Olivier de Penne

Olivier de Penne ((la): Oliverius de Penna)[N 2] est un dignitaire de l'ordre du Temple qui fut cubiculaire du pape Clément V et qui bénéficia de sa protection lors du procès intenté aux templiers. À la suite de la dissolution de l'ordre, il a peut-être intégré l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem en tant que commandeur de La Capelle-Livron.

Olivier de Penne
Titre
Cubiculaire du pape
Commandeur de La Capelle-Livron
Prédécesseur Raymond de Caylus
Successeur Pierre de la Vie
Biographie
Date de naissance ap. 1245[1]
Lieu de naissance Château de Penne
ou de Cestayrols[N 1]
Père Olivier II de Penne[1]
Mère Alpaïde de Balaguier

Biographie

Olivier de Penne serait l'un des fils d'Olivier II de Penne, seigneur de Cestayrols et d'Ambialet, et d'Alpaïde de Balagier dont le mariage se situe vers 1245[1].

L'ordre du Temple

On ne connait pas l'année de son entrée dans l'ordre. La commanderie templière la plus proche de son lieu de naissance étant celle de Vaour[N 3].

Six mois avant l'arrestation des templiers, et d'après la déposition faite par Géraud de Caus[N 4], il se trouvait à Paris où il fut témoin de la réception d'un nouveau frère, Jean de Pronay par Hugues de Pairaud[2],[N 5].

Procès de l'ordre

Son statut de cubiculaire lui permit de rester sous la protection de Clément V. On mentionne son évasion en , ce qui fit dire au roi de France que « si le pape n'était pas en mesure de garder un templier, comment pouvait-il en garder deux mille ? »[4]. L'historienne Elena Bellomo pense, contrairement à ce qu'indique Heinrich Finke[N 6], qu'il s'agit de Giacomo de Montecucco, le dernier précepteur de Lombardie arrêté à Poitiers et également cubiculaire, et non pas d'Olivier de Penne[5]. Ce dernier étant toujours en détention après cette date[6],[7]. Il est nommément cité dans la bulle Considerantes dudum qui fixa le sort des Templiers et par laquelle il fut mis à la disposition du siège apostolique (du pape)[8],[9]. On constate d'après cette bulle qu'Olivier de Penne faisait partie des principaux dignitaires de l'Ordre au moment de sa chute, dont le sort aurait du être réservé à la décision du pape, contrairement aux autres membres de l'Ordre.

Commandeur de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem

Il serait devenu commandeur de La Capelle-Livron en 1314, et le serait resté jusqu'en 1318[10]. Mais il ne peut s'agir que d'un homonyme. Le pape lui aurait donné l'hôpital d'Aubrac en 1310. On note qu'en 1964, Louis d'Alauzier réfuta l'hypothèse qu'il puisse s'agir du même individu[11] mais ne semble pas posséder toutes les informations sur Olivier de Penne[N 7].

Un Olivier de Penne était commandeur de Renneville de 1319 à 1328[13], également mentionné commandeur de Rayssac en 1327[14].

Il est sûr en tout cas, d'après la pièce citée ci-dessous datant de 1338, qu'un Olivier de Penne fut vers 1318, précepteur de la moitié de la seigneurie de Cas près de Caylus, moitié confisquée aux Templiers et donnée à l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem :

Super tertio articulo interrogatus dixit quod ipse loquens tempore quo Dominus Oliverius de Penna miles preceptor tunc temporis dicti loci de Cas et fuit post tempus quo Templarii tenebant dictum locum, ipse emit redditus et proventus dicti loci pertinentes ad dictum preceptorem et ordinem Sancti Johannis Ihrlm, ipse vendidit bailiviam et emolumentum bayliviæ et decorum pertinentium ad dictum preceptorem et ordinem, novem libras turonenses. ... Interrogatus de tempore dixit se non recordari sed bene sunt viginti anni vel circa.

En 1338 cette moitié était possédée par Arnaud de Trian, neveu du pape Jean XXII et apparemment sortie des possessions de l'ordre de Saint-Jean.

Sceau

  • En 1302 : Plume en bande avec un chef chargé d'une croix pattée[1],[N 8]

Bibliographie

  • Louis d' Alauzier, « Les Commandeurs de La Capelle-Livron jusqu'en 1550 », Bulletin de la Société Archéologique de Tarn-et-Garonne, t. 90, , p. 19-40, lire en ligne sur Gallica
  • (en) Malcom Barber, The trial of the Templars, Cambridge University Press, , 2e éd. (lire en ligne), p. 88, 95
  • (en) Elena Bellomo, The Templar Order in North-west Italy : (1142 - C. 1330), Leiden/Boston, Brill, , 464 p. (ISBN 978-90-04-16364-5, lire en ligne), p. 204-205, 282
  • Antoine du Bourg, Ordre de Malte : Histoire du grand prieuré de Toulouse et des diverses possessions de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem dans le sud-ouest de la France..., Toulouse, L. Sistac et J. Boubée, , p. 555, lire en ligne sur Gallica
  • (en) Elizabeth A. R. Brown, « Philip the Fair, Clement V, and the End of the Knights Templar : The Execution of Jacques de Molay and Geoffroi de Charny in March 1314 », Viator 47/1 (2015), p. 229-292, à la p. 285.
  • (de) Heinrich Finke, Papsttum und Untergang des Templerordens, vol. 1, (lire en ligne), p. 72, 181 (note 1), 369
  • (de) Heinrich Finke, Papsttum und Untergang des Templerordens, vol. 2, (lire en ligne), p. 58-60, 114, 123
  • (it) Barbara Frale, Il Papato e il processo ai Templari : l'inedita assoluzione di Chinon alla luce della diplomatica pontificia, Viella, , 239 p. (présentation en ligne), p. 49
  • (it) Barbara Frale, « Lo strano caso del processo ai Templari in Italia », dans Antonio Rigon, Francesco Veronese, L'età dei processi : inchieste e condanne tra politica e ideologia nel '300, Istituto storico italiano per il Medio Evo, , 401 p. (ISBN 978-8-8891-9059-3, lire en ligne), p. 37-57
  • (it) A. L. d'. Harmonville, Dizionario delle date, dei fatti, luoghi ed uomini storici, o : Repertorio alfabetico di cronologia univerale, vol. 1, G. Antonelli, (lire en ligne), p. 121
  • P. Louis Lainé et J. J. L. Lainé, « De Penne, seigneurs Barons de Penne, de Cestayrols, de Belfort, de la Guépie, de Balaguier, de Thémines, en Languedoc et en Quercy », dans Archives généalogiques et historiques de la noblesse de France, t. III, (lire en ligne), p. 218-231
  • (en) Sophia Menache, « The trial of the templars », dans Clement V, Cambridge University Press, , 368 p. (lire en ligne), p. 239
  • N. Ratery, Ordres équestres : Documents sur les Ordres du Temple et de Saint-Jean de Jerusalem en Rouergue, suivis d ́une notice historique sur la légion-de honneur et du tableau raisonné de ses membres dans le même pays, , 591 p. (lire en ligne), p. 21
  • Mémoires de la Société des lettres, sciences et arts de l'Aveyron, 1844-1845, vol. 5, Rodez, (lire en ligne), p. 45

Notes

  1. Château de Penne s'il est né avant 1251, sinon c'est au château de Cestayrols puisque le premier cité était en possession d'Alphonse de Poitiers (échange cette année là), cf. Lainé et Lainé 1830, p. 223.
  2. En italien, Oliviero da Penna, Oliviero di Penna.
  3. Rien ne permet d'affirmer que c'est en ce lieu qu'il fut reçu si ce n'est la proximité avec les possessions de sa famille (Penne à l'Ouest de Vaour puis Cestayrols au Sud-Est à environ 20 kilomètres.
  4. Interrogatoire de Geraldus de Causso le 12 février 1311. cf. Michelet 1841, p. 379-394.
  5. Également comme témoin lors de la réception du frère Jean de Basemont (templier de Prunay) à Paris par ce même Hugues de Pairaud en février 1307[3].
  6. cf. Finke, tome II. 1907, p. 59 (note 5).
  7. Louis d'Alauzier semble ignorer qu'il était cubiculaire du pape Clément V, on sait qu'il en a donné la garde en 1310, l’erreur pourrait venir d'avoir considéré qu'Olivier de Penne pouvait être aussi le Templier Olivier de Penne[12].
  8. Le sceau apposé par Olivier (son père) et Bernard (son oncle) lors de la vente du château de Penne en 1251 était un « écu arrondi portant une plume (penne) mise en bande à la bordure »[15].

Références

  1. Lainé et Lainé 1830, p. 224, lire en ligne sur Google Livres
  2. (la) Jules Michelet, Le procès des Templiers, vol. 1, Paris, Imprimerie nationale, coll. « Documents inédits sur l'histoire de France », , 681 p. (lire en ligne), p. 390, lire en ligne sur Gallica
  3. (la) Jules Michelet, Le procès des Templiers, vol. 2, Paris, Imprimerie nationale, coll. « Documents inédits sur l'histoire de France », , 540 p. (lire en ligne), p. 335, lire en ligne sur Gallica
  4. Finke, tome I. 1907, p. 72, lire en ligne.
  5. Bellomo 2008, p. 204, 205, lire en ligne sur Google Livres
  6. Bellomo 2008, p. 205 (note 192), lire en ligne sur Google Livres
  7. Finke, tome II. 1907, p. 165
  8. Menache 2003, p. 239, qui cite comme source : (la) Regestum Clementis papae V, Ex Typographia Vaticana, , p. 347-349 (n° 8784)
  9. (en) « Considerantes Dudum - 6 MAY 1312 », sur blog.templarhistory.com (consulté le ), traduction de cette bulle du latin vers l'anglais
  10. Bourg 1883, p. 555
  11. Alauzier 1964, p. 30-31, lire en ligne sur Gallica
  12. Claude de Vic, Joseph Vaissète et Ernest Roschach, Histoire générale de Languedoc avec des notes et les pièces justificatives, t. IV, Privat, , XX-1048 p. (lire en ligne), p. 890
  13. Bourg 1883, p. 115, lire en ligne sur Gallica.
  14. Bourg 1883, p. 562, lire en ligne sur Gallica.
  15. Louis Douët d'Arcq, Collection de sceaux, t. II, , 716 p. (lire en ligne), p. 23 (n° 3187)

Articles connexes

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