Ousmane Sonko
Ousmane Sonko, né le à Thiès, est un homme politique sénégalais, député à l'Assemblée nationale et maire de la ville de Ziguinchor. Il est le président du parti Patriotes du Sénégal pour le travail, l'éthique et la fraternité (PASTEF).
Pour les articles homonymes, voir Sonko.
Ousmane Sonko | |
Fonctions | |
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Député à l'Assemblée nationale du Sénégal | |
En fonction depuis le (4 ans, 11 mois et 21 jours) |
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Élection | 30 juillet 2017 |
Réélection | 31 juillet 2022 |
Circonscription | Département de Dakar |
Groupe politique | PASTEF |
Maire de Ziguinchor | |
En fonction depuis le (6 mois et 25 jours) |
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Élection | 23 janvier 2022 |
Coalition | Yewwi Askan Wi |
Prédécesseur | Abdoulaye Baldé |
Biographie | |
Date de naissance | |
Lieu de naissance | Thiès |
Nationalité | Sénégalaise |
Parti politique | PASTEF |
Diplômé de | Université Gaston Berger (UGB) École nationale d'administration (ENA) |
Profession | Inspecteur des impôts et domaines[1] |
Religion | Islam |
Il est candidat à l'élection présidentielle de 2019 sous la bannière de la coalition « Sonko Président ».
Il est accusé en février 2021 de viols et menaces de mort avec une arme[2] par une employée d'un salon de beauté qu'il fréquente, ce qu'il dénonce comme une « tentative de liquidation politique » provoquée par le président en exercice Macky Sall[3]. Son arrestation provoque de violents heurts entre ses soutiens et la police lors d'importantes manifestations. Il est inculpé puis relâché sous contrôle judiciaire.
Biographie
Formation
Ousmane Sonko naît le à Thiès, de parents fonctionnaires. Il grandit principalement en Casamance puis effectue ses études supérieures à l'université Gaston-Berger de Saint-Louis, où il obtient une maîtrise en droit public en 1999. Il entre ensuite comme major à l'École nationale d'administration (ENA) du Sénégal. En 2001, il sort diplômé de l’ENA, section « Impôts et Domaines » et intègre l’administration avec un premier poste qui le conduit au Centre des services fiscaux de Pikine[4]. En 2003, il obtient un diplôme d’études approfondies (DEA) en finances publiques et fiscalité de l’université Cheikh-Anta-Diop de Dakar (UCAD). Il est aussi titulaire d’un master 2 en gestion et finances publiques de l’Institut supérieur des finances (ISF) et également doctorant en droit public économique et fiscalité à l’université Jean-Moulin-Lyon-III.
Carrière
Ousmane Sonko a commencé sa carrière comme inspecteur principal des impôts et des domaines. Il a été vérificateur fiscal et chef de Brigade de vérification fiscale, chargé du secteur immobilier[5]. Il était auditeur interne à la Direction du contrôle interne (DCI) de la Direction générale des impôts et domaines (DGID), chargé de la rédaction de la charte de déontologie de la DGID[6].
Trois ans après son entrée dans l'administration, il crée le Syndicat autonome des agents des impôts et domaines (SAID), dont il est le premier secrétaire général d' à , avant de devenir secrétaire général honoraire de à . À cette période, il commence à critiquer le gouvernement et accuse l'État d'anomalies fiscales et budgétaires en mettant en cause le président Macky Sall. À la suite de cela, il est radié par le décret n°2016-1239 de l'Inspection générale des impôts et domaines en pour manquement au devoir de réserve[7]. Cet épisode, largement relayé par la presse sénégalaise, permet de révéler Ousmane Sonko au grand public[8]. En , il crée son cabinet Atlas.
Débuts politiques
Président du parti politique Pastef créé en , Ousmane Sonko est élu député à l’Assemblée nationale du Sénégal aux élections législatives de 2017.
En 2016, certains le soupçonnent d’utiliser les institutions syndicales pour ses propres ambitions politiques[9].
En , il sort le livre Pétrole et gaz au Sénégal : Chronique d’une spoliation, où il accuse le président et son entourage de malversations dans la gestion des ressources naturelles du pays[10].
Ces accusations sont reprises par un documentaire de la BBC. Parmi les personnes et entités visées, le frère du président du Sénégal, Aliou Sall, est accusé d'avoir reçu 245 000 dollars de pots de vin, ce qui est démenti par le président, Macky Sall[11].
Candidature à l'élection présidentielle de 2019
Le , il publie un livre programmatique, Solutions, dans lequel il livre un diagnostic des problèmes sociaux et économiques du Sénégal, déclinant ses propositions. Si l’ouvrage suscite un important intérêt à sa sortie, la directrice du Commerce extérieur critique les solutions proposées comme anachroniques et inexactes, indiquant qu'« avec l’union douanière, l’OMC, le Sénégal n’est plus maître de son commerce extérieur » et que les données utilisées pour appuyer son propos sont erronées[12]. Sa candidature à l'élection présidentielle est validée en .
La montée du leader du Pastef s'est internationalisée avec sa tournée dans la diaspora[13].
Il termine à la troisième place de l'élection présidentielle du avec plus de 687 000 voix, soit 15,67 %, derrière le président sortant Macky Sall et l'ancien Premier ministre Idrissa Seck.
Maire de Ziguinchor
Dans la perspective des élections locales du 23 janvier 2022, Ousmane Sonko s'allie avec plusieurs membres de l'opposition, dont l'ancien maire de Dakar Khalifa Sall pour constituer la coalition « Yeewi Askan wi » (Libérer le peuple). Ousmane Sonko est investi par la coalition comme candidat à la mairie de Ziguinchor. Il y affronte le maire sortant Abdoulaye Baldé ainsi que le candidat du pouvoir Benoît Sambou. À l'issue du scrutin, Ousmane Sonko l'emporte avec 56,31 % des voix[14]. Il est officiellement installé dans ses nouvelles fonctions le 10 février 2022[15].
Dépôt de plainte
Dans la nuit du au , Adji Sarr, une femme de 20 ans employée d'un salon de beauté, dépose plainte contre Ousmane Sonko pour « viols et menaces de mort » devant le commandant de la brigade de recherches de la gendarmerie de Colobane, à Dakar[16]. Elle l'accuse notamment de l'avoir violée à quatre reprises[17],[18].
Celui-ci répond en niant ces accusations sur son compte Twitter et en dénonçant un « complot » et une « tentative de liquidation politique » de la part du président Macky Sall, destinée, selon lui, à porter atteinte à son éventuelle candidature à l'élection présidentielle de 2024. Il confirme cependant avoir été client du salon de beauté où travaille la plaignante pour des massages du dos, tout en affirmant s'être assuré que deux personnes étaient toujours présentes durant les massages[19].
Ousmane Sonko est convoqué le par la gendarmerie nationale pour viol avec usage d'arme à feu[20], mais refuse de se rendre à cette convocation en invoquant son immunité parlementaire. Des dizaines de sympathisants manifestent leur soutien devant le domicile de Sonko. Des heurts éclatent alors que les forces de l'ordre tentent de disperser le rassemblement[18].
Point de presse du 2 mars 2021
La veille de sa convocation, Ousmane Sonko organise un point de presse pour donner sa version des faits. Il avoue s'être rendu à plusieurs reprises dans ce salon de massage mais uniquement pour des « raisons thérapeutiques » afin de soigner des maux de dos récurrents. Il y accuse le président Macky Sall d'être l'instigateur d'un complot le visant et appelle la jeunesse à se soulever « au péril de leur vie » pour le défendre[21].
Le lendemain de ce point de presse, de nombreuses émeutes se tiendront à Dakar et dans plusieurs autres villes du pays. Quatorze personnes y perdront la vie.
Levée de l’immunité parlementaire
Le député refusant de répondre à la convocation des gendarmes, invoquant son immunité, une commission ad hoc chargée de statuer sur une levée de l’immunité parlementaire est alors créée le 15 février 2021, afin qu’il redevienne justiciable pour répondre de accusations à son encontre[22].
Le , les députés votent à une large majorité — 98 pour, 1 contre et 2 abstentions — la levée de l’immunité parlementaire d'Ousmane Sonko, après des échanges tendus entre la majorité et l'opposition. Les députés de l'opposition quittent la salle avant le vote[23]. L'intéressé dénonce une procédure jugée « viciée et illégale » et annonce qu'il ne répondra à aucune convocation de la justice[24],[25],[23].
Arrestation
Ousmane Sonko est convoqué par un juge d'instruction le . Après avoir initialement annoncé qu'il ne se rendrait pas à cette convocation, il s'y résout finalement, tout en affirmant ne « pas faire confiance à la justice » et en appelant ses soutiens à rester mobilisés[26].
Il est arrêté alors qu'il se rendait à la convocation et placé en garde à vue dans l’après-midi pour « troubles à l’ordre public » et « participation à une manifestation non autorisé ». Ses partisans jugent cette arrestation arbitraire et des manifestations éclatent un peu partout à Dakar.
À ses sympathisants se mêlent des sénégalais excédés par le niveau de vie du pays et des manifestations éclatent dans tout le pays pour demander sa libération, pour dénoncer le niveau de vie et pour dénoncer le régime jugé corrompu en place. Ce mouvement sera appelé celui du « Free Senegal ».
Il doit être convoqué à nouveau devant la justice le [27].
Sa garde à vue est levée dans la nuit du au , mais il n'est cependant pas remis en liberté car il doit comparaître devant le doyen des juges d’instruction le lendemain[28].
Il est officiellement inculpé par la justice le et relâché sous contrôle judiciaire[29].
En mai 2021, la justice sénégalaise refuse à Ousmane Sonko l'autorisation de quitter le territoire pour se rendre à l'étranger, alors qu'il est sous contrôle judiciaire depuis son inculpation pour viols en mars 2021[30].
Manifestations
Son arrestation le provoque des heurts, dans la capitale à Dakar et au sud du pays, dans la région de Casamance, d’où est originaire Ousmane Sonko. Notamment des échanges de jets de pierres et des tirs à gaz lacrymogènes, entre des groupes de manifestants et la police, puis des pillages, saccages et scènes de guérilla urbaine les jours qui suivent, ce qui est qualifié d'« actes de nature terroriste » par le ministère de l'Intérieur[31]. Au , ces manifestations font au moins dix morts chez les manifestants.
Après sa libération et le deuil national décrété le 12 mars par le président de la République, Ousmane Sonko appelle à poursuivre la manifestation de manière pacifique sur tout le territoire sénégalais.
Le 17 mars, Adji Sarr, la victime présumée, s’exprime pour la première fois dans les médias locaux et étrangers (Le Monde) et revient sur les faits présumés. Elle fait part des violences commises : étranglement et mise à terre forcée. Adji Sarr affirme par ailleurs être victime de menaces et doit vivre cachée. Son employeur lui aurait recommandé d’avorter[32].
Élections législatives de 2022
En vue des élections législatives de 2022, Ousmane Sonko fait de la lutte contre l'homosexualité un argument de campagne[33].
Éléction présidentielle de 2024
En août 2022, Ousmane Sonko annonce son intention de présenter sa candidature à l’élection présidentielle de 2024[34].
Notes et références
- « Ousmane Sonko », sur assemblee-nationale.sn (consulté le ).
- « Ce que l'on sait de l'affaire Ousmane Sonko », sur BBC News Afrique, (consulté le ).
- « Sénégal : la femme qui accuse le chef de l’opposition de viol persiste et assure que Macky Sall n’est pas intervenu dans le dossier », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le ).
- « Portrait de candidat : Ousmane Sonko, l'étoile montante », sur VOA (consulté le ).
- « OUSMANE SONKO, UN ANCIEN INSPECTEUR DES IMPÔTS À LA CONQUÊTE DU POUVOIR », sur SenePlus, (consulté le ).
- « Sénégal : la Cour suprême confirme la radiation du candidat malheureux Ousmane Sonko », sur Afrik.com, (consulté le ).
- Benjamin Roger, « Sénégal : Ousmane Sonko, l’accusateur du clan Macky Sall », sur jeuneafrique.com, (consulté le ).
- Amadou Tom Seck, « Pétrole et gaz au Sénégal. Chronique d'une spoliation », sur Le Monde diplomatique, (consulté le ).
- « Sénégal. Sonko, l’inspecteur courage », sur Courrier international, (consulté le ).
- Aminata Diouf, « Graves révélations dans son livre sur le pétrole sénégalais : Ousmane Sonko suivi de près par les Américains », sur pressafrik.com, (consulté le ).
- « Invité Afrique - Gaz et pétrole au Sénégal: l'opposant Ousmane Sonko «charge Macky Sall» », sur RFI, (consulté le ).
- « Livre de Sonko : La directrice du Commerce extérieur rejette les «Solutions» ».
- « Présidentielle au Sénégal : Ousmane Sonko, adversaire principal de Macky Sall ? », sur JeuneAfrique.com, (consulté le ).
- « Resultats des locales 2022 a Ziguinchor ».
- « Ousmane Sonko officiellement maire de Ziguinchor ».
- « Sénégal : ce que contient la plainte pour « viols et menaces de mort » contre Ousmane Sonko – Jeune Afrique », sur jeuneafrique.com, Jeune Afrique, (consulté le ).
- Marième Soumaré, « Plainte contre Ousmane Sonko au Sénégal : ce que révèlent les PV d’auditions – Jeune Afrique », sur jeuneafrique.com, Jeune Afrique, (consulté le ).
- Théa Ollivier, « Une accusation de viol contre l’opposant Ousmane Sonko secoue le Sénégal », Le Monde, (lire en ligne, consulté le ).
- « Sénégal : la plainte pour viol contre Sonko crée une tempête politique », sur lepoint.fr, Le Point, (consulté le ).
- « Sénégal: l’opposant Ousmane Sonko convoqué à la gendarmerie suite à une accusation de viol », sur RFI, (consulté le ).
- « Point de presse 3 mars Ousmane Sonko ».
- « Affaire Sonko au Sénégal: une commission pour statuer sur son immunité parlementaire », sur RFI, (consulté le ).
- « Affaire Ousmane Sonko : sur qui l’opposant s’appuie-t-il pour mener la riposte ? », sur JeuneAfrique.com, (consulté le ).
- « Sénégal : Ousmane Sonko perd son immunité parlementaire », sur JeuneAfrique.com, (consulté le ).
- « Ousmane Sonko : trajectoire d’un incorruptible opposant soupçonné de viols », sur JeuneAfrique.com, (consulté le ).
- « Sénégal: Ousmane Sonko annonce qu'il va se rendre à la convocation du juge d'instruction », sur rfi.fr, RFI, (consulté le ).
- « Sénégal: l'opposant Sonko, gardé à vue, conserve le silence (avocat) », sur tv5monde.com, TV5 Monde, (consulté le ).
- « Sénégal: l'opposant Ousmane Sonko à nouveau devant le juge ce lundi », sur rfi.fr, RFI, (consulté le ).
- Le Figaro avec AFP, « Sénégal: le juge ordonne de relâcher l'opposant Sonko, sous contrôle judiciaire », sur lefigaro.fr, Le Figaro, (consulté le ).
- Matthieu Millecamps, « Sénégal : Ousmane Sonko interdit de se rendre à Lomé pour débattre de l’avenir du franc CFA », sur www.jeuneafrique.com, Jeune Afrique, (consulté le ).
- Théa Ollivier, « Au Sénégal, l’arrestation de l’opposant Ousmane Sonko déclenche des émeutes », Le Monde, (lire en ligne, consulté le ).
- « « Ousmane Sonko a gagné » : au Sénégal, Adji Sarr sort du silence et réitère ses accusations », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le ).
- « Pour les homosexuels au Sénégal, une vie empêchée », sur KOMITID, (consulté le ).
- « Afrique Sénégal: Ousmane Sonko se porte candidat pour la prochaine présidentielle », sur RFI, (consulté le ).
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