Gaveau

Gaveau est une manufacture de pianos française dont le premier atelier de fabrication fut installé à Paris en 1847 par Joseph Gabriel Gaveau, né en 1824 à Romorantin en Loir et Cher, fondateur de la marque.

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Gaveau, publicité de l'agence de l'Est de la France, 1924.
Piano à queue Gaveau Art Nouveau en palissandre frisé à Disneyland Paris.

Gaveau est avec Érard et Pleyel l'un des trois grands noms français de la facture de piano. A l'instar des deux autres, Gaveau compte parmi les grandes marques mondiales.

C'est une maison réputée pour ses pianos de très grande qualité, au style et à l'élégance très appréciés, spécialement pour la beauté de l'ébénisterie de leur meuble (cf. la marqueterie dite « en soleil » de certains modèles).

Les pianos Gaveau se distinguent aussi par leur sonorité romantique dite « à la française », donnant aux notes et à la musique interprétée une coloration chaleureuse et un timbre velouté, traits caractéristiques des instruments de la marque.

Historique

Après avoir été apprenti dans plusieurs ateliers parisiens, Joseph Gabriel Gaveau crée en 1847 son premier atelier à Paris, établi rue des Vinaigriers. Dès ses débuts, il vise à fabriquer des pianos droits de qualité en imitant la construction des instruments Érard. Il s'attache à faire progresser la mécanique du piano droit, notamment en ce qui concerne l'angle de l'échappement. Il crée une mécanique selon ses spécificités que l'on appellera rapidement la « mécanique Gaveau ».

Publicité des pianos Gaveau, 1914.

Les pianos Gaveau bénéficient en peu de temps d'une réputation établie de haute qualité, reconnue tant au plan national qu'international. Ils sont récompensés par de très nombreuses distinctions en particulier lors des expositions universelles, obtenant entre autres la médaille d'or dès l'Exposition universelle de 1878 qui se tient sur le Champ de Mars à Paris, pour un système de barrage équilibré dans les pianos droits[1].

La marque connaissant une renommée grandissante, cette dernière permet une croissance significative du chiffre d'affaires, ce qui offre à Joseph Gabriel Gaveau l'opportunité de construire une petite usine, rue Servan à Paris, ou il emploie 200 ouvriers vers 1890, produisant déjà 1 500 unités par an[2].

Il transmet la gestion de son entreprise à ses fils Gabriel Eugène et Étienne en 1893, alors qu'il a atteint ses 70 ans et que la fatigue se fait sentir. L'entreprise devient la Société Gaveau. Dès 1896 ses fils poursuivent la croissance de la marque en ouvrant une nouvelle usine modernisée, à Fontenay-sous-Bois qui compte 300 ouvriers et permet d'atteindre une production annuelle de 2 000 unités. C'est dans ce nouvel établissement que se forment alors la plupart des ouvriers qualifiés dans le domaine du piano à Paris.

La Salle Gaveau à Paris, rue La Boétie.
Audition de Camille Saint-Saëns au clavier du grand queue de concert Gaveau entouré de l'orchestre, Salle Gaveau, 5 novembre 1913.
Camille Saint-Saëns jouant le grand queue de concert de la marque, Salle Gaveau en 1913.

C'est Étienne Gaveau qui se charge de l'administration et crée un siège social pour la société. Il fait construire à cette fin l'« immeuble Gaveau » établit rue La Boétie pour y intégrer aussi en 1908 une grande salle de concert pouvant promouvoir la qualité de ses pianos : la Salle Gaveau[2].

La renommée nationale et internationale de la marque qui ne fait que croître, le doit aussi aux concerts organisés par Étienne dans sa salle de concert très moderne pour l'époque, avec une programmation musicale choisie par lui avec autant de soin que de pertinence. Les plus grands pianistes-concertistes y sont invités à jouer les pianos de la marque, tout spécialement le fameux grand queue de concert.

Les pianos Gaveau s'exportent de par le monde, on peut en retrouver sur les cinq continents.

Les frères Gaveau se fâchent en 1911 ce qui conduit Gabriel Gaveau à se séparer d'Étienne et à fonder sa propre entreprise dans laquelle il peut mettre en œuvre ses projets innovants dans la facture des pianos à queue. Il définit un style qui est propre à sa marque « Gabriel Gaveau », choisissant de fabriquer des pianos quart de queue de petite taille, avec des ébénisteries très soignées qui recourent à l'usage de bois précieux[2].

Une sous-marque voit le jour en 1930 : M.A.G. (Marcel et André Gaveau, fils d'Étienne), qui se spécialise dans la fabrication de pianos droits à un prix abordable. Ce sont des instruments de plus petite taille qui visent la solidité.

Lorsque débute la Seconde Guerre mondiale en 1939 la maison Gaveau a produit son 95 000e piano.

Étienne Gaveau meurt en 1943, ses fils Marcel et André continuent à faire vivre la marque malgré les difficultés.

En 1960 Gaveau fusionne avec Érard et forme la « Société Gaveau-Érard ». Pleyel qui traverse aussi une période difficile les rejoint rapidement, ce qui donne lieu à la naissance d'une nouvelle entité : les « Grandes marques réunies ». Malgré ce regroupement des trois plus grands facteurs français de pianos, les usines vont définitivement cesser leur activité en 1965[2].

D'anciens facteurs issus de cet ensemble qui veulent relancer l'activité, fondent quelques années plus tard en 1971 à Montreuil-sous-Bois, les pianos Rameau qui après un déménagement dans le sud de la France, deviennent la « Manufacture Française de Pianos » d'Alès dans le Gard. Outre les pianos de marque Rameau, elle fabrique aussi à partir de 1982 des instruments sous les marques Gaveau, Érard et Pleyel qui lui appartiennent.

L'ensemble est devenu en 2000 la propriété de Hubert Martigny, dans le rachat de Rameau qui incluait aussi les marques Pleyel, Érard et Gaveau. Il doit faire face à une rude concurrence, en particulier celle des pianos à bas coût venus d'Asie. Il est spécialement confronté à la concurrence des pianos produits en Chine vendus à prix cassés, cela alors que le marché français du piano neuf connaît par ailleurs un quasi effondrement. Avec en particulier la numérisation des loisirs (jeux vidéos, internet) des jeunes générations, les ventes de pianos acoustiques ont été divisées par cinq en l'espace de 30 ans où l'on est passé de 40 000 instruments vendus en 1980 en France, à seulement 8 000 en 2010 (et plus que 6000 en 2020). Il est à noter que le développement des achats de pianos numériques en alternative au piano acoustique, pour des raisons d'encombrement et de prix réduits, ont aussi participé de l'accroissement de cette forte chute depuis les années 2000, l'accélérant et la renforçant encore.

Depuis le rachat de Pleyel par le Pdt. d'Algam Gérard Garnier en 2017, la marque appartient à Algam à travers Pleyel-Érard-Gaveau-Rameau. Seule la marque Pleyel est désormais exploitée, les marques Gaveau, Érard et Rameau ne sont plus utilisées à ce jour.

Bien qu'ils ne soient plus fabriqués de nos jours, les pianos Gaveau sont toujours largement en usage. Ils continuent d'être en outre des instruments recherchés qui rencontrent un succès établi sur le marché du piano, tant au niveau français qu'à l'international.

Gamme de pianos

Le gamme était composée de pianos droits et à queue, comme suit :

  • les pianos droits portent, dans la dernière partie du XIXe siècle, par taille et puissance croissantes, les numéros 1, 2, 3 et 4 (ce dernier considéré à cette époque comme un « grand droit de concert »[3],[4] et appelé ainsi) ; puis au XXe siècle 5, 6, et 7 et 8 ; et en dernier lieu les lettres A, B et C — avec aussi à cette époque deux modèles de hauteur plus restreinte appelés respectivement « mezzo 60 » (1,10 m) et « menuet » (0,95 m) conçus plus spécifiquement pour les petits intérieurs[5] ;
  • les pianos à queues de modèles : extra réduit (1,35 m)[6], quart-de-queue (1,50 m)[7], demi-queue (1,80 m)[8],[9], trois-quarts-de-queue (2,25 m)[10] et grand queue de concert (2,80 m)[11], sont numérotés pour leur part de 1 à 5[5].

Dans la période de l'après Seconde Guerre mondiale, le modèle extra réduit Art déco de salon, appelé aussi crapaud ou petit quart-de-queue, à la très belle sonorité[6], remporta un large succès dans les appartements des grandes villes, pour les surfaces desquels il se montrait particulièrement adapté en alternative possible au piano droit.

La sonorité et la puissance des modèles de pianos dits « grands droits de concert »[3],[4] comme les no 4 et no 8 de la marque, peuvent amplement se mesurer à celles des pianos crapauds et même approcher celles des modèles quart-de-queue. Les performances des « grands droits », se révèlent dans bien des cas au moins égales voire supérieures à celle des modèles crapauds, leur cadre étant d'une plus grande dimension, ce qui confère à leurs cordes une plus grande longueur, intermédiaire entre celle des crapauds et des quart-de-queue avec une puissance et une sonorité qui s'approchent ainsi de ces derniers.

Notes et références

Voir aussi

Articles connexes

Lien externe

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