Orphée descendant aux Enfers

Orphée descendant aux Enfers, H 471, est une cantate baroque du compositeur français Marc-Antoine Charpentier composée en 1683 ou 1684.

Orphée descendant aux Enfers
H 471

Paul Bourillon, Orphée

Genre cantate baroque
Musique Marc-Antoine Charpentier
Langue originale français
Durée approximative vingt minutes
Dates de composition 1683-1684
Commanditaire Marie de Guise
Personnages
Orphée
Ixion
Tantale

Description

L'ouvrage, en tonalité de mi mineur, est composé pour trois voix et dure une vingtaine de minutes environ ; il s'agit d'une scène dramatique en langue française reprenant le mythe d'Orphée. Les trois solistes sont une voix haute-contre (Orphée), un ténor (Ixion) et une basse (Tantale) ; l'orchestre est composé de deux flûtes, deux violons ou violes et probablement un clavecin pour la basse continue.

L'histoire décrit la douleur d'Orphée face à la perte de son épouse, sa descente aux Enfers pour aller la chercher et l'apaisement des suppliciés grâce à son chant. Le personnage d'Eurydice est absent du récit de ce court ouvrage, mettant en avant le chanteur antique et son talent pour l'affect. Le personnage n'y a d'ailleurs pas son ordinaire lyre pour l'accompagner, mais un violon[1]. Dans le manuscrit, est écrit la mention « viollon d'Orphée »[2].

Contexte

Élève de Giacomo Carissimi à partir des années 1660, l'influence de ce dernier, maître de la cantate baroque, se fait largement ressentir dans cet Orphée de Marc-Antoine Charpentier. Cette œuvre est par ailleurs considérée comme la première cantate française[3], bien qu'elle ne possède pas encore les caractéristiques et la structure typiques des cantates française à la fin du règne de Louis XIV[4].

Il est fort probable que le compositeur ait connu les premières occurrences du mythe d'Orphée adapté à la musique, des compositeurs comme Jacopo Peri (L'Orfeo, opéra perdu) ou Claudio Monteverdi (L'Orfeo, première « opéra » reconnue comme telle). De plus, Stefano Landi compose La Morte d'Orfeo en 1619 et Luigi Rossi un Orfeo en 1647. Tous ces ouvrages étaient connus parmi les érudits dans la ville et ce dernier eut d'ailleurs une influence considérable sur la musique en France, y faisant découvrir ce nouveau genre[4].

Durant les années 1680, Marc-Antoine Charpentier est accueilli chez la duchesse de Guise ; il est à son service comme chanteur et compositeur. En 1687, Marc-Antoine Charpentier compose pour elle un court opéra sur le même sujet, La Descente d'Orphée aux enfers.

Structure

  1. Prélude
  2. Récit d'Orphée, violon lentement « Effroyable Enfers, où je conduis mes pas »
  3. Tantale « Quelle douce harmonie a frappé mon oreille ? »
  4. Ixion « D’où vient que je soupire et qu’au fond de mon cœur »
  5. Orphée « Vos plus grands criminels rongés par des vautours »
  6. Ixion et Tantale « Ne cherchons plus d'où vient cette tendresse »
  7. Orphée, Ixion et Tantale « Hélas, rien n’est égal au bonheur des amants »

Concerts

L'ensemble baroque Les Arts florissants de William Christie joue plusieurs fois l'ouvrage entre 1984 et 1985[5]. Une fois aux Pays-Bas, une autre intégrée à des suites d'orchestres à partir du compositeur Marc-Antoine Charpentier à Arles, et une autre fois dans le même ville avec le baryton Philippe Cantor.

L'ouvrage est donné en concert en 2020 à la Salle Gaveau à Paris par les ensembles baroques Vox Luminis et A Nocte Temporis de Reinoud Van Mechelen. Ce dernier, haute-contre, dirige l'orchestre et chante Orphée, tandis que Lionel Meunier, basse-taille, est Tantale et Ixion est incarné par Philippe Froelige. Ce concert donne en même temps l'opéra sur le même thème du même compositeur, La Descente d'Orphée aux Enfers[6].

Enregistrements

  • Orphée descendant aux Enfers, Musidisc, 1999, Ricecar Consort, enregistré en 1987, avec Henri Ledroit en Orphée, Guy de Mey en Ixion et Jacques Bona en Tantale, 1 CD[7].
  • Marc-Antoine Charpentier. Tristes déserts, 2007, Zig-Zag Territoires, enregistré en octobre 2006 à l’Abbaye de St Michel en Thiérache, dirigé par Gérard Lesne, avec Il Seminario Musicale, Cyril Auvity, et Edwin Crossley-Mercer[8].
  • Sur L'Orgue historique de Nay, Arion, 2009, avec Dominique Visse, enregistré en 2007 à l'Eglise de Nay[9].
  • Charpentier : Actéon, Orphée descendant aux Enfers & La Pierre philosophale, CPO, 2010, dirigé par Stephen Stubbs et Paul O'Dette, avec le Boston Early Music Festival Chamber Ensemble.
  • Orphée aux Enfers, chez Alpha, 2020, enregistré en 2019, Vox Luminis et A nocte temporis, dirigé par Reinoud Van Mechelen et Lionel Meunier. 1 CD, contient Orphée descendant aux Enfers, H 471 et La Descente d’Orphée aux Enfers, H.488[1].

Notes et références

  1. Claire-Marie Caussin, « Lorsqu’Orphée descendit vers l’onde souterraine... », sur Forum Opéra, (consulté le )
  2. Partition manuscrite, Gallica
  3. Olivier Rouvière, « Orphée aux Enfers de Charpentier (CD Alpha), compte rendu », sur Avant Scène Opéra, (consulté le )
  4. Vincent Borel, Orphée, thérapeute musicien, 2020. Livret du CD de Vox Luminis, 2020(.pdf)
  5. « Toutes les oeuvres - Orphée descendant aux Enfers H. 471 ( Marc-Antoine CHARPENTIER ) », sur Les Arts florissants (consulté le )
  6. Fanny Bousquet, « Orphée aux Enfers par Charpentier, Nocte Luminis Salle Gaveau », sur Ôlyrix, (consulté le )
  7. Notice bibliographique du CD, BNF
  8. Frédéric Platzer, « Charpentier par Gérard Lesne, quand Orphée rencontre le Cid et un fantôme », sur ResMusica, (consulté le )
  9. Notice bibliographique du CD, BNF

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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