Cnossos
Cnossos ou Knossos (en grec ancien : Κνωσός / Knōsós) est un site archéologique crétois de l'âge du bronze en Europe, situé à cinq kilomètres au sud-est d'Héraklion, à l'ouest du fleuve Kairatos. Son aspect et sa taille en font un endroit capable de recevoir un demi-million de visiteurs par an[1]. Un projet de restructuration a été annoncé par les autorités archéologiques grecques en juillet 2012[2].
Cnossos | |
Plan du palais de Cnossos. | |
Localisation | |
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Pays | Grèce |
Coordonnées | 35° 17′ 54″ nord, 25° 09′ 44″ est |
Découverte
C'est le plus important des palais minoens crétois depuis sa découverte en 1878. Associé à la légende du palais du roi Minos, le site, occupé depuis 7000 av. J.-C., fut probablement la capitale de la Crète lors de la période minoenne[3]. Les ruines de Cnossos ont été découvertes en 1878 par un antiquaire crétois, Minos Kalokairinos. Il a conduit les premières fouilles, mettant au jour des magasins dans l'aile ouest du palais, ainsi que des éléments de façade. Également, il en exhuma de grands vases[4] richement décorés et en parfait état, qu'il s'empressa de faire parvenir aux musées européens[5]. Le 16 mars 1900, un archéologue britannique, Arthur Evans, achète l'ensemble du site et entame des fouilles de grande envergure. La fouille et la restauration de Cnossos, ainsi que la découverte de la civilisation qu'il a lui-même appelée minoenne, du nom du roi légendaire Minos, sont inséparables de la personne d'Evans. Evans était assisté par Duncan Mackenzie, qui s'était déjà signalé sur les chantiers de fouille de Milo, et par Theodor Fyfe, un architecte de la British School at Athens. Utilisant des paysans locaux comme fouilleurs, Evans a mis au jour en quelques mois une partie importante d'un ensemble qu'il a considéré être le palais de Minos. En réalité, Cnossos est un ensemble complexe de plus de 1 000 pièces imbriquées et servait à la fois de centre administratif et religieux, mais aussi de centre de stockage de denrées[6].
Historique
La chronologie précise de l'histoire minoenne demeure un peu incertaine ; de grandes tendances se distinguent. Arthur Evans a divisé l'âge du bronze en Crète en trois périodes : le Minoen ancien (MA) ou Pré-palatial (v. -3000/-2200). Le Minoen moyen (MM) ou Proto-palatial (v. 2200-1500) et enfin, Minoen récent (MR) ou Néo-palatial (v. 1500-1000). Avec les découvertes successives, chacune de ces périodes a elle-même été divisée en trois périodes, au moyen de chiffres romains (I, II et III), elles-mêmes divisées en deux sous-périodes (A et B).
Le site de Cnossos est peuplé depuis le VIIIe millénaire av. J.-C., peu après l'arrivée des premiers colons sur l'île de Crète. Au cours du IIIe millénaire, correspondant au MA, les constructions en pierre se multiplient. On retrouve les traces d'un grand bâtiment construit au MA III (v. 2200), sans doute précurseur du Vieux Palais, construit à partir de 1900 (MM IA). C'est ce qu'on appelle la phase archéopalatiale (MA III à MM I, 2100 à 2000). Ce Vieux ou Premier Palais s'étendait autour d'une cour centrale. L'organisation de bâtiments autour d'une cour centrale est une constante du système palatial minoen, excepté à Phaistos, où il semble que la place manquait. La construction d'un palais semble résulter de la nécessité d'organiser la cité, après son expansion au cours des siècles précédents[7]. Les constructions se répartissent autour de la cour centrale en aile ouest, nord et est. Le Vieux Palais est détruit vers 1800-1700 (MM II B) par plusieurs séismes, fréquents en Crète.
Les reconstructions au cours du XVIIe siècle marquent le début de la construction du Nouveau Palais (MM III A). Cette construction se poursuit graduellement jusqu'à sa destruction vers 1350. Le palais de Cnossos semble avoir été le centre politico-culturel de l'influence minoenne sur la Crète et les îles de la mer Égée, influence perceptible jusqu'en Égypte ou en Syrie. L'éruption minoenne vers 1628 (MR I A), si elle ne signifie pas la disparition de la civilisation minoenne comme l'a suggéré Spyridon Marinatos, semble toutefois marquer le début du déclin de la puissance minoenne[7]. Le raz-de-marée provoqué par l'éruption (trois vagues au moins d'une vingtaine de mètres de haut) a en effet détruit plusieurs ports de la côte nord de la Crète, comme Amnisos, considéré comme le port de Cnossos, une flotte minoenne et a dû probablement saliniser durablement les terres touchées. Cependant, le palais de Cnossos ainsi qu'une grande partie de l'île ne sont pas touchés par le raz-de-marée, ce qui a permis à la Crète de retrouver un certain éclat jusqu'aux destructions de tous les palais, excepté Cnossos, vers 1500-1450. Peu après, l'île semble avoir été conquise par les Mycéniens (v. 1420, MR II). Le palais de Cnossos est ensuite détruit dans la seconde moitié du XIVe siècle. Le site est réoccupé dans les siècles suivants, mais jamais Cnossos ne retrouve son influence.
Le palais de Cnossos
Stylistique
Le palais de Cnossos est, en plan, organisé autour d'une cour rectangulaire orientée Nord-Sud. Doté de plusieurs entrées, au Nord et au Sud, il n'est pas fortifié. Il n'y a pas de claire distinction entre le palais et le tissu urbain, ce qui est significatif et relève d'un système dédalique. On distingue cependant plusieurs secteurs, entre zones d'apparat, cultuelles et de stockage, marqués par de longs couloirs. Ce palais était doté d'un étage, comme l'indique un escalier. Une empreinte de sceau découverte à La Canée laisse deviner une façade à redents agrémentée de créneaux et de cornes de taureaux. Au-dessus de la façade, symboliquement à l'intérieur, on retrouve un personnage masculin bombant le torse, peut-être le roi-prêtre dominant la cité. En élévation, le polythène, pièce à multiples baies est une caractéristique des palais minoens. Il permet un jeu sur les paysages et les vues environnantes. Les chapiteaux des colonnes, en bois peint en noir pour le fût, sont en forme de galettes. Une autre caractéristique est le puits de lumière, qui permet d'apporter la lumière sur plusieurs étages, et en bas duquel on trouve des bassins lustraux. On remarque que les Minoens ont aménagé des ouvertures privilégiées sur le relief environnant.
Le palais était le centre de diverses fonctions, qu'on retrouve en plan : l’aile ouest contient une vingtaine de magasins, de longs couloirs en épi, qui sont des réserves de nourriture (le palais était un « coffre-fort de nourriture »). Au même niveau, côté cour, on retrouve la fonction religieuse avec la salle du trône (trône en stuc et fresques à griffons sur fond pourpre). A divers endroits on trouve des « bains lustraux », servant à la purification des visiteurs avant leur accès au Palais et au Sanctuaire. Il y a aussi des puits de lumière entre les pièces, dus à une juxtaposition de pièces très condensée qui nécessite ce genre d’infrastructures, puisqu’en certains endroits, le palais atteignait cinq niveaux. Près de la salle de trône se trouve la « crypte aux piliers » qui est le sanctuaire principal du palais. Aux étages se trouvent les pièces les plus importantes : les halls de réception et des bureaux administratifs. La cour centrale (~1 200 m²), typique des palais crétois, a une fonction rituelle : elle accueille la tauromachie représentée sur de nombreuses fresques : elle consiste en voltige avec des taureaux. Les quartiers royaux se trouvent au sous-sol (salle hypostyle) et au rez-de-chaussée de l’aile est. Dans ce quartier se trouve un quartier féminin (gynécée) que l’on atteint par un escalier à trois volées avec en son centre un puits de lumière qui servait de ventilation. Au niveau jardin, se trouve un mégaron à la crétoise ou « salle des doubles haches », le plus monumental et caractéristique de l’architecture minoenne qui est une salle de réunion où le roi recevait ses hôtes autour du foyer central. (eschara)
Esthétique
Les colonnades crétoises sont formées d’un nombre impair de colonnes dites renversées car elles s’évasent vers le haut. Ce sont des colonnes en bois de couleur rouge qui sont plantées dans le sol et surmontées du chapiteau typique crétois.
Tout le palais possède un toit plat ce qui est assez courant sous ces climats. Les façades sont monumentales, elles s’étendent sur plusieurs niveaux et sont rythmées par des piliers et des colonnes rouges sur des murs en gypse et en albâtre. De nombreux redans permettent de rompre la monotonie des façades. Le palais visible est le fruit du travail de Sir Arthur Evans qui fit de nombreuses reconstructions très controversées (à grand renfort de béton) et même parfois erronées. Ce qui caractérise le décor de ces palais, ce sont bien sûr les fresques, qui voient se développer des décors figurés, Pour la fresque de la tauromachie, comme pour une bonne partie des fresques du palais, on est après la phase des seconds palais à proprement parler. La scène est encadrée d'un décor de motifs divers. Au centre, un registre principal est décoré d'un fond bleu très vif. Un taureau probablement un Aurochs[9] au galop volant charge des acrobates, l'un le saisissant par les cornes, un autre effectuant un saut périlleux sur son dos, et un dernier préparant son saut derrière lui. Ces hommes sont représentés, de manière conventionnelle, nus, les cheveux longs, bijoutés, et le pagne court. Ce qui est frappant, ce sont les chevelures, noires, constituées de longues mèches bouclées, ajoutant au dynamisme de la fresque. La figure du taureau fait écho à celles qui décorent les façades. De nombreuses pièces étaient richement décorées comme les quartiers de la reine avec ses fresques de dauphins (dont c'est la plus ancienne représentation) ou la salle du trône.
Pithoi de Cnossos
Les pithoi (en grec ancien, πίθοι / píthoi) sont de grandes jarres de terre cuite, fabriquées par les Minoens pour conserver, pour la plupart, de l'huile d'olive. Ces pithoi étaient hermétiquement clos par des sceaux indiquant le nom de leur propriétaire. Malheureusement, Arthur John Evans, croyant pouvoir voir des pithoi (voir Pithos ) encore pleins, brisa de nombreux sceaux. Les jarres « géantes » étaient gardées dans les caves du palais. Toutes les jarres tenaient avec un ensemble de cordes dans des magasins situés dans l'aile orientale du palais. La grande quantité de celles-ci est une interrogation pour les archéologues. Pour certains, il s'agissait de pouvoir stocker l'huile produite en un seul et même endroit, dans ce cas, Cnossos. Ou bien, il s'agissait d'une réserve, qui devait alors être composée de nombreuses autres victuailles, pour survivre à une quelconque attaque. Le plus intéressant, ce sont les marques noires qui couvrent parfois des murs du Palais de Cnossos. Il s'agit en fait d'huile dont les jarres auraient explosé sous les flammes. Ces jarres rappellent la légende de Glaucos, le fils de Minos, supposé souverain de Cnossos par Arthur Evans, qui serait tombé dans une jarre remplie de miel et qui s'y serait noyé.
Notes et références
- (el) « Κεντρική Σελίδα ΕΛΣΤΑΤ », sur statistics.gr (consulté le ).
- (en) e-Kathimerini 13/07/2012
- (en) Castleden, Rodney, Life in Bronze Age Crete, London; New York, p. 35
- nommé en crétois : pithoi
- Jean - Claude Simoën, À la recherche des civilisations disparues : Archéologues et aventuriers, Paris, Perrin, , 321 p. (ISBN 978-2-262-04261-5), p. 172
- (en) Castleden, Rodney, Minoan Life in Bronze Age Crete, Routledge, (ISBN 978-1-134-88064-5), p. 68
- (en) « École britannique d'Athènes »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?)
- Les fragments originaux proviennent en fait de plusieurs personnages, dont, vraisemblablement, un boxeur ; Jean Coulomb, « Le « Prince aux lis » de Knosos reconsidéré », Bulletin de correspondance hellénique, vol. 103, , p. 29–50 (DOI 10.3406/bch.1979.1976, lire en ligne, consulté le )
- Crète, enquête sur les derniers Minoens diffusé le jeu. 01.11.18 à 20h50 France télévision
Voir aussi
Bibliographie
- Costis Davaras, Cnossos et le musée d'Héracleion, Éditions Hannibal, Athènes, 1957.
- Cilleros José-Antoine, Lieux étranges, mondes insolites, Marshall Éditions Developments Limited, Montréal, 1994.
- Giorgos Tzorakis (archéologue), Cnossos - Nouveau guide du Palais de Cnossos, Éditions Hespéros, Grèce monuments et musées - hènes, 2014
- Jean - Claude Simoën, À la recherche des civilisations disparues, Paris, Perrin, , 321 p. (ISBN 978-2-262-04261-5)
Articles connexes
Liens externes
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