoisch-mykenischen Kultur », Bulletin de correspondance hellénique, no Supplément 11, , pages 119 à 134 (DOI 10.3406/bch.1985.5273, lire en ligne, consulté le )
  9. Dominique Briquel et Christian Landes, « Une inscription étrusque retrouvée dans les collections de la Société archéologique de Montpellier (note d'information) », Comptes rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, vol. 149e année, no 1, , page 11 (DOI 10.3406/crai.2005.22826, lire en ligne, consulté le )
  10. « Cruche de type Schnabelkanne », sur Artéfacts, encyclopédie des petits objets archéologiques, 2012-2014 (consulté le )

Voir aussi

Article connexe

Bibliographie

  • (en) Maxwell G. Kanowski, Containers of Classical Greece, Saint Lucia, University of Queensland Press,
  • (en) Gisela M. A. Richter et Marjorie J. Milne, Shapes and Names of Athenian Vases, New York, Metropolitan Museum of art,

Liens externes

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