Péléforo Gbon Coulibaly

Gbon Coulibaly, né Péléforo Gbon Soro vers la fin des années 1860 et mort le 19 septembre 1962, est un chef coutumier des Sénoufos de la région de Korhogo en Côte d'Ivoire.

Gbon Coulibaly
Nom de naissance Péléforo Gbon Soro
Naissance vers 1860
Décès
Activité principale
Chef des Sénoufos de la région de Korhogo
Descendants

Naissance et accession à la chefferie des Tiembara de Korhogo

Péléforo Gbon Soro nait vers la fin des années 1860 à Lagbasekaa, son village maternel[1]. Il est élevé à la cour de son père, Soro Zouacognon, chef des Tiembara de Korhogo.

Au début de l'année 1894, à la demande de ce dernier, il envoyé à auprès de la cour du roi Babemba Traoré à Sikasso, capitale du royaume du Kénédougou. Trois mois plus tard, en avril, son père décède de la variole ainsi que trois de ses frères, il retourne à Korhogo pour s'imposer à la tête de la chefferie, grâce au soutien militaire du roi Babemba Traoré[2]. Ce faisant, il introduit une rupture dans le principe de transmission matrilinéaire du pouvoir. Il est alors initié au poro comme le recommande la coutume sénoufo, puis accède à la chefferie.

Allégeance à Samory Touré

En août 1894, dans un contexte d'avancé en pays sénoufo de l'armée de l'almamy Samory Touré, fondateur de l'empire Wassoulou, Péléforo Gbon rompt tout lien avec le roi Babemba et envoie une délégation de chefs sénoufos présenter leur soumission aux conquérants mandingues[3]. Sous l'influence de Samory, Péléforo Gbon Soro – animiste de naissance – se convertit à l’islam. Son patronyme sénoufo Soro se mue en patronyme mandé-dioula Coulibaly, et le prénom sénoufo Péléforo disparait de l’état civil. L’exemple de mutation patronymique du chef est suivi par la classe dirigeante sénoufo, mais aussi par les concitoyens de la région qui embrassent la religion musulmane et même par certains non musulmans par effet de mode[4].

Allégeance au pouvoir colonial français

En 1898, lorsque les troupes françaises s'installent à Kong, Gbon Coulibaly rompt son allégeance à Samory Touré et se rallie aux français[2]. En 1905, Gbon est nommé chef de canton par l'administration coloniale. Cette collaboration des élites de Korhogo avec le pouvoir coloniale n'est consentie que dans la mesure où elle renforce les instruments économiques, idéologiques ou politiques de leur hégémonie régionale, et conforte leurs stratégies d'accumulation personnelle ou collective. En 1942, Gbon est nommé au poste honorifique de chef de province, tandis que son fils Bêma Coulibaly lui succède à la tête du canton de Korhogo, entérinant ainsi la fin de la transmission matrilinéaire de la fonction.

Alliance avec Félix Houphouët-Boigny et le Syndicat agricole africain (SAA)

En 1945, il scelle une alliance avec Félix Houphouët-Boigny, par l'intermédiaire de son fils Dramane qui a épousé une femme baoulé. Dans un contexte où l'administration coloniale refuse l'accès au marché de la main d'œuvre aux planteurs ivoiriens, Gbon leur offre l'accès au recrutement massif de main d'œuvre sénoufo. En contre partie Félix Houphouët-Boigny assure à la famille de ce dernier le soutien politique du Syndicat agricole africain (SAA). En 1946, Gbon soutient la création du Parti démocratique de Côte d'Ivoire (PDCI)[1].

Il meurt le 19 septembre 1962.

Famille

Péléforo Gbon Coulibaly est le père de Lanciné Gon Coulibaly, premier maire de Korhogo et ministre d'Henri Konan Bédié, le grand-père d'Issa Malick Coulibaly, directeur adjoint de cabinet et ministre de Laurent Gbagbo, et l'arrière-grand père du premier ministre Amadou Gon Coulibaly[5].

Maison de Gbon Coulibaly à Korhogo abritant le Musée éponyme

Hommages

  • L'université publique de la ville de Korhogo, l'université Péléforo-Gbon-Coulibaly, est nommé en son honneur[6].
  • Le musée Pélèforo Gbon Coulibaly, créé en 1992 dans sa maison de Korhogo, lui est dédié[7].
  • L'effigie de Gbon Coulibaly est imprimée sur l'édition de 1945 des billets de 5000 francs CFA[8].

Notes et références

  1. « L’histoire de Péléforo Gbon et des Sénoufo enfin connue / Pr Tiona Ouattara, enseignant-chercheur : « Péléforo Gbon a été l’incarnation des valeurs du respect (…), de la fidélité, du dialogue et de la paix » - Abidjan.net News », sur news.abidjan.net (consulté le )
  2. (en) Cyril K. Daddieh, Historical Dictionary of Cote d'Ivoire (The Ivory Coast), Rowman & Littlefield Publishers, , 3e éd., 704 p. (ISBN 0810871866), p. 178
  3. Tiona Ferdinand Ouattara, Sur les rives du Haut Bagoé en Côte d'Ivoire : histoire de Boundiali de la fondation à 1961, Abidjan, Editions Universitaires de Côte d'Ivoire, , 224 p. (ISBN 9782355650185)
  4. Navigué Félicien Coulibaly, « L’influence de la culture mandingue à travers le processus d'islamisation de la société sénoufo de Côte d'Ivoire, des origines à nos jours », Revue Africaine d’Anthropologie, Nyansa-Pô, no 10, , p. 61-79 (lire en ligne)
  5. « La guerre des Coulibaly – Jeune Afrique », sur JeuneAfrique.com, (consulté le )
  6. « Décret de création de l'UPGC », sur site_upgc (consulté le )
  7. Pierre Boutin, « Comment se constituent les collections : l’exemple sénoufo », Afrique : Archéologie & Arts, no 10, , p. 47–59 (ISSN 1634-3123, DOI 10.4000/aaa.222, lire en ligne, consulté le )
  8. « Découvrez ce billet de 5000F sur lequel figurait Gbon Peloforo Coulibaly - Opera News », sur ci.opera.news (consulté le )
  • Portail de la Côte d’Ivoire
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.