Pakol

Le pakol (en pachto et persan : پکول ; en ourdou : پکول) ou la causia (du grec : καυσία / kausía[1]) est un béret traditionnel en laine à gros bourrelets porté historiquement par les Macédoniens et encore porté au Pakistan et en Afghanistan.

Soldats macédoniens coiffés du causia, ou pakol (tombe d'Ágios Athanásios, IVe siècle av. J.-C.

S'il a disparu en Occident, il est toujours resté en usage en Afghanistan où, appelé pakol, il est considéré comme le couvre-chef traditionnel et national. Le pakol et la causia sont en effet remarquablement similaires[Quoi ?][2]. Son usage tout comme celui du pallium, transmis quant à lui à travers la civilisation gréco-bouddhique, s'est donc perpétué jusqu'à nos jours dans cette région où la civilisation et les villes hellénistiques furent florissantes.

L'histoire de ce béret à travers le temps est un incroyable et rare héritage de la civilisation gréco-bouddhique parvenu jusqu'à nos jours.

Histoire

Histoire antique

Un jeune homme macédonien coiffé de la causia.

Il était porté pendant la période hellénistique mais peut-être même avant l'époque d'Alexandre le Grand[3] et a été utilisé plus tard comme protection contre le soleil par les classes les plus pauvres de Rome[4].

À l'origine, la causia était un béret porté par le monarque et les soldats macédoniens. Il fut adopté par la population locale sans doute par adhésion ou imitation. Avec le temps, les origines du béret sont oubliées par les descendants de la population locale soumises jadis aux Royaumes Gréco-Bouddhiques ou Gréco-Bactriens.

On trouve des représentations de la kausia sur diverses pièces de monnaie et statues, de la Méditerranée au royaume gréco-bactrien et aux Indo-Grecs du nord-ouest de l'Inde. Les Perses désignaient le reste des Grecs et les Macédoniens par le terme Yauna (Ioniens), mais faisaient une distinction entre les Yauna « du bord de mer » et ceux « dont le chapeau ressemble à un bouclier » (yauna takabara), faisant probablement référence au chapeau de la kausia macédonienne[5]. Selon Bonnie Kingsley, la kausia est peut-être arrivée en Méditerranée sous la forme d'un chapeau de campagne porté par Alexandre et les vétérans de ses campagnes en Inde[6], mais selon Ernst Fredricksmeyer, la kausia était un élément de base trop bien établi de la garde-robe macédonienne pour avoir été importée d'Asie en Macédoine[7].

Histoire contemporaine

Un Afghan coiffé du pakol.
Artisans.

Durant la période des Talibans en Afghanistan, entre 1996 et 2002, le pakol était officiellement interdit, car les Talibans étaient conscients de l'héritage gréco-bouddhique de ce béret. Cependant, cette interdiction sera rarement appliquée, car elle était impopulaire, et du fait aussi que le décret appliquant cette interdiction était peu connu des milices et autres polices des mœurs talibans[réf. souhaitée].

Au Pakistan et en Afghanistan, l'origine de ce couvre-chef viendrait de Chitral, au Pakistan[8], et est largement utilisé au Gilgit-Baltistan et dans d'autres régions du Pakistan, ainsi que par divers groupes ethniques en Afghanistan. Sa ressemblance exacte avec la causia porté jadis par les Macédoniens dont la culture a longtemps dominé dans cette région, conquise par Alexandre le Grand, fait penser qu'il s'agit d'une survivance de cet antique couvre-chef[9].

Références

  1. καυσία, Henry George Liddell, Robert Scott, A Greek-English Lexicon, on Perseus
  2. Ian Worthington, Nicholas Geoffrey Lemprière Hammond, Ventures into Greek history, p. 135, Clarendon Press, 1994
  3. "The Kausia Diadematophoros", American Journal of Archaeology, 1984, on JSTOR
  4. "Miles gloriosus", Harvard University Press, 1997, on Google books
  5. (en) Joseph Roisman et Ian Worthington, A Companion to Ancient Macedonia, John Wiley and Sons, (ISBN 1-4051-7936-8), p. 87.
  6. (en) Bonnie M. Kingsley, « The Cap That Survived Alexander », American Journal of Archaeology, vol. 85, , p. 39.
  7. (en) Ernst Fredricksmeyer, « Alexander the Great and the Macedonian kausia », Transactions and Proceedings of the American Philological Association, vol. 116, , p. 215–227.
  8. (en) Beverly Chico, Hats and Headwear around the World: A Cultural Encyclopedia: A Cultural Encyclopedia, ABC-CLIO, (ISBN 978-1-61069-063-8, lire en ligne)
  9. Ian Worthington, Nicholas Geoffrey Lemprière Hammond, Ventures into Greek history, p. 135, Clarendon Press, 1994, p. 135.

Bibliographie

  • (de) M. Bieber, Entwicklungsgeschichte der griechichen Tracht, seconde édition, 1967.

Voir aussi

Lien externe

  • Portail de la Grèce antique
  • Portail de l’Afghanistan
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.