Parti démocratique populaire d'Afghanistan

Le Parti démocratique populaire d'Afghanistan (en dari : حزب دموکراتيک خلق افغانستان, Hezb-e dimūkrātĩk-e khalq-e Afghānistān ; en pachto : د افغانستان د خلق دموکراټیک ګوند, Da Afghanistān da khalq dimukrātīk gund) était un parti communiste inspiré du marxisme-léninisme[2] fondé le [3]. En , avec l'aide de l'Armée nationale afghane, le parti prendra le pouvoir lors de la « révolution de Saur » et proclamera la République démocratique d'Afghanistan qui durera jusqu'en 1992, date à laquelle les moudjahidines renversent le gouvernement communiste.

Parti démocratique populaire d'Afghanistan
حزب دموکراتيک خلق افغانستان
د افغانستان د خلق دموکراټیک ګوند

Logotype officiel.
Présentation
Secrétaires généraux Nour Mohammad Taraki (1965-1979)
Hafizullah Amin (1979)
Babrak Karmal (1979-1986)
Mohammad Najibullah (1986-1992)
Fondation
Disparition
Siège Kaboul, Afghanistan
Fondateurs Babrak Karmal
Nour Mohammad Taraki
Journaux Khalq (1966)
Parcham (1969)
Organisation de jeunesse Organisation de la jeunesse démocratique d'Afghanistan (en)
Positionnement Gauche
Idéologie Nationalisme
Nationalisme de gauche
Sécularisme
Jusqu'en 1987 :
Socialisme
Marxisme-léninisme
Adhérents 160 000 (fin des années 1980)[1]
Couleurs Rouge et jaune

Historique

Drapeau du Parti démocratique populaire d'Afghanistan.

Formation

Quand l'URSS est née, des suites de la révolution russe de 1917, les idées communistes arrivent par les républiques d'Asie centrale constituantes de l'URSS : Ouzbékistan, Tadjikistan, Turkménistan et Kazakhstan. Certaines de ces contrées sont directement frontalières de l'Afghanistan. Les habitants de l'Afghanistan avaient l'habitude de discuter en groupes, ou collectivement. Ainsi, par exemple, il y avait les Loya Jirga, sortes de réunions publiques, qui avaient souvent les chefs de tribus à leurs têtes. Les idées communistes vont arriver par le biais de ces rencontres, mais elles vont surtout toucher les jeunes générations de l'élite urbaine aisée, surtout à partir de la fin des années 1940. Le mouvement va ensuite contribuer à la naissance d'un mouvement syndical ouvrier, et toucher des paysans sans terres, et remettre en cause l'aristocratie du pays, tout comme les institutions du Royaume d'Afghanistan. Le Parti démocratique populaire d'Afghanistan est ainsi créé le . Il est au départ principalement constitué de jeunes des classes aisées, ouverts aux idées occidentales, et qui ont voyagé. Certains sont diplômés de prestigieuses universités, comme Cambridge, en Grande-Bretagne. Le reste de la population, très pauvre, est soit réticent, ou ne connait pas les idées communistes. Il n'y avait pas de pédagogie pour informer la population.

Très vite, le PDPA s'est divisé en deux tendances, le Khalq (le Peuple) et le Parcham (le Drapeau). Le Parcham est principalement issu des classes supérieures (Babrak Karmal, qui le dirigera à partir de , est fils de général) et utilise le dari, persan de cour, tandis que le Khalq est surtout issu des classes populaires et de la petite bourgeoisie. L'expansion du PDPA commence dans les années 1960, quand les classes populaires accédèrent à l'université sans trouver d'emplois à la sortie[4].

L'avènement de la révolution communiste en Afghanistan est généralement attribué à l'assassinat de Mir Akbar Khyber, le . Celui-ci était un membre éminent du Parti démocratique du peuple de l'Afghanistan (PDPA) et, prétendument, fut assassiné par le gouvernement du président Mohammad Daoud Khan. Le gouvernement nia toute implication, mais les dirigeants du PDPA craignirent que Daoud ne planifiât de les exterminer tous. Beaucoup furent arrêtés après les funérailles de Khyber, dont Nour Mohammad Taraki et Babrak Karmal. Hafizullah Amin et un certain nombre d'officiers de l'aile militaire du PDPA avaient réussi à rester en liberté et étaient organisés.

Le , le Parti démocratique populaire d'Afghanistan, dirigé par Nur Mohammad Taraki, Babrak Karmal et Hafizullah Amin renversa le régime de Mohammad Daoud. Dans la matinée du , Mohammed Daoud et sa famille furent exécutés. Le soulèvement est connu comme la « Révolution de Saur » (Saur, se référant au mois d'avril dans le calendrier persan). Le 1er mai, Taraki devint président, Premier ministre et secrétaire général du PDPA. Le pays fut alors rebaptisé République démocratique d'Afghanistan.

Sous la monarchie, l’espérance de vie était de 35 ans, notamment à cause de la forte mortalité infantile. L’analphabétisme touchait 90% de la population. Le changement de régime semble dans un premier temps soutenu par le peuple afghan. Les journalistes étrangers présents à Kaboul, rapporte le New York Times, ont été surpris de constater que « presque tous les Afghans qu’ils ont interrogés ont déclaré qu’ils étaient ravis du coup d’État ». Le Washington Post rapporte que « la loyauté des Afghans envers le gouvernement peut difficilement être mise en doute »[5].

La faction la plus radicale du PDPA, le Khalq, domine alors le gouvernement et conduit des mesures de collectivisations et d'alphabétisation, notamment des femmes, aussi brutales que maladroites, ce qui provoque l'insurrection de la population rurale, majoritaire[6].

Le , Hafizullah Amin, n°2 du gouvernement afghan, prend le pouvoir en faisant assassiner le président Taraki, protégé des Soviétiques. Ce coup d'État déplait aux Soviétiques, et, avec la politique sectaire du Khalq, est une des causes de l'invasion de l'Afghanistan par l'armée rouge, en [7]. Hafizullah Amin ne survécut pas à cette invasion, mourant dans son palais présidentiel cerné par les Soviétiques. Il sera remplacé par Babrak Karmal, chef de la fraction Parcham, plus modérée, mais qui ne pourra pas empêcher l'expansion de l'insurrection.

Le gouvernement entreprend de réformer ou d'abolir certaines pratiques traditionnelles de natures féodales : les mariages forcés et la dot sont interdits, l'âge minimum légal pour le mariage est rehaussée[8] et l'école est rendue obligatoire pour les filles[9]. Les femmes obtiennent par ailleurs le droit de ne pas porter le voile, de circuler librement et de conduire. Un projet de légalisation du divorce est rédigé, mais n'est finalement pas instauré pour ne pas encourager l'insurrection des moudjahidines. Très optimistes, les dirigeants communistes espéraient éliminer l’analphabétisme en cinq ans[10]. En 1988, les femmes représentaient 40 % des médecins et 60 % des enseignants à l'Université de Kaboul.

Dissolution

Il comprenait plus de 160 000 membres à son apogée dans les années 1980 et sera dissous en à la suite de la guerre civile afghane. Le mouvement communiste afghan avait deux tendances : l'une était plutôt proche des maoïstes chinois, par crainte d'une mainmise des Soviétiques sur l'Afghanistan, ce qui était néanmoins une crainte historique et culturelle, car depuis longtemps les Afghans craignaient d'être colonisés par les Britanniques, ou les Russes. De plus, depuis le rapport Khrouchtchev en URSS, qui dénonçait les crimes de Staline, les Chinois avaient fini par rompre avec l'URSS et les Soviétiques. Enfin, l'Afghanistan étant en Asie, les Chinois estimaient que ce pays devait être dans leur zone d'influence[réf. nécessaire].

L'autre tendance, incarnée par Babrak Karmal, ou Nur Mohammad Taraki était beaucoup plus proche de l'URSS, qu'ils jugeaient plus moderniste, et certains membres de cette tendance avaient accompli leurs études en Europe, ou étaient diplomates en des pays européens, dont ceux d'Europe de l'Est. Ils furent donc les témoins de programmes de régimes communistes en place, ce que constatera par exemple Babrak Karmal en Tchécoslovaquie. De plus, alors que la révolution communiste chinoise était plutôt rurale et agraire, celle des Soviétiques s'attachait avant tout à industrialiser les villes et les campagnes, et à promouvoir en infrastructures ce qui manquait pour le développement du pays (selon les Soviétiques, l'Afghanistan devait être développé par la création d'un prolétariat urbain, et de surcroit, le pays avait bel et bien besoin d'infrastructures pour développer ses échanges et son économie).

Mais l'invasion des Soviétiques, en , sera vue progressivement comme une sorte de colonisation du pays et accentuera le nationalisme, dont le fondamentalisme religieux, d'autant plus que surviendra en 1979 une révolution islamique en Iran, qui portera au pouvoir des religieux.

Depuis 2010, cependant, de nombreux communistes afghans tentent de faire renaître le Parti communiste en Afghanistan. Depuis 1992, ce parti a conservé l'image qu'il intégrait sans discriminations toutes les ethnies du pays. De plus, la grande violence, liée à l'islamisme radical, pousse de nombreux Afghans à revenir à des idées laïques, et les partis politiques laïcs manquent dans le paysage politique afghan actuel.

Il existe aussi en Afghanistan des Afghans qui sont en lien, ou qui sont intéressés par le Parti communiste chinois, ou plus généralement par le modèle communiste chinois. Cependant le gouvernement chinois ne semble pas encourager des mouvements communistes en Afghanistan de nos jours. Les Chinois semblent plutôt préoccupés par l'avancée des Talibans, le départ des troupes militaires américaines et occidentales d'Afghanistan, et par l'effondrement du pouvoir officiel afghan[réf. nécessaire].

Journaux officiels

Le parti disposait de deux journaux officiels : Khalq et Parcham, publiés en pachto et en persan.

Notes et références

  1. (en) « Internal Refugees: Flight to the Cities », sur Bibliothèque du Congrès (consulté le )
  2. (en) J Bruce Amstutz, Afghanistan : The First Five Years of Soviet Occupation, University Press of the Pacific, , 576 p. (ISBN 978-0-89875-528-2, lire en ligne), p. 34
  3. Jean-Christophe Notin, La Guerre de l'ombre des Français en Afghanistan : 1979-2011, Fayard, (lire en ligne), p. 23
  4. Gérard Chaliand, Rapport sur la résistance afghane, Paris, Berger-Levrault, , p. 59-60
  5. (en-US) « The Great Game of Smashing Nations », sur Consortiumnews,
  6. Emmanuel Huyghues Despointes, Les Grandes Dates de l'Occident, Paris, DUALPHA EDITIONS, , 393 p., p. 179-180
  7. « Le guêpier afghan », Historia, , p. 8
  8. (en) « Women in Afghanistan: Pawns in men's power struggles », Refworld, (lire en ligne).
  9. Olivier Thomas, « Afghanistan, le tournant », L'Histoire, no 405, , p. 26 (lire en ligne).
  10. « Retour sur l’expérience communiste en Afghanistan », Le Monde diplomatique, (lire en ligne).

Articles connexes

Liens externes

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