Olive Morris
Olive Elaine Morris, née le 26 juin 1952 dans la Paroisse de Sainte-Catherine en Jamaïque et morte le 12 juillet 1979 à Londres, est une dirigeante communautaire d'origine jamaïcaine basée en Grande-Bretagne. Elle milite dans les mouvements féministes, nationalistes noirs et pour les droits des squatters en Angleterre et dans le Pays de Galles durant les années 1970.
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(à 27 ans) St Thomas' Hospital |
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Militante pour les droits des femmes |
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Lambeth Archives (en) |
À l'âge de 17 ans, elle est agressée par des agents de la police métropolitaine à la suite d'un incident impliquant un diplomate nigérian à Brixton, dans le sud de Londres . Elle rejoint alors les Black Panthers britanniques et devient une personnalité communiste marxiste-léniniste et féministe radicale. Elle squatte des immeubles sur Railton Road à Brixton : l'un a accueilli la librairie Sabarr et est devenu plus tard le 121 Centre, un autre a été utilisé comme bureau par le collectif Race Today.
Morris devient une organisatrice clé du Mouvement des femmes noires au Royaume-Uni, co-fondant le Brixton Black Women's Group et l'Organisation des femmes d'ascendance africaine et asiatique à Londres. Elle poursuit son militantisme durant ses études à l'Université Victoria de Manchester. Elle s'implique dans la Manchester Black Women's Co-operative et se rend en Chine avec la Society for Anglo-Chinese Understanding (en).
Après avoir obtenu son diplôme, Morris retourne à Brixton et travaille au Brixton Community Law Centre. Elle tombe malade et reçoit un diagnostic de lymphome non hodgkinien. Elle meurt à l'âge de 27 ans.
Sa vie et son travail sont commémorés à la fois par des organisations officielles (le Lambeth Council (en) a nommé un bâtiment en son honneur) et par le groupe d'activistes Remembering Olive Collective (ROC). Ses amis et camarades la décrivent comme intrépide et dévouée à combattre l'oppression à tous les niveaux. Elle a été représentée sur le billet B£1 du Brixton Pound et figure sur des listes de femmes britanniques noires inspirantes.
Début de la vie
Olive Morris naît le 26 juin 1952 dans le village de Harewood, dans la région de St Catherine en Jamaïque[1],[2]. Ses parents sont Vincent Nathaniel Morris et Doris Lowena (née Moseley), et elle a cinq frères et sœurs. Lorsque ses parents déménagent au Royaume-Uni, elle vit d'abord avec sa grand-mère puis les rejoint dans le sud de Londres à l'âge de neuf ans. Son père est conducteur de chariot élévateur et sa mère travaille dans des usines. Elle va à l'école primaire Heathbrook (en), à l'école secondaire pour filles de Lavender Hill (en) et au collège-lycée Dick Sheppard (en) à Tulse Hill (en), mais en sort sans diplôme[1],[3],[4]. Plus tard, elle passe le General Certificate of Education - Ordinary Level (en) (équivalent du brevet français) et le General Certificate of Education - Advanced Level (équivalent du baccalauréat français). Elle suit ensuite des cours au London College of Printing (maintenant appelé London College of Communication)[1],[5].
Vie adulte et militantisme
Activisme noir britannique
À la fin des années 1960 et durant les années 1970, les activistes noir britanniques adhèrent aux discussions politiques multiethniques concernant le nationalisme noir, le classisme et l'impérialisme en Afrique, en Asie, dans les Caraïbes, ainsi qu'au Royaume-Uni[6]. Leurs objectifs primordiaux sont de trouver leur identité, leur expression culturelle et leur autonomie politique en aidant leurs propres communautés, et d'autres ayant des luttes similaires[7][8]. Malgré l'adoption de la loi sur les relations interraciales de 1965, les Afro-Caribéens, ainsi que d'autres groupes minoritaires, continuent à être victimes de racisme. L'accès au logement et à l'emploi est réduit de manière discriminatoire et les communautés noires subissent des pressions de la part de la police et de groupes fascistes tels que le Front national britannique[7]. Pour lutter contre ces problèmes, les militants britanniques noirs utilisent des stratégies anticoloniales et adoptent des formes d'expression culturelle d'inspiration africaine, en reprenant les pratiques des mouvements de libération noirs en Angola, en Érythrée, en Guinée-Bissau, au Mozambique et au Zimbabwe[9],[10]. Ils remettent aussi en question l'idée de respectabilité, par les choix qu'ils font en matière de parure, de vêtements et de coiffure[8]. Ils écoutent du reggae et de la soca des Caraïbes et de la soul des États-Unis, et se revendiquent de figures révolutionnaires internationalement connues, comme Che Guevara et Angela Davis[11]. Leur style est également influencé par le mouvement des droits civiques[12].
Morris suit ce mouvement parce qu'il lui permet d'affirmer ses racines caribéennes et sa négritude, tout en lui fournissant un moyen de lutter contre les problèmes affectant sa communauté[13]. Mesurant à peine plus d'un mètre cinquante, elle acquiert une réputation de militante féroce[14],[15]. Elle est décrite par d'autres militants comme intrépide et dévouée, refusant de rester sans rien faire et de laisser l'injustice se produire[15],[16] [17]. Oumou Longley, chercheuse en études de genre et en histoire des Noirs[18], note que l'identité de Morris est complexe : « Une femme née en Jamaïque qui a grandi en Grande-Bretagne, une squatteuse diplômée de l'université de Manchester, une femme ayant un partenaire de longue date à la peau blanche et une femme qui, pendant cette période, a eu des relations intimes avec d'autres hommes et d'autres femmes »[17]. Elle apparait délibérément androgyne[17] adoptant un « look de soul sister révolutionnaire queer »[19]. Morris fume, préfère les jeans et les T-shirts, marche pieds nus ou porte des chaussures confortables, et porte ses cheveux en afro court[19]. Ses choix stylistiques personnels remettent en question non seulement ce que signifie appartenir à la communauté britannique, mais aussi caribéenne[13],[17][20]. L'universitaire afro-américaine Tanisha C. Ford (en) observe que Morris n'est pas conforme au genre, à la manière des activistes du Student Nonviolent Coordinating Committee aux États-Unis, qui ont coupé leurs cheveux courts et sont passées du port de robes et de perles à celui de salopettes[19].
Mauvais traitements à la suite de l'incident Gomwalk
Le 15 novembre 1969, le diplomate nigérian Clement Gomwalk a été confronté à des agents de la police métropolitaine alors qu'il est garé devant le Desmond's Hip City, le premier magasin de disques noir de Brixton[21],[22]. La plaque d'immatriculation de la Mercedes-Benz qu'il conduit portant un numéro différent de celui figurant sur le disque d'immatriculation, les policiers le font sortir de la voiture et l'interrogent en vertu de la "sus law" (un pouvoir d'interpellation et de fouille), contestant qu'il soit un diplomate. Une foule se formée autour d'eux et une altercation physique a lieu[2],[21][23] Le journaliste local Ayo Martin Tajo a rédigé un compte-rendu des événements dix ans plus tard, dans lequel il affirme que Morris a traversé la foule et a tenté d'empêcher la police de frapper le diplomate, ce qui a conduit la police à l'agresser, elle et plusieurs autres personnes[24]. Selon le propre récit de Morris, publié dans le Black People's News Service (le bulletin d'information des Black Panthers britanniques), elle est arrivée après que Gomwalk ait été arrêté et emmené dans un fourgon de police[25].
La situation avec les policiers s'est aggravée après que la foule a commencé à les confronter au sujet de leur traitement brutal de Gomwalk. Morris se souvient que son ami a été traîné par la police en criant « Je n'ai rien fait » alors qu'il avait le bras cassé[26],[24]. Elle n'a pas raconté exactement comment elle s'est retrouvée impliquée, mais elle a indiqué qu'elle avait été arrêtée et ensuite battue en garde à vue. Comme elle portait des vêtements d'homme et avait les cheveux très courts, les policiers ont cru qu'elle était un jeune homme, l'un d'eux disant « She ain't no girl »[26],[24]. Selon le récit de Morris, elle est forcée de se déshabiller et est menacée de viol : « Ils m'ont tous fait enlever mon pull et mon soutien-gorge devant eux pour montrer que j'étais une fille. Un policier tenant une matraque m'a dit : « Maintenant, prouve que tu es une vraie femme ». Faisant référence à son club (matraque ou bâton), il a déclaré : « Regarde, c'est la bonne couleur et la bonne taille pour toi. Une chatte noire ! »[27]. Basil, le frère de Morris, décrit les blessures qu'elle a subie lors de l'incident, disant qu'il « pouvait à peine reconnaître son visage, ils l'ont tellement battue »[27]. Elle est condamnée à une amende de 10 £ et à une peine de trois mois de prison avec sursis pour avoir agressé un officier de police[4],[28].
Cette expérience est formatrice pour Morris, qui devient une communiste marxiste-léniniste et une féministe radicale[15],[29]. Sa politique est intersectionnelle, se concentrant sur le racisme dans le monde entier tout en étant consciente des liens avec le colonialisme, le sexisme et la discrimination de classe[30].
Black Panthers britanniques
Morris décide de faire campagne contre le harcèlement policier et rejoint la section jeunesse des Black Panthers britanniques au début des années 1970. Le groupe n'était pas affilié au Black Panther Movement des États-Unis, mais partageait son objectif d'améliorer les communautés locales[31]. Le mouvement fait la promotion du Black Power. Il rassemble des panafricains, nationalistes noirs et marxistes-léninistes[32]. Morris est présentée à Altheia Jones-LeCointe, Farrukh Dhondy et Linton Kwesi Johnson et en août 1972, elle tente de rencontrer Eldridge Cleaver, un leader du mouvement américain, en Algérie. Voyageant avec son amie Liz Obi, elle arrive seulement à se rendre jusqu'au Maroc[1],[33]. À cours d'argent, elles doivent demander au consulat britannique à Tanger de l'aide pour rentrer chez elles[34].
Au début des années 1970, il y a eu de nombreuses affaires judiciaires impliquant des activistes noirs, et portant des accusations forgées de toutes pièces[35]. Lors du procès des Mangrove Nine, les Black Panthers ont organisé des piquets de solidarité ; les accusés ont finalement été déclarés non coupables, le juge reconnaissant que les officiers de la police métropolitaine avaient des préjugés raciaux[31]. Lors du procès des Oval Four, Morris est arrêté après une échauffourée avec des officiers de police devant l'Old Bailey aux côtés de Darcus Howe et d'une autre personne. Les trois sont accusés d'voies de fait ayant causé des lésions corporelles réelles et adoptent une approche politique lors de leur procès, en demandant que les membres du jury soient noirs, issus de la classe ouvrière ou les deux. Ils font des recherches sur les antécédents du juge, John Fitzgerald Marnan, et ont découvert qu'en tant que procureur de la Couronne au Kenya, il avait poursuivi des participants au soulèvement anticolonial des Mau Mau[36]. Lorsque l'affaire est jugée en octobre 1972, les neuf policiers fournissent des témoignages contradictoires, notamment sur les chaussures que Morris portait, un point crucial puisqu'elle était accusée d'avoir donné des coups de pied à un officier[37]. Le jury l'acquitte ainsi que les autres accusés[38].
À la disparition des Black Panthers britanniques, Morris fonde le Brixton Black Women's Group avec Obi et Beverley Bryan en 1973[31]. Le collectif explore l'expérience des femmes dans le Black Panther Party et vise à fournir un espace pour les femmes asiatiques et noires afin de discuter des questions politiques et culturelles de manière plus générale[39],[40]. Il est critique du féminisme blanc, estimant que des questions telles que l'avortement et les salaires pour les travaux ménagers n'étaient pas centrales à l'expérience noire, puisque les participantes étaient plus préoccupées par la garde des enfants et l'obtention d'un salaire pour leurs travaux de nettoyage[41]. Le groupe est organisé de manière non hiérarchique; il publie le bulletin Speak Out et produit The Heart of the Race: Black Women's Lives in Britain, qui est publié par Virago Press en 1985. Trois femmes du collectif sont créditées comme auteurs parce que l'éditeur a refusé d'utiliser un nom collectif. Dédié à Morris, le livre est réédité par Verso Books en 2018[31],[40].
Squatt à Brixton
Ayant commencé à squatter des immeubles à Brixton pour des raisons de besoin de logement, Morris en vient à considérer l'occupation comme un moyen d'établir des projets politiques[7]. Le squat a permis au Brixton Black Women's Group de rester autonome par rapport au mouvement plus large de libération des femmes en Angleterre[42]. En 1973, Morris squatte le 121 Railton Road avec Liz Obi. Lorsque des ouvriers sont entrés par effraction et ont emporté leurs biens, Morris et Obi ont rapidement re-squatté la maison et conclu un accord avec l'agent immobilier. S'adressant au quotidien londonien The Evening Standard, Morris déclare : « les prix des appartements et des studios sont trop élevés pour moi »[1],[43]. Le service consultatif pour les squatters a utilisé une photographie de Morris escaladant le mur du fond du squat sur la couverture de son manuel des squatters 1979 [44]. Le bâtiment est devenu une plaque tournante de l'activisme politique, accueillant des groupes communautaires tels que les Black People against State Harassment et le Brixton Black Women's Group[1],[31]. La librairie Sabarr est créé par un groupe d'hommes et de femmes noirs locaux, dont Morris, et grâce à elle, les activistes ont pu travailler avec les écoles afin de fournir du matériel de lecture sur l'histoire des Noirs pour un programme scolaire plus diversifié[7],[45] :181. Morris et Obi ont ensuite déménagé dans un autre squat au 65 Railton Road[46].
Le squat 121 devient plus tard un centre social anarchiste autogéré connu sous le nom de Centre 121, qui a existé jusqu'en 1999. L'anthropologue Faye V. Harrison a vécu avec Morris et sa sœur au milieu des années 1970. Elle a rappelé plus tard que Morris considérait le logement comme un droit de l'homme et le squat comme une action directe pour fournir un abri, elle tenait donc à encourager d'autres personnes à squatter[44]. Morris est également impliqué dans le collectif Race Today, qui comprend Farrukh Dhondy, Leila Hassan, Darcus Howe et Gus John . Lorsqu'il s'est séparé de l' Institute of Race Relations en 1974, elle l'aide à trouver une base dans les squats de Brixton[47],[48]. Les bureaux sont finalement situés au 165-167 Railton Road, où le collectif produit le magazine et tient des séances de discussion au sous-sol[49],[48]. CLR James vivait au dernier étage de l'immeuble[50]. Les bureaux devinrent plus tard le Brixton Advice Centre[48].
Manchester
Morris étudie l'économie et les sciences sociales à l' Université Victoria de Manchester de 1975 à 1978[51]. Elle s'intègre rapidement aux organisations politiques de base de Moss Side, cofondant le Black Women's Mutual Aid Group et rencontrant des activistes locaux tels que Kath Locke et Elouise Edwards[52],[53]. Locke avait créé la Manchester Black Women's Co-operative (MBWC) en 1975 avec Coca Clarke et Ada Phillips. Morris s'implique dans le groupe et les membres ont rappelé plus tard sa vigueur[54]. Elle fait également campagne contre les projets de l'université d'augmenter les frais de scolarité pour les étudiants étrangers[30]. Après sa mort, la MWBC est dissoute en raison d'une mauvaise gestion financière et s'est reformée sous le nom de Abasindi Women's Co-operative . Depuis sa base dans le Moss Side People's Centre, Abasindi organise des activités éducatives, culturelles et politiques sans aucun financement public[52],[55],[56].
Morris contribue à la création d'une école supplémentaire après avoir fait campagne auprès des parents noirs locaux pour obtenir une meilleure offre éducative pour leurs enfants, et d'une librairie noire[57]. Dans le cadre de sa perspective internationaliste, elle participe au National Co-ordinating Committee of Overseas Students et voyage en Italie et en Irlande du Nord[57]. En 1977, elle se rend en Chine avec la Society for Anglo-Chinese Understanding et écrit A Sister's Visit to China pour le bulletin du Brixton Black Women's Group. L'article analyse la pratique anti-impérialiste et l'organisation communautaire en Chine[15],[39].
Retour à Brixton
Après avoir obtenu son diplôme en 1978, Morris retourne à Brixton et travaille au Brixton Community Law Centre. Avec son partenaire Mike McColgan, elle écrit "Has the Anti-Nazi League got it right on racism ?" pour le Brixton Ad-Hoc Committee against Police Repression. Le pamphlet demandait si la Ligue anti-nazie avait raison de combattre le fascisme tout en ignorant le le racisme institutionnel. Avec les pédagogues Beverley Bryan et Stella Dadzie, ainsi que d'autres femmes, Morris crée l'Organisation des femmes d'ascendance africaine et asiatique (OWAAD) à Londres. L'Organisation tient sa première conférence au Abeng Center à Brixton, que Morris avait aidé à fonder[1],[58]. Bryan s'est souvenu plus tard de Morris comme d'une "forte personnalité"[31].
Lors de la conférence, 300 femmes africaines, asiatiques et caribéennes de villes telles que Birmingham, Brighton, Bristol, Leeds, Londres, Manchester et Sheffield se réunissent pour discuter de questions qui les concernent : le logement, l'emploi, la santé et l'éducation. OWAAD vise à être un groupe de coordination reliant les luttes et l'autonomisation des femmes, tout en s'opposant au racisme, au sexisme et à d'autres formes d'oppression[59]. Aux côtés du Brixton Black Women's Group, OWAAD est l'une des premières organisations de femmes noires au Royaume-Uni[2]. Morris édite FOWAD!, la newsletter du groupe, qui a continué à paraître après sa mort[60],[39].
Décès
Lors d'un voyage à vélo en Espagne avec McColgan en 1978, Olive Morris commence à se sentir malade. À son retour à Londres, elle va au King's College Hospital et est renvoyée avec des comprimés contre les flatulences, pour ensuite recevoir un diagnostic de lymphome non hodgkinien en septembre[61]. Le traitement du cancer n'aboutit pas et elle meurt le 12 juillet 1979, à l'hôpital St Thomas de Lambeth, à l'âge de 27 ans. Sa tombe est au cimetière de Streatham Vale.
Reconnaissance et héritage
Aux côtés d'autres femmes telles que Liz Obi, Morris a joué un rôle important dans la création d'un mouvement féministe Black Power au Royaume-Uni et l'anthropologue Tracy Fisher décrit ses contributions comme « incommensurables »[7],[62]. Le Brixton Black Women's Group a publié une nécrologie dans le troisième numéro de son bulletin louant Morris pour son « dévouement total aux luttes pour la libération, la démocratie et le socialisme »[3]. Dans son recueil de poésie de 1980 Inglan Is A Bitch, Linton Kwesi Johnson publie "Jamaica Lullaby" à la mémoire de Morris[63]. Lambeth Council nomme son nouveau bâtiment au 18 Brixton Hill en son honneur en 1986, à la suite d'une campagne du Brixton Black Women's Group[15]. Le bureau local d'aide au logement y était basé, Morris avait manifesté devant le bureau pour de meilleurs droits au logement[64],[65].
Le nom du bâtiment a été donné après l'émeute de Brixton de 1985, qui avait été déclenchée par la fusillade de Cherry Groce par la police, il a été démoli en 2020[66],[67]. Une aire de jeux a également été nommée d'après Morris à Myatt's Fields.
En 2000, Obi organise une exposition sur Morris à la Brixton Library[16],[34]. Ana Laura López de la Torre lance le blog "Remember Olive Morris" en 2007 pour commémorer l'héritage de Morris et l'année suivante, le Remembering Olive Collective (ROC) est lancé, avec des membres tels que Ford et Obi[68],[69]. Il commémore la vie de Morris, rassemblant l'information et situant ses expériences dans une histoire plus large de Brixton noir, la brochure Te souviens-tu d'Olive Morris? a été publié en 2010 et distribué aux écoles locales de Lambeth[70],[71] :11[72]. ROC a créé les Olive Morris Memorial Awards en 2011, afin d'offrir un soutien financier aux femmes d'origine africaine ou asiatique âgées de 16 à 27 ans[1],[73]. En 2019, le collectif a été relancé sous le nom de ROC 2.0 car le bâtiment du conseil portant le nom de Morris devait être démoli et le groupe voulait s'assurer qu'on continuerait à se souvenir d'elle[74].
Ford considère que le ROC est dirigé par des historiens communautaires, qui au Royaume-Uni sont souvent à l'origine de projets tels que les Black Cultural Archives, la Feminist Library et le George Padmore Institute[70]. De la Torre et Obi ont déposé les matériaux qu'ils avaient collectés dans la collection Olive Morris aux archives de Lambeth[16],[39]. Les archives étaient basées à la bibliothèque Minet jusqu'à ce qu'il soit annoncé en 2020 qu'elles déménageraient dans la nouvelle maison Olive Morris, qui serait construite sur le site de l'ancien bâtiment dans le cadre du projet de logement Your New Town Hall[39],[75].
Morris est représenté sur le billet de 1 £ du Brixton Pound, une monnaie locale[4]. En 2017, une peinture murale intitulée "SAY IT LOUD" a été peinte dans le lotissement Blenheim Gardens à Brixton, dans le cadre de l'initiative Watch This Space. Il a été peint par l'artiste sud-africain Breeze Yoko et s'inspire de son personnage "Boniswa", tout en rendant également hommage à Morris[76],[77]. Pour célébrer le 100e anniversaire de l'obtention du droit de vote de la plupart des femmes en 2018, The Voice a répertorié huit femmes noires qui ont contribué au développement de la Grande-Bretagne : Morris, Kathleen Wrasama, Connie Mark, Fanny Eaton, Diane Abbott, Lilian Bader, Margaret Busby et Mary Seacole[78]. Morris a également été nommé par l' Evening Standard sur une liste de 14 « femmes noires britanniques inspirantes à travers l'histoire » aux côtés de Seacole, Mark, Busby, Abbott, Claudia Jones, Adelaïde Hall, Joan Armatrading, Tessa Sanderson, Doreen Lawrence, Maggie Aderin-Pocock, Sharon White, Malorie Blackman et Zadie Smith[79]. Morris a été reconnue avec un Google Doodle au Royaume-Uni le 26 juin 2020 pour marquer ce qui aurait été son 68e anniversaire[80].
Notes et références
Notes
Références
- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Olive Morris » (voir la liste des auteurs).
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Voir aussi
Article connexe
Liens externes
- Documents liés à Olive Morris aux Archives culturelles noires
- (en) Portraits de Olive Morris sur la National Portrait Gallery de Londres
- Se souvenir du collectif Olive (ROC 2.0)
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