Origénisme
L'origénisme désigne un ensemble de prises de position théologiques chrétiennes attribuées à Origène dans le cadre de controverses qui ont laissé des traces dans l'histoire des conciles et de la théologie byzantine. On relève en particulier, de ce point de vue, deux moments importants.
- La première controverse sérieuse éclate en Palestine à la fin du IVe siècle à l'instigation d'Épiphane de Salamine qui accusait Origène de s'être laissé influencer par la philosophie grecque, en commentant l'Ecriture d'une manière trop spéculative, et d'avoir été conduit de ce fait à un certain subordinatianisme. Cette polémique a envenimé les rapports entre les deux principaux monastères latins de Jérusalem, celui de saint Jérôme (à Bethléem), Jérôme ayant pris position contre Origène, et celui de Rufin sur le Mont des Oliviers. Elle s'est étendue à l'Égypte, d'où le patriarche Théophile expulse les partisans d'Origène (l'évêque Isidore et les "longs frères", sans doute des moines attachés à méditer à partir d'icônes), et à Constantinople, d'où Jean Chrysostome fut chassé pour avoir accueilli les expulsés égyptiens.
- La seconde controverse origéniste éclate dans la première moitié du VIe siècle, également en Palestine, quand des moines de cette région dénoncent à l'empereur Justinien les idées de certains disciples d'Évagre le Pontique à Mar-Saba. Le conflit avait éclaté dès le début du siècle avec l'expulsion, en 508, de soixante moines de la Grande Laure (Vie de saint Sabas, ch. 36), qui allèrent fonder entre Bethléem et Hébron un monastère qu’ils appelleront la Nouvelle Laure. À la suite de la plainte adressée à Justinien, ils en furent chassés en 554 (ibid., ch. 90), et la laure fut réoccupée par des moines orthodoxes (parmi lesquels se trouvait Cyrille de Scythopolis, l'auteur de cette Vie). Les origénistes se divisèrent alors entre "isochrists", extrêmes, et "protoctistes", modérés (qui échappèrent à une condamnation au deuxième concile de Constantinople, en 553). Les isochrists auraient soutenu que les âmes humaines étaient semblables à celle du Christ, avant la création du monde comme après la parousie.
Bibliographie
- Antoine Guillaumont, Les "Kephaliaia gnostica" d'Évagre le Pontique et l'histoire de l'origénisme chez les Grecs et les Syriens, Paris, Seuil, 1962.
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