Ombre inversée
L’ombre inversée, ou loi de Thayer, est une forme de camouflage passif utilisée par de nombreuses espèces de mammifères, de reptiles, d'oiseaux et de poissons, au moins depuis la période crétacée. Cette contre-ombre se traduit par une pigmentation plus sombre sur la face dorsale que sur la face ventrale (colorations cryptiques à l'origine d'un fort contraste dorso-ventral).
Quand un objet solide de couleur uniforme est éclairé d'en haut, la distribution de la lumière est inégale : il apparaît plus clair au-dessus et plus sombre au-dessous, ce qui rend l'animal plus facile à détecter pour ses prédateurs ou proies potentielles. L'ombre inversée contrebalance les effets de l'ombrage et donne aux objets une apparence « plate » quand ils sont vus de côté[1].
Si les preuves empiriques confirment cet avantage sélectif pour les organismes marins, elles font défaut pour les animaux terrestres et aériens, à l'exception de certains oiseaux marins[2]. Chez les poissons, ce camouflage « est souvent combiné avec la présence de raies transversales, légèrement courbées[3], alternativement claires et sombres. Elles dessinent sur le corps du poisson les lignes d'ombre et de clarté que fait le soleil jouant sur les menues vagues courtes entretenues par la brise du large[4] ».
L'ombre inversée se distingue de la contre-illumination, camouflage actif.
De nombreux animaux utilisent au contraire une coloration aposématique (d'avertissement) qui les rend plus visibles.
Galerie
- Le maquereau commun présente un triple camouflage : ombre inversée, raies transversales et argenture[5].
- Vue de côté, la Fauvette des jardins semble presque uniformément colorée.
- Ombre inversée renforcée par la coloration disruptive chez le daim.
- Deux adaptations (pieds énormes avec des doigts allongés et ombre inversée) permettent au murin pêcheur de se nourrir de poissons et de crustacés.
Notes et références
- (en) Hannah M. Rowland, « Abbott Thayer to the present day: what have we learned about the function of countershading? », Philosophical Transactions of the Royal Society B, vol. 364, , p. 519–527 (DOI 10.1098/rstb.2008.0261, lire en ligne)
- (en) G. D. Ruxton, M. P. Speed & D. J. Kelly, « What, if anything, is the adaptive function of countershading? Animal Behaviour », Anim. Behav, vol. 68, no 3, , p. 445–451 (DOI 10.1016/j.anbehav.2003.12.009).
- Des ondulations analogues, plus sinueuses, de couleur brune ou rougeâtre, dessinent les coquillages qui rampent sur fond de sable.
- Roger Caillois, Le mimétisme animal, Hachette, , p. 28.
- Changement de couleur du tégument qui devient blanc-argenté grâce au développement de guanophores riches en purines (guanine et hypoxantine) et agit comme un miroir orienté verticalement qui réfléchit la lumière zénithale et rend le poisson quasiment invisible en vue latérale. Cf (en) Sonke Johnsen, « Hide and seek in the open sea: pelagic camouflage and visual countermeasures », Ann Rev Mar Sci., vol. 6, , p. 369-392 (DOI 10.1146/annurev-marine-010213-135018, lire en ligne)
- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Countershading » (voir la liste des auteurs).
Voir aussi
- Liste des méthodes de camouflage
- Mimétisme cryptique
- Coloration animale (en)
- Portail de la zoologie