Oleg Gordievsky

Oleg Antonovitch Gordievsky (en russe : Олег Антонович Гордиевский), né le à Moscou, est un ancien colonel du KGB. Chef de l'antenne du KGB à Londres, il fit défection pour le Royaume-Uni en juillet 1985. Il devint ainsi le transfuge le plus haut gradé du KGB.

Oleg Gordievsky
Oleg Gordievsky avec le président Ronald Reagan.
Biographie
Naissance
Nationalité
Allégeance
Formation
Activités
Diplomate, journaliste, officier de renseignement
Autres informations
Grade militaire
Distinction

Début de carrière

Fils d'un officier du KGB, éduqué au sein des jeunesses communistes, Oleg Gordievsky fit ses études au MGIMO[1], puis rejoignit les affaires étrangères[Quoi ?]. Il était en poste à Berlin-Est en , juste avant la construction du mur de Berlin. Il entra au KGB en 1963, et fut affecté à l'ambassade soviétique à Copenhague, capitale du Danemark.

Agent double

Au cours de son détachement au Danemark, Gordievsky devint désabusé quant à son travail et son pays, en particulier après l'invasion de la Tchécoslovaquie, en 1968. Ce désenchantement n'échappa pas au Secret Intelligence Service britannique, le MI6, qui envoya un agent de l'ambassade britannique prendre contact avec Gordievsky et lui proposer de devenir un agent de renseignement britannique. La valeur de la nouvelle recrue s'accrut de façon spectaculaire lorsqu'en 1982, Gordievsky fut affecté à l'ambassade soviétique à Londres en tant que résident du KGB (« rezident »), responsable de la collecte des renseignements soviétiques et de l'espionnage au Royaume-Uni.

Deux des plus importantes contributions de Gordievsky furent d'éviter le risque d'un conflit nucléaire avec l'Union soviétique, lorsque l'exercice Able Archer 83 de l'OTAN, en 1983, fut interprété par erreur par les Soviétiques comme une possible première frappe, et d'identifier Mikhaïl Gorbatchev comme le futur no 1, longtemps avant son arrivée au pouvoir.

Gordievsky reçut brusquement l'ordre de rentrer à Moscou le et fut arrêté dans la datcha de l'un de ses supérieurs. On ignore comment le double jeu de Gordievsky fut mis au jour. Aldrich Ames, un agent de la CIA, qui avait vendu des secrets au KGB, a reconnu avoir donné au KGB ce que la CIA savait de Gordievsky, mais selon lui pas avant le , c'est-à-dire après que Gordievsky a reçu l'ordre de retourner à Moscou[2].

Défection

Gordievsky fut interrogé par le KGB pendant plusieurs semaines et fut informé qu'il ne serait jamais plus envoyé en mission à l'étranger. Bien qu'ils l'eussent soupçonné d'espionnage pour une puissance étrangère, ses supérieurs ne semblaient avoir de preuve solide et, en , il fut autorisé à regagner son appartement de Moscou, où il retrouva son épouse et ses deux enfants.

Gordievsky demeura très certainement sous la surveillance du KGB, mais il réussit à informer le MI6 de sa situation. Les Britanniques réactivèrent alors un plan d'évacuation mis au point depuis de nombreuses années pour les situations d'urgence comme celle-ci.

Le , Gordievsky fit son jogging comme à son habitude, mais réussit à échapper à la surveillance du KGB et à prendre un train jusqu'à la frontière finlandaise. Là, il fut pris en charge par des voitures de l'ambassade britannique, qui le firent passer en Finlande, d'où il put gagner l'Angleterre. Gordievsky fut par la suite condamné à mort par contumace pour trahison, une condamnation qui ne fut jamais remise en cause par les autorités russes après la chute de l'URSS. Sa femme et ses enfants — en vacances en Azerbaïdjan, au moment de son évasion — furent autorisés à le rejoindre au Royaume-Uni, six ans plus tard, grâce aux pressions exercées par le gouvernement britannique, et personnellement par le Premier ministre Margaret Thatcher, au cours de ses rencontres avec Gorbatchev.

Développements récents

Gordievsky, qui a écrit plusieurs livres sur le KGB, est fréquemment cité dans les médias en tant qu'expert sur le sujet. En 1990, il fut éditeur consultant de la revue Intelligence and National Security, et il travailla pour la télévision britannique dans les années 1990, y compris pour le jeu télévisé Wanted, sur Channel 4.

Gordievsky publia une lettre dans le Daily Telegraph, le , accusant la BBC d'être « The Red Service » : « Écoutez attentivement les nuances idéologiques sur BBC Radio 4, la BBC, le BBC World Service, et vous vous rendrez compte que le communisme n'est pas une croyance en train de mourir. »

Gordievsky a été présenté dans le documentaire de PBS : Commanding Heights: The Battle for the World Economy (2002).

En 2007, une tentative d’assassinat aurait été entreprise contre Gordievsky : il perdit connaissance sans raison apparente et resta dans le coma pendant 36 heures.

Distinctions et décorations

  • Après sa défection au Royaume-Uni et sa condamnation en URSS, Gordievsky a été déchu de toutes les décorations soviétiques et de son grade militaire de colonel du KGB.
  • Le , il reçut un grade honorifique de docteur en lettres de l'université de Buckingham, une université privée, en reconnaissance des services exceptionnels rendus à la sécurité du Royaume-Uni.
  • En 2007 Gordievsky a été nommé Compagnon de l'Ordre de Saint-Michel et Saint-Georges (CMG) pour « services rendus à la sécurité du Royaume-Uni », à l'occasion de la célébration officielle de l'anniversaire de la reine (dans la liste diplomatique). Le journal The Guardian releva qu'il reçut « la même distinction que son collègue James Bond, personnage de fiction de la guerre froide ».

Publications

  • Christopher Andrew et Oleg Gordievsky, Le KGB dans le monde, 1917-1990 KGB: The Inside Story »], Paris, Fayard, , 754 p. (ISBN 2-213-02600-9)
  • (en) Christopher Andrew et Oleg Gordievsky, Instructions from the Centre : Top Secret Files from the KGB's Foreign Operations, 1975-85, Londres, Hodder & Stoughton, (ISBN 0-340-56650-7)
  • (en) Christopher Andrew et Oleg Gordievsky, Comrade Kryuchkov's Instructions : Top Secret Files on KGB Foreign Operations, 1975-85, Stanford (Californie), Stanford University Press, , 240 p. (ISBN 0-8047-2227-7 et 0-8047-2228-5) (édition américaine légèrement révisée de Instructions from the Centre)
  • (en) Christopher Andrew et Oleg Gordievsky, More Instructions from the Centre : Top Secret Files on KGB Global Operations 1975-85, Abingdon, Frank Cass Publishers, , 130 p. (ISBN 0-7146-3475-1, lire en ligne)
  • (en) Oleg Gordievsky, Next Stop Execution : The Autobiography of Oleg Gordievsky, Londres, Macmillan, , 404 p. (ISBN 0-333-62086-0)
  • (de) Jakob Andersen et Oleg Gordievsky, De Røde Spioner : KGB's operationer i Danmark fra Stalin til Jeltsin, fra Stauning til Nyrup, Copenhague, Høst & Søn, , 809 p. (ISBN 87-14-29856-2)

Notes et références

  1. Florentin Collomp, « Opération "Pimlico" », Le Figaro, 11-12 août 2018, p. 20.
  2. (en) David Wise, « Thirty Years Later, We Still Don’t Truly Know Who Betrayed These Spies », Smithsonian Magazine, (lire en ligne)

Voir aussi

Ouvrages

  • Ben Macintyre (trad. de l'anglais), L'Espion et le Traître The Spy and the Traitor »], Paris, éditions de Fallois, , 409 p. (ISBN 979-10-321-0219-0)

Émissions radiophoniques

Articles connexes

Liens externes

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