Salle Gaveau
La salle Gaveau est une salle de concerts classiques, située au 45-47 rue La Boétie, dans le 8e arrondissement de Paris. Elle est particulièrement destinée à la musique de chambre et aux récitals de grands pianistes, de grands solistes d'autres instruments, de chanteurs ou cantatrices lyriques. Sa capacité est de mille vingt places réparties sur trois niveaux.
Type | Salle de concert |
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Lieu | Paris |
Coordonnées | 48° 52′ 23″ nord, 2° 18′ 50″ est |
Architecte | Jacques Hermant |
Inauguration | |
Capacité | 1020 |
Site web | www.sallegaveau.com |
Construite par Étienne Gaveau en 1908, elle tient son nom de la maison de facture de pianos française Gaveau. Depuis la transmission de la direction en 1893 par leur père et fondateur de la manufacture, Joseph Gabriel Gaveau, Étienne assure conjointement avec son frère Gabriel Eugène sa conduite, étant plus directement chargé de l'administration. Dans l' « immeuble Gaveau » qu'il fait édifier rue La Boétie, il crée le nouveau siège social de l'entreprise ainsi que la salle.
Elle est notamment desservie par les stations de métro proches, Miromesnil et Saint-Philippe du Roule ainsi que par l'arrêt « La Boétie-Percier » des lignes de bus 52, 83 ou 93.
Construction
Les plans de la salle ont été établis par Jacques Hermant en 1905, année d’acquisition du terrain. La construction de l’immeuble Gaveau[1] s’est déroulée de 1906 à 1907. La vocation de cette salle était d’ores et déjà la musique de chambre, et son nombre de places était d’un millier, tout comme aujourd’hui. La salle reçoit un grand orgue construit en 1900 par la maison Mutin-Cavaillé-Coll. Cet instrument comportant trente-neuf jeux — huit au positif, douze au récit, douze au grand-orgue et sept au pédalier[2] — a été par la suite installé en 1957 dans la commune de Saint-Saëns en Normandie. C'est un lieu de concert réputé pour son acoustique exceptionnelle[3].
Débuts
Étienne Gaveau qui se charge de l'administration au sein de la manufacture de pianos Gaveau crée un siège social pour la société. Il l'établit en plein Paris, rue La Boétie pour y construire aussi en 1908 une grande salle de concert pouvant promouvoir la qualité de ses pianos, c'est la naissance de la salle Gaveau[4].
La salle ouvre ses portes le pour le concert du Lehrergesangverein (Chœur des Professeurs[5] de la ville de Brême réunissant cent-quarante exécutants). Elle devient immédiatement une salle de prestige. Dès les premiers mois suivant l’ouverture, Camille Saint-Saëns[6] puis d’autres musiciens célèbres y donnent des concerts où les pianos Gaveau sont particulièrement mis à l'honneur ; ils le seront continuellement jusqu'aux années 1970. Les concerts Lamoureux, dirigés par Camille Chevillard, Vincent d’Indy et André Messager, s’installent à Gaveau. Les 5, 8 et Alfred Cortot, Jacques Thibaud et Pablo Casals donnent l'intégrale des trios de Beethoven. Les années suivantes, la salle Gaveau accueille Eugène Ysaÿe (le ), Lazare-Lévy (), Marguerite Long[7] (le ), Georges Enesco (le ), Fritz Kreisler (les 21 et ), Wilhelm Backhaus (le ), Claude Debussy (le )[8]...
Les guerres mondiales
Durant la Première Guerre mondiale, la salle Gaveau est utilisée pour donner des spectacles aux soldats, ainsi qu’aux victimes. Elle poursuit toutefois son activité première. Durant l’entre-deux-guerres, la salle accueille Charles Munch (le ), Wanda Landowska (le ), Rudolf Serkin (le ), ou Yves Nat en 1934. Les concerts Lamoureux continuent de s’y produire.
Le même scénario se produit pendant la Seconde Guerre mondiale, où Gaveau est de nouveau utilisé comme salle de galas, tout en accueillant des musiciens célèbres comme Jacques Février, Pierre Fournier, Samson François, Paul Tortelier, Raymond Trouard. La saison de concert continue après guerre. En 1955 par exemple, la salle accueille Reine Flachot, Pierre Bernac et Francis Poulenc, Alexandre Lagoya. Elle accueille aussi au cours de la même décennie Jeanne-Marie Darré, qui jouait sur grand queue de concert n°5 Gaveau[9].
Rachat par le couple Fournier
En 1963, la maison Gaveau fait faillite, la marque étant reprise dans les « Grandes marques réunies », ensemble qui regroupe désormais les trois grandes marques françaises de facteurs de pianos de prestiges : Érard, Pleyel et Gaveau. Ceci entraîne la vente de l’immeuble Gaveau à une compagnie d’assurance, et il est voué à être détruit au profit de la construction d’un parking. Chantal et Jean-Marie Fournier, couple de musiciens passionnés, rachètent la salle en 1976.
En 1982, la salle est inscrite à l’inventaire, puis classée au titre des Monuments historiques en 1992[10]. Chantal et Jean-Marie Fournier cherchent alors à la faire restaurer, l’état de la salle déclinant progressivement. Les subventions sont obtenues, et les travaux conduits par l’architecte en chef des Monuments historiques Alain-Charles Perrot. La salle rouvre le . Elle est restaurée de façon plus sobre que précédemment, c’est-à-dire en cherchant à retrouver les couleurs et ornements de 1907.
- La salle Gaveau rénovée, vue générale en 2013 : la scène depuis la salle.
- Les balcons.
- Les plafonds et le balcon haut.
- Les deux balcons vus d'en haut.
Aujourd’hui
Depuis sa réouverture, elle a accueilli de nombreux artistes de renommée internationale comme Roberto Alagna, Gabriel Bacquier, Kathleen Battle, Montserrat Caballé, Laurence Dale, Plácido Domingo, Victoria de los Ángeles, Franco Fagioli ,Renée Fleming, Mirella Freni, Nicolaï Ghiaurov, Gundula Janowitz, Keith Jarrett, Sumi Jo, Armin Jordan, Felicity Lott, Christa Ludwig, Jessye Norman, Françoise Pollet, Mischa Maisky, Inva Mula, Margaret Price, Jean-Pierre Rampal, Ruggero Raimondi, Vadim Repin, Katia Ricciarelli, Mstislav Rostropovitch, Maxime Venguerov, Shirley Verrett, Sonya Yonchevales King's Singers, le Beaux Arts Trio de New York, avec une priorité pour les pianistes : Martha Argerich, Paul Badura-Skoda, Michel Béroff, Bertrand Chamayou, Aldo Ciccolini, Florence Delaage, Nelson Freire, Cyprien Katsaris, Valentina Lisitsa[11],[12], Tatiana Nikolaïeva, Kun-Woo Paik, Ivo Pogorelić, François Weigel, Alexis Weissenberg. Les concerts Lamoureux continuent de s’y produire. Elle accueille également le Concours Long-Thibaud-Crespin, le Concours de trompette Maurice-André, les Paris Opera Awards, les masterclasses de Ruggero Raimondi, mais également des spectacles de Marc Jolivet, Yves Lecoq, Gaspard Proust. En plus de son activité principale, elle est utilisée pour des locations (elle a par exemple été louée les et par l'UMP pour les soirées des deux tours de l'élection présidentielle, le siège de l'UMP se trouvant alors à quelques pas dans la même rue).
Œuvres créées salle Gaveau
- Maurice Ravel : Valses Nobles et Sentimentales pour piano, en 1911[13]
- Louis Vierne : Troisième Symphonie (avec Marcel Dupré à l'orgue), en 1912
- Maurice Ravel : Trio pour piano, violon et violoncelle, en 1915
- Claude Debussy : Sonate pour violon et piano, avec Gaston Poulet, en 1917[8]
- Maurice Ravel : Le Tombeau de Couperin, par Marguerite Long, le
- Albert Roussel : Le Marchand de Sable qui passe, musique de scène, en 1919
- Augustin Barié : Symphonie pour orgue par André Marchal, en 1922
- Georges Enesco : Premier Quatuor à cordes, création française le [14]
- Arnold Schönberg : Pierrot lunaire, création française par Darius Milhaud avec Marya Freund, (texte retranscrit par Jacques Benoist-Méchin), le
- Arthur Honegger : Roi David, création française le
- Louis Vierne : Pièces de Fantaisie par Marcel Dupré en 1926
- Guy Ropartz : Troisième Sonate pour violon et piano, création française avec Georges Enesco au violon et Marcel Ciampi au piano, le
- Georges Enesco : Troisième Sonate pour violon et piano dans le caractère populaire roumain, création française avec Nicolae Caravia[15] au piano, le
- Igor Stravinsky : Concerto pour deux pianos solos, avec le compositeur et son fils Sviatoslav Soulima au pianos, en 1935
- Francis Poulenc : Telle Jour, telle Nuit cycle de mélodies sur des poèmes de Paul Éluard , par Pierre Bernac, le
- Georges Enesco : Troisième Sonate pour piano par Marcel Ciampi, le
- Olivier Messiaen : Vingt Regards sur l'Enfant-Jésus par Yvonne Loriod au piano, le
- Maurice Duruflé : Requiem par l'Orchestre National dirigé par Roger Désormière avec Camille Maurane et Hélène Bouvier, en 1947
- Francis Poulenc : Sonate pour violoncelle et piano, en 1949
- Pierre Schaeffer : Étude aux Objets, le
- Jacques Castérède : Sonate pour piano, par Françoise Thinat, en 1967
- Laurent Petitgirard : Quintette avec piano, en 1977
- Rodion Chtchedrine : Bribes Russes pour violoncelle (commande du concours international Mstislav Rostropovitch, en 1990
- Bruno Mantovani : Appel d'Air pour flûte et piano (commande du concours international Jean-Pierre Rampal, en 2001
- Philippe Hersant : Concerto pour harpe et orchestre (Le Tombeau de Virgile) par Isabelle Moretti, en 2006
- Thierry Pécou : Concerto pour piano et orchestre (L'Oiseau Innumérable), par Alexandre Tharaud, en 2006
- Oliver Twist, le musical d'après le roman de Charles Dickens, en 2016
Notes et références
- http://www.paris-promeneurs.com/Architecture-moderne/La-salle-Gaveau
- http://orguestsaens76.free.fr/historique.html
- « La Salle Gaveau, un salon de musique à l’acoustique exceptionnelle », Les Échos, (lire en ligne, consulté le ).
- Sur le site piano.fr, historique de la maison Gaveau, lire en ligne
- (de) Hubert Wania, 15 Jahre Bremen : 1906-1920, , 276 p. (ISBN 978-3-86741-536-1, lire en ligne), p. 155.
- « Concert de Camille Saint Saëns à la salle Gaveau [public et orchestre vus de la scène] : [photographie de presse] / [Agence Rol] » , sur Gallica, (consulté le ).
- « MARGUERITE LONG », sur universalis.fr (consulté le ).
- http://www.resmusica.com/2018/02/19/claude-debussy-martyrise-par-un-cancer/
- Jeanne-Marie Darré, sur Grand queue de concert Gaveau n° 5, interprète les Etudes op 10 & 25 de Frédéric Chopin, sur le site www.youtube.fr, à visionner en ligne.
- Notice no PA00088887, base Mérimée, ministère français de la Culture
- Concert du 21 mai 2014, Ludwig van Beethoven, Sonate no 17 La Tempête, Visionner en ligne
- Choix du piano par l'artiste pour cette représentation : un Grand queue de concert Pleyel préféré à cinq Steinway similaires essayés juste avant l'essai du Pleyel, Visionner en ligne. Dans les « commentaires », plus bas, en réponse au message d'un internaute (« Martin van Boven »), elle complète ses premières explications situées juste en dessous de la vidéo (elles aussi en anglais), lire ici : « On the background, behind Pleyel, you can see a tail of Steinway, Hamburg D, an excellent piano on its own - but what a shock it was to move between that piano and Pleyel. Until now I thought of Pleyel pianos as feminine weak instruments suitable for some Chopin or Mendelsohn. I would never thought it can win by a big margin in Beethoven or Bach. Going to this piano after playing same pieces on Steinway produced effect akin to taking ear plugs out. Not only for me but for independent listeners present. »
- « Valses nobles et sentimentales », sur philharmoniedeparis.fr (consulté le ).
- Titu-Marius I. BAJENESCO, Georges Enesco : Le cœur de la musique roumaine, , 177 p. (ISBN 978-2-8238-0783-7, lire en ligne), p. 124.
- http://www.musimem.com/enesco.htm
Annexes
Articles connexes
- Gaveau, la manufacture de pianos
- Salle Pleyel
Lien externe
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