Omar Torrijos
Le général Omar Efraín Torrijos Herrera, né le à Santiago de Veraguas et mort le à Amador, est un officier de l'armée panaméenne et homme d'État. Bien qu'il n'ait jamais officiellement porté le titre de président de la République, il fut, officieusement, le dirigeant du pays de 1968 à sa mort en 1981.
Pour les articles homonymes, voir Torrijos (homonymie).
Omar Torrijos | |
Fonctions | |
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Chef suprême de la Révolution panaméenne | |
– | |
Prédécesseur | Poste créé |
Successeur | Poste supprimé |
Biographie | |
Date de naissance | |
Lieu de naissance | Santiago de Veraguas |
Date de décès | |
Lieu de décès | Amador, près de Panama |
Nationalité | Panaméenne |
Parti politique | Parti révolutionnaire démocratique |
Conjoint | Raquel Pauzner de Torrijos |
Enfants | Martín Torrijos |
Profession | militaire |
Torrijos est à l'origine de la négociation du traité de 1977 qui a finalement donné la pleine souveraineté du Panama sur la zone entourant le canal de Panama.
Biographie
Premières années
Né à Santiago, province de Veraguas, sixième dans une famille de douze enfants, ses parents étaient enseignants (le Colombien José María Torrijos Rada et la Panaméenne Joaquina Herrera). Il étudia à l'école Juan Demóstenes Arosemena et obtint une bourse pour l'académie militaire de San Salvador. Il fut diplômé et nommé lieutenant second, entra dans la Garde Nationale du Panama en 1952 et fut promu capitaine en 1956. Il se maria avec Raquel Pauzner, avec qui il a eu trois enfants, Dumas Torrijos, Raquel de Maria Torrijos et Omar José Torrijos. Selon certaines allégations, il eut aussi trois enfants en dehors du mariage, Carmen Alicia, Martín Torrijos Espino et Tuira Torrijos.
Carrière militaire et coup d’État
En 1959, capitaine de la Garde Nationale, il reçut pour ordre de réprimer un soulèvement armé de jeunes insurgés au Cerra Tute dans la province de Veraguas. Il fut ensuite promu lieutenant-colonel en 1966 et en 1968 participa avec d'autres militaires (entre autres Boris Martínez) à un coup d'État contre le président Arnulfo Arias Madrid, proche de l'oligarchie terrienne et des secteurs étroitement liés à Washington. José María Pinilla Fábrega se proclama président, mais postérieurement, il y eut des changements internes au sein du commandement militaire qui amenèrent Torrijos à être à la tête de l'armée (Martínez fut exilé en 1969) et devint général de brigade, assumant la conduite de la vie politique en .
Présidence de la République
Pour lui, le gouvernement renversé « était un mariage entre les forces armées, l'oligarchie et les mauvais prêtres ; le militaire portait son fusil pour faire taire le peuple et interdire "à la canaille" de manquer de respect à la classe gouvernante. » Expliquant que sa révolution agit « pour les démunis, non pour les possédants », il fait adopter une nouvelle Constitution, une réforme agraire, un Code du travail et reconnait les syndicats ouvriers et paysans[1].
Souverainiste, Torrijos fait expulser quatre cents Peace Corps, envoyés par Kennedy en 1961. En 1970, après trente ans d'occupation par les États-Unis, il obtient la base militaire de Río Hato, située dans la province de Coclé, et y installa le Centre d'instruction militaire, la 6e Compagnie expéditionnaire d'infanterie et de blindées, la Brigade spéciale Macho de Monte, la Compagnie de matériel lourd et en 1974, l'Institut militaire Général Tomás Herrera, organe dépendant de la Garde nationale, qui se consacrait à la formation de bacheliers militaires de niveau secondaire (future carrière, Cantera, d'officiers de la Garde nationale).
Torrijos instaure une politique populiste, avec l'inauguration d'écoles et la création d'emplois, la redistribution des terres agricoles (qui fut la mesure la plus populaire de son gouvernement). Les réformes furent accompagnées d'un important programme de travaux publics. Durant son administration, le Panama devient un centre bancaire international. Il affronte par ailleurs les multinationales nord-américaines, exigeant d'elles des hausses de salaires pour les travailleurs et redistribue 180 000 hectares de terres non cultivées. En , pour répondre à l'influence de ces multinationales, il tente de constituer sur le modèle de l'OPEP pour le pétrole l'Union des pays exportateurs de bananes avec les autres États d’Amérique centrale, mais n'obtient pas leur soutien. Sa politique favorise l'émergence d'une classe moyenne et la représentation des communautés indigènes[1].
En politique internationale, Torrijos soutient le président chilien Salvador Allende et accueille des réfugiés après le putsch d'Augusto Pinochet. Il aide les guérilleros sandinistes au Nicaragua et d'autres forces rebelles au Salvador, au Guatemala, et renoue les relations diplomatiques avec Cuba. Admirateur du dirigeant yougoslave Josip Broz Tito et inspiré par la nationalisation du canal de Suez par Gamal Abdel Nasser, il se lance dans un combat contre les États-Unis pour obtenir la souveraineté panaméenne sur le canal de Panama. En 1973, devant l'absence de progrès dans les négociations avec Washington, il tente de faire intervenir l'ONU : « Nous n'avons jamais été, ne sommes pas et ne serons jamais un État associé, une colonie ou un protectorat, et nous n'entendons pas ajouter une étoile au drapeau des États-Unis ». Mis en minorité, Washington appose son véto à la résolution adoptée. Finalement, en 1977, il signe le traité Torrijos-Carter, selon lequel les bases militaires sont légalisées et la neutralité du canal de Panama est établie à perpétuité, est prévue aussi une date pour la fin de la présence militaire nord-américaine ainsi que pour la dévolution du canal de Panama. Ainsi, le , les États-Unis restituèrent le canal de Panama aux mains des Panaméens[1].
Mort
Omar Torrijos meurt dans un accident d'avion le .
Sa mort est sujette à discussion, une théorie soutenant que l'accident d'avion qui le tua ne soit en fait qu'un assassinat orchestré par les États-Unis, tout comme le crash qui tua, deux mois plus tôt, le président de l'Équateur, Jaime Roldós Aguilera. Selon l'économiste américain John Perkins, qui aurait servi en qualité d'« economic hit man » (ou « assassin financier ») pour endetter les pays du tiers monde afin de les rendre dépendants des intérêts financiers américains, et qui avait rencontré Omar Torrijos dans cette fonction, ce dernier a été assassiné pour avoir refusé de se soumettre, en particulier, pour avoir tenté de construire un nouveau canal avec le Japon. Cette théorie est développée par Perkins dans son livre Les Confessions d'un assassin financier publié en 2004[2]. Le journaliste paraguayen Pablo Daniel Magee, auteur d'une enquête sur le plan Condor, estime plausible l’hypothèse d'un assassinat[3].
En outre, Ronald Reagan, devenu président des États-Unis, était un adversaire de la souveraineté panaméenne sur le canal (« nous avons construit le canal, nous l'avons payé et nous allons le garder »).
Torrijos est enterré dans un mausolée près de Panama.
Parenté
Son fils Martín Torrijos est devenu président du Panama le .
Notes et références
- Maurice Lemoine, Les enfants cachés du général Pinochet. Précis de coups d’Etat modernes et autres tentatives de déstabilisation, Don Quichotte, , p. 305-311
- « Les assassins financiers , la dette et les guerres économiques », sur YouTube (consulté le )
- « Depuis la dictature de Stroessner, rien n’a changé au Paraguay », sur L'Humanité,
Voir aussi
Article connexe
Liens externes
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