Ordre (sacrement)
Dans certaines dénominations chrétiennes, l'ordination ou l'ordre (du latin ordinatio, intégration dans un ordo, c'est-à-dire un corps constitué) est l'acte liturgique qui confère le sacrement du sacerdoce chrétien, appelé sacrement de l'ordre. Celui qui confère ce sacrement — un évêque — est l'« ordinateur »[1],[2] ou le « consécrateur »[3], celui qui le reçoit est l'« ordinand ».
Pour les articles homonymes, voir Ordre.
Dans l'Église catholique
Présentation générale
Dans l'Église catholique, le sacrement de l'ordre est le sixième des sept sacrements, avec le baptême, la confirmation, le sacrement de pénitence et de réconciliation, l'eucharistie, le mariage et l'onction des malades. « Les sacrements sont des signes sensibles et efficaces de la grâce, institués par le Christ et confiés à l’Église, par lesquels nous est donnée la vie divine »[4]. Il s'agit d'une grâce actuelle de service, dite charismatique et ordonnée à la sanctification des fidèles[5].
En plus du don de la grâce divine, le sacrement de l'ordre marque l'âme d'un caractère sacramentel indélébile qui « permet d’exercer un pouvoir sacré au nom et par l’autorité du Christ pour le service du peuple de Dieu »[6]. Le sacrement de l'ordre est un sacrement qui ne peut être conféré qu'une fois, et qui ne peut être « annulé » ni conféré pour une période limitée[7] : « Tu es sacerdos in aeternum » (ps. 110), « prêtre pour l'éternité », chante le chœur pendant la cérémonie d'ordination. Pour le recevoir il faut avoir reçu les sacrements de l'initiation chrétienne (baptême, confirmation, eucharistie).
Ce sacrement est exclusivement réservé aux hommes, à l'instar de ce qui se fait dans les Églises orthodoxes.
Point de vue catholique sur le sacerdoce dans l'Ancien Testament
Le Catholicisme fait remonter le sacerdoce de l'Église à la "nation consacrée et le royaume de prêtres" (Exode 19, 6) qu'était Israël, le peule élu, au sein duquel, parmi ses douze tribus, Dieu choisit, en commençant par Aaron, celle de Levi pour l'affecter service liturgique (Nombre 1, 48-53). Toujours selon le Catholicisme, un rite propre y était consacré (Exode 29, 1-30 et Lévitique 8) les établissant, d'après l'Epitre aux hébreux du Nouveau Testament (5, 1) en prêtres " établis pour intervenir en faveur des hommes dans leur alliance avec Dieu, afin d'obtenir dons et sacrifices pour les péchés." (Hébreux 5, 1)[8].
Lors de la fête du Yom Kippour le grand prêtre, successeur d'Aaron entrait, à triple reprise, pour la seule fois dans l'année, dans le saint des saints du temple de Jérusalem, et, lors de chaque confession des péchés, y prononçait le tétragramme, i e le nom divin normalement imprononçable. A cette occasion, lors de ces prononciations, il immolait la première fois un taureau en sacrifice d'expiation pour ses péchés et ceux de sa famille, la seconde fois, il sacrifiait un bouc pour expier les péchés des prêtres, et enfin, la troisième fois, il procédait à l'envoi d'un bouc au désert pour être précipité du haut d'une falaise, en confessant les péchés de tout le peuple d'Israël[9].
Sacerdoce du Christ grand prêtre selon l'ordre de Melchisédech
Les préfigurations du sacerdoce de l'Ancienne Alliance trouvent leur accomplissement en Jésus Christ "unique médiateur entre Dieu et les hommes (I Timothée 2, 5) Depuis l'Epitre aux Hébreux, la tradition chrétienne considère Melchisédech , "prêtre du Dieu Très Haut " (Genèse 14, 18) comme une préfiguration de l'unique sacerdoce du Christ "saint, innocent, immaculé " (Hébreux 7, 26), que l'épitre qualifie de "Grand Prêtre selon l'ordre de Melchisédech " (Hébreux 10, 14), car il a " par une oblation unique rendu parfaits pour toujours ceux qu'il sanctifie"[10]. La raison en est que les deux premiers versets du psaume 109-110, disent : Le Seigneur a dit à mon Seigneur : tu es prêtre à jamais selon l'ordre de Melchisédech ", sur lesquels Jésus a attiré l'attention (Marc 12, 35-37), laissant à penser de manière énigmatique qu'ils pourraient s'attribuer à lui[11]. L'assimilation de Jésus au grand prêtre Melchisédech se retrouve dès le premiers siècles du christianisme chez Justin (première moitié du second siècle), chez Tertullien (150-220), ou encore chez Origène (185-253)[12]. Le Christ qui a accompli une fois pour toutes son sacrifice rédempteur l'a rendu présent dans le sacrifice eucharistique par le sacerdoce ministériel [13].
Sacerdoce ministériel et sacerdoce commun
Si les Pères de l'Église, comme Clément d'Alexandrie(150-215), Ambroise de Milan (339-397) et Léon le Grand (395-461) considéraient le sacerdoce du Christ comme unique mais partagé entre les ministres ordonnés et les fidèles, déjà, Ignace d'Antioche (aux alentours de 35-110) dans ses lettres (Magnésiens 2, 3, 6, 7, 13 ; Tralliens 2, 3, 13 ; Philadelphiens 3, 7; ), Hermas dans sa vision III, 5, 1, Justin (aux alentours de 100-165) dans sa Grande Apologie (1, 65) et Tertullien (155-220), dans son De baptismo, Hippolyte de Rome (170-235) dans les traditions Apostoliques et Cyprien de Carthage (200-258), dans ses lettres 5, 17, 18 et 33 distinguaient les ministres ordonnés des fidèles[14]. En outre Cyprien niait la validité des ordinations conférées en dehors de l'Eglise.[15]
Dans la constitution Lumen Gentium du concile Vatican II, promulguée par Paul VI (1964), le sacrement de l'ordre correspond à l'accession au sacerdoce ministériel, l'autre type de sacerdoce étant le sacerdoce commun des fidèles. Ce sacerdoce ministériel induit une différence de nature[16] entre le fidèle et l'ordonné : le sacrement « donne une effusion particulière de l’Esprit Saint, qui configure l’ordinand au Christ dans sa triple fonction de prêtre, prophète et roi, selon les degrés respectifs du sacrement »[7].
Participation au sacerdoce du Christ
Le sacerdoce ministériel est au service du sacerdoce commun ; il est relatif au déploiement de la grâce baptismale de tous les chrétiens. Le sacerdoce ministériel fait donc l'objet d'un sacrement spécifique, le sacrement de l'Ordre, en la personne du Christ-Tête, au nom de toute l'Église :
« Au nom de toute l'Église, cela ne veut pas dire que les prêtres soient les délégués de la communauté. La prière et l'offrande de l'Église sont inséparables de la prière et de l'offrande du Christ, son Chef. C'est toujours le culte du Christ dans et par son Église. C'est toute l'Église, corps du Christ, qui prie et qui s'offre, par Lui, avec Lui, et en Lui, dans l'unité du Saint-Esprit, à Dieu le Père »[17]
Les trois degrés du sacerdoce et le sacrement de l'ordination
Les trois degrés de l'ordre sacerdotal
Le sacrement de l'ordre possède trois degrés [18] :
- l'épiscopat, les évêques ont la plénitude du sacrement de l'ordre, au service d'une Église locale (diocèse ou prélature) ;
- le presbytérat, les prêtres sont destinés à collaborer avec les évêques, envoyés au service d'une partie du diocèse, paroisse, aumônerie ou service ;
- le diaconat, les diacres sont au service de l'évêque (et non du prêtre), spécialement pour le ministère de la charité et de l'annonce « ad extra » (à l'extérieur).
Déjà Ignace d'Antioche (né en 35 et mort martyr aux alentours de 110) enseignait spécifiquement dans l'Église d'Orient (Magnésiens XIII, 1et 2) qu'il faut être uni à l'évêque, à son presbyterium et aux diacres, afin d'être uni au Christ[19]. Un siècle plus tard Hippolyte (170-235) distinguait, au sein des clercs de Rome, l'évêque qu'il qualifie de grand prêtre, lequel partage avec les prêtres ses pouvoirs et les diacres qui sont ordonnés à son service[20].
Caractéristiques fondamentales du sacrement de l'ordre
Les évêques validement ordonnés dans la ligne de la succession apostolique, sont les seuls à conférer validement les trois degrés de l'ordre[21].L'ordination qui ne peut être réitérée ni conféré temporairement présente un caractère indélébile[22]. Celle des femmes est impossible, et tout candidat doit être nécessairement baptisé[23]. Les degrés de l'ordres ne peuvent être conférés que successivement dans le sens diaconat, puis presbytérat et enfin épiscopat. L'Église catholique latine ordonne depuis le concile Vatican II des « diacres permanents » qui ne sont pas destinés à devenir prêtres[24] ; les églises orientales et les Églises orthodoxes l'ont toujours fait.
Alors que les Églises orientales et orthodoxes le font, l'Église catholique latine n'élève pas, par principe, d'hommes mariés au presbytérat, mais le pape peut accorder une dispense et intégrer en son sein des prêtres mariés convertis issus d'autres Églises. Par contre elles n'appellent à l'épiscopat que des prêtres, célibataires (veufs éventuellement). Le célibat des évêques et des prêtres est un signe de la vie sacerdotale à laquelle ils sont consacrés et dont l'Église attend qu'il soit joyeusement accepté pour annoncer de façon rayonnante le Règne de Dieu[25]. L'Église catholique latine n'a pas ordonné d'hommes mariés évêques depuis le haut Moyen Âge[réf. nécessaire]. Dans les années précédentes, le canon 33 du concile d'Elvire réuni en 306-312 semble être la loi la plus ancienne en Occident d'imposer aux évêques, aux prêtres et aux diacres déjà mariés de s'abstenir de leurs épouses et d'engendrer des enfants, faute da quoi ils seraient chassés du rang des clercs[26], et le pape Sirice dans sa lettre à Himère de Tarragone de 385 reprend catégoriquement ces injonctions afin que les ministres ordonnés puissent consacrer à Dieu leur coeurs et leurs corps à la sobriété et la chasteté dans les sacrifices qu'ils offrent[27].
Célébrations de l'ordination
Dans tout cérémonial d'ordination de quelque degré, on distingue trois temps :
- Les rites initiaux : il y a d'abord la présentation et l'élection de l'ordinand, l'allocution de l'évêque, l'interrogatoire de l'ordinand, les litanies des saints. Tout cela atteste que le choix du candidat s'est fait conformément à l'usage de l'Église et préparent l'acte solennel de la consécration.
- Puis l'ordination proprement dite, l'imposition des mains en silence par l'évêque sur la tête de l'ordinand ainsi que la prière consécratoire spécifique au degré de l'ordre demandant à Dieu l'effusion de l(Esprit Saint et de ses dons de grâce appropriés[28].
- Et enfin des rites complémentaires qui viennent exprimer et achever d'une manière symbolique, le mystère qui s'est accompli [29].
Consécration épiscopale : ordination des évêques
Les rites annexes de l'ordination épiscopale sont, à côté des initiaux faisant intervenir la litanie des saints ceux succédant à l'imposition des mains et la prière consécratoire implorant l'Esprit Saint, l'onction du saint chrême, signe de l'onction spéciale de l'Esprit Saint, puis la remise du livre des Evangiles, de l'anneau épiscopal, de la mitre et de la crosse, signes de sa future mission apostolique, et enfin celle de la patène et du calice destinés au sacrifice eucharistique[29].
« La consécration épiscopale, en même temps que la charge de sanctifier, confère aussi des charges d'enseigner et de gouverner. (…) En effet (...) par l'imposition des mains et par les paroles de la consécration, la grâce de l'Esprit Saint est donnée et le caractère sacré imprimé, de telle sorte que les évêques, d'une façon éminente et visible, tiennent la place du Christ Lui-même, Maître, Pasteur et Pontife et agissent comme Sa personne (in Eius persona agant) »[30]. Un évêque est ordonné au service d'une église locale précise (d'où l'usage du titre des diocèses « in partibus »), sur laquelle il possède la juridiction ; il jure obéissance au pape et à ses successeurs.
Un évêque est en principe ordonné par l'évêque de la province (archevêque ou évêque métropolitain) ou son délégué, assisté par au moins deux autres évêques. La matière du sacrement est cette imposition des mains en silence. La forme est la prière consécratoire qui suit. Les rites complémentaires ont lieu : l'onction d'huile se fait ainsi sur la tête du nouvel évêque, signe de l'onction spéciale du Saint-Esprit qui rend fécond leur ministère ; remise du livre des Évangiles, de l'anneau, de la mitre et de la crosse au nouvel évêque en signe de sa mission apostolique d'annonce de la Parole de Dieu, de sa fidélité à l'Église, épouse du Christ, de sa charge de pasteur du troupeau du Seigneur.
S'il est nommé à la tête d'un diocèse, il est alors installé par l'archevêque, et on parle de sacre. Quand un évêque est transféré d'un diocèse à un autre, on ne célèbre pas un sacrement, mais une installation. C'est le cas notamment pour l'évêque de Rome, le pape, qui est installé par le doyen du Collège des cardinaux.
Chaque évêque a non seulement la charge pastorale du diocèse qui lui a été attribué, mais est aussi, en qualité de légitimes successeurs des apôtres responsables de la mission apostolique de l'Église, et ce, collégialement et en union avec le pape[31].
Ordination presbytérale : ordination des prêtres
« L’onction de l’Esprit Saint marque le prêtre d’un caractère spirituel indélébile ; elle le configure au Christ-prêtre et le rend capable d’agir au nom du Christ-Tête. Coopérateur de l’ordre épiscopal, il est consacré pour annoncer l’Évangile, célébrer le culte divin, surtout l’Eucharistie, dont il tire la force pour son ministère, et pour être le pasteur des fidèles »[32].
La charge du prêtre s'exerce par excellence dans la messe où il tenant la place du Christ il offre le sacrifice unique de celui-ci, dont tout le ministère sacerdotal tire sa force[33].
Un prêtre est ordonné au service d'un diocèse (une prélature) précis et promet obéissance à l'évêque et ses successeurs ; cela s'appelle l'incardination. Il peut ensuite être mis à la disposition d'un autre diocèse ou incardiné définitivement dans celui-ci. Cependant, les religieux réguliers qui ont reçu le sacrement de l'ordre ne sont pas incardinés au titre d'un diocèse : il le sont au sein de leur ordre religieux.
Lors de l'ordination d'un prêtre, l'évêque impose les mains au candidat ; puis les autres évêques et tous les prêtres présents font de même. L'évêque prononce alors la prière de consécration. La matière du sacrement est cette imposition des mains en silence. La forme est la prière consécratoire qui suit. Puis des rites complémentaires ont lieu : onction d'huile des mains du consacré pour que celui-ci sanctifie le peuple et offre à Dieu le sacrifice eucharistique, porrection (= toucher) par le prêtre de la patène et du calice, représentant l'offrande du peuple saint qu'il est appelé à présenter à Dieu, vêture de l'étole sacerdotale et de la chasuble, insignes de sa fonction sacerdotale.
Ordination des diacres
« Le diacre, configuré au Christ serviteur de tous, est ordonné pour le service de l’Église. Sous l’autorité de son évêque, il exerce ce service dans le cadre du ministère de la Parole, du culte divin, de la charge pastorale et de la charité »[34]. Il est ordonné pour un diocèse précis et promet obéissance à l'évêque et à ses successeurs.
Pour l'ordination d'un diacre, seul l'évêque impose les mains au candidat.. Après l'imposition des mains et la prière consécratoire, il y a une remise du livre des Évangiles au diacre qui vient de recevoir mission d'annoncer l'Évangile du Christ[35]. Il est aussi revêtu de l'étole diaconale et de la dalmatique, insignes de son service. Par l'ordination, le diacre permanent reste dans l'état où il a été ordonné : célibataire ou marié. Un diacre célibataire ne peut se marier ; un diacre marié qui devient veuf ne peut se remarier, sauf dispense. Trois cas sont prévus par la circulaire de pour ladite dispense : 1°) la grande utilité du ministère louablement exercé par le diacre en faveur de son diocèse ; 2°) la présence d'enfants de jeune âge, ayant besoin d'être entourés de soins maternels ; 3°) la présence de parents ou de beaux-parents âgés, ayant besoin d'assistance [36]. Pour les diacres permanents mariés, l'évêque demande son accord à l'épouse du candidat (cet accord est obligatoire, l'obéissance matrimoniale l'emportant sur l'obéissance sacerdotale).
Ordres majeurs et mineurs
Au sein du clergé, on distinguait avant le concile de Vatican II les « ordres mineurs » et des « ordres majeurs ».
Les ordres mineurs comprenaient les degrés suivants : portier, lecteur, exorciste, acolyte. Depuis l'entrée en vigueur du motu proprio du pape Paul VI Ministeria quaedam du , ces fonctions sont appelées ministères[37]. Avant l'entrée en vigueur du Code de droit canonique de 1917, on pourrait devenir cardinal sans avoir reçu les ordres majeurs. Ainsi, Ferdinand d'Autriche (1609-1641) fut nommé cardinal à l'âge d'environ 10 ans. En effet les ordres mineurs pouvaient être conférés à des enfants encore plus jeunes[38].
Selon la scolastique les ordres majeurs comprenaient le sous-diaconat, le diaconat, et le sacerdoce. Ce dernier terme comprenait le presbytérat et l'épiscopat, mais les théologiens plus récents considèrent qu'il n'y a que trois ordres sacramentels : l'épiscopat, le presbytérat et le diaconat[39]. Dans Lumen gentium, le concile Vatican II accepte cette opinion et définit que le sacrement de l'ordre ne compte que trois degrés (diaconat, presbytérat et épiscopat), sans mentionner ni le sous-diaconat ni les ordres mineurs.
Depuis l'entrée en vigueur du motu proprio du pape Paul VI Ministeria quaedam du , les fonctions des ordres mineurs sont appelées ministères[40] ; sont conservés pour toute l'Église latine les ministères de lecteur et acolyte, et ce dernier peut en certains lieux, au jugement de la conférence épiscopale, porter le nom de sous-diaconat[41]. Outre ces deux fonctions, les conférences épiscopales sont autorisées à proposer au Saint-Siège « celles dont elles auraient jugé, pour des raisons particulières, l'institution nécessaire ou très utile dans leur propre région. De cette catégorie relèvent, par exemple, les fonctions de portier, d'exorciste et de catéchiste, et d'autres encore, confiées à ceux qui sont adonnés aux œuvres caritatives, lorsque ce ministère n'est pas conféré à des diacres « Ministeria quaedam » ; les fonctions qu'exerçait le sous-diacre « sont confiées au lecteur et à l'acolyte et par suite, dans l'Église latine, l'ordre majeur du sous-diaconat n'existe plus »[41].
Les communautés (instituts de vie consacrée et sociétés de vie apostolique) qui maintiennent ce que le motu proprio Summorum Pontificum de Benoît XVI appelle forme tridentine du rite romain peuvent utiliser encore le Pontifical romain en vigueur en 1962 (dix ans avant le Ministeria quaedam) pour conférer les ordres mineurs et le sous-diaconat[42]. Ceux qui reçoivent ces ordres mineurs ou le sous-diaconat restent dans le laïcat, parce qu'on ne devient clerc que par l'ordination diaconale[43].
Dans l'Église orthodoxe
Dans l'Église orthodoxe, l'ordination est le sacrement (ou Saint Mystère) des Saints Ordres. Les mots grecs utilisés pour l'ordination sont cheirotonia et cheirothesia, ce qui signifie « imposition des mains ». Les membres des ordres majeurs du clergé - évêque, prêtre et diacre, sont ordonnés au cours de la Divine Liturgie par l'évêque, qui est généralement assisté par plusieurs prêtres. Selon l'enseignement orthodoxe, le déroulement de l'ordination commence par la congrégation locale ; mais l'évêque seul, qui agit au nom de l'Église universelle, peut compléter l'action.
Ceux qui sont placés dans les ordres mineurs (lecteur, chantre) sont faits aussi par cheirothesia, terme qui signifie également « imposition des mains », mais qui a fini par être techniquement distinct du terme cheirotonia, utilisé seulement pour les grands ordres. Selon le DEC, cheirothesia n'est pas considéré comme faisant partie du Saint Mystère de l'ordination (p. 117) tout en étant un ordre de sorte que les lecteurs peuvent se marier ultérieurement à la cérémonie (contrairement aux prêtres qui doivent être mariés préalablement).
Les termes de cheirotonia et cheirothesia étaient auparavant presque interchangeables, mais ont acquis des significations distinctes. Les évêques sont également mentionnés comme étant « consacrés » plutôt que « ordonnés », mais cette distinction n'est pas présente dans l'Église primitive.
Lecteur
À la veille de sa tonsure, le candidat doit assister aux vêpres, et après un léger souper, commencer son jeûne eucharistique. Durant ce temps, il doit éviter autant que possible d'interagir avec d'autres personnes afin de passer ce temps dans le recueillement et la prière en préparation à la tonsure. Le candidat marié doit s'abstenir de relations conjugales pendant cette période. Il doit s'être confessé, soit après les vêpres ou pendant l'Orthros le jour de la tonsure.
Le jour de la tonsure, à la suite de la Grande Doxologie, mais avant la Tropaire précédant la Divine Liturgie, le candidat est dirigé par l'assistant de l'évêque du centre de la solea en face de l'évêque. Il fait alors trois prosternations vers le saint autel. Il se tourne ensuite et se prosterne en direction de l'évêque. L'évêque lui tend le Liturgicon qu'il ouvre au hasard et dont il lit un passage afin de s'assurer qu'il n'est pas illettré (pratique russe). L'évêque pose alors sa main sur la tête du candidat.
Acolyte (sous-diacre)
Les sous-diacres sont ordonnés au cours de la Divine Liturgie, immédiatement avant le « Béni soit le Royaume... ». Selon les canons, personne ne devrait se marier après être devenu sous-diacre[réf. souhaitée].
Ordres majeurs
Les prêtres et les diacres peuvent être mariés. Cependant ils doivent se marier avant d'être ordonnés : il ne leur est plus permis de se marier s'ils étaient célibataires au moment de leur ordination. Les évêques sont choisis parmi les moines ou parmi les prêtres veufs.
Diaconat
Le diacre est le troisième et le plus bas niveau des Ordres majeurs du clergé dans l'Église orthodoxe, à la suite de l'évêque et du prêtre. Le mot « diacre » (en grec διάκονος, diakonos) signifie originellement « servant ».
Le diacre assiste et sert le prêtre et l'évêque dans le service divin et aide à la célébration des mystères de l'Église. Un diacre ne peut pas, toutefois, célébrer les mystères par lui-même.
Avec la bénédiction du prêtre qui préside ou de l'évêque, le diacre a la charge au cours de la liturgie d'inviter l'assemblée aux prières collectives (« Prions le Seigneur.. ») et des lectures de l'Écriture Sainte au cours du service. Il est également responsable de la bienséance du culte public et appelle l'assemblée à l'attention lors de moments appropriés. En outre, le diacre peut parfois accomplir d'autres tâches liées à la vie de l'Église, avec la bénédiction et sous la direction du prêtre ou de l'évêque.
Un diacre peut recevoir la bénédiction par son évêque et le prêtre de la paroisse de distribuer l'eucharistie aux fidèles, soit à partir d'un second calice à la liturgie ordinaire où un prêtre est présent, soit dans le cadre d'une typika qui est célébrée lorsque le prêtre est absent. En aucun cas, cependant, le diacre n'a la capacité ou le pouvoir de consacrer les Saints-Dons par lui-même.
Classement des diacres
Sacramentellement, tous les diacres sont égaux. Toutefois, ils sont classés par l'ancienneté et servent en fonction de la date de leur ordination. Tout comme pour les évêques et les prêtres, il existe des classements parmi les diacres en fonction de distinctions administratives. Le titre de protodiacre peut être attribué au diacre d'une cathédrale ou de l'église principale d'une ville : il bénéficie alors d'une forme de préséance lors du service avec les autres diacres. Le diacre qui est rattaché à la personne de l'évêque est appelé un archidiacre. Un diacre qui est aussi moine est appelé un hiérodiacre.
Étiquette
Pour les occasions formelles (par exemple, en-tête d'une lettre ou pour introduire un appel dans un haut-parleur), on se réfère poliment à un diacre comme « Le Révérend Diacre [Michel] ». Diacre est souvent abrégé « Dcn » ou « Dn ».
Dans un cadre informel, par exemple, dans une conversation normale, il y a lieu de faire simplement référence à un diacre comme « Diacre [Michel] ». On notera que dans certaines traditions, cependant, il est courant de se référer au diacre en l'appelant « Père » - par exemple, « Père diacre [Michel] » ou encore « Père [Michel] ».
Les bénédictions des personnes sont données par les évêques et les prêtres, pour lesquels ces expressions d'honneur sont réservées à eux seuls.
L'habit de diacre
Les habits du diacre sont le sticharion, l'orarion, et l'epimanikia.
Les trois principaux degrés de l'ordre majeur portent le sticharion ou aube. Le sticharion est une longue tunique descendant jusqu'au pied. Il rappelle à celui qui le porte que la grâce de l'Esprit Saint le couvre comme un vêtement de salut et de joie. Pour les diacres, le sticharion dispose de larges manches et est constitué d'un tissu plus lourd que celui du prêtre et évêque, qui portent leurs sticharia (pluriel de sticharion) sous d'autres habits.
La deuxième partie des vêtements du diacre est l'orarion. L'orarion est une étroite bande de tissu que le diacre porte enroulé autour de son corps et drapée sur l'épaule gauche. Il représente la grâce de l'Esprit Saint dont est oint comme de l'huile le diacre lors de son ordination. C'est le vêtement principal du diacre, et sans lui, il ne peut pas servir. Lorsque le diacre amène le peuple à la prière ou les invite à être attentifs, il en tient l'une des extrémités dans sa main droite et la soulève. L'epitrachelion du prêtre et l'omophorion de l'évêque sont des types spéciaux de l'orarion.
La dernière partie du vêtement de diacre sont les epimanikia. Les epimanikia sont des sortes de surmanches qui sont portées autour des poignets, attachées par une longue cordelette. Celles-ci sont également portées par l'évêque et le prêtre. Elles servent d'une part au but pragmatique de maintenir les manches trop larges du sticharion pendant le service et d'autre part, symbolisent le fait que « les mains du célébrant sont liées en signe d'obéissance à Dieu ». Elles rappellent ainsi au porteur qu'il ne sert pas par sa propre force, mais avec l'aide de Dieu.
Avant que le diacre puisse enfiler l'un de ses habits, il doit d'abord recevoir la bénédiction de l'évêque ou du prêtre avec qui il sert. Le diacre s'approche du prêtre en tenant dans la main droite le sticharion (ou aube) et l'orarion (ou étole diaconale) pliés ; il incline la tête et dit : « Bénis, père, le sticharion et l'étole ». Le Père répond : « Béni soit notre Dieu en tout temps, maintenant et toujours et aux siècles des siècles ». Il baise la croix figurée sur le sticharion et dit en le revêtant : « Mon âme se réjouira dans le Seigneur, car il m'a revêtu des vêtements du salut ; il m'a couvert d'une tunique d'allégresse, comme un fiancé ; il m'a ceint d'une couronne, comme un fiancé, il m'a paré de beauté ». Il baise l'étole et la passe sur l'épaule gauche. Il met la manchette sur le bras droit en disant : « De ta droite, Seigneur, magnifique en puissance, ta Droite, Seigneur, écrase l'ennemi ; dans la plénitude de ta gloire tu as renversé les adversaires » (Ex 15, 6-7). Il met la seconde manchette en disant : « Tes mains m'ont créé, elles m'ont formé : donne-moi l'intelligence pour que j'apprenne tes Commandements » (Psaume 118,73).
Sacerdoce
Au cours de l'office d'ordination, un prêtre conduit le candidat qui se met ensuite à genoux et repose sa tête devant l'autel. L'évêque pose son étole et sa main droite sur la tête du candidat afin qu'il reçoive le don du Saint Esprit. L'ensemble de la congrégation témoigne et proclame l'action du Saint Esprit en criant : « Axios ! » (mot grec signifiant « Il[réf. nécessaire] est[réf. nécessaire] digne »).
Habit
Le prêtre porte comme le diacre sticharion, une robe à longue manche décrite ci-dessus, ainsi qu’une étole (longue bande étroite de tissu) qui ne s'appelle plus orarion mais épitrachilion. L'épitrachilion symbolise l'effusion du Saint Esprit. Sans elle, aucune célébration n'est possible. Une ceinture permet de maintenir le sticharion et évoque sa force spirituelle. Il porte aussi les manchettes, les epimanikia qui lui rappellent que sa force lui vient du Christ seul.
Il porte en outre à sa ceinture l'épinogation (marque honorifique), losange suspendu à la ceinture par une cordelette. Il symbolise le glaive spirituelle (Ephésien, 6,16), la victoire sur la mort par la résurrection du Christ.
Le phénolion ou (Fénolion) est le vêtement le plus visible, sorte de chape portée au-dessus du sticharion et de l'épitrachilion et couvre tout le corps. Elle symbolise la tunique que portait le Christ.
Épiscopat
Les candidats à l'épiscopat doivent être consacrés par trois (ou au moins deux) évêques. Le patriarche, l'archevêque primat ou le métropolite comme primus inter pares, président les assemblées d'évêques, puis viennent les évêques (du grec episkopos, c'est-à-dire « surveillant, inspecteur »), prêtres (du grec presbyteros, « ancien »), enfin les diacres (grec. diakonos, i.e. « aide ou assistant »).
Habit
Aux habits du diacre et du prêtre décrits ci-dessus, on ajoute l'omophore, la crosse et la panaghia.
Protestantisme
Martin Luther
Marin Luther a conservé la charge des évêques lors de sa Réforme protestante. Mais, dans la foulée nominaliste de Guillaume d'Occam, comme Luther ne voulait garder des sept sacrements catholiques que le baptême, la pénitence et l'eucharistie et qu'il rejetait le sacrement de l'ordre, la nature de ses évêques qui ne sont pas ordonnés était profondément différente de celle des catholiques.[44]
Par l'Églises orthodoxes
Au XXe siècle il y a eu des variations dans la position prises des différentes Églises orthodoxes sur la validité des ordinations anglicanes. En 1922 le patriarche de Constantinople a reconnu leur validité, écrivant : « Les théologiens orthodoxes qui ont scrupuleusement examiné la question sont presque unanimement venus aux mêmes conclusions et ont déclaré qu'eux-mêmes acceptaient la validité des ordinations anglicanes. »[45]
Les jugements qui ont succédé, pourtant, ont été plus sévères. Les Églises orthodoxes exigent que la doctrine soit totalement la même que la leur pour reconnaître les ordinations et, généralement, trouvent problématique les ambiguïtés dans l'enseignement anglican et la pratique des Anglicans. C'est pourquoi, dans les faits, quand des membres du clergé anglican passent à l'orthodoxie, ils sont traités comme s'ils n'avaient pas été ordonnés et doivent être ordonnés dans l'Église orthodoxe comme de simples laïcs[46].
Par l'Église Catholique
Le pape Léon XIII, après une enquête approfondie est arrivé à la conclusion qu'il semblait que la continuité dans les ordinations épiscopales valides présentait certaines incertitudes qui on conduit à demander aux évêques et prêtres anglicans qui se convertissaient et voulaient poursuivre leur ministère à être ordonnés à nouveau, au cas où leur ordination dans l'Église anglicane serait sacramentellement invalide[47].
Notes et références
- Définitions lexicographiques et étymologiques de « ordinateur » dans le Trésor de la langue française informatisé, sur le site du Centre national de ressources textuelles et lexicales
- Le Grand Robert de la langue française : « 1. ordinateur N. m. (Relig.). Celui qui confère un ordre ecclésiastique. ».
- « consécrateur » peut se dire pour un prêtre aussi[réf. nécessaire], mais on parlera de « consécration » ou « consécration épiscopale » spécifiquement pour les évêques
- Compendium du Catéchisme de l'Église catholique §224
- Charles journet, Entretiens sur la grâce, Suisse, Ed. Saint-Augustin-Saint Maurice, , p. 63
- Compendium du Catéchisme de l'Église catholique §323.
- Compendium du Catéchisme de l'Église catholique §335
- Catéchisme de l'Eglise Catholique, Paris, Mame Plon, , n° 1539
- Ecole Biblique de Jérusalem, Dictionnaire Jésus, Paris, Laffont, , p. 1216-1218.
- Catéchisme de l'Eglise Catholique, Paris, Mam-Plon, , n° 1544
- Ecole Biblique de Jérusalem, Dictionnaire Jésus, Paris, laffont, 2021 p., p. 886-888.
- Dictionnaire du Christianisme Ancien Vol II, Paris, Cerf, , p. 1609
- Catéchisme de l'Eglise Catholique, Paris, Mame-Plon, , n° 1545.
- Dictionnaire encyclopédique du Christianisme Ancien vol II, Paris, Cerf, , p. 1817-1819.
- Dictionnaire Encyclopédique du Christianisme Ancien, Vol. II, Paris, Cerf, , p. 2214.
- « De ce fait, le sacerdoce ministériel se différencie radicalement, et pas seulement par une différence de degré, du sacerdoce commun des fidèles, au service duquel le Christ l’a institué. » Compendium du Catéchisme de l'Église catholique §336
- Catéchisme de l'Église catholique, numéro 1553.
- Catéchisme de l'Eglise Catholique, Paris, Mame Plon, , n° 1554
- Les Pères Apostoliques, Paris, Cerf, , note 18 p 175
- Dictionnaire Encyclopédique du Christianisme Ancien Vol II, Paris, Cerf, 1990., p. 1818
- Catéchisme de l'Eglise Catholique, Paris, Mame Plon, , n° 1576
- Catéchisme de l'Eglise Catholique, Paris, Mame Plon, , n° 1582
- Catéchisme de l'Eglise Catholique, Paris, Mame Plon, , n° 1577
- Catéchisme de l'Eglise Catholique, Paris, Mame Plon, , n° 1571
- Catéchisme de l'Eglise Catholique, Paris, Mame Plon, , n° 1579
- Denzinger, Paris, Cerf, , n° 116 et 119
- Denzinger, Paris, Cerf, , n° 185.
- Catéchisme de l'Eglise Catholique, Paris, Mame Plon, , n° 1573
- Catéchisme de l'Eglise Catholique, Paris, Mame Plon, , n° 1574
- Lumen Gentium 21
- Catéchisme de l'Eglise Catholique, Paris, Mame Plon, , n°1560
- Compendium du Catéchisme de l'Église catholique §328
- Catéchisme de l'Eglise Catholique, Paris, Mame Plon, , n° 1566.
- Compendium du Catéchisme de l'Église catholique §330
- Catéchisme de l'Église catholique, numéro 1574
- Ministeria quaedam, II
- Michel Andrieu, "Les ordres mineurs dans l'ancien rit romain" dans Revue des Sciences Religieuses Année 1925 Volume 5 Numéro 2 pp. 232-274
- Bernard Bartmann, Théologie dogmatique (Société anonyme des Éditions de l'Ouest, 1935), tome 2, pp. 474–475
- Pape Paul VI, Motu proprio Ministeria quaedam du 15 août 1972, II
- Ministeria quaedam, IV
- Instruction sur l’application de la Lettre apostolique Summorum Pontificum donnée motu proprio par sa sainteté le pape Benoît XVI, 31
- Instruction sur l’application de la Lettre apostolique Summorum Pontificum donnée motu proprio par sa sainteté le pape Benoît XVI, 30
- Daniel Rops, Ces chrétiens nos frères, Paris, Fayard, , p. 27.
- « The Ecumenical Patriarch on Anglican Orders » [archive du ], sur ucl.ac.uk (consulté le )
- « The Orthodox Web Site for information about the faith, life and worship of the Orthodox Church » [archive du ], sur web.archive.org (consulté le )
- Denzinger, Paris, Cerf, , n° 3315-3319;
Voir aussi
Bibliographie
- Paul de Clerck, « Ordination. Ordre » dans l'Encyclopédie Catholicisme, t. 10, col. 162-206 (historique, en catholicisme)
Articles connexes
Liens externes
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :
- Portail du christianisme
- Portail des religions et croyances