Panslavisme
Le panslavisme est une doctrine politique, culturelle et sociale qui valorise l'identité commune que partagent les différents peuples slaves (Polonais, Tchèques, Slovaques, Slovènes, Croates, Serbes, Monténégrins, Bosniaques, Gorans, Macédoniens, Bulgares, Pomaks, Russes, Biélorusses, Ukrainiens, Cachoubes, Sorabes/Lusaciens et Ruthènes) et qui préconise leur union politique sur la base de cette identité.
Historique
- Origine probable des Slaves aux Ve et VIe siècles.
- Tribus slaves du VIIe au IXe siècle.
- Distribution géographique contemporaine des langues slaves.
Le panslavisme est d'abord défini par un idéologue croate Vinko Pribojević (en) (vers 1470-1540) dès le XVe siècle, repris par un missionnaire croate Juraj Križanić (en) (1618-1683)[1]. Une étape intermédiaire serait Le Royaume des Slaves (1601), publication de Mauro Orbini.
Selon François Dvornik, apparue dans le contexte du conflit entre Réforme (protestante) et Contre-Réforme (catholique), l'idéologie de Križanić ne vise pas seulement l'union sociale, politique et religieuse des populations slaves, mais aussi l'unification linguistique en formant une langue slave commune « mélange de slavon, russe et serbe[2] ».
La réflexion sur la thématique panslaviste est surtout développée par le philosophe russe Nikolaï Danilevski (1822-1885).
Le mouvement atteint son essor avec le Congrès panslave de Prague en 1848. C'est à cette même époque que le drapeau panslave est créé (il va être réutilisé par la suite lors de la création de la fédération des États slaves du Sud, autre nom de la Yougoslavie) ainsi qu'un hymne intitulé Hé, les Slaves consacré aux peuples slaves durant la domination austro-hongroise. À la fin du XIXe siècle, le rêve de la chute de Constantinople pour en faire la capitale d'un État panslave est formulé par Fiodor Dostoïevski et Danilevski. Le nom de Tsargrad est même choisi. Le début de la Première Guerre mondiale en 1914 et la bataille des Dardanelles remportée par les Ottomans met fin à ce rêve.
Cette doctrine sert de base idéologique aux interventions militaires de l'Empire russe dans les Balkans au XIXe siècle, à la formation de la Yougoslavie fédérale, puis est habilement utilisée par l'Union soviétique[3] avant et après la Seconde Guerre mondiale.
Actuellement, elle est souvent véhiculée par les milieux nationalistes russes, mais ne trouve pas d'écho, du moins officiellement, auprès des autorités russes.
Positions
La Pologne et la Tchéquie sont panslaves[réf. nécessaire], mais la Pologne est anti-russe, du fait de sa rivalité historique avec l'Empire russe.
L'idéologie panslave est néanmoins mieux accueillie dans les Balkans par exemple, où des peuples slaves étaient depuis des siècles sous domination ottomane ou germanique. De plus, les Slaves des Balkans sont redevables de la Russie, qui les libéra du joug ottoman lors de la guerre russo-turque de 1877-1878. Les liens entre la Russie, la Bulgarie et la Serbie, qui partagent en outre la confession orthodoxe et l'alphabet cyrillique, restent encore assez marqués par cette doctrine.
Par contre, la Croatie catholique, mais dont la population est slave, s'est clairement rapprochée de l'Occident depuis longtemps, ayant subi les influences autrichienne et italienne. La Slovénie a toujours été proche de la position croate après la disparition de la Yougoslavie. En revanche, les Slaves musulmans (Bosniaques, Pomaks...) constituent un groupe à part dans le monde slave et se sentent en général plus proches des Turcs (avec qui ils partagent une histoire et une religion communes) que des autres peuples slaves.
La fédération de Russie n'a, du moins officiellement, pas utilisé la doctrine panslave dans sa politique extérieure. Cependant, les nationalistes et les communistes russes ont joué la carte d'influence culturelle et linguistique russe pour promouvoir l'idée d'union entre les anciennes républiques soviétiques, voire la restauration de l'Union soviétique (géopolitique actuelle incluant la Communauté des États indépendants). Le Parti libéral-démocrate de Russie et le Parti national-bolchévique, deux partis nationalistes russes, ont même prôné le retour par la force à une forme d'Empire russe.
À notre époque, l'appel au panslavisme est souvent venu de Russie, de Serbie, et de Slovaquie.
Les sociologues s'accordent sur une tendance croissante des signes de panslavisme parmi certains jeunes des pays slaves. De multiples facteurs, comme l'entrée de pays slaves comme la Pologne, la Slovénie, la Slovaquie et la Bulgarie dans l'Union européenne ont contribué au fait que beaucoup de jeunes se sentent Slaves et trouvent un sens d'appartenance et d'identité à « être un Slave »[4].
Renouveau au XXIe siècle
Il y a une opinion que la situation politique actuelle dans le monde slave est caractérisée non seulement par le déclin complet du panslavisme autrefois populaire, mais souvent par la politique hostile des pays slaves les uns envers les autres. Ce point de vue se fonde sur la politique officielle d'un certain nombre d'Etats slaves visant à rejoindre l'OTAN et l'UE d'une part, l'UEE et l'OTSC d'autre part.
Tout le monde n'est pas satisfait de cette orientation politique, et certains pensent que l'OTAN et l'UE s'opposent de plus en plus au monde slave. C'est ce qui contribue à la renaissance du panslavisme dans presque tous les pays slaves. Diverses relations entre les pays et les peuples slaves existent à ce jour. Ils vont du respect mutuel basé sur un partenariat égal et la sympathie les uns pour les autres, en passant par l'hostilité et l'inimitié traditionnelles, à l'indifférence. Aujourd'hui, aucune des formes de rapprochement entre pays d'origine slave, à l'exception des pays d'origine culturelle et historique, n'a été mise en œuvre, à l'exception du groupe de Visegrád. Dans les temps modernes, il y a de fréquentes références aux idées panslavistes en Russie, Biélorussie, Serbie et Slovaquie.
Il y a une opinion opposée selon laquelle l'unification des Slaves se fait à travers les structures de l'UE. L'euro-slavisme au XXIe siècle remplace le panslavisme comme projet d'intégration des Slaves entre eux[5].
La renaissance du panslavisme se déroule dans les trois directions suivantes : scientifique et pédagogique ; publique ; politique[6],[7].
Militaire
Depuis 2015, trois pays slaves (Russie, Serbie, Biélorussie) pratiquent des exercices militaires conjoints qui se nomment « Fraternité slave » et qui vise non seulement à échanger des expériences dans la lutte antiterroriste, mais également à envoyer un signal politique définitif au reste du monde : Moscou, Minsk, et Belgrade restent des partenaires historiques, liés par une amitié forte.
Les exercices de « Fraternité slave » de 2015 ont eu lieu à proximité de la ville de Novorossisk, dans la région de Krasnodar (Sud de la Russie).
Drapeau panslave
Les couleurs présentes sur le drapeau panslave ne font pas que reprendre celles du drapeau russe. Dans l'inconscient collectif slave, chacune de ces trois couleurs correspond à un point cardinal et à un des trois groupes de Slaves :
- le bleu aux Slaves orientaux ;
- le blanc aux Slaves occidentaux ;
- le rouge aux Slaves méridionaux.
Notes et références
- François Dvornik 1970, p. 797
- François Dvornik 1970, p. 798
- François Dvornik 1970, p. 947
- http://pmo.slawia.org/
- (en) Lukas Wagner, An Analysis of Discourses of Council Presidencies on EU-Russia, Université de Tampere,
- (en) Alexey Malinov, « Panclavism as Panmongolism. Historiosophy of Nationalism », Administrativa Consulting, , p. 136–149 (ISSN 1726-1139, DOI 10.22394/1726-1139-2017-10-136-149, lire en ligne, consulté le )
- (en-US) chpothmann, « INTERVIEW: President of SLAVONIC EUROPE, David CHMELIK, in Belgian Radio and TV channel RTBF – Les Belges du Bout du Monde », sur slavonic-europe.org, (consulté le )
Voir aussi
Bibliographie
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
- Francis Dvornik (trad. Danielle Pavlevski, préf. François Dvornik), Les Slaves : Histoire et civilisation, de l'Antiquité aux débuts de l'époque contemporaine [« The Slavs, Their Early History and Civilisation »], Éditions du Seuil, coll. « Univers historique », (1re éd. 1956), 1196 p.
Articles connexes
Liens externes
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